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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 5.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3713#0252

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ES OE L'ECLIPSE

1" PRIME : LA REVANCHE)

L'idée qui fait bouillonner les cerveaux, l'espoir qui fait
bondir les cœurs ont pris, — sinon un corps, —un buste I...

La Revanche vit désormais, — dans le marbre et le stuc, —
celui-ci popularisant celui-là 1

Un artiste a pétri pour nous cette image de nos rêves.

L'ÉoHpse offre à ses abonnés la statuette de la Revanche.

Chacun voudra avoir cette figure sous les yeux.

La statuette de la Revanche, avec son piédestal, prise dans
nos bureaux : 6 francs ; emballée avec soin et prête à être ex-
pédiée : 7 francs.

Le port reste à la charge du destinataire.

2e prime : Album de la LUNE et de rEGLIPSB

Cent dessins les plus célèbres de Gill, réduits au moyen d'un
procédé graphique tout nouveau, formant un album élégant
et portatif.

Les dessins ainsi reproduits sont d'une délicatesse et d'une
fidélité parfaite, et de plus on les a finement coloriés.

Le prix de l'Album, pris au bureau, est de 6 francs. (Ajouter
1 franc pour le recevoir franco dans les départements.)

Î.A. NUIT DE NOËL

C'est la nuit de Noël.

M. le Duc est de retour en son cas tel.

M. le Due, arrivé de Versailles en poste, il y a trois heures,
sommeille maintenant avec ampleur, et son nez seul prononce
encore des discours dont frémissent les échos de sa chambre à
coucher.

M. le Duc était au débotté d'Une humeur massacrante. Les
vacances votées malgré lui l'avaient gonflé d'une noble rage.
Et, comme i! le disait à son valet de chambre au moment où
cet officieux le mettait au lit : — « La Pivoine, je suis outré,
ce soir, mon cher ! »

A présent, loin de Versailles, en son castel, M. le Duc som-
meille, dans la plume étendu, sous les courtines à ramages de
sa couche seigneuriale

Dehors, dans l'espace ténébreux, un parapluie à la main, un
hâvre-sac sur l'épaule, des essaims d'anges volent en chantant
des cantiques.

Ce sont les ariges chargés de mettre dans les chaussures des
mortels qui ont été bien sages, les cadeaux que le Ciel veut
bien leur faire.

Ils sont des mille et des cents, ces anges, le parapluie à la
main, sous la froide pluie* et, parfois, ua rayon d'étoiles fait
luire tout a coup la jambe rouge et le sabot à pompon de poil
d'un polichinelle qui dépasse l'ouverture des havre-5a.cs, entre
leuu ailes blanches.

Le nez de M. le Duc sonne des airs de chasse I

A travers l'obscurité mouillée, le parapluie à la main, les
anges passent en chantant au-dessus du castel d 6 M. le Duc,
et ils se disent les uns aux autres :

— C'est ici que demeure le noble Duc de .Malcontent, ce dé-
fenseur maladroit de Dieu, qui fait prendre en grippe le Para-
dis lui-même. »

Le nez de M. le Duc imite alors le trombone, ici bas.

— Cependant, poursuit un des anges d'une voix flûtée,
cependant, mes très chers frères, j'ai ordre de lui faire un
cadeau de Noël, à ce duc de Malcontent. Et je vais m'acquitter
de mon office. Je vous salue, messieurs, au revoir.

Disant ces mots, l'ange à la voix flûtée, ferme son parapluie,
rehausse les bretelles de son hâvre-sac, et s'introduit par la'
cheminée gigantesque du castel dans la propre chambre de
M. le Duc.

En cette minute même, M. le Duc ouvre la bouehe, et mur-
mure :

— Un épicier peut avoir de l'esprit, mais tous les épiciers
n'en ont pas... (officiel.)

— Pourquoi donc, M. le Duc, dites-vous du mal des épiciers,
qui vendent de si bons pruneaux ? pense l'ange à la voix flûtée,
en ouvrant son hâvre-sac, dès qu'il est arrivé au bas do la che-
minée, et que ses beaux pieds nuds se posent dans la cendre
tiède et moelleuse.

Comme M. le Duc ne donne aucune solution à la question que
lui pose l'ange à la voix flûtée, celui-ci ouvre son sac, et en
tire un objet long enveloppé de papier Joseph qu'il dépose déli-
catement sur les pantoufles du dormeur.

Puis, rêveur, l'ange à la voix flutee referme son sac et se dit
tout bas :

— Si je lui donnais une pichenette sur le iaez?

En effet, le nez de M. le Due, qui mugit de plus belle; est
justement si bien placé, la pointe en l'air, q^ae l'envie de lui
oifrir une petite pichenette viendrait naturellement à l'esprit
de tout le monde.

Mais l'auge résiste à son désir et se résigne à partir.

L'instant d'après, secouant la suie qui couvre les plumes
soyeuses de ses ailes, il émerge dans les ténèbres extérieures,
ouvre son' parapluie de nouveau et disparaît da,ns la nuit qui
blanchit à l'horizon.

La nuit blanchit a l'horizon; une barre d'un jaune pâle est
trace ensuite dans 1-j ciel. L'Aurore paraît enfin, en robe cou-
leur de brique, ouvrant de ses doigts pleins d 'engelures les
portes rouillées de l'Orient,

M. le Duc ouvre un œil. M. le Duc bâille. M^ ,1e Duc s'étire
les bras. M. le Duc est réveillé.

M. le Duc ouvre un antre œil.

Et ses regards, après avoir exploré le plafond1/ se concen-
trent sur les raies lumineuses qui 'filtrent a travers. ï a fente des
volets mal clos, et zèbrent les tapis.

Tout à coup il aperçoit ses pantoufles, et aur ses pantoufles
un paquet Lmg, enveloppe de papier Joseph.

— Qu'est ceci ? dit M. le Duc.

Prompt comme le corbeau qui fond sur un cadavre avancé,
M. le Duc se précipite hor& de son lit, et, aprèu avoir pénible-
ment rendu a la nature ce qui est à la nature, il saisit le
paquet long enveloppé de papier Joseph.

Il arrache fiévreusement le papier Joseph à pleins doigts,, et.

tfÉGLIPSK

dans la noble main de M. le Duc, apparaît soudain un joli

petit fagot de branchettes de bouleau, fort bien fait, et lié d'un
ruban tricolore.

— Qu'est ceci? s'écrie M. le Duc en courroux.

Enflammé de colère, il sonne. Un valet-de-chambre, fort
rouge et qui sent le vin blanc, répond à son appel.

— La P.voine I qu'est ceci ? dit M. le Duc, en lui montrant
le petit fagot fort bien fait.

— Ça? au respect que je dois à M. le Duc, je dois à la vérité
de déclarer a M. le Duc, que c'est une paire de verges que le
Petit Noël a apporté à M. le Duc.

— Des verges ! La Pivoine ? Des verges !

— IL y a un petit mot d'écrit au bout du ruban, M. le Duc,
continue La Pivoine, qui sent plus que jamais le vin blanc.

— Un petit mot d'écrit? Voyons cela? reprend M le Duc.
-M. le Duc daigne lire le petit mot d'écrit- Et son œil auguste.

épèle lentement, tandis que son visage jaunit d'une façon
atroce, les syllabes suivantes : — Dissolution]

Attéré, M. le Duc tombe, fort peu vêtu, dans son fauteuil
orné de ses armes, et murmure :

— Je le savais! Voilà pourquoi je votais contre les vacances
de Noël. Les anges eux-mêmes font signer les pétitions I tout
est perdu,

ERNEST D'HERVILLY.

PREDICTIONS

Pour les vacances cLe 1* As semblée
nationale.

On sait que l'Assemblée nationale doit prendre un congé
du 24 décembre au 6 janvier.

Un de nos amis, astronome très-distingué, s'est livré à
des études atmosphériques qui lui ont permis de prévoir, à
très-peu de chose près, ce qui se passera en France pendant
ces quinze jours de vacances.

Nous lui empruntons son travail.

24 DÉCEMBRE.

L'Assemblée se sépare. Dès le matin,
espèce de soulagement, que l'on ne sait

25 DÉCEMBRE.

Le mieux continue.

On signale une légère reprise dans les affaires.

26 DÉCEMBRE.

Les esprits se calment sensiblement.

On rencontre quelques personnes qui sourient.

27 DÉCEMBRE.

Paris prend un aspect très animé.

Le soleil, lui-même, se montre un peu à travers les nuages
commfi pour demander :
— Sont-ils partis ?... Peut-on entrer?

28 DÉCEMBRE

Le mouvement commercial s'accentue.
Le ciel s'éclaii'cit.

29 DÉCEMBRE

On voit à chaque coin de rue des gens qui ont quitté leur air

maussade.
On s'aborde à main ouverte.
Quelques gens commencent à chantonner.

30 DÉCEMBRE

Paris aune physionomie très riante.
On sent que l'espoir renaît dans tous les cœurs.
Les petits boutiquiers ambulants des boulevards ont la voix
enjouée pour crier leurs polichinelles à 29 sous.

31 DÉCEMBRE

on ressent comme une
à quoi attribuer.

comfiie au sortir d'un mauvais

eux-mêmes conviennent que les affaires

Grande animation.

A part les rédacteurs de la Patrie, qui font un nez énorme, on
ne renconire que des visages aimables.

Chacun a l'air de dire aux passants qu'il croise :

__Ah !... enfin !... nom d'un chien !... voilà que l'on respire,

ce n'est pas trop tôt !..,

1er JANVIER.

Paris est superbe.

Le soleil resplendit.

Tout le monde
rêve.

Les commerçants
voni; bien.

2 JANVIER

Chacun retourne à ses travaux avec gaîté.

On sent que la confiance renaît à vue d'ceil.

Des gens qui, huit jours avant, se traitaient aigrement de
communards sans savoir pourquoi, causent tranquillement de
l'avenir de la France et s'entendent à merveille.

3 JANVIER.

Le mieux s'accentue.

Les commandes pleuvent da^s les ateliers.

Les nez des rédacteurs de la Patrie s'allongent.

4 JANVIER,

L'élan du commerce est donné.

Il semble à tous irrésistible.

Les fleuves sont rentrés dans leur lit. Le temps est radieux.

La récolte s'anuonce bien.

Jamais la France n'a paru si belle 1...

5 JANVIER.

Tout resplendit.

Les mauvaises passions sont calmées. Les haines éteintes.

Le mouvement industriel s'annonce énorme, formidable!...

Toua les citoyens, penétiés au reconnaissance et de patrio-
tisme, ne pensent plu» qu'à la prospérité et à la gloire du
paya.

Un immense cri de concorde, d'amour et de liberté est sur
toutes les lèvreij.

Encore un jour de calme, de soleil et d'espérance, ce cri va
déborder puissant, irrésistible :

VIVE LA RÉPUBLIQUE !..< ■

O JANVIER.

L'Assemblée Nationale se réunit.

Ici s'arrêtent les notes de notre astronome.

Pour copie conforme :
LÉON BIENVENU.

GAZETTE A LA M

Le premier bal de l'Opéra.

Tandis qu'à Versailles, — samedi, — nos grands citoyens de
la Gauche et nos gr-nds seigneurs de la Droite se chamail-
laient à qui mieux mieux dans cette mémorable séance dont
M. Dufaure illuminait la nuit des foudres de son éloquence

Paris — saas doute — s'agitait pour revendiquer de sa voix
puissante le droit de pétitionnement...

Paris s'armait pour réclamer cette dissolution de la Cham-
bre qui lui tient tant à cœur... sur le comptoir des marchands
de vin...

^Jans se soulevait en masse pour signifier à ses mandants sa
volonté sine qud non, par l'une fie ces formidables manifestations
qui sont le 15 Mai, quand elles ne sont pas le 4 Septembre...

Paris, enfin, s'apprêtait à braver la pluie, la boue, Je pacte'de

Bordeaux, l'état de siège, pour asseoir —définitivement__sur

les ruines de la Réaction, M. Thiers et la République...

Eh bien I vous n'y êtes pas du tout I...

Oh I mais, là non!.,.

Du tout I du tout 1 du tout ! du tout I

Paris était en train de nettoyer — avec de la mie de pain —
ses gants beurre frais de l'an passé...

Paris brossait son habit noir, chaussait ses escarpins vernis
et nouait sa cravate blanche...

Paris se tatouait en Ch^rokée, se costumait en Patagon se
coiffait en Topinambou...

Paris coulait sa jambe ronde dans 3e maillot de soie gris-
perle ou rose-ch-air, — ou drapait sa taide élégante dans le
satin d'un domino...

Paris échancrait son corsage, dénudait ses bras, exhibait ses
épaules, barbelait sa griffe, fourbissait son sourire, aiguisait
ses quenottes...

Paris arborait — pour six semaines — le faux-nez de carton
peint ou le loup de velours à bavette de dentelles.,.

Histoire d'aller au bal de l'Opéra!

Aussitôt que le premier Clodoche risque sa première pi-
rouette, vous entendez crier chaque année, par lés rues, dans
les salons, dans les gazettes :

— Le bal de l'Opéra se meurt ! Le bal de l'Opéra est
mort!...

Mais qui dit cela, je vous le demande ?

Les puritains à qui l'administration a refusé un billet de
faveur ou les philosophes quinquagénaires qui songent, en
mettant leur bonnet de nuit, aux illusions qu'ils avaient et
aux cheveux qu'i s n'ont plusf...

Jamais mort n'a été plus vivant que le bal de samedi. Quelle
cohue ! quelle musique ! quelle verve ! quelle furie ! Parlez-
moi des villes, des nations bien portantes pour se trémousser
de la sorte !

L'averse continue, — la Seine monte, —l'inondation chasse
de chez eux tout un monde de pauvres gens..,

Là-bas, la France finit sous les remparts de Toul...

Ici, la vie est chère, — la charité publique et privée est aux
abois, — les dissensions de l'Assemblée remplissent les vrais
patriotes d'inquiétudes et de tristesse...

11 s'agit bien de ces misères, en véiité !...

Arban a succédé à Strauss 1 Sonnez, clairons ! Tonnez, tam-
bours 1 Et, si le coup 4e pistolet de Musard P=r ne suffit pas,
qu'on démasque une batterie,'et que, comme il y a deux ans, le
canon lance son ut de poitrine ! uo ré mi fa sol la si boum M!

Au Foyer

— Que ces bonshommes sont bêtes! s'exclame Mlle X... Pour-
quoi m'appellent-ils laSeinel

Uo gilet en cœur répond :

— Parce que la Seine se fait remarquer par ses déborde-
ments.

Un deuxième gilet ajoute :

— Et parce que, depuis quinze jours, ce fleuve est sorti de
son lit.

*

C'est au foyer de l'Opéra que j'ai appris, — samedi, — que
l'art venait de perdre

Ar-nal.

ce comédien de génie qui eut le bonheur de rencontrer deux
auteurs de génie, —■ MM. Duvert et Lauzanne, — et qui avait
l'excellent esprit d'en convenir en disant :

__Il n'y a pas de bons acteurs sans de bonnes pièces.

Ces pièces, s'appelèrent Pécherel l'empailleur, Renavdin de
Caen un Monsieur et une Dame, Passé minuit, les Gants jaunes,
le Magasin de graine de lin, le Grand Palatin, l'Ile de Robînsoji,
Riche d'amour, l'Homme blasé, un Monsieur qui prend 1% mouche,
ù Capitaine de Voleurs, Ce que femme veut, etc. etc. etc. Le réper-
toire d'Arnal, au Vaudeville, est toute la comédie de 1.832 à
1848. Arnal créa un genre. Le roi de la farce pindarique, de la
farce passée au crible du goût, aura des successeurs, — et
pas un héritier l ..

Comme poète, il fut ce que Glatigny était comme artiste dra-
matique. Comme homme, ce n'éiait point un camarade des
plus agréables. Lorsqu'il s'agit de renouveler son engagement
au théâtre de la place de la Bourse, Bardou demanda qu'il y fût
stipulé en clause spéciale qu'il ne jouerait jamais avec ce mau-
voas couenew,..

La direction n'y voulut point consentir...

Bardou — alors — quitta le Vaudeville. ..

Il est mort de chagrin de n'avoir pu y rentrer !

Pauvre Bar J ou !...

C'était un enfant de la Cannebière..

Un jour, — on répétait Passé MUxdt,
rieux :

— Oh I ces auteurs ! A présent que
me font un rôle de ^Marseillais l...
d'assmthe]

il entre au café, fu-

z'ai perdu fassent, ils
Garçon, un verre

C'est encore au foyer de l'Opéra qu'on' rencontre,
comme un héron sur ses pattes, — le monsieur qui attend

comme jiiubiuu aux 0^3 p.*u^^^, -- --------- , .

l'Intrigue: l'Intrigue, cette reine du carnaval, cette iee de la
jeunesse, la déesse Boune-Fortune descendue sur le parquet

"'HéTmesseigneurs, l'Intrigue est défunte! Vous l'ayez tuée
le jour où >ous avez abamlouué le salon pour le club la bras
série ou l'estaminet. - la femme pour la politise, 1 »« et
le cigare, - la co»versatio , pour la discussion, le bau-aiat
oa le billard, - la causerie pour le renseignement le cancan
le potin, - l'esprit pour le calembour, - les coulisses poui la

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