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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0083
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PRIME GRATUITE DE L'ttl\?$î

Avoir tout Paris-dans sa-poche et sôua les yeux dans la per-
sonne de ses Physionomies les plus curieuses et les plus origi-
nales et sous forme de charmants petits volumes-bijoux, illustrés
par le crayon humowisliqus de Morin, de Benassis, de Vernier,
de Coock, d'Humbert, etc , etc., etc., et dus à la plume de nos
plus spirituels et de nos plus fins observateurs :
•Les Joueuses,

Les' Autistes et Rapins,

Les Industriels du Macadam,

La Parisienne,

Les'Usubikrs,

par Paul Perret, Louis Leroy, Adrien Paul, Élie Frébault, etc.,
etc., etc., — tel est le privilège qu'offre l'Éclipsé :
A quiconque prendra un abonnement d'uréaW,
Ou à quiconque, à duter ue ce jour, renouvellera son abonne-
ment, » . •• >•» : ■ '. ■
Sans autre déboursé que le prix d'envoi : un franc.
Nous recommandons tout particulièrement au publie ^ces.
esquisses fidèles et pittoresque» des typ'ps lès plus singuliers
qui émaillent la capitule. lis se rapprochant, par le /tercet le
genre des anciennes Physiologie! si courues autrefois et si
rechereùéôs-aujourd'hui. C'est le Paris moderne, animé at
vivant.

AVIS IMPORTANT. — Les souscrip-
teurs à l'Éclipsé dont l'aoonnement ex-
pire le 3 1 mai, sont priés do le renou-
veler sans retard, s'ils ne veulentpolnt
subir d'Interruption dans la réception
du journal.

GRAND CHOIX DE DÉMOUEMEMTS

pour la cuise politique

Au moment où nous entrons' dans la pério le aiguë qui
va:décider des destinées de la France, il n'est pas un ci-
toyen aimant son pays qui, le soir, la tête sur l'oreiller,
n'essaye de pénétrer les desseins de la Providence etde se
tirer, pour ainsi dire, l'iioroscope de notre chère patrie.

Il passe en revue le passé', examine le présent, pèse,
mesure, examina et cherche à construire l'avenir.

Chacun, il est vrai, se le bâtit uu peu à sa façon, selon
se3 goûts, ses préférences, ses antipathies et ses besoins.

Mais enfin, tout la monde s'en occupe, et il n'est p&s
d'électeur qui n'ait sa solution en poche.

Nous avons pensé qu'il serait peut-être intéressant pour
les lecteurs de \.'Eclipse de counaître les différentes pré-
dictions des Mathieu Laensberg- de la politique/ "

Et nous avons fait appel à la bonue volonté de beau-
coup de personnes u'opin ons et de position très dispara-
tes, les piiant du-nous dire, en leur âme et conscience, le
dénouement qu'elles entrtvoyaient à la grande crise que

nous traversons.
Avec beaucoup d'empressement, ces personnes se sont

mises à notre disposition.

Et nous publions quelques-uns des dénouements qui
nous sont adressés par nos correspondants.

DÉNOUEMENT N° 1
Monsieur le rédacteur en chef de YEulipie,

Vous me faites l'honneur de me demander comment — à
mon avis — doivent finir les événements graves que nous tra-
versons en ce moment.

Ce n'est pas difficile à prévoir.

Voici mom itinéraire.

J'offre de parier cent louis contre un franc qu'il sera suivi
de point en point.

L'Assemblée nationale, qui est souveraine, comme vous le
savez lie Voudra pas entendre parler de .iissolution : et elle
aura bien rai.-on.

Elle fera tant de misères à M. Thiers qu'il pre dra un beau
jour son chapeau, et, cette fois, elle ne le lui redemandera
plus.

Sèa™ce tenante, en vertu de son pouvoir constituant, elle
constituera la monarchie légitime.:

Henry V, d'abord, et le comte de Paris pour successeur.

La France, rendue enfin à des institutions solides, consa-
crées par dix-huit siècles d'usage et de gloire, reprendra son

On restaurera le pape en déclarant la guerrè à Victor-Emma-
nuel. Ça coûtera très cher, mais on, augmentera de 25 pour cent
les contributions sur les loyers a_i-dtssous de 400 francs seule-
ment. . . ••"

On rétablira la loi sur l'observation forcée du dimanche.

On transformera les piédestaux creux des statues de la
place de la Concorde en confessionnaux publics, payants et
obligatoires.

On roulera les rédacteurs du S ècle dans de la poix fondue et
on y mettra le feu tous les ans pour éclairer Ja messe de minuit
qui se dira sur le Trocadéro.

Jean Bruuet sera fait ministre des cultes.

Louis Veuillot, grand inquisiteur.

De Villemefcsant, bedeau de la chapelle royale et de Lorge-
ril, suisse..

Et, en 1889, on fêtera le centenaire de l'infâme révolution en
écartelant tous les gens qui ne seront mariés que civilement.

Voilà le dénouement de mes rêves, monsieur le rédacteur
en chef, lu seul compatible avec la mo aie publique et les légi-
times aspirations d'une nation qui est la fille aînée de l'Eglise.

Recevez, monsieur, etc.

Comte de Vermoulu,
Abonné de la Gazette de la France.

L'BCLIPSE

v nnin*MH

DÉNOUEMENT N° 2
Citoillien rédacteur en cheffe 1...

Comment qu'ça flairât c'est pas malain !... Y faut que la
société ai le soit Reconstruite sur des bazes nouvelles, n.. d..
D... ! Les riches... on leur z-y brûlera la gueule !... Les calo-
tins... onleur-z-y brûlera la gueule!. . Les feignants qui tra-
vaillent pour amacer de quoi vivre à rient faire. . on leur-z-y
brûlera la gueule J... On leur z-y brûlera la gueule à tous, n...
de... D... et après on partagerai, n,,. d... Dieu I...

Salut et fraternité.

Jean Coudenlairtoultant,
dit ; Uroui7i d'amour.
* * .
DÉNOUEMENT N" I

konsieur,

Il est impossible que la df'ise actuelle se dénoue autrement
que de la mEnièrë suivante :

** M. Tft'fers, fortement agaêtHpSi1 la droite, démissionnaire.
. Duc d'Aumale nommé président comme transition, avec res-
tauration comte du Paris.

Duo dAumale se treuve bien, n'éprouve plus besoin de tran-
sitioû tt-garde la pfecépourmi. ■

Mauvaise humeur de l'Assemblée refaite.

Coup d'État du duc d'Aumale, plébiscite, royauté constitu-
tionnelle de d'Aumale.

La suite comme d'habitude.

Ça ne peut pus rater. Regardez bien due d'Aumale en coin,
vous verrez s'il n'a pas du Badinguet dans le profil, la mèche,
le nez et l'œil.

D'ailleurs, c'est bion ee qu'il faut à la France ; un gaillard à
poil qui ne s'arrête pas aux sensibleries de la conscience.
J'ai l'honneur, monsieur, etc...

Tournevis,
gardien du square Ventadour.

\ - ;- * *'

DÉNOUEMENT N° 4

Monsieur,

Moi, je suis pessimiste. Voici ma solution, je la crois Imman-
quable. '*''
La droite, voyant que tout lui échappe, Se rattache à la loi

électorale.

Au risque de mettre le feu aux poudres, elle vote l'obligation,
pour être électeur, de quarante-cinq ans d'âge, quinze ans de
domicile et dix huit mois d'abonnement à la Pairie.

Elle n'y réussit que trop. Les poudres'prennent feu : guerre
civile générale. Lès Prussiens reviennent et, pour garantie des
cinq cents derniers millions qui leur sont dus, rétablissent en
France la monarchie héréditaire en la personne du priiice de

Holienzollern.
C est triste, monsieur, mais je le vois comme ça.
Je Vous prie d'agréer, etc., etc.

IldhPOiN-se VoitennOir.

DÉ NO UEMENT N°. 5

Monsieur,

Il n'est, certes pas difficile de prévoir comment tout cela
finira. -'-; , '? ^^K^TÎ

M. Thiers débordé par les communards, la moitié de la Fràace
pétioléeV» —imSP^/

Loi condamnant a Otre fusillé comme otage tout contribua-
ble payant plus de cent-vingt francs d impositions.
Soulèvement de la. nation contra tant d'atrocités.
On demande un sauveur.
Eugénie hrrivé avec Toto.

La France les acclame tt tout rentre dans l'ordre. Vive

l'Emmpéreur!.

Oscar Baudrier,
médaillé de Sainte-Hélène,
abonné au Pays.

* *

DÉNOUEMENT N° 6

Monsieur,

Pour tout homme qui raisonne, la crise doit inévitablement
finir ainsi :

L'Assemblée, furieuse, essaie de renverser M. Thiers.
M. Thiers, sachant ce que le pays lui a confié, ne veut pas
tomber, parce qu'il sait qu'en tombant, il pourrait briser le
dépôt sacré qu'il tient dans s^s mains.

L'Assemblée, de plus en plus exaspérée, vote une loi électo-
rale sur laquelle elle fonde les plus belles espérances.

Le pays sourit et ne bouge p s.

Elle vote ensuite uu tas de lois impopulaires.

Le pays sourit toujours et ne bouge pas davantage.

Quand l'Assemblée croit avoir assuré l'avenir, et sa réélec-
tion, elle fixe l'époque du scrutin au mois suivant et tous les
députés se représentent en masse.

. Le. pays sourit énormément et ne laisse pas échapper un

geste.

Les élections arrivent.

Sur 500 députés, le pays — toujours en souriant — envoie à
l'Assemblée 475 républicains.

La nouvelle Assemblée républicaine prend les 323 lois réac
tionnaires vorées par l'ancienne dans des mouvements de rage,
les vend à la livre, et en fait d'autres.

La République est fondés.

Et, dix ans après, une armée forte, disciplinée et vraiment
nationale, commandée par des généraux patriotes instruits et
n'ayant conduit aucun cotillon aux Tuileries, nous rend... vous

m'entemlez bien.
Recevez, monsieur, etc.

Un bis vos Lecteurs.

* +

Nous avons mis sous les yeux du public les premières
solutions qui.nous ont été adressées.
Le concours n'est pas clos.

Nous recevrons toutes ctUes que oos lecteurs jugeront
à propos de nous envoyé/.

Et pour stimuler l'ardeur des prophètes, nous décerne-
rons un abonne m eut gratuit; et d'honneur à l'auteur du
dénouement que les événements auront justifié.

Qu'on se le dise. tiWt ^

LEON BIENVENU.

UkU LE VERGER DE FROSHDORFF

Dans le verger de Froshdorff, Monseigneur se promène.
Monseigneur se promène, en veste du matin, en chapeau de
paille, tendant le dos aux rayons du soleil de mai. Monseigneur
aime les fruits comme son grand oncle. Mais, cependant, il
h'irait pas jusqu'à manger une pêche, comme son parent, dans
une loge de logographe. Mais Monseigneur aime beaucoup les
fruits néanmoins. Donc, Monseigneur se promène dans son
verger, la Ciinne à la main, et s'appuyant pas mal sur son bâton
d'âge mûr. Monseigneur sourit dans ses gros favoris. Monsei-
gneur contemple le3 abricols déjà dodus, les cerises rougis-
sante» et les prunes qui prennent du ventre. Les grappes mi-
croscopiques de la vigne qui éclate en feuilles tendres sont
également beaucoup regardées par Monseigneur.

Tout à coup, un valet de pied, essouflé, se montre au bout
de l'allée où Monseigneur se premène.

— Eh bien, La Brie, dit Monseigneur, eh bien, mon ami, que
voulez-vous? Reprenez d'abord haleine et couvrez-vous, carie
soleil est ardent.

— Monseigi eur... dit le valet.

— Eh bien, La Brie, parlez.

— Monseigneur, un homme tout poudreux, de mine échauf-
fée, et qui parle avec volubilité, demande à présenter sés res-
pects à Votre Altesse.

— Son nom?

— Voici la carte de ce voyageur, Monseigneur. Il supplie
Voire Altesse d'y jeter eur elle un regard bienveillant.

Monseigneur, qui se doit à son peuple, prend la carte que
lai présente La Brie, et tout en mâchant entre ses dents un
brin de verveine, il murmure :

— Le duc de Lachefoucauld-Bisaccia.

— Ilum! murmure ensuite Monseigneur, me relancer jusque
dans mon verger, c'est de l'audace ! Enfin, on a de la famille
ou ou en a pas... quel ennui! Je m'amusais si bien dans mon
verger... Ah ! ces gens de Chantilly !

Et Monseigneur, étouffant un soupir, reprend à haute' voix.

— Mon boa La Brie, allez trouver ce monsieur. Prévenez le
qu'il ait à m'excuser de le recevoir en jardinier, et amenez-le
moi ici.

La Brie salue profondément, repart, toujours courant, et
bientôt, au bout du vergf r, tranchant sur les ve^lires, on ne
voit plus que le dessous de ses larges semelles, alMrnativement
rejetées en arrière, et toutes jaunies du sable des allées.

Monseigneur, un peu troublé, së remet à nettoyer du bout
d'un petit crochet d'ivoire les branches d'un figuier antique.
Quelques minutes se passent.

Enfin, à l'horizon verdoyant du verger, suivi de La Brie, tou-
jours courant, apparaît le voyageur pou Jreux et loquace, annon-
cé à Mo.iseigueur par le flièle et agile valet de pied.
Monseigueur! s'écrie M. le duc.

MoJ cher Duc I répond Monseigneur, que ine voulez-
vous?

— Monseigneur, riposte le Duc, Monseigneur, j'arrive de
Chantilly... après avoir passé par Versailles...

— Il y à toujours dë belles roses à Chantilly? mon cher Duc,
dit monseigueur. '.*Éfc

— 11 y a de belle* ro;es toujours, Monseigneur. Il y a toujours
aussi des cœurs dévoués à Votre Altes.'è.

— Vous êtes bien aimable, mon cher Dite. Et quelle bonne
mousson vous amène à Frd>hdorff ?

— Mousson? Monseigneur, je ne comprends pas.

— Je vous demande '. Quel bon vent Vous auiène? Demandez
ce que veut dire mousson à M. de Joinville, votre ami, et il
vous dira ça.

— Monseigneur, continue M. de La Rochefoucauld, monsei-
gneur, 1 hetiré de la lutte va sonner !... Pervertie par je ne sais
par quelle... mousson... révolutionnaire, la majorité des Fran-
çais'demande la République... nous ne sommes plus que trente
mille monarchistes sérieux.

— Je le déplore, mon cher Duc. Je n'aime pas la Révolution,
vous le savez, et vos amis le savent... niais, je ne puis rien. Non
possumus, comme dit l'illustre vieillard du Vatican. Si la France
ne veut plus de roi, que voulez-vous que j'y fasse1? Je resterai
dans mon verger, voilà tout, attendant des jours meilleurs...

— Oh! Monseigneur! — Un mot de Vous et la Révolution
sera vaincue. Tendez la main à la famille qui m'envoie, et nous
jetons à bas M. Thiêrs en trois jours. Quant aux républicains,
nous nous en chargeons.

— Vous ne lisez pas assez les journaux, mon cher Duc. On
ne déporte pas lés gens par millions. Il vous faudrait dépeupler
la France à présent. La France, à l'heure qu'il est, ne veut plus
entendre parler de. monarchie. Plus tard, elle noue reviendra,
mais en attendant, c'est bien inutile de tenter que ce soit
d'illégal,

_Monsei?neur, laissez-moi dife à Vot>e Altesse, avec la

respectueuse franeh'se d'un homme de conir, que vous avez
tort de jetef le manche àptès la cognée. Ralliez-Vous à notre
drapeau, faites cause commune avec les Orléans, et rien n'est
perdu.

___M.iis, que dirait l'histoire t j'ai toujours vécu en honnête

homme je né voudrais pas finir par une... coquinerie.

— Monseigneur! le mot est dur.

— Je regrette de ne pouvoir vous l'otfhlÇÇIhs mou...

— Alors, Monseigneur, je m'incline et je pars. La République
triomphera. Vous l'aurez voulu.

— Adieu, mon cher DUC. Je retourne à mes fruits. Ah! tenez,
cher messager de mes parents, regardez un peu mon verger
avant de retourner à Versailles. Éh bien, qu'en dites-vous?

— Belle terre. Arbres soignés. Fruits qui s'annoncent bien.
Prunes, pommes, raisins, brugnons, abricots, figues, gro-
seilles... mais que vois-je?... ou plutôt que ne vois-je pas?...
Quoi! Pas un seul poirier dans le verger de Froshdorff?

— Je hais la poire. Belle apparence parfois. Mais souvent
aussi les poires sont, à l'intérieur, pierreuses ou blettes. Je
n'aime pas la poire.

— Vous n'aimez pas les poires. Tout s'explique!
_ Tout s'explique, en effet, reprend Monseigneur, et, d'un

geste noble, il congé lie l'officieux courtier en capitulations de
conscience.

Et M. le duc de La Rochefoucauld-Bisaccia, riant jaune,
courbe la tête et s'éloigne à jamais du verger de Froshdorff.

ERNEST D'HERVILLY.
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