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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0015
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L'ÉCLIPSÉ

AVIS I Aîï>0 tiTATVT. — lL.es souscrip-
teurs à rÈolipse dont l'abonnement ex-
pire le 3 0 janvier, sont priés de le
renouveler sans retard, s'ils ne veulent
point subir d'interruption dans la ré-
ception du journal.

pas vrai, puisque nous sommes convenus
tonneau autant que j'adore Dumaine.

que

vous adorez le

NOUVELLES

PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ

Toute personne qui enverra au directeur du journal le mon-
tant d'un abonnement d'un an, aura droit à une des primes
ci-dessous annoncées et aux conditions suivantes :

1" almanach des travailleurs, illustré par GUI, texte
de E. Zola, L Claretie, E. d'Hervilly, E. Siebecker, etc.

Offert gratuitement aux personnes qui le retireront au bu-
reau. — Ajouter 25 centimes au prix de l'abonnement pour le
recevoir franco de port dans les départements.

2° l'album des fleurs, fruits et légumes du jour,
dans lequel Alfred Le Petit a crayonné avec l'humour et l'esprit
de Qranville trente-deux charges des hommes célèbres de notre
époque. Ces caricatures, fort réussies, accompagnées de qua-
trains spirituels, sont coloriées avec soin.

L'Album, pris au bureau, i fr.

Ajouter 1 fr. pour le recevoir franco à domicile.

CANAILLE & C'E

mon cher polo ,

e vous prie de me dispenser pour aujour
d'hui de ma fantaisio politique hebdoma-
daire.

J'apprends à l'instant que Gill fait en
tête de ce numéro un dessin intitulé Ca-
naille et C°, et il est bien évident que je ne pourrais parler de
n'importe qui dans mon article sans faire naître chez certaines
personnes l'idée d'une allusion de mauvais goût et d'une conni-
vence coupable entre le dessin de Gill et notre texte.

Je sais bien que j'aurais pu, pour cette fois et afin d'éviter
tout malentendu, ne parler que do gens vertueux et dont la ré-
putation immaculée rende impossible toute idée de rapproche-
ment entre leur personnalité et la qualification en question.

J'aurais pu me condamner, par exemple, à n'entretenir nos
lecteurs que des honnêtes et intègres champions des trois dynas-
ties prétendantes qui font,avec le plus noble désintéressement,
passer leurs rancunes, leurs haines et leurs espérances après le
salut de la France, en n'apportant aucune entrave à l'établisse-
ment d'un gouvernement définitif qui rétablisse la confiance et
fasse renaître la prospérité.

J'aurais pu ne parler que de ces saints hommes qui se préoc-
cupent avant tout de relever notre pauvre pays et qui, pour y
parvenir, iraient jusqu'à lui offrir la gloire d'une brillante et
avantageuse croisade en Italie.

J'aurais pu, pour aujourd nui, ne m'occuper que des hommes
d'ordre et de bonne foi qui, devant leur mandat au suffrage
univerbel, se résigneraient volontiers à le supprimer, parce
qu'ils reconnaissent qu'en les nommant, il n'a pas été bien
malin. - .. ■^■<'"' • ..

De cette façon, il est vrai, en lié parlant que de gens d'une
honorabilité aussi éclatante, il étail impossible que personne
crût à une allusion au dessin de C-iW: Canaille et C".
Mais bénir n'est pas mon fort ; j'airtw mieux faire relâche,

Bien à vous.

Vous aurez beau retourner la question par tous les bouts,
jamais vous ne parviendrez à prouver qu'un plaisir doive être
plus imposé qu'un autre plaisir.

*

Tout ce que l'on pourrait dire de meilleur, en faveur de ce
droit exorbitant, c'est qu'on l'a établi de préférence parce qu'il
est facile à percevoir; tandis que le recouvrement d'un impôt
sur le jeu de tonneau offrirait d'énormes difficultés.

Je veux bien vous accorder que c'est là un argument ; mais
laissez-moi faire une réserve : c'est qu'il est absurde.

En effet, si l'on s'habituait à considérer comme bien acquis
tout argent facile à prendre, ce serait à ne plus laisser traîner
une pièce de deux francs sur sa cheminée.

Car, votre femméue ménage, après l'avoir visée pour s'acheter
du chocolat, n'aurait plus qu'à vous répondre :

— J'aurais pu demander quarante sous à mon mari ; mais les
vôtres étaient si faciles à percevoir!...

Si vous voulez maintenant que nous écartions la compa-
raison du jeu de tonneau parce qu'elle vous froisse, je le vpux
bien.

Prenons tout autre divertissement qu'il vous conviendra.

Vous no payez pas dix sous aux pauvres pour lire le roman
en vogue.
Ni pour aller dîner en ville.
Ni pour jouer au billard.
Ni pour faire une partie de ballon aux Tuileries.
Ni pour offrir à souper à Amanda.

. ■h^^-. *m
Vous no payez pas dix pour cent aux pauvres pour aller au
café, pour faire une promenade en voituro découverte, pour
aller patiner, pour chasser, pour lire l'Eclipsé, pour ne pas lire
la Patrie, pour dire des sottises à votre belle-mère...

Enfin, pour tous les agréments de la vie que je ne puis énu-
mérer ici.

• V ..

Il y a un proverbe qui dit que chacun prend son plaisir où il
le trouve.

Pourquoi l'Etat so permet-il d entraver les uns et de laisser
libres les autres !

Pour moi, je le dis avec toute la conviction d'une âme frois-
sée par cette préférence accordée au jeu de loto et à beaucoup

d'autres :

Tant que l'on fera payer dix pour cent aux gens qui Vtot au
spectacle et que les députés qui s'offrent la jouissance de quitter
la salle au moment où M. Gavardie va parler, no payeront
rien, je considérerai la constitution de mon pays commo entière-
ment à refaire.

LÈGN BIENVENU.

LÉON BIENVENU.

LE DROIT DES PAIWS AU THEATRE

es directeurs de théâtres sont en co moment
en train d'essayer do prouver au gouverne-
ment que si cela continue, on sera bientôt
obligé, pour sauver certains d'entr'eux, de re-
tourner la question et de prélever sur la re-
cette des pauvres le droit des directeurs de

théâtres.

*

* *

C'est peut-être le cas d'examiner pour la cent trente-huitième
fois en quoi il est plus juste de frapper d'un impôt de dix pour
cent le plaisir du spectacle que celui du jeu de tonneau.

#**

Supposons un instant, sans vous offenser, que vous raffolez
du tonneau et moi de Dumaine. .

Chaque fois que je veux aller voir Dumaine, il faut que je
donne dix sous aux pauvres — ou, ce qui est plus exact, dix
sous pour les pauvres. —

Car il faut bien admettre que lorsque l'on verse dix sous
pour les pauvres, il y en a une petite partie qui passe en frais
de bureaux.

Mais, ceci es't un détail.

*

Donc, pendant que l'on m'impose mon Dumaine de dix sous
par soirée, vous vous livrez à un tonneau effréné sans verser le
moindre décime dans la caisse de l'assistance publique.

Pourquoi cotte injustice ?

• if

* *

Ne venez pas me dire que je m'amuse plus que vous. Ce n'est

LE BAVAROIS

DE LA RUE DU SENTIER

était en 1870, au commencement de
novembre, pendant le siège. Mon batail-
lon de francs-tireurs venait de prendre
position à Nanterre, aux avant-postes.
Un matin, on poussa une pointe dans Rueiî, — en amatturs,—
histoire d'apercevoir le bout du nez dû l'ennemi.

Nous étions une quinzaine. Le lieutenant Giroux nous.com-
mandait, — ce pauvre garçon qui eut, à Montretout, les deux
jambes écrabouillées par un obus et qui mourut, à l'hôpital,
après cinq ou six jours de souffrances horribles, BAcs que la
croix lui dise, comme à l'acteur Séveste ou au pianiste Pérelli :
— Tu as fait bravement ton devoir !

Il faisait un bon petit froid, sec et cassant comme un coup
de trique. La terre, gercée et durcie, craquait sous les clous de
nos soitliers. Le givre suspendait sa peluche aux branches des
arbres qui s'allongeaient par-dessus les murailles des parcs et
,des jardins ainsi que des bras de squelette. Les toits des mai-
sons closes et des villas muettes se dessinaient, tantôt en clair,
tantôt en vigueur, sur un ciel variable où la bise promenait les
nuages. Rien ne saurait rendre la. ton gris, fin, argenté de ce
paysage-d'automne que l'on aurait cru transporté de Van de
Velde et de Van der Heyden dans la banlieu de Paris.

Nous suivions une ruelle. On allait lentement et avec pré-
cautions, rasant les mu'rs, l'œil et l'oreille au guet, la carabine
armée, les paroles gelées sur les lèvres...

Or, ne voilà-t-il pas que, soudain, — à un détour, — nous
nous rencontrons face à face avec une patrouille de chasseurs
bavarois...

Je les vois encore d'ici : des jeunes gens courts,trapus,solide-
ment râblés,—avec des bouquets de poils roux au menton, de
grandes capotes d'un noir sale et des casques de cuir bouilli qui
n'avaient pas dû être astiqués depuis le début de la campagne,

Giroux ne perdit pas une seconde.

— Rendez-vous ! leur cria-t-il d'un ton qui ne souffrait point
de réplique.

Nous avions déjà l'arme à l'épaule, — prêts à faire feu.
Les Allemands ne comprirent pas la phrase.
Mais ils comprirent notre attitude, le geste et l'accent de Gi
roux.

Ils mirent la crosse au pied, l'un après l'autre, en nous regar-
dant d'un air inquiet. Leur officier s'approcha du nôtre: un gars
[de riche taille et de plantureuse encolure, haut en couleur, la
barbe et les cheveux — frisés — d'un blond de paille, les yeux
ronds, le nez gros, la bouche épaisse, — une bouche à pipe
à cigares...

- Monsieur, déclara-t-U en excellent français, je dois vous

prévenir que j'ai là un piquet de cinquante hommes qui va
vous écraser... , » 4 >

Il nous désignait une maison qui s'élevait à quelques pas.

Giroux paya d'audace :

— Et moi, monsieur, répondit-il en tirant sa montreje vous
préviens que le reste de mon bataillon est sur mes talons, et je
vous prie d'aller annoncer à vos cinquante hommes que si, dans
cinq minutes, ils ne sont pas sortis sans armes, on ira les relan-
cer — à la baïonnette.

L'Allemand fit demi-tour, se dirigea vers la maison et y pé-
nétra sans se presser.

Nous attendîmes, — assez anxieux de la tournure que pre-
naient les choses.

Cinq minutes s'écoulèrent : six, — sept, —huit, — neuf, —
dix !...

Je pensais :

— Quand les brigands verront qu'on ne nous renforce pas,
ils nous canarderont d'une jolie manière !... Et ceux qui sont
ici nous tomberont sur le dos !...

Giroux mit le revolver au poing :

— Attention ! nous dit-il. Que la moitié d'entre vous désarme
les prisonniers. Brûlez-leur la flgure s'ils bougent. Je vais réin-
troduire dans le nid. L'autre moitié me rejoindra si j'appelle
ou si vous entendez un coup de feu.

Il s'en fut droit à la maison indiquée et y entra résolu-
ment...

Plusieurs instants se passèrent, — longs comme des siècles...
Puis, notre, lieutenant reparut sur le seuil, — la physiono-
mie bouleversée de colère :

— Mes enfants, -nous sommes volés ! J'ai fouillé de la cave au
grenier. Pas plus d'Allemands que sur ma main. Leur officier
s'est f...ichu de nous : il a joué des jambes par une porte de
derrière, — et il est loin, s'il court toujours.

. Jt^-iv . . .... : juf-......"'. . . .

L'autre jour, en passant dans i^-,ruo du Sentier, j'avisai un
quidam, qui, la tête nue et la plume fichée derrière l'oreille se
tenait près d'une porte çochèro vis-à-vis de laquelle on char-
geait un camion. Il était h.;billé d'une façon cossue et fumait
un londrès avec sérénité. C'était saft* -floute un négociant du
quartier en train de surveiller une <>xpé<l

Ce personnage me frappa^ar Inique chose de déjà vu qui
m'arrêta dans mon chemin. J'avais certainement rencontré ce
crâne carré, ce masque rougeaud, ce poil jaune et crépu et ces
lèvres faites pour téter l'alourdissante vapeur du pétun. Par
exemple,-où, quand et dans quelles circonstances avais-je ren-
contré tout cela? C'est ce que je ne pouvais m'expliquer.

Le quidam s'aperçut que je le considérais avec attention. Il
me dévisagea à son tour et me salua d'un sourire. Je m'appro-
chai :

— Est-ce qnn par-hasard, j'aurais eu l'avantage...
Il m'interrompit cordialement :

— Moi aussi, je vous reco»«Ms. Çà va bien. Allons, tant
mieux ! *

— Vous me reconnaissez?...

— Parbleu !... Vous ne vous rappelez donc pas ?... A Rueil,
pendant la guerre...

— Pendant la guerre ?...

— Ne faisiez-vous pas partie des francs-tireurs à la branche de
houx ?...

— Oui ; mais j'ai beau chercher. .

— Où nous nous sommes trouvés ensemble ?... — Dans une
ruelle, un matin de novembre. Vous alliez en reconnaissance
avec les vôtres. Moi, j'étais avec les miens et je commandais
une, patrouille...

Je m'écrini avec stupéfaction :

— Vous êtes l'officier des chasseurs bavarois !...
Il nj<3 répondit :

— Ya wohl... Ma foi, vous pouvez vous vanter de m'avoir fait
paéSer une minute désagréable... En revanche, quel bon tour
j'ai joué à votre sâtané lieutenant, qui m'attendait devant une
porte* tandis que je m'esquivais par l'autre !...

— Ah ç-à ! balbutiai-je interloqué, les détours intérieurs de
la maison de Rueil vous étaient donc bien familiers ?...

— S'ils m'étaient familiers !... C'était la maison de campagne
de mon associé, — un do vos compatriotes. J'y venais dîner,
tous les dimanches, en été, depuis des années...

Il poursuivit on se frottant les mains :

— Je suis arrivé en France, en 1860, avec trois krwtzers dans
la poche. Aujourd'hui, je fais pour deux millions d'affaires par
an... " -;v -y

J'avais envie de l'étrangler...

Il lut — probablement — cettÉ velléité dans mes yeux...
Car il se recula en murmuKiJJt :

— Je suis sous la protection de vos lois, — et il j a un gar-
dien de la paix à l'extrémité de la rue...

Ensuite, d'un ton où il y avait de l'ironie, de l'orgueil et de
la menace :

— D'ailleurs, nous sommes comme çà, dans le Icommerce,
vingt-cinq millfe Âllonlands à Paris.

PAUL MAHALlN.

et

ON LIT DANS L'ASSAMBLÉE NATIONALE :

« On prête à M. Thiers ce mot qui prouve que cliez le sinis-
tre vaincu la vengeance surpasse encore la haine :

« Puisque nous no pouvons réussir à les renverser par nos
» efforts à l'intérieur, il faut se tourner du côté de?l'extérieur
» et ne rien- négliger pour y brouiller les cartes. »

» C'est monstrueux, mais les grands ambitieux déçus ne
s'arrêtent devant rien. »

* *

Si le journaliste de l'ordre moral qui a écrit ces lignes n'était
pas absolument niais, nous aurions bien belle occasion de lui
fourrer ce qui lui sert de nez dans ses ordures.

Il nous serait facile de rappeler que cette feuille honnête et
estimable a été suspendue, il y a tantôt im rvu, au nom de iu
pudeur et de la salubrité publiques; que cette mesure avait été
prise précisément à cause d'un article ayant pour but de brouil-
ler les cartes à l'extérieur, ledit article affirmant *la folio de
M. de Bismarck, juste au moment où l'ex-président de la Répu-
blique terminait les négociations relatives â la libération du
territoire.
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