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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0155
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L'ËGLI PSÈ

IH 11

AVIS IMPORTANT, — JLes souscrip-
teurs à l'Éclipsé ciont raoonxienient ex-
pire le 3 O septembre, sont priés do le
renouveler sans retard, s'ils ne veulent
point subir d'intei-ruption dans la ré-
ception du journal.

BRULONS DU SUCRE

Le dernier sou de la rançon nationale est versé.

Le dernier reître allemand a franchi notre1 nouvelle — et pro-
visoire — frontière.
La France respire.

Depuis deux ans, le pays s'était complu, dans ses rêves, à
faire dater de cette époque désirée et bénie la fin de ses déchi-
rements intérieurs.

Les événements l'avaient autorisé à penser que ses dissen-
sions intestines auraient cessé pour le jour où il serait enfin
rendu à lui-même.

La nation était d'ailleurs fondée à croire que les passions po-
litiques se seraient eifacées devant la grande œuvre patriotique,
et que les prétendants auraient sacrifié leurs intérêts au bon-
heur de la France.

Cet espoir, hélas ! ne s'est pas réalisé, et la joie que nous
éprouvons aujourd'hui est malheureusement troublée par la
crainte de nouveaux tiraillements politiques.

En dépit des sympathies indiscutables de la majorité, —
sympathies dont les prochaines élections vont encore affirmer
l'ardeur, les monarchistes n'ont pas désarmé.

Dans un jour d'aussi grande allégresse, il ne serait pas de
mise de récriminer et d'essayer de rejeter les conséquences des
fautes commises sur tel ou tel parti.

Mais il ne faut pas cesser d'espérer que la grande manifesta-
tion démocratique triomphera des factions, et que la République
sortira prochainement victorieuse des dures épreuves auxquelles
elle a été soumise.

Il n'y a donc pas lieu dose réjouir complètement de la libéra-
tion du territoire, ni cependant de désespérer de l'avenir.

Un roi a dit en remontant sur le trône :

— Il n'y a rien de changé en France; il n'y a qu'un français
de plus.

Nous en sommes réduits à dire aujourd'hui :

— Il y a beaucoup de changé en France; mais... il n'y a
encore que les Prussiens de moins.

L'Éclipsé.

Que le contribuable soit célibataire, veuf ou marié, qu'il ait
une femme jolie ou repoussante, qu'il soit en voyage depuis
trois ans... rien de tout cela ne regarderait le lise.

Il est imposé pour tant, d'enfants ; c'est à lui d'avoir tant d'en-
fants.

* *.. . " .':

Il va sans dire que cet impôt des enfants se payerait en argent
ou en nature.

Si, par exemple, un citoyen, imposé pour huit enfants, en a
trois, il entretient à ses frais ses trois enfants et paye la ta«5
pour les cinq autres.

Si, au contraire, il n'est imposé que pour deux enfants et.
qu'il en ait neuf àsa charge, il reçoit l'indemnité pour les sept
de suppléaient.

« ■'.

L'IMPOT DES ENFANTS

Je viens de recevoir une brochure portant ce titre.

Elle n'est pas assez volumineuse pour que je l'analyse.Tout le
monde pourra la lire in extenso en dix minutes.

Je conseille môme à tout le monde de la lire ; elle est très-
curieuse. . .

**

En deux mots, voici ce que l'auteur demanda :

Il part de ce principe que la force d'un Etat dépend de l'ac-
croissement de sa. population.

Il prouve, chiffres à l'appui, que, sous ce rapport, la France
est en retard.

Et il dit qu'il est temps do... s'y mettre.

Seulement, comme fauteur n'ignore pas la profonde philoso-
phie que contient le vers célèbre :

« Et nous nous permettrons le luxe d'un garçon. »

: Comme il sait, à revendre, que pas mal d'unions pourraient
être bénies par le ciel beaucoup plus souvent, si elles prenaient
seulement la peine de désirer ces bénédic'tl'oti's,-

II veut réchauffer le zèle des pères de famille qui se préoccu-
pent de l'avenir de leurs enfants au point d'en avoir le moins
possible.

Et il propose tout simplement d'imposer tous les citoyens
pour un nombre d'enfants proportionné à leurs revenus.

; Chaque contribuable recevrait, dans le courant du mois de
janvier, un petit imprimé conçu ainsi ou à peu près :

Monsieur,

Vous êtes imposé, pour l'année 1874, ainsi qu'il suit :
Contribution mobilière sur

un loyer de 2,200 francs lol.2i>
Portes et fenêtres 39.00
Un chien de luxe 10
Un billard 6
Plus : l'entretien de huit en-
fants communaux à 83 fr. 35
l'un, soit

Fr.

Dont le 12e est de

000.80

873.6o

72,80

Le mécanisme est assez simple, comme on le voit.

Le but que l'àutèur de ce projet poursuit est celui-ci :

Accroître M population "de la France afin de reprendre à bref
délai notre rang en Europe.

Et pour y arriver, faire peser sur chacun les frais d'entretien
de tous les enfants de la République, de façon à ce que la nais-
sance d'un onzième nouveau-né, dans un ménage dont le chef
gagne quatre francs par jour, ne soit plus l'équivalent d'une
jambe cassée.

Nous n'avons certainement pas l'intention de discuter ici ce
projet dans tous ses détails.

Comme chiffres, il est bien évident que l'auteur a dû tâton-
ner, patauger et errer à tout bout de champ.

Mais ce qui nous semble digne d'intérêt, c'est l'idée-mère du
projet.

Il est certain que, môme sans accepter dans son entier et sans
examen tout ce système de solidarité'paternelle, aucun homme
de bonne loi ne peut en lire l'exposJ sans se dire au moins :

— Il doit y avoir quelque chose à faire.

C'est de « quelque chose » qu*il faut chercher.

Et I&gcns qui se donîïent pour tâche d'engager la piste, —
se trompassent-ils même grossiéreiflent, — sont des gens de bien
qui méritent d'être soutenus.

Nous ne sommes pas 'de ceux qui disent sérieusement que la
question sociale peut être résolue* eri dix minutes.

Seulement nous abhorrons aussi les gehs;.;gui répondent à
toutes lès revendicatioris sociales :

— Ce serait juste ; mais c'est impraticable*

Et nous croyons que lorsque Von a $#5 la question suivante:

— Tout est-il pour le mieux diins'îe meilleur des mondes,
quand le salaire d'un ouvrier éœrgé de fiimillo est le même que
celui-d'un célibataire?

11 y aurait autre chose à faire qu'à répondre :

— Non, c'est injuste... mais il n'y a pas moyen de faire autre-
ment.

C'est pourquoi nous Complimentons l'auteur, de l'impôt des
enfants d'avoir soulevé celle grave question.

Le moment était u'aufent mieux choisi pour le faire, que
l'idée patriotique se lie étroitement à cette croisade.

« La statistiqiië démontré, — dit l'auteur, — que la France
« est le pays de l'Europe où la population croît le plus lente-
« ment. Elle ne sera pas doublée àvant l i-8 ans, tandis que le
« môme laps de tempà suffira presque pour décupler celle
« de l'Allemagne. » NoUs croyons que l'argument est solide et
qu'il est de nature à faire" 'sérieusement réfléchir les citoyens
qui parlent si volontiers de revanche et s'écrient, en apprenant
que leur femme est çjfceiûte :

— Nous n'avons pas do chance... c'est notre quatrième eh
cinq ans !...

' * njfl
* *

Le projet de l'impôt des enfants va nécessairement être étouffé
par beaucoup de gens, conspué et honni par quelques autres."
On va crier au communisme!

Mais voyez donc, où l'on nous mène!... vont hurler les con-
servateurs. Après'les enfants en çomihun!... les associations de
toutes sortes!... l'assurance nationale contre les incendies, lë§
chômages, la grêle, les inondations, les maladies, la vieillesse!..!
Tout en commun!... Où allons-nous, grand Dieu!

Bonnes gens, ne vous emportez pas. De tout cela, il faudra
bien parler un jour. Vous y viendrez vous-mêmes. —Etcomme
à cette époque-là on sera probablement parvenu ïï vous A ter .dé,
dessus le nez les lunettes un peu troubles tf-n'y ont placées les
gens qui tiennent à ce que vous n'y voyiez "pas clair, o$ s'en-
tendra, soyez-en sûrs.

uujjm».....t fgff ïmYrîmi

En attendait!, rïot compliments à l'auteur de ifyptff des
enfants. ,, ,'."'•

Le lièvre était bon à, lever.
Les Saintes Écrittiï'ès l'ont dit :
« Dieu béniVisÉ Mandes familles...
Le Tinta'marriï, avec sa philosophie amère, a ajouté ':
« .....mais il ne les loge pas!... »

L'auteur de l'impôt des enfants veut avoir le AWt&M tëîot; il
prétend les faire nourrir par la République.

Les Saintes Ecritures ont eu raison, ïe Tintamaitâ n'a pas eu
tort ; mais, à notre avis, c'est encore le dernier /qûl est le plus
prés de décrocher la timbale.

.tG'est égal!... le jour où ce projet arrivera à l'Assemblée natio-
nale, nous côirnàiSBohs de jeunes feàirnes d'avares qui cothÉén-
ceront à rire en-dessous.

G'EST LA FAUTE A LOUIS XIV

A la bonne heure, ce ne sera donc pas toujours la faute à
Voltaire !

L'auteur de tous nos maux, apprenez-le, c'est Louis XIV.

Pour ma part, je ne vois nul inconvénient à cette solution ;
ni vous non plus, je suppose?

Mais qui donc se permet de charger ainsi la mémoire du
grand roi? Quelque-affreux républicain sans doute, un de ces
libres penseurs poûlPqui rien n'est sacré.

Eh bien ! pas dû .fout. — Et ici vous allez rire.

L'auteur de ce debinage bourbonien est un légitimiste fervent,
un ultramontain di 'primo cartello, monseigneur de Ségur, pour
l'appeler par son nom.

Dans un opuscule de circonstance qu'il intitule : La France
aux pieds du Sacrù-Cmir (un cœur qui a des pieds !^ l'excellent
prélat, cherchant le remède «au mal suprême qui nous menace :
la révolution,» déclare à ceux qui seraient tentés d'essayer l'effet
d'riijojiolitique saine, que cela est bien inutile.

« Né le cherchons point sur cette terre, dit-il, ce serait peine
perdue. Devant cette révolte satanique, les lois, les armées, les
répressions de ce monde sont impuissantes; » il n'est qu'un
remède, « remède infaillible » : le cœur de Jésus.

« Oui, le Sacré-Cœur de Jésus, le culte public ét privé de ce
vivant foyer de la grâce et du salut : voilà le remède, le remède
divin qui sauvera tous ceux qui y auront recours. »

Vous ne voyez pas encore arriver Louis XIV ; mai3 patience.
Tournons un feuillet, et nous apprendrons que l'idée du divin
Cœur, d'après son propre désir manifesté à Marie Alacoqûe,
est « d'entrer avec magnificence dans la maison des princes et
des rois. » Idée qui pourrait sembler singulière chez un cœur,
si quoique chose avait le droit de paraître singulier de la part
d'un cœur qui a des pieds.

Là-dessus, monseigneur de Ségur cite Marie Alacoque.
(Attention, cela est à savourer!)

«Et voici les paroles que j'entendis à ce sujet : — Fais savoir
au fils aîné de mon Sacré-Cœur (1), (c'est ainsi, note monsei-
gneur de Ségur, qu'il daignait appela r le roi de France Louis XIV,)
que comme sa naissance temporeh a été obtenue par la dév,c
tion aux mérites de ma sainte enfance (ah bah! tiens! tiens!),
ainsi il obtiendra sa naissance à la gloire éternelle par sa con-
sécration à mon cœux adorable...

(( Mon cœur veut régner dans le palais du roi de France, être peint
sur ses étendards et gravé sur ses armes afin de les rendre victo-
rieuses de tous ses ennemis et de tous les ennemis de la Sainte-
Eglise. »

Et cessant ici de citer Marie Alacoque, monseigneur de Ségur
s'exclame douloureusement :

Quel rôle était offert par Dieu lui-môme au roi Louis XIV
qui gouvernait la France, et quelle responsabilité pour
lui (Yl!) de n'avoir pas fait ce que lui commandait le ciel !»

Quelle responsabilité pour lui ! On frémit, en effet, rien que
d'y penser.

Si Louis'XIV avait peint le cœur de Jésus sur ses étendards,
il n'aurait pas eu besbiily.pour faire triompher la sainte Eglise
— Mgr do Ségur le pr'èufè —'de révoquer Pédit do Nantes, tin
grand ferment do haine VCit été ainsi évité.

Sous l'égide du Sacré-Cœur, les honteuses folies de Louis XV
n'eussent paru certainement qu'un marivaudage aimable, et
personne n'eût songé à s'apercevoir do la nullité de son succes-
seur. Plus de pays , indisposé, partant plus ' de révolution.
Louis XVI mourait tranquillement sut- le trfoîe vers 181 j, sans
qu'on pût soupçonner éo que c'est qu'un changement de gou-
vernement, te.:.-

Pas de République, d'onte nul besoin d'ambitieux pour lui
passer la jambe. Lé rêvé de Loriquet était réalisé' S Bonaparte,
généralissime des aèttÀ&s royales.

r. En 1830, la Charte étant totalement ineomifte, personne ne
songeait à en réclamer la stricte exécution.

Plus de d'Orléans,.'donc, plus de s'e^ijjcte République ; plus
de seconde République et plus de p.hvce-président, puisque la
quatrième dynastie n'existait pas.

Pins de prince-président, partant plus de serment violé, plus
de 2 Décembre, plus d'invasion, plus de Sedan.

Plus de Sedan, partant plus de siège de Paris ; plus de siège
de Paris, partant plus 'de Commune ; plus de Commune, alors
plùs de sinistre vieillard appeî'é à déranger nos affaires ; plus
de sinistre vieillard, alors plus de 21- Mai, alors plus de ces ten-
tatives de fusion qui tendent la monarchie ridicule. Résultat
clair : Henri V assis éeflûis trente ans, béat, sur le trône de
ses pères, et la France heureuse et fière entre le droit de cuis-
sage et le billet de confession.

Ali! Mgr de Ségur a raison : Louis XIV est bien coupable !

PAUL PARFAIT.

itES D'UN LUNATIQUE

LÉON BIENVENU.

| Monsieur Dupanloup va bâtir
Pour le Sacré-Cœur une église.
La droite cherche à convertir
Un maçon qui la fleurdelisé.

' Mais là droite en corps n'ira pas poser

La première pierre à sa basilique ; i
).' y. Par ebatre, pu les voit tous les jours oser
Jeter cette pierre à la République.

De la ligue des gens honnêtes
Le mot d'ordre, chacun le sait,
■' . -.i -, C'est-: ; \

Bâillons et baïonnettes.

Après avoir appartenu longtemps à la gauche, M. Laurier
fait maintenant partie dû centre droit.
Le député du Var vire.

(1) Un c«ur qui a des pieds a bien le droit d'avoir un
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