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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0047
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L'ECLIPSE

NOUVELLES

PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ

(Î1113M3HJW6* k.

Toute personne qui enverra au directeur du journal le mon-
tant d'un abonnement d'un an, aura droit à une des primes
ci-dessous annoncées et aux conditions suivantes ;

1° almanach des travailleurs, illustré par Gill, texte
de E. Zola, J. Claretie, E. d'Hervilly, E. Siebecker, etc.

Offert gratuitement aux personnes qui le retireront au bu-
reau. -* Ajouter 25 centimes au prix de l'abonnement pour le
recevoir franco de port dans les départements.

2° l'album des pleurs, fruits et légumes du jour,
dans lequel Alfred Le Petit a crayonné avec l'humour et l'esprit
de Granville trente-deux charges des hommes célèbres de notre
époque. Ces caricatures, fort réussies, accompagnées de qua-
trains spirituels, sont coloriées avec soin.

L'Album, pris au bureau, 1 fr.

Ajouter i fr. pour le recevoir franco à domicile.

EN VENTE AU BUREAU DE L'ÉCLIPSÉ :
Titre et table de l'année 1873 du journal l'Éclipsé. 0 f. 30 c.
( franco 40 c.)

Couverture de l'année 1873 du journal l'Éclipsé. 0 f. 20 c.
( franco 30 c. )

DOSSIER D'ANASTASIE

série F. n° 5389

^ nspiré par cette œuvre grandiose qui
a nom : quatre-vingt-treize !... Gill
avait fait cette semaine son plus ad-
mirable dessin.

Comme sujet, rien de plus simple :
Le maître sculptant les bustes de ces
trois géants de la Révolution française:
Danton, Robespierre et Marat. Dans
un coin, — et sortant de la poche du poëte — Georgette tra-
çant avec son petit doigt, sur le^socle du buste de Marat, des
mots enfantins : Coco... poupoupe... bobo... pipi...

Comme exécution : un chef-d'œuvre. J'en demande pardon
à Gill; mais jamais son crayon ne me parut à la foi3 plus puis-
sant et plus gracieux que dans cette composition.

Soumis une première fois à Anastasie, ce dessin fut refusé.
On ne se résout pas aisément à priver le public d'une œuvre
de cette trempe. — Nous insistâmes.

Et le dessin fut présenté de nouveau à Anastasie avec cette
lettre que nous avait adressée Victor Hugo, — et attestant
suffisamment que Gill n'avait point dénaturé la pensée de son
livre.

J'ai vu le beau dessin d'André Gill. Il n'est pas seule-
ment beau, il est charmant. L'enfant mêlé à ces figures
Sévères et terribles exprime gracieusement et gaîment
la pensée du livre : Quatre-vingt-treize, et il est bon que,
là où les passions humaines font trembler, l'innocence
fasse sourire.

Victor Hugo.

Anastasie fut inflexible : Elle repoussa définitivement ce
dessin, et comme d'habitude, ne donna même aucune raison
de son refus.

Pour l'amour de Dieu !... qu'Anastasie nous dise donc une
bonne fois ce qu'elle veut — ou ce qu'elle ne veut pas — si
elle le sait elle-même, toutefois.

Voilà un dessin, composé de trois hommes historiques, d'un
grand écrivain et d'un bébé de vingt mois. Ce dessin, inspiré
par une œuvre littéraire, une œuvre d'apaisement — car per-
sonne n'ignore que Victor Hugo a traité le chouan Lantenac
avec autant d'égards que le sans-culotte Cimourdain; ce dessin,
disions-nous, est proscrit brutalement, sans que l'artiste puisse
seulement défendre son œuvre. Pourquoi ?...

Anastasie prétendrait-elle maintenant faire oublier la Révo-
lution et ses héros ?

Effacer de notre histoire telles ou telles pages qui lui dé-
plaisent ?...

Ou bien est-ce la popularité de l'auteur des Misérables qu'elle
vise, et à laquelle elle entend apporter tous les obstacles que
mettent à sa disposition le régime du bon vouloir dont elle
relève uniquement ?

Voyons, Anastasie !... ma belle, dis-nous donc ce qui te
gênait dans ce dessin. Etait-ce Danton ? Etait-ce Robespierre ?
Etait-ce Marat ?...

Tu ne dis rien... Etait-ce Hugo ?

Tu ne réponds pas... La petite Georgette, peut-être ?...

Allons !... je crois bien qu'il faut que ce soit moi qui te le
dise.

Anastasie !... mon ange !... tu n'as pas le sens commun, c'est
connu; mais tu as le flair et l'horreur de tout ce qui est beau,
de tout ce qui est fort, de tout ce qui est élevé.

Gill s'est encore une fois trompé.

Il avait fait un grand dessin sur un grand livre.

Il a oublié que son crayon était corvéable des petits hommes
qui ne servent que les petites haines.

.. ..-liujii—r—- L'ÉCLIPSÉ.

BON APPÉTIT, MESSIEURS

après dîner.

n des divertissements à la mode dans
le cercle —vicieux —composé de quel-
ques-uns de nos droitiers les plus dis-
tingués, est de chercher des. cheveux
sur le suffrage universel.

Ça a remplacé les charades.

Et il paraît que c'est très-amusant

*

Voici comment cela se joue :

Tous les invités se mettent en rond autour de la table.
Et, comme au corbillon, chacun pose à tour de rôle à son
voisin la question suivante :

Si j'étais petit suffrage universel, que feriez-vous de

moi ?

* *

Il faut alors que celui à qui s'adresse cette question fasse
preuve de beaucoup de présence d'esprit et réponde quelque
chose qui n'ait pas encore été répondu, sous peine de donner
un gage.

Les premiers droitiers à qui Ton a fait cette demande n'ont
point été embarrassés.
Ils ont répondu sans hésiter :

— Je vous supprimerais 1...
Ou:

— Je vous couperais un bras et deux jambes ;
Ou :

— Je fixerais l'époque de votre majorité à trente-huit ans.

Un malin — ce n'est pas M. de Lorgeril, — a même trouvé
cette réponse assez drôle :

— Je vous mettrais au mont-de-piété, et je vendrais la recon-
naissance.

Mais, quand le répertoire a été un peu épuisé, il a fallu trou-
ver du neuf, et cela est devenu difficile.

Cependant ce n'était pas impossible.

Et l'on nous raconte qu'à une réunion à laquelle assistaient
plusieurs membres de la droite, un d'eux a fait preuve d'une
certaine imagination.

A peine son confrère s'était-il tourné vers lui et lui avait-il
posé la question réglementaire :

— Si j'étais petit suffrage universel, que feriez-vous de
moi ?...

Qu'il lui répondit avec aplomb :

— Je m'assiérais dessus...

* *

Et comme développement à cette brève profession de foi,
il ajouta avec véhémence :

— Sans doute... je m'assiérais dessus : car un pareil état de
choses ne peut pas durer. Avez-vous examiné attentivement les
résultat» des dernières élections dans lesquelles nos candidats
ont été blackboulés à en rendre jaloux un actionnaire des
Galions du Vigo se présentant à la caisse croyant palper un divi-
dende Non, n'est-ce pas ?... Vous ne les avez pas exami-
nés Eh! bien.., moi je l'ai fait !... Et savez-vons ce que
j'ai trouvé ?... C'est effrayant !... Dans une toute petite localité
delà Vaucluse, sur 512 électeurs qui ont pris part au vote, 382
sont des ouvriers, n'ayant aucun intérêt dans la ville, ne possé-
dant rien, et vivant là enfin de leur travail d'occasion comme
des oiseaux de passage... Vous comprenez bien que l'on ne
peut continuer à laisser voter des gens sans aveu., qui néces-
sairement votent contre l'ordre moral.

* *

Comme on peut le voir par la virulente sortie de notre droi-
tier, nous tombons en plein dans les soixante-cinq années de
résidence obligatoires dont on se prépare à faire le plus bel
ornement de la future loi électorale.

Il y a même une chose qui m'inquiéterait beaucoup pour le
sort du suffrage universel, si elle ne me rassurait pas encore
plus sur ses destinées.

* *

Étant admis que chaque parti, — à l'instar de notre excellent
droitier, — va prétendre éliminer de la liste des électeurs telle
ou telle catégorie de votants qui lui paraîtra dangereuse pour le
succès de sa cause, il faut s'attendre aux amendements les plus
fantastiques.

* *

L'un dira :

— Moi, messieurs, j'ai pointé avec soin les résultats de toutes
les élections depuis deux ans, et comme j'ai acquis la certitude
que les électeurs de vingt-six à trente-quatre ans sont hostiles
au parti que je représente, je demande que les hommes de cet
âge ne votent pas.

# ' 44
**

— Moi, dira un autre, je sais que les célibataires votent contre
mes convictions; je propose que, seuls, les hommes mariés
votent.

Un troisième prétendra faire évincer les électeurs qui Ont eu
la petite vérole.

Un quatrième réclamera la radiation de ceux qui ne l'ont
pas eue.

***

Et quand chacun, selon l'état de son cœur, aura récusé : qui
les concierges, qui les rentiers, qui les cagneux, qui les myopes,
qui les trop gras, qui les trop maigres, etc., etc., si vous êtes

capables de réunir plus de trois électeurs pour un plébiscite, je
m'engage à aller pour vous à l'Ambigu-Comique.

*

* *

Et notez bien que ce conflit ne peut manquer de se pro-
duire.

Du moment ou vous admettrez que quelqu'un demande
l'évincement du scrutin de tous les ouvriers qui travaillent
pour vivre, vous ne pourrez pas empêcher une autre personne
de demander à soa tour celui des gens qui vivent à ne rien
faire.

I Quant à moi, je l'ai déjà dit chaque fois que cette question
"des incapacités électorales a été posée : Si j'étais député? la pre-
mière chose que je ferais en entendant un de mes confrères
réclamer que les citoyens au-dessous de vingt-cinq ans ne puis-
sent voter parce qu'ils sont trop jeunes, ce serait de demander
que ceux au-dessus de cinquante-cinq ans se tiennent tran-
quilles aussi, parce qu'ils sont trop vieux.

Et si moïi fefversaire insistait en prétendant que les gens qui
ne possèdent pas même de meubles ne doivent pas voter, parce
qu'ils n'ont aucun droit à changer l'ordre de choses établi, je
répondrais que ceux qui sont bien logés ne doivent pas voter
non plus, parce qu'Us ont trop d'intérêt à ce que l'on ne le
change pas. .

Léon Bienvenu

TOIL'.. CIR.........ÉE

e camarade Bérullot et moi, hier, nous cons-
tations qu'un grand nombre de « cris de Paris »
ne se font plus entendre dans nos rues, surtout
depuis ces dix dernières années.

Cette remarque, le camarade Bérullot la fai-
sait avec quelque satisfaction; le camarade Bé-
rullot n'aime pas du tout les cris des marchands
ambulants. Mais, votre serviteur, qui est loin
de les détester, qui sourit au contraire quand il entend chanter,
au printemps : La tendresse ! et la verduresse ! votre serviteur
dis-je, faisait la même remarque que le camarade Bérullot, et
cela non sans une petite note mélancolique dans la voix.

Votre serviteur, en outre, — je demande bien pardon à mes
lecteurs de "me mettre ainsi personnellement en scène —
ajoutait :

— Je n'aime pas cependant que le marchand ambulant trans-
forme les vénérables cris de la corporation à laquelle il appar-
tient, sorte des règles, et fasse du comique à propos de botte.
Ainsi l'autre jour, on glapissait sous mes fenêtres :

— « Gros poulets! mes gros poulets! à six liards mes gros
poulets ! »

Alléché par le prix (six liards !), je me précipite à la fenêtre,
et que vois-je, sur la toile bleue de la voiture du marchand
ambulant ? — des harengs saurs !

Je n'aime pas cette fantaisie, reprenait votre serviteur. Le
camarade Bérullot, lui, n'est ni pour le cri vrai, ni pour le cri
métamorphosé ; il est pour le silence dans la rue. Aussi, est-ce
avec joie qu'il me répondait, en se frottant les mains.

— On n'entend plus du tout, dans les faubourgs, à présent,
le fameux — à ta barbue! à la barque ! c'est fini. L'huître est
rare et chère. — Je suis ravi ! non pas de sa cherté, mais de
no plus avoir la tète brisée par cet — à la bar quel sans barque,
que hurlait, pendant des heures, un gros père en tablier bleu,
ou une grôsse mère avec un tablier blanc ballonnant sur son
ventre, au coin de ma rue jadis. ^^fBHP'

Cruel camarade Bérullot! Il a en horreur les souvenirs de
son jeune temps. Et moi jé'îes adore. Mais, grand Dieu ! quand
je parle de mon jeune temps, n'allez pas croire que je regrette
mon temps de collège ! oh ! pour cela, trente mille fois non ! —
Pour l'affreux temps du collège, et ses horribles souvenirs, j'ai
le dédain et la haine que témoigne le camarade Bérullot pour
les cris de Paris.

Non, le jeune temps, pour moi, c'est l'époque où, « chez nous,»
entre une mère charmante et un père parfait, à côté d'une sœur
et d'un frère, aimables et doux compagnons de jeux et .'de lec-
tures, j'entendais, dans le lointain, les cris affaiblis des mar-
chands qui arrivaient de Paris dans la banlieue.

Alors, je n'étais pas encore interné dans le sombre, le puant,
le grossier, l'infernal collège!

C'était ma chère maman, et non un stupide tambour, qui
me réveillait le matin, et quand, — pauvre petit tout accablé
de sommeil que j'étais, — il m'arrivait de ne pas me cravater
exactement, c'était ma mère qui me faisait un joli nœud de
cravate, tandis que le pion, au collège, me gueulait dans les
oreilles, je m'en souviens, c'était un méridional :

— « Allons, toi, cache donc ta viande ! »

Bref, j'ai de bonnes raisons pour aimer, pour vénérer l'épo-
que où je vivais, — bon et confiant garçon, en robe à pois, ou
en veste de velours — dans ma famille ; et à cette époque së
rattache le souvenir des cris des marchands qui passaient par les
rues de notre quartier éloigné du centre.

Quant au camarade Bérullot, c'est autre chose ; se rappeler
ce qui se rapporte à sa prime jeunesse lui est désagréable.

Et comme il le disait hier, parmi les cris de Paris qui me ra-
mènent ie plus cruellement à mon enfance, je compte surtout
l'espèce de gémissement, de râle profond que poussent les mar-
chands de ronds en toile cirée pour les tables.

Ils ont une façon d'appuyer sur la première syllabe de cirée
qui m'entrfàÉms le fond de l'âme.

— ToiV... clr...........ée !

Entre le cir et le ée, il s'écoule un temps énorme, un an peut-
être. Bref, le point d'orgue fait sur cir... est effroyable de durée.

— ToW cir..........ée !

— Mais enfin, camarade Bérullot, reprenait votre serviteur,*
qu'avez vous à reprocher particulièrement, à part son cri, au
marchand de toil'.... cir........ée?
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