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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0075
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ïït t

ECi

1" PRIME : LA RKVAïfCÎ3TS

L'idée qui fait bouIîlcEaor lois cerveaux, l'espoir qui fait
bondir ks cœurs ont pris, — sinon un corps, — un buste 1...

La Revanche vit désormais, — dans la marbre et le stuc, —
celui-ci popularisant celui-là 1

Un artiste a pétri pour cous cette image de nos rêves.

L'Éclipsé offre à ses abonnés la statuette de la Rivancht.

Chacun voudra avoir cette figure sous les yeux.

La statuette de la Revanche, avec son piédostal, prise dana
nos bureaux : 6 francs ; emballée avec coin et prête à être ex-
pédiée : 7 francs.

Le port rate à la charge du destinatetirt,

2* PRïHB : Albasa de la IjTJNH et <!e k1È0Î.IP.38

Cent dessins les pJus célèbres de Gill, réduits au moyen d'un
procédé graphique tout nouveau, formant un album élégant
et portatif.

1*3 dessins ainsi reproduits sont d'une déliéétesse c't d'une
fidélité parfaite, et de plus 013 les a finement coloriés.

L* prix de l'Album, pris au bureau, est de 6 francs. (Ajouter
1 franc pour le recevoir franco dans les départements.)

— C'est égal... on aura beau dire... Sous l'Empire et môme
sous Louis-Philippe, jamais on n'avait xendu 115,000 sacs de
nuit en un jour.

AVIS IMPORTANT. — Les sousoripr
teurs à l'Éclipsé dont l'abonnement ex-
pire le 3 O avril, sont priés <lo le renou-
veler sans retard, s'ils ne veulent point
subir d'interruption clans la réception
du journal.

LE TRUC A E-'EFFftHEIVIEHT

Cette fois, les journaux réactionnaires n'ont pas, comme
d'habitude, manipulé, retourné, tripoté le résultat des derniè-
res élections jusqu'à en tirer cette conclusion qu'en teoniit
coFjpte d'un tas de choses : les abstentions, le3 bulletins
blancs, la baisse du prix des huîtres, la gelée de la vigne, le
parti républicain était en somme roulé.

Non. Ils ont reconnu franchement leur défaite.

Mais, eux roublards, ils trouvent le moyen d'en tirer parti,
en en exagérant les conséquences.

* *

11 a été impossible, cette semaine, d'ouvrir une de ces
feuilles sans y lire :

Que, depuis l'élection Barodet, les garçons de recette de ht
Banque n'encaissaient plus un effet sur dix ;

Que les théâtres les plus privilégiés faisaient en moyenne
une recette de 1G francs 25 cent'mes par soirée ;

Que trois de leurs colonnes n'allaient plus suffire pour enre-
gistrer les faillites,

Et que tous les limonadiers du boulevard voyaient, avec
accablement, leur clientèle délaisser leurs établissements et
donner leur pratique aux fontaines Wallace.

C'est une véritable furie.

Il faut à tout prix prouver que garedet a arrêts net les affai-
res, afin d'ameuter contre lui e( tes pareils tout ce qui vend
quelque chose sous le soleil.

***

On cite même un de ces journaux qui a eu une véritable
inspiration.

Profitant de ce que ses bureaux de réduction sont au rez-de-
chaussée sur la rue, dans un quartier très fréquenté, il a affi-
ché sur ses carreaux l'avis suivant :

LES NOUVELLES ALARMANTES
(pourvu qu'elles soient famées)
sont payées

** CENTIMES

la Ijgng. -■ ■

Mais celui qui a remporté la palme, p'est celui qui a, trouvé
l'entrefilet suivant :

« Le lendemain de l'iketion de M, Baroiet, il a été v^ndu &
Paris 82,000 malles d« voyage, 175,000 sacs de nuit, 203,000
cartons à chapeaux et £76,000 guides-Gonti.

C'est semé, sans apprêt) dans les faits divers ; mais c'est
autrement fort que Jp$ grau les tartines de Clément Duyernois
ou de Francis Magnard,

« 175.000 sacs ;Ie nuit vendus eu un jour. » cela paraît très
anodin au premier abord,

On ne s'en émoy$ pas plus que fil l'pa venait de lira/:

c Le temps a été pluvieux pendant toute la journée d'hier. »

Mais en y rélléGhissaBf, c'est ajor-s qu'on se sent ernpoigaé !..

* *

— Ah I... fichtre !..., se dit-on, pas à Paris, mais à Cretîgny-
les-bonnes-boules, car il faut vous dire que ce genre de nou-
velles est exclusivement destiné aux lecteurs de Cretigny-les-
bonnes-boules. — Ah !... fichtre !... c'est grave !... 175,000 sacs
de nuit !... As-tu vu ça, madame Jobardin ?...

— Quoi donc, mon ami ?

— Tu n'as donc pas entendu Je te dis qu'on a vendu hier
175,000 sacs de voyage... Comprends-tu?... Paris doit être un
désert!... Dans deux jours, il n'y aura plus personne... Par-
bleu I... Ça devait arriver!... Tous pétroleurs I...

— ÀK1. . Quelle horreur!...

A* I»

Par cet exemple, on fera facilement une idée da l'état
d'effarement dans lequel m plonge l'abonné de Cretjgny-les.-
boones-bqaîes, déjà frrtpmapt ébranlé par les 175,000 sacs de
nuit, quand, le lendemain, il lif p ia même place dans son

même jfjujanl ;

« Cette semaine, le rjqmb.re des faillites a encore quintupla. »
Et le surlendemain :

« Jamajs, depuis vingt ans, au n'avait vu une telle agence
« qu'hier dans tous les/bureaux du mouHe-piéfé. Le nombre
» des paillasses engagées dépassa 20,000. - /

Pour moi, en goure de faits divers que-je baptiserai bien : te
fait divers au V (à c'que c'est, fallait pis qu'y ailleh.. si ce

n'était pas si long, m3 semble un véritable chef-d'œuvre.

Il a sut les longs prticles de haut embêtement politique, cet
avantage que le lecteur de Cretigny-les-bonnus-boules en tire
lui-même sa conclusion, ce qui le porte à croire qu'il s'est fait
une opinion sans qu'on l'y aide.

En lui exposant le fait, en lui en mâche pour ainsi direla con-
séquence.

Et quand on lui a dit, sons toutes les formes, sa"s avoir l'air
da le faire exprès : « La République fait mourir de faim, » l'ha-
b tant de Cretigny-lci-bonnes-bcules n'a plus qu'à ouvrir la
bouche pour que Je en de : Yive le roi'!... s'en échappe,

En somm.3, c'est un p°u eousu de fil blanc; mais, comme ce'a
s'adresse à un public qui n'a pas inventé le gaz oxhydrique,
les feuilles qui exploitent ce procédé en obtiennent tout de
même un certain résultat.

Ces petites nouvoîles, ajoutées a"x autres cliché.) noi moins
subtils des « cinquante-huit mille appartements à louer » des
« magasins de bombes à pétrole découverts chaque nuit » et de
« la diminution des recettes dans les restaurants » doivent
infailliblement, dans un temps donné, arriver à convaincre
Cretigny-les Bonnes-Boules que, tant que nous n'aurons pas un
d'Orléans sur le trône, tous les commerces seront morts, à
à l'exception de ceux des syndic? de faillites eÇ des fabricants
de dynamite.

C'est tcr.t ce que l'on veut

Il ne sera pas dit que l'Eclipsé aura abandonné le. presse
honnête dans une pareille tâche.

Nous aussi, nous voulons prendre part aux nobles travaux
du : T. vc à l'effarement.

Nous avons fait appel à l'imagination féconde, — et surtout
au patriotisme ardent, — de nos rédacteurs.

Et nous leur avons demandé de nous fournir, pour le présent
numéro, tout ce qu'ils pourraient trouver de meilleur en fait
de nouvel'es désespérantes.

<t *

Au moment où nous mettons squj presse, Yojci celles qui
nous arrivent:

« G&u'ea de chem'ns de fer Paris débordées par émigrants. —
« Dans St-Lazare seule, 88,000 billets pour Asnièrehier soir.—
« Commissionnaires introu aides, — demandent 125 francs pour
« porter valise. »

Ernest p'He -.ivilly.

***

« Hausse formidable sur casquettes de voyage. — Chapelier»
assiégé?. — Faute casquettes, voyageurs prennent fez à

• 310 francs sttns le gland

Emue Blonde t.

« Recueilli preuve évidente dépeuplement Paris, — Parcouru
« hier spir tous établissements, à \%1 centimes. — Questionne
dame comptoir. — Baisse partout de 83 pour cent sur recettes.

1 ' jAm turltjpin.

*

On foi| que la situation est excessivement tendue,

Si la semaine prochaine nos abonnés ne voient pas arriver

VEclipse chez eux, qu'ils ne soient pas, surpris; c'est qu'il n'y

aura plus personne à Paris, que le père Gagne.

LÉON BIENVENU.

U LUNE ROUSSE

Çamèiie

pEJUONNACES t '■

ELLE. _ LUI
(La scène se passe d ,ns un parc.)
C'est la nuit. La lune plane haut dans le ciel clair, ronde et
étincelaute comme un bouclier d'acier. Des nuages rapides la
voilent par instants, mais un vent âpre les emporte au loin,
sans cesse. 11 fait très frais.

Les arbres refeuillés jettent de grandes ombres sur le sol.
On entend sous leurs rameaux le bruit des voix qui murmurent
des choses printanières.

Au milieu de la scène, MM. Langlois, Henri Martin et Car-
not écrivent sur l'écorce des bouleaux, avec la pointe de leur
couteau de bois : « J'aime Remusat. »

SCÈNE PREMIÈRE
ELLE, seule.

Elle effeuille une Urne quelle vient de cueillir aux environs et
se parle à voix basse. — « 176 mille, un peu, 178 mille, beaucoup...
180 mille, passionêmenl (Haut.) On m'aime passionément !...

180,000 voix me l'assurent. O mon cher Paris ! tu as eu de
l'esprit comme Paris, en me donnant la pomme. Mais Lui,
que va-t-il dire à présent?

Us IRaou. — Cette lune rousse est froide en diable. C'est la
faute do ce Barodet maudit. Il fait trop clair nuiourd'hui. Je ne
pub attraper une seule souris. Ça va faire baisser la bourse dea
ehats-huants.tout ça. Oh !. malheur !

Elle. — 180 0,0,0 voix! et partout, en province, c'est le
même cri de symp^kic pour moi. Les villes du Morbihan lui-
mêpH m'assureut de leur inaltérable amour. Mais Lui, que
va-t-il dire à présent ?

, Un Journaliste. — Je donne ma démission. Place à louer !
L'occasi«n est bq^ne. Pas moyen de faire un journal d'hon-
nêtes gens maintenant. Personne ne veut plus lire le charabia
scandaleux de mes, rédacteurs Ec pourtant, Dieu m'est témoin,
jamais je n'ai eu J'idçe de faire avaler à mes lecteurs des arti-
cles de soignée ou 4e littérature,comme ces infâmes pétroleurs.
Détruire en riant, tel est mon but. Place à louer ! place à
louer !

Elle. — Que va-t-il dire, Lui? — Yoiià huit jours que nous

sommes en froid. Je sais bien que dans ua ménage de raison
tout ne peut être roses. Mais enfin, j'avais droit à des égards.
Ces égard?, on me les a singulièrement mesurés. Les journaux
de la gauche conciliante, réunis avec les journaux orléiuistes,
m'ont appelée communarde, incendiaire, pillarde, etc. Ce n'est
pas gentil, pas gentil du tout !

SCÈNE DEUXIÈME :
LUI. — ELLE

Lui, c'c;t un petit gros monsieur en redingote tnarron. Menton
spirituel, nez spirituel, œil sp-'riluel. Lun<U>s ga;es. Une petite
huppe de ch'veux argentés se dresse joy usement sur son crâne et
brille aux rayons de la lune.

Lui, (a'unc voix aimable). — Chère amie? Où ête3-vous, chère
amie?

(Un grand silence.)
Chère amie?... Où se cache t-elle, la vilaine? Cherchons
dans ces bocages. Oh! la voilà!.,. (Il preni quelqu'un pa? le
bras.) Allons, bon, je me trompe, ce n'est pas elle. C'est bien le
contraire. C'est un membre de la Commission de permanence!

— Pardon, dites-moi doue, mon cher, tandis que je vous tiens,
savez-vous où elle est pa-sée?

Le Permanent. — Qui ça, elle? — La maison de France?
Lui. -t Non pas, eh-r ami : Elle?

Le Permanet. — Elle! — Oh! est-ce que je sais! Au lieu de
courir après cette créature-là, vous feriez bien mieux de me
donner un ministère.

Lui, (confidentiellement.) — Vous venez un peu tard, bon ami.

— Le vote de Paris, le vote de la province... Bref, j'ai réfléchi...
Impossible aujourd'hui. Bonsoir.

Ls Permanent, — Ingrat! Moi qui l'ai fait si bien détester
parles masses!... Moi qui ai soutenu M. S'offel! ., Il m'aban-
donne !

. Ls Hinou. — Quel temps ! Les vignes ont l'onglée aux bour-
geons. Les abid/'ots sont'en déconfiture. Et pas une souris à
attraper. Oh! ce Barodet! Il ruinera tous les joueurs de Bourse,
vous verrez oa.

Lui. — Chère amie? - Francesca? ma petite Francesca?

Elle. — Eh bie -, monsieur, me voilà. Que voulez-vous?

Lui. — Vous êtes fâchée contre moi, ma belle?... Voyons, un
petit baiser, là. Voulez-vous?

Elm;, (f'Oidem-.nt.) — Non, monsieur, non. — Pas ce soir...
Allez trouver votre Rémusttte.

Lui, — Oli! la vilaine! — Jalouse! Mais je n'aime que vous,
m^ebanta. La Rien 'publc ne voua l'a-t-il pas dit? Hou, la
jalousa!

ELlk. — Je no vol;, crois plus... Vous aviez le cœur adroite,
ces jours-ci... comme dans Molière.

Lui. — Nous avons changé tout cela! O enfant, relis mon
message, mon joli message d'amour...Le cœur est à gauche, tu
le sais bien 1

Elle, souriant. — Non, monsieur, no::... Quend vous m'avez
épousée...

Lui. r- Voyons, mignonne, ce n'était pas pour votre for-
tune...

Elle' — Non ! — mais vous aviez dit — « à la plus sage ! »

— et, malgré na sagesse,, vous me faisiez des infidélités avec
votre Dufiure... Bile nest pas si jolie que moi, pourtant!

Lui. — Ma cbérje, a»J petite Francesca,... de grâce,... je
conviens que Dufaure n'a rien de galant.,.

Elle — Si je n'avais pas cent quatre-vingt mille adorateurs
à Paria, vous ne seriez pas si tendre... Non, monsieur, non...
pas un baiser.

Lul — C'est la lu e rousse alors 1 J'attendrai la fin du mois.

La Journaliste. — Place à louer! place à louer! Bonne occa-
sion ? Voyez mes larmes !

Le Hibou. — Oh ! ce Barodet ! Encore un banquier qu'on
vient d'écrouer à Mazas. Il s'est fait mettre en pr/son, j'en
suis sûr, pour ne pas assister au triomphe de la République.
Oh! ce B irodetl

Lui. _ Voyons, Francesca, (avec galanterie) vous citiez Mo-
lière tout a l'heure, voulez-vous me permettre d'emprunter une
citation au Dépit amoureux de c§t iilustre comédien ?

Elle. — Faites.

LUI. — « Comentea-y, madame; une flamme si belle

a Doit, po«r voU'e intérêt, demeurer immortelle;
a Je. le dsma.a.4e enfin, me l'accorderez-vous,
« Ça pardon obligeant?

Ellp, avec une mine résignée :

Kernenez moi chez nous, »

ERNEST D'HERVILLY.

CHOSES ET SUTiES

Depuis la transformation • de la Preste, le nomdeM.de La
Guéronnière revient sur le tapis, avec un certain éclat. Des
journaux lui consacrent même des colonnes entières pour ra-
conter sa vie politique.

Je regrette de n'avoir trouvé chez aucun la piquante anec-
dote que voici :

A l'époque où M. de la Gnéronnière était rédacteur en chef
du Pays, c'est-à-dire en 1850, si je ne fais erreur, le futur co-
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