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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0055
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■ni i ■pm

PRIMES DE LÉCLIPSE

1» prime : LA RKVAHCEB

L'idée qui fait bouillonner lea cerveaux,. l'espoir qui fait
bondir l<?s cœur» ont prie, — sinon un corps, — un buste 1...

La Revanche vit désormais, — dans le marbre et le stuc, —
celui-ci popularisant celui-là I

Un artiste a pétri pour nous cette image de nos rêves.

VÉeïipse offre â ses abonnés la statuette de la Revanche.

Chacun voudra avoir cette figure sous les yeux.

La statuette de la Revanche, avec son piédestal, prise dans
nos bureaux : 6 francs ; emballée avec soin et prêta à être ex-
pédiée : 7 francs.

U port rettè à la cftargt du destinataire.

2« prime : Album de la LUNE et de rÉCLIPS»

Cent dessins les plus célèbres de GUI, réduits au moyen d'un
procédé graphique tout nouveau, formant un album élégant
et portatif.

Les dessins ainsi reproduits sont d'une délicatesse et d'une
fidélité parfaite, et de plus on les a finement coloriés.

Le prix de l'Album, pris au bureau, est de 6 franes. (Ajouter
1 franc pour le recevoir franco dans les départements.)

PETITE CHRONIQUE

L'affreuse misère des Napoléon

Ne m'en parlez pas !... j'en ai l'âme toute triste et meurtrie !...
De pauvres gens qui, pendant dix-huit années, ont gagné
trente millions par an à faire dinser le cotillon aux Tuileries,
et qui, aujourd'hui, sont dans la plu3 profonde détresse. Cela
fend le cœurl

Car, les journaux bonapartistes viennent de nous l'appren-
dre : c'est à peine si la fortune qu'a laissée Yélocipède père se
monte à trois millions.

Et même, si on les en croit, plusieurs membres de la famille et
hauts fonctionnaires de l'empire en sont réduits à donner des
leçons de clarinette, pendant que leurs femmes font des mé-
nages à quinze francs par mois.

Conti est mort « dans la plus affreuse misère», Mme Conneau
« chante dans les salons », le prince Poniatowski « donne des le-
çons de musique » et Mm0 Fialin «peint des éventails». C'est na-
vrant !

Il faudrait avoir un cœur en bronzé d'aluminium pour rester
insensible aux malheurs de ces braves gens que les événements
Ont précipités du faîte des splendeurs impériales jusqu'au fin
fond du professorat de l'accordéon.

Pour mon compte, j'en ai le cœur tellement fendu que les lé-
zardes faites par la droite dans le mur du pacte de Bordeaux,
ne paraissent à côté que de simples crevasses. Je n'ose plus

ouvrir un journal dans la crainte d'y lire que le général Fleury
a été obligé d'accepter un emploi de gardien de passage à Lon-
dres, que Piétri est bonne dans un bouillon Daval de Liverpool,
ou que le prince impérial s'est fait contrôleur d'omnibus dans
la Cité.

En vain, je cherche à m'endurcir en pensant que pareil mal-
heur est arrivé à d'autres qui, au lieu d'avoir mangé l'argent
du peuple en buissons d'écrevisses, avaient au contraire gas-
pillé leur fortune pour la cause républicaine. Ea vain, je me
dis : Voyons, mon garçon, un peu de courage, que diable!...
Garibaldi, ruiné, s'est fait marchand de chandelles en Amé-
rique , sans compter beaucoup d'autres qui ont cependant
dépensé leurs quatre sous sans avoir jamais été sénateurs!

C'est plus fort que moi, rien n'y fait : l'idée douloureuse que
Pierre Bonaparte peut se trouver réduit à vendre des contre-
marques, m'assiège et m'attriste.

Et je sens bien que cela sera ainsi tant que je n'aurai pas lu
dans le Gaulois :

« La famille impériale que les amis de M. Gambetta disaient
« gorgée d'or, a été aperçue la semaine dernière dans les envi-
« rons de Douvres. Elle montre la lanterne magique. M. Con-
«fneau fait le boniment, le petii priDce tourne l'orgue, l'aigle
« présente la sébile et l'impératrice dit la bonne aventure. »

Après Rabagas, Plutus !

Un lecteur del'ticlipse m'écrit : J'espère bien que vous allez
nous dire ce que vous psnsez de Plutus et du synode commu-
nard introduit dans la pièce d'Aristophane par M. Albert
Millaud.

Certainement, cher lecteur, avec plaisir.

Je pense que ce communard est un imbécile comme on en
voit peu et M. Millaud un écrivain comme on en voit trop.

Maintenant, il n'y a pas là de quoi être aussi furieux que
mon correspondant le paraît. M. Millaud est parfaitement dans
son droit de rafisitoleur d'Aristophane en gâchant deux actespour
le 'Vaudeville avec les échos de Paris surannés du Figaro, du
Gaulois et de Paris-Journal, et le public serait tout simplement
insensé de donner à ce pot-pourri les proportions d'un événe-
ment politique, comme il vient de le faire, dit-on, en sifflant à
1 une des dernières représentations de Plutus.

Plutus ne peut froisser aucune opinion puisqu'il ne met en
scène qu'un chercheur sans foi et sans conviction, — Sans aucun
esprit même, ce qui est très-grave.

Les goinmeux des avant-scènes peuvent être chatouillés
agréablement par ce ramassis de lieux communs qui ont traî-
né partout; mais les républicains ne peuveDt s'en trouver
offensés.

Je vais même plus loin : si, au lieu d'être présenté par
M. Albert Millaud, Plutus eût été fait par un homme de talent,
cette pièce pouvait être une pièce utile que les républicains
eus&ent été les premiers à applaudir, cir personne plus qu'eux
n'a intérêt à ce que le peuple soit brutalement désabusé sur le
compte des po.'ichinelles qui le flattent et l'exploitent.

Cette espèce malfaisante appartient à la satire, le théâtre a
des droits dessus comme sur les Tartuffe, les Montjoye, les Tur-
cartt et les d'Estriguud. — Seulement, ce n'est point avec la
poigne débile d'un Albert Millaud qu'on étreint à la gorge
de pareils types ; il faudrait pour cela la foi et la génie que le

ciel refuse toujours aux hommes qui ont employé leur jeunesse
à rimer dans une feuille galante des petits quatrains rachi-
tiques.

Plutus n'est qu'un petit pamphlet essoufflé et impuissant. 11
n'apprend rien, ne prouve rien, sinon qu'il y aurait une autre
pièce à faire, où l'on mettrait en scène un réformateur con-
vaincu, sacrifiant tout à la cause qu'il défend.

La censure et l'état de siège y trouveraient peut-être bien
quelque chose à redire ; mais quand cela ne servirait qu'à sa-
voir si, en République, il est permis d'assimiler tous les répu-
blicains à des escrocs, et défendu de prétendre qu'ils peuvent
compter des honnêtes gens, cela vaudrait toujours bien la
peine d'essayer.

Les 100,000 francs de M. Tolain

M. Tolain, qui demandait à l'Assemblée de voter un crédit
de 100,000 franes pour envover une députation d'ouvriers à
l'exposition de Viéhne, vient d'être reçu comme un vélocipé-
diste dans un magasin de porcelaine.

On a prétendu que sous cette proposition, en apparence bé-
nigne, passait le bout de l'oreille de l'Internationale, et le-crédit
a'été refusé net.

Ah! c'est que la droite de notre Assemblée n'a pas, pour les
associations ouvrières, les entrailles d'une mère.

L'idée que les travailleurs pourraient arriver à s'entendre
pour améliorer leur sort, leur inspire des terreurs folks.

Et cinq ouvriers tapissiers, causant en cercle sûr un trottoir,
leur paraissent toujours un danger pour l'ordre social.

On prétend même qu'un groupe de droitiers, plus effrayé
que les autres, a décidé que l'on contreminerait la tentative de
M. Tolain, en déposant un nouveau projet de loi sur les asso-
ciations.

L'initiative en serait due à MM. Batbie, Lorgeril et Bel-
castel.

Voici, dit-on, la teneur de ce projet :
Art. Itr

Les citoyens ont le droit de s'associer librement, sauf les
cas où l'autorisation leur en est refusée par l'autorité.

Art. II

Les fonctionnaires publics et agents du gouvernement ne
pourront s'immiscer en aucune façon dans les opérations d'une
société.

Seuls, les livres de l'association, les procès-verbaux des
séances, la comptabilité, et tous les documents généralement
quelconques devront être communiqués à l'Etat à touteréqui-
sition.

Art. III

Les associations ouvrières sont libres de défendre leurs inté-
rêts par tous les moyens en leur pouvoir.

11 ne leur est interdit que d'organiser des grèves, de deman-
der des augmentations de salaire et d'avoir une caisse de résis-
tance pour tenir tête à leurs patrons.

Art. IV

Les associations de toutes sortes élisent leur conseil d'admi-
nistration.

Le commissaire de police de la localité ou, à défaut, le bri-
gadier de gendarmerie, est de plein droit président.

Sa voix compte pour un nombre égal à celui de tous les au-
tres votants réunis, — plus une, en cas de partage.

Art. V

Les associations disposent librement de leurs ressources.
Mais elles ne peuvent, sans l'autorisation de l'Etat, ni vendre
ni acheter de biens meubles ou immeubles.

Art. VI

En aucun cas les associations ne peuvent avoir de but ni de
caractère politique.

Sont considérées comme ayant un but politique toutes les
associations qui n'ont pas exclusivement pour objet l'étude en
commun de l'harmoni-flûte à pédale.

LÉON BIENVENU.

LE FRONT A L'INDEX

Sous l'empire, il a été donné de haut une preuve singulière
de cette décence de convention des classes dirigeantes, qui
n'est en réalité qu'une dépravation de l'esprit :

Par ordre supérieur, la nudité des statues fut recouverte
d'une feuille de vigne.

Chez tous ceux qui, comme le grand poète Gautier, disent :

«Mon œil plutôt qu'ailleurs ne s'arrête pas là »

La mesure qui habillait d'un pagne les statues fut accueillie
par un rire universel, un rire mêlé de mépris.

Mais les gens qui, stylés à la fausse pudeur par l'esprit clé-
rical, regardent surtout dans une statue ce que les âmes mû-
res et amoureuses de l'art y voient comme complément indis-
pensable do la rectitude humaine, furent enchantés.

La mise à l'index de la nudité des statues fut saluée par les
dévots avec bonheur.

Cependant ceux qui se chargèrent de ce soin sont aujour'hui
couverts d'un ridicule ineffaçable.

Et c'est justice.

Maintenant, sauf deux ou trois sots pour ne pas dire plus,
personne, — je l'espère pour l'honneur de ma génération, — ne
fait attention à ce qui choquait autrefois la morale (la morale?)
de la cour de Tuileries.

Cependant, un fait se produit de nouveau dans le monde qu'
affecte de se réserver le monopole de la pudeur et des bonnes
mœurs.

Ce n'est plus la nudité des statues qui est mise en cause,
c'est la nudité du front humain qu'on trouve blessante.

La chose peut paraître incroyable. Elle est pourtant.

Oui, maintenant, — et voici deux ans que cela dure, que cela
fait son chemin dans l'ombre, —- maintenant on trouve dans
les salons que le front nu est une... indécence I

C'est comme j'ai l'honneur de vous le dire.

Tandis que la partie saine ae la population, vivifiée par les
rudes épreuves de la guerre, s instruit, se forme, renaît, les
épaves de l'ancienne societe continuent de dégénérer. Son
esprit arrive à trouver, ■— sublime découverte! — que cette
surface noble sous laquelle s agite ja penSée — est choquante,
et qu'il faut la cacher!

Et, — de même qu'à Ror»e> a la fin des temps républicains,
— les élégants voilaient leur il'oni bous des boucles épaisses,

et arrivaient à se donner le front bas des esclaves, voici qu'à
Paris, lea élégants, fils et petits fils des franc-fileurs, - font
descendre sur leur front leur coiffure annelée.

11 est indécent, dans le meilleur monde, de montrer un front
large, découvert, élevé.

Le front est obscène!

On en a honte: Il est mis à l'index. On est descendu à ce
point d'aberration que l'enveloppe'de la machine à travailler
est regardée comme Adam regardait ce qui faisait de lui un
homme, et le père de l'humanité.

A défaut de feuilles de figuier, c'est la chevelure qui sert à
dérober le front aux regards.

Et, à grands^renforts de cosmétiques, ont fait foisonner les
cheveux, et on les fait descendre jusque sur les sourcils.

Seules, les femmes de la haute classe, de la classe élevée
dans l'art d'être chaste selon le monde, se refuse à cacher son
front. Mais déjà, cependant, des frisons ou des rangs de
mèches qui ressemblent aux dents d'un peigne, flottent sur
cette belle partie de la figure humaine, et la dissimulent a
moitié.

Quant aux hommes, ils ont pieusement fait le sacrifice de
leur front sur l'autel des « conventions et de l'honnêteté. »
Ils veulent être décents à tout prix.

Si la mode des gens bien élevés le leur commande, ils s'ha-
billeront le front, et ceindront le fronteau de toile des reli-
gieuses.

Mars, en résumé, que peut nous faire la façon de se coiffer
des derniers représentants d'une société qui disparaît ?

Nous l'avons constatée. Cela nous suffit.

La pensée qu'à côté de ces immorales et monstrueuses quin-
tessences de pudeur, renaît la simplicité et la grâce des heures
jeunes d'un peuple que n'abêtira plus la monarchie dévote et
pervertissante, nous égayé et nous console.

Laissons les crevés d'antan cacher leur front, et laissons
le nôtre recevoir la lumière du soleil, et réfléter, chauve ou
non, la candeur de l'âme.

Le cousin Jacques.

LA CHUTE DE Ll DROITE

Ces jours derniers, à la Chambre, on se passait de main en
main, dans les bancs de la droite, une pièce de vers composés
on ne sait par qui, sur le modèle de l'élégie du sieur Mille-
voye. . • ;:

Nous nous empressons de la communiquer à nos lecteurs.

Elle peint assez bien les sentiments que la fatale venue du
prochain automne, — et de la dissolution, — ne peut manquer
d'inspirer aux gens de la droite.

N.-B. — Ça peut se chanter sur l'air du SUtarello.

t L r\l}^**:^ii£~%-r~i------

LA CHUTE DE LA DROITE

De la droite, soutien des rois,
L'automne avait jonché la terre;
Les Prussiens partaient sans mystère.
De Lorgeril était sans voixl
Triste et mourant, mais incolore,
Un Dahirel, à pas très lents,
Parcourait une fois encore
La Chambre chère à ses vieux ans :

— Mon pupitre ! adieu... je succombe ;
L'automne me prédit mon sort
Et dans chaque nèfle qui tombe
Je vois un présage de mort.
Fatal traité que nul n'adore !
Thiers l'a dit : « Les couteaux de bois
« A tes yeux jauniront encore,
Ma is c'est pour la dernière fois
« L'éternel électeur ricane.
« Hélas! il faut casser ta canne,
i C'en est fait de tous les droitiers,
« Ton mandat ne vaut pas tripette.
« Allons, sans tambour ni trompette,
« Il faut, hélas, que vous partiez. »
Et je meurs !... De leur scrutin de liste
M'ont touché les sombres votants
Et j'ai vu, pâle monarchiste,
S'évanouir mon beau printemps :
« Tombe, tombe, Droite éphémère !
Voile aux yeux ce triste chemin I
Cache au désespoir de mon maire
La place où je serai demain.
Mais, vers la solitaire allée
Si la Monarchie éculée
Venait pleurer quand le jour fuit...
Qu'elle éveille d'un léger bruit
Mon ombre un instant consolée. »

Il dit, s'éloigne — et sans retour t...
Ciel ! et la dernière clôture
A signalé son dernier jour.
Sous le lys est sa sépulture...
Mais son Henri V ne vînt pas
Visiter la Chambre isolée ;
Et le Baze de la vallée
Troubla seul du bruit de ses pas
Le silence du mausolée.

MlLLEVOYe.

La lecture de cette poésie touchante arracha des larmes évi-
dentes à M. de Franclieu lui-même.

Quant au général Changarnier, il avait fondu en pleurs dès
les premiers vers, et à la place de l'illustre orateur, on ne
voyait plus qu'une mare d'eau de Cologne sur laquelle flottait
un toupet.

Plus ferme, ou peut-être espérant échapper au sort de ses
collègues grâce à d'ingénieuses palinodies, M. Raoul Duval
parcourut d'un œil sec la plaintive élégie dont l'auteur est
resté inconnu jusqu'à présent.

Mais nous renonçons à peindre le désespoir écumeux de MM.
de Gavardie, du Temple, Jean Brunet, et autres Dahirels. Ils
étaient réellement affreux.

Des sanglots s'échappaient sans relâche de leur poitrine que
n'a pas arrondie la main des amours.
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