I/É5GLIPSE
naliste a retrempé sa plume une seconde fuis dans l'encre et la
rapproche du papier.
É 'outous : je crois qu'il se parle à lui-même.
— i Le triomphe éclatant que le ministère vient de rempor-
f ter... » Xon, décidément, je n'ai pas le, courage d'écrire ça..
Éclatant!... Cen'est pas, saus doute, que je ne le trouve écla-
tant, ce triomphe; c'est mon idée, à moi, qu'il est éclatant.!.
Seulemont, si j'écris • éclatant » on va se demanler : « Com-
bien a-t-il reçu pour ce mot-là? » Bah! tant pis, jè biffe. « Le
• triomphe » tout court. Ça suffira.
Après un moment de réflexion :
— Hum, ça suffira ; je crbis bien. Oa suffira tout à fait à
éveiller la même pensée... Car, enfin, constater ua triomphe,
éclatant ou non, ça ne peut pas passer pour une hostilité. . Le
mot triomphe est trop fort. Trop fort 1 non pas dans ma pensée,
je m'explique; mais trop fjrt vis-à-vis des esprits toujours
malintentionnés... Si je mettais victoire? Hum! Victoire?
Triomphe?... Je crois que j'aime" encore mieux succès.
Une paute.
— Oui, succès. C'est un mot calme, sans prétention. On dit un
succès de toilette, un succès d'épaules... Et, cependant, pour
détourner ces outrageants soupçons, un mot atténué ne suffit
pas, je le sens bien. La pensée reste entière. Il demeure cons-
tant que je fais l'éloge du ministère... Jé ne peux pourtant pas,
moi son ami, renoncer à constater un fait, uniquement parce
qu'il lui est agréable!.. Mais le monde est si méchant! Diable
de circulaire, va!... Si je mettais le • léger succès » !
Nouvelle pause,
— Un « léger succès » On ne peut pourtant pas trouver ça trop
élogieux. Trop élogieux, non; mes coreligionnaires trouveront
même que je suis bien mou; seulement, le public ne m'en consi-
dérera pas moins comme un vendu... Quand je dis qu'il me con-
■ sidérera'.... Un vendu ! Ah ! sapristi ! Fichue circulaire ! Je vous
demande un peu quelle idée a eue ce M. Beu.... co M Pascal I...
Enfin!... Moi, je ne veux pourtant pas avoir l'air d'un corrompu,
d'un homme qui subordonne ses opinions politiques à la bourse
M. le de Préfet... Non, tout, excepté ça ! (Se frappant le front avec
joie) Ah ! une idée... si j'écrivais :
t La veste que le ministère vient de remporter... •
PAUL PARFAIT.
GAZETTE A LA MAÏN
— Hein?.. . Quoi?... Qu'est-ce que c'est?... Que me deman-
dez-vous, lecteurs?...
Les événement.? de la semaine?...
H n'y en a tas ! Je ferme chronique ! Repassez dans huit jours,
si le cœur vous eu dit !...
Pour ce matin, coiitentez-voUs de Nouvelles à la mam quasi-
vierges Les temps sont durs; les volailles coûtent cher, les
demoiselles de Mabille aussi, — et l'on ne trouve pas toujours
du neuf de l'inédit, de l'imprévu, surtout lorsque l'on a, comme
moi, unè fluxion qui vous fait une tête dans le style d'un petit
ballon du Louvre\... <
D'ailleurs, n'est-ce pas exprès pour les gazetiers en gemme,
que Michel de Montaigoe a écrit :
« Le magasin de la mémoire eut volontiers plus fourni de
matière que celui de l'invention. »
Pour commencer, contons un tour infâme, — imais excellent,
— ioué à uu maire départemental par un de ses administrés.
La commune que gouverne le maire en question eit pavée
comme une commune des temps héroïques ; autrement dit, pas
le moindre pavé, — pas une pierre oit ie lïls de l'homme puisse
reposer son pied qui s'embourbe; autant «ie rues, autant de
terres labourables... Or, vous saurez que l'administré dont il
s'agit est un homme progressif qui pr-etend, lui, marcher a»ec
son siècle,— à pied see, — sur du confortable grès; je me suis
même laissé dire qu'il aspirait à des trottoirs, — friand !...
L'administré demande son pavé à cor et à cri depuis dix
ans... . . ,.
A quoi le mwre repique, — aussi depuis dix ans, — que le
temps est au beau, que ie terrain est sec et que le pavé deman-
dé serait un railiuement de luxe inutile...
Mai» le coquin d'administré ne se l'est pas tenu pour dit, —
car il a la tèie plus dure qu'un pavé...
Qu'a-t il fait?
Dernièrement, toute la commune était sens dessus-dessous;
c'était M. le préfet qui y entrait, au bruit des cloches, et en
voiture.
Tous les habitants coururent à sa rencontre, le maire en
tête. . ,
Seul, notre administré au pave ne bougea pas pour M. le
préfet. Il l'attendait, au seuil de sa porte, — et dans une atti-
tude passablement énigmatique, — assis une ligne à la main.
M. ie préfet arrive enfin. 11 voit notre homme, regarde la
ligne et fronce le sourcil:— Vivat ! —C'était justement ce
que le Machiavel campagnard espérait!
Une fois à la mairie :
— Ah ça ! monsieur le maire, dit M. le préfet avec sévérité,
j'espère que voua allez faire tout de suite paver votre commune 1
_Mais, monsieur ie préfet, je croyais qu'on pouvait s'en
passer... Il fait très-beau chez nous... Le terrain est sec...
— Comment! sec? Des rues où il tait tellement humide
qu'on y pêche des poissons — à la ligne 1
Empruntons l'anecdote suivante aux Souvenirs dramatiques
publiés par M. Jouslin de Lasalle, dans la Revue française :
— Toutes les pièces qui m'arnvent, disait. Harel, je les mets
dans un sac, je remue, je lire, et le premier manuscrit qui me
tombe sous la main est le bon ; j'ai toujours réussi.
Il y fut pris, cependant, une fofs. Il avait tiré du 33c une
comédie en quatre actes, de Mernlle, intitulée : l'Antiquaire.
H lit la pièce, la trouve charmante, fait passer la nuit pour
copier les rôles, et, le lendemain, Merville vient Ire aux ac-
teurs. Duparay, le plus ancien artiste de 1 Odèon, jouait le rôle
de l'antiquaire. Le sujet de cette comédie roulait sur une mar-
que de fabrique trouvée sur un _ vieux vase, que l'antiquaire
soutenait être un vase romain, a aPrès l'explication qu'il don-
nait des lettres composant la marque au fabricant.
Merville, ex-comédien, lit avec beaucoup de gaieté les deux
premiers actes. Arrivé au troisième, à la scène capitale, celle
ou l'antiquaire cherche à prouver à s0n interlocuteur l'origine
de son vase, il entame vivement la scène; Duparay réplique;
Merville continue, et tous les deux jouent la scène à Tètonut-'-
m-'nr, de tout le monde , lorsque arrlv ■ à cette fameuse expli-
cation des lettres romaines, Duparay reste court.
— Qui vous arrête? demanda Harel, qui supposait que Mer-
ville lui avait communiqué son manuscrjt.
. — Ma foi ! répondit Duparay. je n'enai jamais su davantage ;
j ai joue deux fois la pièce, et deux fois \\ public a fait baisser
le rideau a ce passage.
La pièce était tombée déjà deux fois sur ce même théâtre de
l'Odéon. Mtrvilie avoua qu'en effet ia viece avait été sifflée
en cinq-actes, mais qu'il l'avait remise en quatre actes.
— Eh bien ! reprit Harel, revenu Uû peu de sa stupéfaction,
je la jouerai; le public serait bien ingrat s'il persistait a'siffler
quaiid on se met en quatre pour lui plaire.
Exhumons, maintenant, un quatrain — pas méchant — de
Bartliet, sur un académicien mort dernièrement, — M. Vite» :
Qui dirait, à le voir inspectant des façades,
Un simple crayon dans la main,
Q je, pour se frayer un chemin,
Cet écrivain paisible a fait les Birricadcs ?
Brelan d'avares
Avare embaumé qni nous est envoyé d'Heidelberg. Di son
vivant, professeur à 1 Université de la dite ville.
Quand ou a ouvert son testament, on l'a trouvé conçu laco-
niquement — et économiquement — en quatre lignes *:
« Je désire pour mou enterrement un couvoi de troisième
classe, tarifé 8 florins 30 kreutzers, parce que je n'aime pas dé-
penser beaucoup d'argent pour des choses qui ne me foiut pas
plaisir. »
Avare richissime, occupant un des plus beaux hôtels de la
chaussée d'Antin.
On lui présentait, lundi passé, une liste de souscription en
faveur d'une famille nécessiteuse. 11 s'y inscrit, — soyons
justes, — pour une somme de deux francs cinquante centimes.
Le porteur oe la liste se récrie, en souriant :
— Savez-vous que monsieur votre fils nous a donné un billet
de cent francs ?
La fibre paternelle de l'avare paraît agréablement émue. —
Avec un accent où perce un certain orgueil :
— Oh! mon fils, mi, il peut faire des folies I II a un père
millionnaire.
,^ï8wa.i,»k «m» îï'j J#sWi>?» nfcji< '
Avare exerçant l'état de tapissier dans le Quartier des Halles
On vient lui apprendre que son fils — qui est en même temps
sen principal ouvrier — s'est blessé en tombant d'un échafau-
dage.
— Où est-il?
— Il s'est fait porter à l'hôpital.
— Ah!... Eh bien, il a eu une bonne idée. Il y sera bien soi-
gné et cela ne lui coûtera rie a.
Vaudeville
Une jolie sentimentalité, — Dianah, et une étude de mœurs
parisiennes très-vive, tres-nature tt tres-reussie, — Un môn-
situr qui attend srs témoins, — toutes deux de M. Barrière, for-
ment, avec Punasoi, comédie en vers capricanis tie M. Gondi-
net, un spectacle coupé, destiné à conjurer -ks etiakurs de l'été.
Les chaleurs de l'été !
Lè spectacle n'en ent pas moins charmant, — quoique coupé.
Mesdemois elles Massin et Baretta aussi, — et surtout.
Mots de la an
Un ancien riz-pain-ael, riche comme dix honnêtes hommes
opulents, était à ton lit de mort.
Ses enfants, attristés, se tenaient à son chevet. S'ils étaient
assurés que le moribond. Par, sa prudence et son habileté,
n'avait jamais eu de démêles avec la justice des hommes,
ils savaient bien qu'il n'en était pas de même de la justice de
Dieu.
Lun d'eux, une jeune fille tres-pieusej demandait instam-
ment qu'on fit appeler un prêtre avant que son père eût perdu
la conscience d« ses actes. Le médecin hésitait, quand le ma-
lade, qui avait entendu ia contestatioa, s'ecria :
— Faire venir un prêtre! à quoi bon? Que puis-je me repro-
cher? Je ne dois rien, je n'ai rien pris a personne. J'ai toujours
vécu en honnête homme.
— Ah ! s'écria la fiUe en jetant au docteur un long regard de
reproche, il est trop tard! Vous le voyez bien, mon père n'a
plus sa raison.
Un individu qui avait volé une scie fut amenS devant le
magistrat, auquel il répondit qu'il n'avait voulu faire qu'une
plaisanterie.
— A quelle distance avez-vous porté l'objet volé ? demanda
le juge.
A une lieue d'ici, répondit l'accusé.
— C'est porter trop loin la plaisanterie, répliqua le juge,qui
condamna ie voleur a six mois d'emprisonnement. .
Madame L.,. a conçu une violente passion pour un jeune
détaché d'ambassade qui se livre à quelques spéculations à la
Boursè.
Le jeune homme s'étant présenté chez M. L..., absent de
Paris, depuis plusieurs jours, — on le fit entrer dans le bou-
doir de madame.
Madame était en robe de chambre, étendue sur une bergère.
— Monsieur, dit-elle au jeune homme, mon mari est a la
campagne, mais si vous vouiez l'attendre, il sera ici demain.
STAR.
Traité de l'ACIDE PHÉNIQUE appliqué à la médecine, parle
docteur Dèci.at, en cinq extraits.
Premier extrait : De la curaiion, par l'acide phénique, des
MALADIES DE L\ PEAU, spécialement d s maladies connues
sous le nom de DARTltliS, chez Lemerre, passage Choiseul, 27.
— Prix : 2 fr.
Le Concert des Champs-Elysées ( Concert Besselièvre) réu-
nit chaque ■ oir un public de dilettantes qui vient applaudir les
chefs-d'œuvre classiques et, modernes, dans lesquels se font
- ntendre des solistes d'un talent hors lisrne : MM. de la Ranche-
râjëj Lalliet, Penavaire, Elie, Corlieu, Hemtne, Janssens, Fran-
çois, Hu 'on et Venon.
Château-Rouge. — Bal tous les soirs,
dredis fête de nuit.
■ Les mardis et ven
L'éditeur Ernest L«rout, nie Bonaparte, 23, vient de mettre
en vente un livre, plein d'actualité, intitu'é : Le Suffrng', universel
eut la République, par S. Vainberg, avec une préface de Louis
Blanc. — Prix : 1 rr. 50.
Nous recommandons aux amateurs la nuuvefw collection
Janru>t, publiée par le libraire E. Picard, rééditée par A. Le-
merre.
Parmi les nouveautés de cette remarquable série, citons le
Roman bourqëois, de Furétières ; le Diable boiteux, de Lesage;
TU UlespibqU, cette incomparable fantaisie de l'humour alle-
mande: et surtout. V Homme à bonnes fortunes, de Michel Baron,
le fils aioptif et l'élève de Molière, cette comédie si intéressante
et si peu connue, peinture vivante et exacte des mœurs de
l'époque, que nous n'hésitons pas à placer sur la même ligne
que les meilleures compositions de nos grands comiques.
GAVARN1. l'homme et l'œuvre, par MM. de Concourt, un
superbe volume, tout rempli d'anecdotes piquant s et, de sou-
venirs cumui. enrichi d'une magnifique eau-ferte de Flameng.
le Gamrni à la tigcfeVe. «l'a >rès un dessin de l'artiste, et du
fnc-simile d'un autographe, paraît chez l'éaiteur Pion, 10, rue
Garancière. Prix : 8 fr. franco.
La librairie de la Société des Gens de Lettres met en vente
un nouvel ouvrage : l'Histoire des deux Conspirations du général
Malet, par Ernest Hamel.
Ce double et.curieux épisode de l'Empire était resté jusqu'ici
enveloppé de itiystère La première conspiration celle de 1808,
était tout à fait ignorée, tant la polios impériale avait pris i-oin
d'empêcher qu'elle ne transpirât.. Ses principaux auteurs,
enfermés sans jugement dans des prisons d'Etat, n'en sont
sortis qu'à la chute du gouvernement de Bonaparte.
Grâce à des documents authentiques et entièrement inédits,
M. Ernest Hamel a pu faire la lum-ère complète Mir cet étrange
événement, et donner sur le complot do 1812 des détails que
personne ne soupçonnait.
On verra notamment combien en 1808 et en 1812. c'est-à-dire
dans sa période la plus éblouissante, la régime impérial était
déjà déconsidéré a l'intérieur, avjec.quSte ijnpàtjfcnce lepays en
supportait le joug, avec qu. lie joie sa chute, ne venant pas de
l'étranger, eût été généralement accueillie par tout ce qui
pensait en France.
Une nouvelle édition de, l'ouvrage de Jules Janin : La Fin
d'«n Monie et du Niveu 'de Rameau, vient de paraître chez
Dentu; bien que ce livre soit à très-bon marche k 3 fr. 50 ),
l'éditeur n'a rien négligé pour qu'il soit digne des gourmets
littéraires auxquels il s'adresse.
Cette histoire humoristique du xvin° siècle forme un ravis-
sant volume imprimé en caractères elzéviriens, par Claye, et
orné de ses plus jolis fleuroLS.
En vente chez l'éditeur^ Auguste Ghio, 41, quai des Grands-
Augustins, là deuxième édition des
Papiers sterets et correspondance du second empire
Réimpression complète de l'édition de l'Imprimerie Natio-
nale, aanotée et. augmentée de nombreuses pièces publiées à
l'étranger, et recueillies par A. Poulet-Malassis ; avec fac-
simile d'.iutofraphes de l'Empereur, de l'Impératrice, de
Mlle Marguerite Bcllanger, de Joséphine Bonaparte, etc., etc.
tes Ecoles sous l'Empi -e et la Restauration. Tel est le titre
d'un petit volume d'histoire contemporaine, que met aujour-
d'hui eu vente l'éditeur Ernest Leroux; rue Bonaparte, 28. —
Prix 1 franc 25 centimes.
: ■ («S 1 K? jS4ï VQ 11 I g" i lit B^Bm
SBM^0iMU«at«ar «.-•«.«*<-*««**. — G uérisoa, «xtraetioa
et pose de denta sains douleur, 4ft,. rue Lafayette.
. ^<§/^> S est 'a mcill™ et le meillr mar-
•S>y^&/chè des machines à coudre à na-
| tv^A^Pyr relte pr familles, lingères, coutu-
■y^n^rrièrts; prix : 150 f. avec giiides et
J'!!->/>Sv/accessoires. caos 1 oïiiil. Emoi <■ tmitctu.
'D^ill cMrul dt! (ouïes les Machina B/MDIiWIY «t C"±
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RECOLORATION
DES CHEVEUX
ET DB LA BARBE
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SARAH FÉLIX
Pommade des Fées — Pommade Féerique
EKTBEfÔTJiÉNÉBAL, RUE RtCHER, 45^J)
Le Gérant : us hevkbend
Paris. — Imprimerie F. DEBONS et O, 16, rue du Croissant.
tm
10 c. la livraison
LES DEUX PBEl¥3I£BES LIVRAISONS SONT EN VENTE PARTOUT
SHJITH1 J>EJ LA. PUBLICATION
50 c. la série
DE
L'HISTOIRE DE LA REVOLUT
DE 1870-71
Par JULES C^ARETIE
Le gouvernememt de M. Thiers. — L'Assemblée nationale. Les procès politiques. — L'émigration alsacienne,
du territoire. — La présidence du maréchal Mac-Manon, etc.
NOMBREUSES ILLUSTRATIONS
La libération
naliste a retrempé sa plume une seconde fuis dans l'encre et la
rapproche du papier.
É 'outous : je crois qu'il se parle à lui-même.
— i Le triomphe éclatant que le ministère vient de rempor-
f ter... » Xon, décidément, je n'ai pas le, courage d'écrire ça..
Éclatant!... Cen'est pas, saus doute, que je ne le trouve écla-
tant, ce triomphe; c'est mon idée, à moi, qu'il est éclatant.!.
Seulemont, si j'écris • éclatant » on va se demanler : « Com-
bien a-t-il reçu pour ce mot-là? » Bah! tant pis, jè biffe. « Le
• triomphe » tout court. Ça suffira.
Après un moment de réflexion :
— Hum, ça suffira ; je crbis bien. Oa suffira tout à fait à
éveiller la même pensée... Car, enfin, constater ua triomphe,
éclatant ou non, ça ne peut pas passer pour une hostilité. . Le
mot triomphe est trop fort. Trop fort 1 non pas dans ma pensée,
je m'explique; mais trop fjrt vis-à-vis des esprits toujours
malintentionnés... Si je mettais victoire? Hum! Victoire?
Triomphe?... Je crois que j'aime" encore mieux succès.
Une paute.
— Oui, succès. C'est un mot calme, sans prétention. On dit un
succès de toilette, un succès d'épaules... Et, cependant, pour
détourner ces outrageants soupçons, un mot atténué ne suffit
pas, je le sens bien. La pensée reste entière. Il demeure cons-
tant que je fais l'éloge du ministère... Jé ne peux pourtant pas,
moi son ami, renoncer à constater un fait, uniquement parce
qu'il lui est agréable!.. Mais le monde est si méchant! Diable
de circulaire, va!... Si je mettais le • léger succès » !
Nouvelle pause,
— Un « léger succès » On ne peut pourtant pas trouver ça trop
élogieux. Trop élogieux, non; mes coreligionnaires trouveront
même que je suis bien mou; seulement, le public ne m'en consi-
dérera pas moins comme un vendu... Quand je dis qu'il me con-
■ sidérera'.... Un vendu ! Ah ! sapristi ! Fichue circulaire ! Je vous
demande un peu quelle idée a eue ce M. Beu.... co M Pascal I...
Enfin!... Moi, je ne veux pourtant pas avoir l'air d'un corrompu,
d'un homme qui subordonne ses opinions politiques à la bourse
M. le de Préfet... Non, tout, excepté ça ! (Se frappant le front avec
joie) Ah ! une idée... si j'écrivais :
t La veste que le ministère vient de remporter... •
PAUL PARFAIT.
GAZETTE A LA MAÏN
— Hein?.. . Quoi?... Qu'est-ce que c'est?... Que me deman-
dez-vous, lecteurs?...
Les événement.? de la semaine?...
H n'y en a tas ! Je ferme chronique ! Repassez dans huit jours,
si le cœur vous eu dit !...
Pour ce matin, coiitentez-voUs de Nouvelles à la mam quasi-
vierges Les temps sont durs; les volailles coûtent cher, les
demoiselles de Mabille aussi, — et l'on ne trouve pas toujours
du neuf de l'inédit, de l'imprévu, surtout lorsque l'on a, comme
moi, unè fluxion qui vous fait une tête dans le style d'un petit
ballon du Louvre\... <
D'ailleurs, n'est-ce pas exprès pour les gazetiers en gemme,
que Michel de Montaigoe a écrit :
« Le magasin de la mémoire eut volontiers plus fourni de
matière que celui de l'invention. »
Pour commencer, contons un tour infâme, — imais excellent,
— ioué à uu maire départemental par un de ses administrés.
La commune que gouverne le maire en question eit pavée
comme une commune des temps héroïques ; autrement dit, pas
le moindre pavé, — pas une pierre oit ie lïls de l'homme puisse
reposer son pied qui s'embourbe; autant «ie rues, autant de
terres labourables... Or, vous saurez que l'administré dont il
s'agit est un homme progressif qui pr-etend, lui, marcher a»ec
son siècle,— à pied see, — sur du confortable grès; je me suis
même laissé dire qu'il aspirait à des trottoirs, — friand !...
L'administré demande son pavé à cor et à cri depuis dix
ans... . . ,.
A quoi le mwre repique, — aussi depuis dix ans, — que le
temps est au beau, que ie terrain est sec et que le pavé deman-
dé serait un railiuement de luxe inutile...
Mai» le coquin d'administré ne se l'est pas tenu pour dit, —
car il a la tèie plus dure qu'un pavé...
Qu'a-t il fait?
Dernièrement, toute la commune était sens dessus-dessous;
c'était M. le préfet qui y entrait, au bruit des cloches, et en
voiture.
Tous les habitants coururent à sa rencontre, le maire en
tête. . ,
Seul, notre administré au pave ne bougea pas pour M. le
préfet. Il l'attendait, au seuil de sa porte, — et dans une atti-
tude passablement énigmatique, — assis une ligne à la main.
M. ie préfet arrive enfin. 11 voit notre homme, regarde la
ligne et fronce le sourcil:— Vivat ! —C'était justement ce
que le Machiavel campagnard espérait!
Une fois à la mairie :
— Ah ça ! monsieur le maire, dit M. le préfet avec sévérité,
j'espère que voua allez faire tout de suite paver votre commune 1
_Mais, monsieur ie préfet, je croyais qu'on pouvait s'en
passer... Il fait très-beau chez nous... Le terrain est sec...
— Comment! sec? Des rues où il tait tellement humide
qu'on y pêche des poissons — à la ligne 1
Empruntons l'anecdote suivante aux Souvenirs dramatiques
publiés par M. Jouslin de Lasalle, dans la Revue française :
— Toutes les pièces qui m'arnvent, disait. Harel, je les mets
dans un sac, je remue, je lire, et le premier manuscrit qui me
tombe sous la main est le bon ; j'ai toujours réussi.
Il y fut pris, cependant, une fofs. Il avait tiré du 33c une
comédie en quatre actes, de Mernlle, intitulée : l'Antiquaire.
H lit la pièce, la trouve charmante, fait passer la nuit pour
copier les rôles, et, le lendemain, Merville vient Ire aux ac-
teurs. Duparay, le plus ancien artiste de 1 Odèon, jouait le rôle
de l'antiquaire. Le sujet de cette comédie roulait sur une mar-
que de fabrique trouvée sur un _ vieux vase, que l'antiquaire
soutenait être un vase romain, a aPrès l'explication qu'il don-
nait des lettres composant la marque au fabricant.
Merville, ex-comédien, lit avec beaucoup de gaieté les deux
premiers actes. Arrivé au troisième, à la scène capitale, celle
ou l'antiquaire cherche à prouver à s0n interlocuteur l'origine
de son vase, il entame vivement la scène; Duparay réplique;
Merville continue, et tous les deux jouent la scène à Tètonut-'-
m-'nr, de tout le monde , lorsque arrlv ■ à cette fameuse expli-
cation des lettres romaines, Duparay reste court.
— Qui vous arrête? demanda Harel, qui supposait que Mer-
ville lui avait communiqué son manuscrjt.
. — Ma foi ! répondit Duparay. je n'enai jamais su davantage ;
j ai joue deux fois la pièce, et deux fois \\ public a fait baisser
le rideau a ce passage.
La pièce était tombée déjà deux fois sur ce même théâtre de
l'Odéon. Mtrvilie avoua qu'en effet ia viece avait été sifflée
en cinq-actes, mais qu'il l'avait remise en quatre actes.
— Eh bien ! reprit Harel, revenu Uû peu de sa stupéfaction,
je la jouerai; le public serait bien ingrat s'il persistait a'siffler
quaiid on se met en quatre pour lui plaire.
Exhumons, maintenant, un quatrain — pas méchant — de
Bartliet, sur un académicien mort dernièrement, — M. Vite» :
Qui dirait, à le voir inspectant des façades,
Un simple crayon dans la main,
Q je, pour se frayer un chemin,
Cet écrivain paisible a fait les Birricadcs ?
Brelan d'avares
Avare embaumé qni nous est envoyé d'Heidelberg. Di son
vivant, professeur à 1 Université de la dite ville.
Quand ou a ouvert son testament, on l'a trouvé conçu laco-
niquement — et économiquement — en quatre lignes *:
« Je désire pour mou enterrement un couvoi de troisième
classe, tarifé 8 florins 30 kreutzers, parce que je n'aime pas dé-
penser beaucoup d'argent pour des choses qui ne me foiut pas
plaisir. »
Avare richissime, occupant un des plus beaux hôtels de la
chaussée d'Antin.
On lui présentait, lundi passé, une liste de souscription en
faveur d'une famille nécessiteuse. 11 s'y inscrit, — soyons
justes, — pour une somme de deux francs cinquante centimes.
Le porteur oe la liste se récrie, en souriant :
— Savez-vous que monsieur votre fils nous a donné un billet
de cent francs ?
La fibre paternelle de l'avare paraît agréablement émue. —
Avec un accent où perce un certain orgueil :
— Oh! mon fils, mi, il peut faire des folies I II a un père
millionnaire.
,^ï8wa.i,»k «m» îï'j J#sWi>?» nfcji< '
Avare exerçant l'état de tapissier dans le Quartier des Halles
On vient lui apprendre que son fils — qui est en même temps
sen principal ouvrier — s'est blessé en tombant d'un échafau-
dage.
— Où est-il?
— Il s'est fait porter à l'hôpital.
— Ah!... Eh bien, il a eu une bonne idée. Il y sera bien soi-
gné et cela ne lui coûtera rie a.
Vaudeville
Une jolie sentimentalité, — Dianah, et une étude de mœurs
parisiennes très-vive, tres-nature tt tres-reussie, — Un môn-
situr qui attend srs témoins, — toutes deux de M. Barrière, for-
ment, avec Punasoi, comédie en vers capricanis tie M. Gondi-
net, un spectacle coupé, destiné à conjurer -ks etiakurs de l'été.
Les chaleurs de l'été !
Lè spectacle n'en ent pas moins charmant, — quoique coupé.
Mesdemois elles Massin et Baretta aussi, — et surtout.
Mots de la an
Un ancien riz-pain-ael, riche comme dix honnêtes hommes
opulents, était à ton lit de mort.
Ses enfants, attristés, se tenaient à son chevet. S'ils étaient
assurés que le moribond. Par, sa prudence et son habileté,
n'avait jamais eu de démêles avec la justice des hommes,
ils savaient bien qu'il n'en était pas de même de la justice de
Dieu.
Lun d'eux, une jeune fille tres-pieusej demandait instam-
ment qu'on fit appeler un prêtre avant que son père eût perdu
la conscience d« ses actes. Le médecin hésitait, quand le ma-
lade, qui avait entendu ia contestatioa, s'ecria :
— Faire venir un prêtre! à quoi bon? Que puis-je me repro-
cher? Je ne dois rien, je n'ai rien pris a personne. J'ai toujours
vécu en honnête homme.
— Ah ! s'écria la fiUe en jetant au docteur un long regard de
reproche, il est trop tard! Vous le voyez bien, mon père n'a
plus sa raison.
Un individu qui avait volé une scie fut amenS devant le
magistrat, auquel il répondit qu'il n'avait voulu faire qu'une
plaisanterie.
— A quelle distance avez-vous porté l'objet volé ? demanda
le juge.
A une lieue d'ici, répondit l'accusé.
— C'est porter trop loin la plaisanterie, répliqua le juge,qui
condamna ie voleur a six mois d'emprisonnement. .
Madame L.,. a conçu une violente passion pour un jeune
détaché d'ambassade qui se livre à quelques spéculations à la
Boursè.
Le jeune homme s'étant présenté chez M. L..., absent de
Paris, depuis plusieurs jours, — on le fit entrer dans le bou-
doir de madame.
Madame était en robe de chambre, étendue sur une bergère.
— Monsieur, dit-elle au jeune homme, mon mari est a la
campagne, mais si vous vouiez l'attendre, il sera ici demain.
STAR.
Traité de l'ACIDE PHÉNIQUE appliqué à la médecine, parle
docteur Dèci.at, en cinq extraits.
Premier extrait : De la curaiion, par l'acide phénique, des
MALADIES DE L\ PEAU, spécialement d s maladies connues
sous le nom de DARTltliS, chez Lemerre, passage Choiseul, 27.
— Prix : 2 fr.
Le Concert des Champs-Elysées ( Concert Besselièvre) réu-
nit chaque ■ oir un public de dilettantes qui vient applaudir les
chefs-d'œuvre classiques et, modernes, dans lesquels se font
- ntendre des solistes d'un talent hors lisrne : MM. de la Ranche-
râjëj Lalliet, Penavaire, Elie, Corlieu, Hemtne, Janssens, Fran-
çois, Hu 'on et Venon.
Château-Rouge. — Bal tous les soirs,
dredis fête de nuit.
■ Les mardis et ven
L'éditeur Ernest L«rout, nie Bonaparte, 23, vient de mettre
en vente un livre, plein d'actualité, intitu'é : Le Suffrng', universel
eut la République, par S. Vainberg, avec une préface de Louis
Blanc. — Prix : 1 rr. 50.
Nous recommandons aux amateurs la nuuvefw collection
Janru>t, publiée par le libraire E. Picard, rééditée par A. Le-
merre.
Parmi les nouveautés de cette remarquable série, citons le
Roman bourqëois, de Furétières ; le Diable boiteux, de Lesage;
TU UlespibqU, cette incomparable fantaisie de l'humour alle-
mande: et surtout. V Homme à bonnes fortunes, de Michel Baron,
le fils aioptif et l'élève de Molière, cette comédie si intéressante
et si peu connue, peinture vivante et exacte des mœurs de
l'époque, que nous n'hésitons pas à placer sur la même ligne
que les meilleures compositions de nos grands comiques.
GAVARN1. l'homme et l'œuvre, par MM. de Concourt, un
superbe volume, tout rempli d'anecdotes piquant s et, de sou-
venirs cumui. enrichi d'une magnifique eau-ferte de Flameng.
le Gamrni à la tigcfeVe. «l'a >rès un dessin de l'artiste, et du
fnc-simile d'un autographe, paraît chez l'éaiteur Pion, 10, rue
Garancière. Prix : 8 fr. franco.
La librairie de la Société des Gens de Lettres met en vente
un nouvel ouvrage : l'Histoire des deux Conspirations du général
Malet, par Ernest Hamel.
Ce double et.curieux épisode de l'Empire était resté jusqu'ici
enveloppé de itiystère La première conspiration celle de 1808,
était tout à fait ignorée, tant la polios impériale avait pris i-oin
d'empêcher qu'elle ne transpirât.. Ses principaux auteurs,
enfermés sans jugement dans des prisons d'Etat, n'en sont
sortis qu'à la chute du gouvernement de Bonaparte.
Grâce à des documents authentiques et entièrement inédits,
M. Ernest Hamel a pu faire la lum-ère complète Mir cet étrange
événement, et donner sur le complot do 1812 des détails que
personne ne soupçonnait.
On verra notamment combien en 1808 et en 1812. c'est-à-dire
dans sa période la plus éblouissante, la régime impérial était
déjà déconsidéré a l'intérieur, avjec.quSte ijnpàtjfcnce lepays en
supportait le joug, avec qu. lie joie sa chute, ne venant pas de
l'étranger, eût été généralement accueillie par tout ce qui
pensait en France.
Une nouvelle édition de, l'ouvrage de Jules Janin : La Fin
d'«n Monie et du Niveu 'de Rameau, vient de paraître chez
Dentu; bien que ce livre soit à très-bon marche k 3 fr. 50 ),
l'éditeur n'a rien négligé pour qu'il soit digne des gourmets
littéraires auxquels il s'adresse.
Cette histoire humoristique du xvin° siècle forme un ravis-
sant volume imprimé en caractères elzéviriens, par Claye, et
orné de ses plus jolis fleuroLS.
En vente chez l'éditeur^ Auguste Ghio, 41, quai des Grands-
Augustins, là deuxième édition des
Papiers sterets et correspondance du second empire
Réimpression complète de l'édition de l'Imprimerie Natio-
nale, aanotée et. augmentée de nombreuses pièces publiées à
l'étranger, et recueillies par A. Poulet-Malassis ; avec fac-
simile d'.iutofraphes de l'Empereur, de l'Impératrice, de
Mlle Marguerite Bcllanger, de Joséphine Bonaparte, etc., etc.
tes Ecoles sous l'Empi -e et la Restauration. Tel est le titre
d'un petit volume d'histoire contemporaine, que met aujour-
d'hui eu vente l'éditeur Ernest Leroux; rue Bonaparte, 28. —
Prix 1 franc 25 centimes.
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L'HISTOIRE DE LA REVOLUT
DE 1870-71
Par JULES C^ARETIE
Le gouvernememt de M. Thiers. — L'Assemblée nationale. Les procès politiques. — L'émigration alsacienne,
du territoire. — La présidence du maréchal Mac-Manon, etc.
NOMBREUSES ILLUSTRATIONS
La libération