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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0023
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L'ÉCLIPSÉ

NOUVELLES

PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ

Toute personne qui enverra au directeur du journal le mon-
tant d'un abonnement d'un an, aura droit à une des primes
ci-dessous annoncées et aux conditions suivantes :

1° almanach des travailleurs., illustré par Gill, texte
de E. Zola, J. CLretie, E. d'Hervilly, E. Siebecker, etc.

Offert gratuitement aux personnes qui le retireront au bu-
reau. — Ajouter 25 centimes au prix de l'abonnement pour le
recevoir franco de port dans les départements.

2° l'album des pleurs, fruits et légumes du jour,
dans lequel Alfred Le Petit a crayonné avec l'humour et l'esprit
de Granville trente-deux charges des hommes célèbres de notre
époque. Ces caricatures, fort réussies, accompagnées de qua-
trains spirituels, sont coloriées avec soin.

L'Album, pris au bureau, 1 fr.

Ajouter 1 fr. pour le recevoir franco à domicile.

PETITE CHRONIOUE

EN ATTENDANT L'ÉLABORATION DES LOIS
CONSTITUTION!? ELLES

La lassitude

e ne sais si c'est là que nos hommes d'Etat
voulaient nous amener.
Mais si c'est là, ils ont bien réussi.
Depuis quelques jours, les débats insigni-
fiants de l'A6semblée, les séantes de la fa_
meuie commission des trente, où l'on piétine sur place, ont
plongé l'esprit public dans une espèce de torpeur irrésistible.

Et il faut qu'un homme soit d'une bien petite taille pour
n'avoir pas de la politique par-dessus la tête.

Je crois que les droitiers sont plus malins que nous ne le
supposions.

Nous avons pu croire un instant qu'ils voulaient prendre la
France par la violence. Ils cherchent tout bonnement à en
triompher par le sommeil.

E'i;, dam !... écoutez... il ne s'en faut pas de beaucoup.

Parlons donc d'autre chose pendant cet engourdissement.

Collégiens et Caboulots

On dit que M. le préfet de police se prépare à lancer une
nouvelle ordonnance qui interdira aux maîtres d'établisse-
ment», connus vulgairement sous le nom de caboulots, de re-
cevoir des jeunes gens portant un costume de collège ou de
pensionnat.

On a remarqué que notre future landwehr se répandait assez
volontiers le dimanche dans ces débits de prunes à l'eau-de-vie
et d imparfait amour qui ne paraissent pas suffisamment pro-
pres à préparer nos fils à la revanche.

Nous ne pouvons qu'applaudir à cette mesure qui va replon-
ger nos lycéens, le dimanche soir, dans les douceurs du loto de
famille.

Seulement les papas feront bien de fermer leur garde-robe à
double tour pour éviter que l'espoir de la France leur chipe des
pantalons gris et des paletots.

Déjà on signale une nouvelle industrie qui se prépare à saper
dans sa base la prochaine ordonnance de police.

Des marchands d'habits se proposent de se tenir à la porte
des caboulots, pour y offrir aux collégiens qui passeront,
moyennant trente sous l'heure, des mac-ferlanes et des chapeaux
ronds qui leur permettront l'accès de ces simili-paradis de
Mahomet.

A propos de la loi électorale

Un membre de la commission du projet insiste pour que
tout citoyen non inscrit au rôle des contributions soit rayé des
listes électorales.

Un mot.

Etant admis — et je crois que ce n'est pas contesté — que le
suffrage universel a pour but d'améliorer le sort de ceux qui
ne paient pas de contributions — je pense qu'il ne saurait y
avoir d'inconvénient à faire voter, surtout, ceux qui ont inté-
rêt à cette amélioration.

Sans quoi, l'on courrait fort le risque de n'admettre juste-
ment à la discussion des réformes sociales que les citoyens qui
ont intérêt à ne rien réformtr du tout.

Les suppressions de journaux

A propos des innombrables interdictions de journaux libé-
raux de province, quelques feuilles réactionnaires trouvent
étonnant que les ré,ju licains se plaignent du peu de liberté
laissée à la presse, quand M. Gambettu, lui-même, en septem-
bre 1870, ne prenait aucune espèce de mitaines pour suspendre
les journaux qui n'étaient point de son avis.

C'est éternellement le même système.

Rapprocher les époques exceptionnelles des époques régu-
lières et dire :

— Ce qui vous semblait bon dans ce temps-là doit vous sem-
bler bon toujours.

Il serait grandement temps de resserrer cet argument dans
le bahut aux vieilleries.

De ce que l'on est forcé de jeter de l'eau sur une maison qui
brûle, au risque de détériorer le mobilier qu'elle contient, il ne
faut pas conclura qu'en temps ordinaire on doive entretenir les
meubles et les tentures en vidant des seaux d'eau dessus.

Suite du préoédent

Puisque nous parlons des suspensions de journaux, c'est le
moment de dire ici à quel point m'agaee souvent la rédaction
des arrête» qui les frappent.

Presque toujours, le commandant d'étt de siège ! qui sup-
prime un journal commence ainsi :

« Attendu que le progrès d,e la sarthe, etc., etc..»

Cet « attendu que » m'étonne et me choque presque.

Attendu que suppose — indique même — un raisonnement,
une controverse.

Le « attendu que » s'emploie dans le libellé d'un jugement,
après examen contradictoire, défense, réplique, etc., etc.

De cette façon, je le conçois.

Mais pour un journal qu'un militaire supprime sans discus-
sion, sans contrôle, sans défense, le « attendu que » me semble
un vrai luxe.

Pour les décisions prises en vertu de l'état de siège, il ne de-
vrait y avoir qu'un « attendu que, » le même pour tous les cas :
« Attendu que ça me plaît »

Publicité for ever

Décidément, nous nous américanisons.
■ Il paraît qu'un industriel vient de proposer à la ville de pren-
dre à sa charge l'entretien des bancs des voies publiques, à la
condition qu'on lui donnera le droit d'en couvrir les sièges et
les dossiers d'annonces bien senties.

C'est une idée.

Les crânes annonces créés par le Tintamarre sont distancés.
Cependant, je reste rêveur :

Des annonces sur le dossier d'un banc!... Passe encore!...
quoiqu'elles ne doivent pas être faciles à lire pour les gens qui
sont assis sur les bans.

Mais de la publicité sur le siège !...

Quelle bonne vue il faudra avoir pour l'épeler.

L'exemple du père Hyacinthe

Il paraîf qu'il porte ses fruits.

Le journal de Genève annonce que plus de deux centsprôtres
se préparent à faire publier leurs bancs,

Voilà certainement qui va faire tempêter l'Univers.

Mais cela enlèvera bien quelques causes curieuses des rôles
de la police correctionnelle.

C'est une compensation suffisante.

Mot de la fin.

( Scion la foi-mule )

Un inventeur expliquait qu'il venait d'imaginer un système
pour supprimer les chevaux d'omnibus.

— Voilà,... disait-il : il y a une machine qui fait rouler les
voitures.

— Bien!... mais qu'est-ce qui fait marcher la machine?

— Deux chevaux que je mets dedans.

LÉON BIENVENU.

DE LA SILHOUETTE EN POLITIQUE

ifficile sera la tâche des historiens de
l'avenir.

Me mettant à leur place, je me prends
jarfois à rêver que je suis nè un siècle
plus tard, et que, vers l'an de grâce dix-
neuf cent soixante-quatoize, j'ai résolu
de dévoiler à mes contemporains les mys-
tères des débats parlementaires de l'époque actuelle.

Aussitôt me voilà fouillant dans les gazettes, compulsant
l'Officiel, relatant les décrets et les projets 'de lois, cherchant à
expliquer d'inexplicables intempérances de langage, des déci-
sions contradictoires, de puériles colères et de grotesques em-
portements ; puis, prenant à deux mains ma pauvre tête, je
m'efforce de tirer des faits des conclusions.
Vains efforts.

Je me réf gie alors dans ce qu'on est convenu d'appeler la
philosophie de l'histoire, j'établis un système, j'expose des con-
sidérations générales où la banalité le dispute à l'insanité ;
j'emprunte à M. Caro quelques doctrines, à M. Mézières quel-
ques procédés et je dresse mon échafaudage, et je bâtis en
maçon qui entend son ■ ffaire.

Mais je veux aller plus loin; je veux décorer mon édifice, lui
donner une allure spéciale, de la vie en quelque sorte. En un
mot, il me faut, pour animer mon récit, décrire la physiono-
mie de mes personnages, et donner au lecteur des portraits ani-
més autant que possible.

Je dois être sauvé ; les journaux de la fin du dix-neuvième
siècle sont pleins d'études de ce genre.

Sans prétendre faire à Gill une concurrence déloyale (les
secrets de la charge ne m'ont point été révélés), je forme le des-
sein de tracer à grands traits quelques silhouettes, quelques
pauvres petites silhouettes politiques.

Vite à l'œuvre ; je feuillette fiévreusement les collections des
journaux dont les rédacteurs impuissauts et légers ont dû se
résoudre au rôle vulgaire de reporters ou de photographes
politiques.

M'y voici ; je lis dans le Gogo, si vous voulez, ces lignes con-
cernant le député républicain X..., qui a parié à la Chambre,
dans la séance du 20 janvier 187.. ..

« Enfin le farouche X... est monté à la tribune. On s'atten
dait à des coups de tonnerre, on a entendu un bruit de crécelle.
Au lieu d'acceuts sincères et convaincus, de l'emphase, des pé-
riodes creuses, interrompues par d'affreux hoquets, et souli-
gnées par dos coups de poing formidables et ridicules.

» Lorsque, à bout d'haleine, ce républicain essoufflé, comme
tous les républicains, saisit son verre d'eau sucrée, il l'avale
avec une affreuse grimace, d'un air de dire : ça n'est pas ma
bonne absinthe de la brasserie.

» L'honorable X... est laid ; il a le front bas, les yeux éteints,
les lèvres minces et pâles ; son nez ressemble à s'y méprendre à
une patte de homard ; malgré cela, il n'a pincé personne. Dis-
cours absolument nul. »

Diable ! me dis-je, je ne me l'étais pas figuré comme cela.
Enfin, ils ont vu.

Et je me dispose à reproduire ce portrait, lorsqu'il me vient
à l'esprit de comparer ; j'ouvre aussitôt l'Impartial, si vous vou -
lez, et j'y lis, à propos du même orateur et du même discours :

« Enfin l'honorable représentant de XXX est monté à la tri-
bune. Il n'avait jusqu'alors parlé que dans les réunions intimes,
au sein des commissions; nul ne pouvait pressentir cet im-
mense talent, cette merveilleuse éloquence qui a produit sur
l'Assemblée tout entière une impression profonde.

» M. X... a le geste noble, la parole chaude, sympathique. Il
fallait voir hurler la Droite sous les coups de fouet qu'il lui
distribuait.

» Sa physionomie douce et noble s'animait à mesure qu'il
parlait ; ses yeux lançaient des éclairs. Lorsque nos adversaires
nous pourront opposer de semblables orateurs, nous nous dé-
clarerons vaincus. »

Fichtre! comment me tirer d'embarras ? J'ouvre un troisième
Puis un quatrième journal ; ici on me parle du teint jaune de
inonorable X..., et là de son visage noir

Décidément, je renonce à ma tâche, et je laisse aux historiens
de 1 avenir le soin de se débrouiller. J'abandonne d'autant plus
volontiers mon projet que j'apprends, par la chronique scan-
daleuse, que ces deux portraits sont dus à la plume du même
écrivain, un honnête journaliste sachant son métier, en 1873.

BKÉVANNES.

RÉFLEXIONS D'UN LUNATIQUE

La droi te, saluez ! comme Artaban se cambre,
Et de professer l'ordre elle a le fol orgueil. '
Ça de l'oi die? Elle mit an centre de la chambre
Un Buffet sur un fauteuil.

Ce qui effraye plus encore que le spectre rouge, c'est le spectre
blanc.

Chambord ôtâit donc bien décrépit que l'on parlait de le res-
taurer ?

L'attentat d'Orsini fut une machination sourde jusqu'au jour
cependant où les bombes éclatèrent.

A la rigueur, je préférerais embrasser MUa Massin que la vie
monastique.

Il ne faut pas jeter le bonnet de la liberté par dessus Desmou-
lins (Camille).

Quoique maigre, Sarah Bernhardt a les yeux plus grands
que ceux du bouillon gras de chez Du val.

J'ai lo vin gai, mais le vingt-et-un triste.

HIPPOLYTE BRIOLLET.

ALLONS, 01 0\ SI DÉBOUTONNE I

n soupçonne rarement à première vue
quel monde de pensées peut agiter le
crâne d'un simple particulier.

Un bon bourgeois vous apparaît sur
l'appui de sa fenêtre tirant d'une lon-
gue pipe de lentes bouffées qU'il re-
garde se disperser dans l'air en grêles anneaux.

Un autre, au fond d'un omnibus, penche sur le journal du
matin un front somnolent ceint de lunettes qui restent bra-
quées vers le ciel.

Un autre, à la porte d'un café, remue' avec une sage lenteur
les trois morceaux de sucre qui se dissolvent au fond du verre
à pied dans lequel un garçon vient de verser le psêudo-moka.

Un autre passe en voiture, étendu mollemment, les bras ar-
rondis sur la capote, et regardant avec fixité le bout de son
pied.

i Vous vous dites : ces gens-là ne pensent à rien. — Erreur !
Ils agitent souvent e» eux les, questions les phis diverses-; ils

ïemuent, sans en avoir l'air, lfjs plus grands problèmes.sociaux,
îoiis les jours ils tendent la perche à nos gouvernants et Jfeur
apportent in petto le précieux concours de leurs réflexiofls et de
leurs lumières. La difficulté semble exercer l'attraction de l'ai-
mant sur ces imaginations hardies; Il n'est pas de crise gouver-
nementale, pas d'embarras financier qui ne les trouve en me-
sure de fournir, séance tenante, une solution.

Un d'eux se dit, par exemple : « Notre malheureux pays est
t rriblement obéré. Il ne peut relever ses financés que par de
sages économies. » Alors il reste'un moment plongé dans s*s
réflexions et, tout à coup, pousse âvec joie YEw.réka, d'Archi-
mède. Oui, il a trouvé, l'heureux chercheur ! Et suivant son
rêve avec complaisance :

« Nous avons quatre cent mille hommes sous les armes. La
tunique de chacun de ces hommes dévore en moyenne une
vingtaine de boutons qui peuvent être évalués à quatre sous
l'un dans l'autre. Qu'on supprime aux uniformes; français un
seul bouton, et voilà déjà quatre cent mille fois quatre sous
d'économisés. Mais un uniforme peut tr ès-bien tenir sur le dos
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