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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0052
L'ÉCLIPSÉ
RETOUR DES COURSES
lles étaient deux, — deux, belles de
cette beauté des filles de Paris, qui
n'est pas la beauté, qui n'est pas la lai-
deur, qui est pire : le front ba s et bombé,
les yeux petits et de travers, la grande
bouche aux coins fripés, le nez qui
renifle les étoiles !...
Tout cela constitue ces minois fau-
bouriens, — heurtés, tordus, mobiles, extravagants, — qui
désespéreraient un géomètre de l'école d'Ingres, mais qui
ra-vigotent le gourmet à l'instar d'une bisque haute en poi-
vre ou d'une soupe à l'oignon dont le gruyère file plus
gros qu'un câble d'arrimage. Le front disparaît sous les mè-
ches folles, les frisettes et les tortillons ; l'œil flamboie corn-
ue un coucher de soleil dans une mer de bistre; le nez
évoque Cléopâtre, la Dubarry et Céline Çhaumont ; la bou-
che a des sourires rouges, bleus ou blancs, suivant les circon-
stances. Faites à peindre, d'ailleurs, et peintes ^faire plaisir!...
L'une était blonde, l'autre était brune.
Toutes deux avaient endossé la robe de satin vert-Angot,dont
a jupe erénelée se relève à propos sur une bottine hongroise
fourrée d'hermine.
leur CeiDture a boucle et à anneaux de bronze s'agrafait sur
naXiPaletot~vitcb.oura en velours grenat doublé et brodé de ré-
para gris.
Elle
rubans a7ilieilt le chapeau à quatre étages, — de plumes, de
engum' d*ntelles et de fleurs, — la cravate-jabot, la voilette
brises fa^r °^taue, les gants à six boutons et le parfum aux
p . 1 Apitoie, — dernière et pieuse nouveauté.
. 1 bijoux, du reste, autre qu'une croix de cristal.
Ah dame, c'est qu'ilavait fallu de l'argent ! t)e l'argent pour
se gréer ainsi en toilette de combat! De l'argent, pour noliser
cette calèche, ce postillon et ces deux chevaux à grelots ! Mon-
tres, bagues, chaînes, bracelets, tout cela était chez ma tante U..
On avait résolu que l'on irait aux courses, - hippodrome
d'Auteuil, — première réunion de printemps...
Sur le turf, on boirait du Champagne avec Rubempré et l'on
gagnerait qnelques louis à Nucingen.Puis on reviendrait dîner
chez Bignon avec Rastignac et de Marsay. Ce serait bien le
diable si, pendant ces pérégrinations habilement combinées, la
fortune— que les uns appellent Providence et les autres Hasard,
~~ Ramenait pas à portée de griffe un landgrave 'd'outre-Rhin,
n hidalgo de tra los montes, ou, tout au moins, un riche qua-
Lde New-York ou un fort coutelier de Sheffleld !
lais non : la Fortune était occupée ailleurs, — à Chistle-
Rub]e suppose-
avec Est151'6 ^ ^é^u^ ' 11 siége au contre droit î ^ a rompu
Promis d161"' UVec C°rahe, avec la Val-Noble. Nucingen, com-
en PoliCeanS leS marchés souscrits pendant la guerre, va passer
fait tuer .-Cprecti°unelle. Rastignac est préfet. De Marsay s'est
landgra a ■Patay dans les rangs des zouaves de Charrette. Le
raPPort' 6' ^a°S sonburg' écoute sonner les pendules qu'il a
Carlos ee3.(leSaint-cloud- L'hidalgo attaque Bilbao avec don
entre s°U défend avec Moriones. hecockney reste,le dimanche,
borde T f.TjdWiChs et son thé,-et le yanhee a fui vers les
la c?r,rneh,;^dT' d1epeurde rencontrer sur nos boulevards
iu carlcacure de 1 oncle Sam
Hélas!...
j'avais assisté au départ, - j'ai assisté au retour,
u est minuit et demi...
lîvff.. °hevaux'la tête basse, remontent la chaussée des
Plus de claquements de fouet, ni de tintements de grelots
^PostUfon juronne.
Mar-
doigetsdTUX femmes ont l'onglée, du bout du nez au bout des
conseil teUr'ioue est violette sous le fard. Elles paraissent tenir
A. ia fl ret°urnent leurs poche d'une main inquiète.
s'arrêteln' 6lles disent quelques mots au postillon, — et celui-ci
La bl'nn^ mauSréant, devant une boutique de charcuterie.
^eentree.deSeetld-
Je m'ann
SOTJs n>A ^°clle' et Je l'entends qui demande : POUR DOUZE
ARASSORTIMENT !...
dehors ?°,meiU> la brune passe son chapeau de chez Laure
ûe 1 équipage :
Vec un peu de gelée, s'il vous plait ?
PAUL MAHALIN.
en
LÈS CONTES POUR LES GRANDES PERSONNES
diet,^6.Saimrd> d8 n°tre collaborateur Ë. d'Hervilly, comé-
daui îT*1?® m a eu un succès des plus vifs
tionni i, < / del éditeur Charpentier, L'auteur avait coufec-
ePin»L i"1^* la PuJRart des accessoire, flaurs, meubles,
Charente t ' mauusfirits japonais, etc. Les acteurs ont été
ïhéttrp -f La Plèce était jouée par Mlles Reichemberg, du
Vaudevïn ançals; Chapuy, 4c TOpéKi-Comique ; Damain, du
verve. ' et par ^- Coquelin Cadet, qui a été éblouissant de
«e aPdi+poi :de notre collaborateur E. d'Hervilly, M. A. Vàcque-
Tre ceci dans le Rappel: H
et si v,>v^U^. a'mez rire, lisez les Contes pour les grandes personnes,
c°ntès q^l^ez pleurer lisez-les de même. Car il y a de ces
« Les Com^ comiques, et il y en a qui sont touchants,
nest Û'Herv-if ^our grandes personnes sont un volume d'Er-
mènjfe et H ^' 1ue l'éditeur Charpentier publie aujourd'hui
ne fiio „, ,,nt Emile Blémont vous pariera avec détails. — Je
« cëri"wlanuoilcer.
cette inii rvillY est gourmand. Il a commencé la semaine par
JOUe SaVri^fr- SflTirtn^ÏDn rrn'nn m oî ftwt qnnlnnjiû' il la finit
g
ar pbc "ï. sayt'ète japonaise qu'on a si fort applaudie ; il la finit
Mot.1 charmants i-écits
1er d»------7«»n«»» parisiens qu'on n'applaudïra pas moins.
urd'h i Vers ' aujouid'.hui, de la prose. Hier un poëte, au-
l'K^1-?* écrivain,
moi„0emllv Prouve, à
rnoias» est un prover
yn on est un poète, on m
souvent hn prosateur sans être un poëte. »
—ia«erVlll7 Prouve) à son tour, que « qui peut le plus peut le
Wort p't6 Un prover*>e vrai quelquefois. C'est-à-dire que, lors-
Un» ^n Poote, on est un prosateur; tandis qu'on est plus
1' AV;?Ji ? avons pas besoin de recommander aux lecteurs de
grâopfit vol}uûle de notre àffli d'Hervilly. Ils connaissent sa
dir« m Si°n humour depuis longtemps. Nous nous bornerons à
dane t Ve8 Gontes Pour les grandes personnes peuvent être mis
ûètes maius 'ils SOflt gais ou tendres, et surtout hon-
EXPRESS-THÉATRE
Odéon. — La Jeunesse de Louis XIV.
A Jeunesse de Louis XIV, — dédiée par Alexan-
dre Dumas à son ami Noël Parfait, -7- fut re-
présentée, pour la première fois, à Bruxelles,
sur le théâtre du Vaudeville, le samedi 20 jan-
vier 1834.
Un M. Duchesne jouait le Roi; Romanville,
Mazarin; Julien Mary, Molière; Tautin, Po-
quelin; Grandel, Charles Stuart; Stanislas,
Bouchavannes, et Beauquesne, le marquis de
Montglat.
Romanville est mort fou
que temps à l'Odéon.
Mor' pareillement. Beauquesne, — mort, Tautin, — un la-
ruette et un grime estimés en province.
Grandel, — qui fut, plus tard, contrôleur au Gymriese, —
vit, retiré de la Scène, présentement, à Versail'es...
Et Stanislas, — l'élégant mousquetaire, — désormais bedon-
nant et vieilli, brûle les planches, dans les compères de revue, au
bouiboui de la rue de la Fidélité !
Que sont devenus les autres?
après s'être fait applaudir quel-
Côté des dames, mademoiselle Irma Granier, — le duc d'An-
jou, — traversa Paris comme une étoile filante.
Il en fut à peu près de même de mademoiselle Davenay, —
Marie de Mancini.
Le joli rôlet de Georgetteeut pour créatrice ctte toute char-
mante Augusla, qu'une maladie de poitrine enleva, à la fleur
de l'âge et du talent, comme elle venait d'effectuer, à la Gaieté,
— un début si plein de prome-ses dans )a Germaine d'Emond
About.
Enfin, je vous le donne en cent, — je vous le donne en mille,
je vous le donne en toutes les périphrases de madame de Sô-
vigné :
Devinez qui interprêta Henriette d'Angleterre. — la belle et
mélancolique amoureuse!...
Lise Tautin!...
Mon dieu, oui : vous avez bien lu...
Lise Tautin, — l'ex-reine des Bouffes, l'Eurydice d'Orphée
aux Enfers, la Catarina du Pont des Soupirs!...
Roulades et cascades ! cette fille de Charles 1% dont le trépas
énigmatique arracha ce cri à Bossuet : « Madame se meurt ! Ma-
dame est morte ! » vous la figurez-vous sous les traits de la bac-
chante court-vêtue qui lançait si gaillardement les notes hautes
de l'Evohé de Jacques Bacchus Oflènbach!.
La Jeunesse de Louis XIV, - - remaniée avec un soin pieux par
M. Alexandre Dumas fils, — est écoutée, chaque soir, à l'Odéon,
avec un sympathique respect.
Les trois premiers actes m'en ont paru légèrement froids; le
quatrième pétil'e d'imbroglio, de mouvoment, d'esprit fin, vif
et chatoyant; le cinquième est presque un chef d'œuvre!...
Chefs-d'œuvre aussi, les décors, les ameublements, les cos-
tumes ! Chef-d'œuvre, l'agencement du tableau de la Chasse,
avec ses fanfares, sa meute, ses piquenrs, qu'encadré Une admi
rable toile de Chéret aux tons doux et roux comme l'au-
tomne!...
Chef-d'œuvre, — surtout, — la composition du personnage
historique de Mazarin, par t-afontaine!
La robe rouge de ce prodigieux comédien politique lui sied
ainsi qu'une seconde peau.
m
iviasset est un peu épais, un peu marqué, un peu lourd, pour
représenter un roi de vingt ans; en revanche, il a de l'autorité
et de la passion. Valbel porte avec aisance la casaque bleue à
croix d'argent du mousquetaire Bouchavannes. Porel, dans
Molière, i;e m'a satisfait qu'à demi : la tête est exacte, soit ;
mais le jeu est sec, dur, anguleux et prétentieux.
M. Talien, — Guitaut, -m réédite son don Guritan de Ruy-
Blas. Même caricature, fausse, outrée, exécrable. Quant à l'ac-
teur chargé de nous montrer le marquis de Montglat :
Il semble avoir écrit sur ses airs importants :
C'est moi qui suis Richard, auteur de A'os enfants !
Que dirai-je de mesdemoiselles Petit, Broissat, Baretta et
Collas ?
Elles sont ravissantes 1
On les a baptisées les Quatre filles Aymon de la rive gauche...
Est-ce parce qu'il leur sera beaucoup pardonné?...
Vaudeville. — Le Candidat.
Lu pièce a été retirée do l'affiche après trois soirées d'ennui
qui a cependant fait Madame Bovery,
pour le SpeCtaftnh
M. Gustave Flaubert,-
ne sait pas marier Justine.
Marier Justine en argot de coulisses signifie précipiter le dénoû
ment, — arriver au but sans circonlocutions.
Sous la direcilon du père Brunet, le plus célèbre des Jocrisse,
le théâtre des Variétés offrait à son publie la première représen-
tation de Thibaut et Justine, vaudeville eh un acte. Dans ce temps-
là, les parterres n'étaient point bénévoles comme aujourd'hui;
ils étaient turbulents, et, quand ils s'ennuyaient, ils ne tar-
daient pas à le manifester par des sifflets.
La pièce, qu'on avait trouvée charmante aux répétitions, sauf
les dernières scènes qui se traînaient péniblement, semblait
amuser le public, et ses bonnes dispositions présageaient un
succès ; mais aux scènes délicates, les sourds murmures com-
mencèrent, signes précurseurs d'un orage.
— Gare les sifflets ! fit Auguste, le régisseur.
— Je vous avais bien dit que c'était trop long, grommela le
père Brunet ; c'est là qu'il faudrait marier Justine et finir la
— Eh bien ! répliqua Auguste, qu'on marie Justine tout de
suite et la pièce est sauvée 1
Et le voilà criant à Bosquier-Gavaudan qui était en scène :
Mariez Âistine !
De l'autre côté du théâtre, les auteurs et le directeur s'excla-
maient aussi :
— Bosquier, mariez donc Justine !
Bosquier, comprenant que la bataille allait être perdue, prit
Une pause solennelle, appela Thibaut, appela Justine, et dit :
— Nous n'avons qu'une chose à faire en présence d'un tel
iàmour, marions Justine.
Auguste commanda : Au rideau! et la pièce fut sauvée. Elle
eut un succès de deux cents représentations.
Star.
BULLETIN FINANCIER
Les haussiers auront beau fdire, leurs peines sont et resteront perdues.
De 9!i t'r. à 94.50, l'Emprunt a descendu peu à peu tous les degrés, et
s'il en remonte quelques-uns de temps en temps, ce n est là qu'une fausse
alerte, qui n'effraye que médiocrement les vendeurs ; on sait ce que
valent de pareilles manifestations.
Pauvre Espagne ! pauvres Espagnels ! pauvre» rentiers d'Espagne I
votre douleur me navre ; en être réduit à épier les nouvelles de chaque
heure pour savoir lequel de don Carlos ou de l'invincible nraiéchal a reçu
le plus de canons Krupp ou a été la moins visité par les maladies I C'est
triste, surtout quand la solution se fait aussi longtemps attendre. Tout
cela ne nous promet pas encore le payement des coupons arrêlé dans un
avenir prochain.
Le Turc est solide comme un roc. Les acheteurs qui ont tenté une
campagne de hausse sur le Mobilier ont pleinement réussi- il y a une grande
connexité entre ces deux faits ; nous dirons bientôt pourquoi. En atten-
dant, nous pouvons toujours vous inviter au convoi, service et enterre-
ment des vendeurs de fonds turcs qui auront lieu le jour d« la liquida-
tion de fin mars. -
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comprend les Voyages dans les Régions polaires, au
chemin de fer du Pacifique, dans le Far-West, au
pays des Mormons et en Californie.
J3ans la 51e livraison commencent les Voyages en Afrique,
comprenant le récit ides dernières grandes explorations do Stanley,
Lwirigstonc et Bahev.
—--+.--1_ •
L'Illustration nouvelle (0» année). — Sommaire des livraisons
noS 3 et 4 (mars et avril).
A. sept ans.................... A. Lalauze.
Ancien barrage sur la rivière de
l'Auge (Haut-Bugoy)........' H. Fonvii.le.
Auberge de campagne......... Ch. Beauveriê.
Philosophes.................. G. Doseigneur.
A Neuville (Ain).............. Xavier de DanaNChe.
types mauresgues...:....... N. Goeneutte.
Tête de lion (d'après nature)... Sajnt-Marcel.
^n^rau1eȈttauris (Perse)...... J- Laurens.
, ™ £:DART' éditeur-imprimeur, fondateur, 58, rue Neuve-
des-Mathurins, Paris.
Ernest d Hervllly, l'heureux auteur de la Belle Sainara
fait paraître à la Bibliothèque Charpentier un volume intitulé '
Contes pour les grandes personnes, qui contient une série de fan-
taisies numounsuques des plus spirituelles et des plus
joyeuses.
Ce que peut une femme, par Mme Césarie Farrenc (1 vol. in-12)
vient de paraître à la librairie de la société des Gens de lettres
5, rue Geoffroy-Marie. C'est un de ces livres qu'on lit lente-
ment dans la crainte de les finir trop vite. L'aridité du sujet
(l'éducation et l'instruction des femmes) disparaît sous un style
charmant et imagé. Il y a surtout une tirade sur l'infériorité
des femmes, infériorité due au mode d'instructipn suivijusqu'S
présent, qui mérite d'être étudiée. Bref, c'est un ouvrage où
chacun trouvera quelque chose à glaner, quels que soient d'ail-
leurs les principe« de ceux qui le liront.
--
Mademoiselle Gmgnm, le roman si émouvant et si délicat de
M. André Theuriet, qui obtint cet hiver un si grand et si légi-
time succès dans la Rtvnc des bêux-Mondcs, vient de paraître en
un volume de la Bibliothèque Charpentier. On liïa avec un
grand plaisir cette œuvre si charmante sous la forme du livre,
qui rassemble et complète les parties que les nécessités de toute
revue avaient fatalement dû séparer en plusieurs livraisons.
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a l'exposition universelle de vienne, a été décerné Bar le torv
à SARAH FELIX, pour sa merveilleuse * *
EAU XHES FÉES
et ses autres produits. Cette récompense prouve combien la concurrence
sera impuissante contre ces remarquables produits qiïf viennent parce
seul fait, d'obtenir leurs droits de franchises dans toutes les Villes de
l'Europe. — EAU des FEES, pommade Des fées, eau de toilette df«
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Le Gérant : lb révérend.
P»rU. — Imprimerie F. DISBONS et c'°, Ifl, ru« du Croimwi»,
RETOUR DES COURSES
lles étaient deux, — deux, belles de
cette beauté des filles de Paris, qui
n'est pas la beauté, qui n'est pas la lai-
deur, qui est pire : le front ba s et bombé,
les yeux petits et de travers, la grande
bouche aux coins fripés, le nez qui
renifle les étoiles !...
Tout cela constitue ces minois fau-
bouriens, — heurtés, tordus, mobiles, extravagants, — qui
désespéreraient un géomètre de l'école d'Ingres, mais qui
ra-vigotent le gourmet à l'instar d'une bisque haute en poi-
vre ou d'une soupe à l'oignon dont le gruyère file plus
gros qu'un câble d'arrimage. Le front disparaît sous les mè-
ches folles, les frisettes et les tortillons ; l'œil flamboie corn-
ue un coucher de soleil dans une mer de bistre; le nez
évoque Cléopâtre, la Dubarry et Céline Çhaumont ; la bou-
che a des sourires rouges, bleus ou blancs, suivant les circon-
stances. Faites à peindre, d'ailleurs, et peintes ^faire plaisir!...
L'une était blonde, l'autre était brune.
Toutes deux avaient endossé la robe de satin vert-Angot,dont
a jupe erénelée se relève à propos sur une bottine hongroise
fourrée d'hermine.
leur CeiDture a boucle et à anneaux de bronze s'agrafait sur
naXiPaletot~vitcb.oura en velours grenat doublé et brodé de ré-
para gris.
Elle
rubans a7ilieilt le chapeau à quatre étages, — de plumes, de
engum' d*ntelles et de fleurs, — la cravate-jabot, la voilette
brises fa^r °^taue, les gants à six boutons et le parfum aux
p . 1 Apitoie, — dernière et pieuse nouveauté.
. 1 bijoux, du reste, autre qu'une croix de cristal.
Ah dame, c'est qu'ilavait fallu de l'argent ! t)e l'argent pour
se gréer ainsi en toilette de combat! De l'argent, pour noliser
cette calèche, ce postillon et ces deux chevaux à grelots ! Mon-
tres, bagues, chaînes, bracelets, tout cela était chez ma tante U..
On avait résolu que l'on irait aux courses, - hippodrome
d'Auteuil, — première réunion de printemps...
Sur le turf, on boirait du Champagne avec Rubempré et l'on
gagnerait qnelques louis à Nucingen.Puis on reviendrait dîner
chez Bignon avec Rastignac et de Marsay. Ce serait bien le
diable si, pendant ces pérégrinations habilement combinées, la
fortune— que les uns appellent Providence et les autres Hasard,
~~ Ramenait pas à portée de griffe un landgrave 'd'outre-Rhin,
n hidalgo de tra los montes, ou, tout au moins, un riche qua-
Lde New-York ou un fort coutelier de Sheffleld !
lais non : la Fortune était occupée ailleurs, — à Chistle-
Rub]e suppose-
avec Est151'6 ^ ^é^u^ ' 11 siége au contre droit î ^ a rompu
Promis d161"' UVec C°rahe, avec la Val-Noble. Nucingen, com-
en PoliCeanS leS marchés souscrits pendant la guerre, va passer
fait tuer .-Cprecti°unelle. Rastignac est préfet. De Marsay s'est
landgra a ■Patay dans les rangs des zouaves de Charrette. Le
raPPort' 6' ^a°S sonburg' écoute sonner les pendules qu'il a
Carlos ee3.(leSaint-cloud- L'hidalgo attaque Bilbao avec don
entre s°U défend avec Moriones. hecockney reste,le dimanche,
borde T f.TjdWiChs et son thé,-et le yanhee a fui vers les
la c?r,rneh,;^dT' d1epeurde rencontrer sur nos boulevards
iu carlcacure de 1 oncle Sam
Hélas!...
j'avais assisté au départ, - j'ai assisté au retour,
u est minuit et demi...
lîvff.. °hevaux'la tête basse, remontent la chaussée des
Plus de claquements de fouet, ni de tintements de grelots
^PostUfon juronne.
Mar-
doigetsdTUX femmes ont l'onglée, du bout du nez au bout des
conseil teUr'ioue est violette sous le fard. Elles paraissent tenir
A. ia fl ret°urnent leurs poche d'une main inquiète.
s'arrêteln' 6lles disent quelques mots au postillon, — et celui-ci
La bl'nn^ mauSréant, devant une boutique de charcuterie.
^eentree.deSeetld-
Je m'ann
SOTJs n>A ^°clle' et Je l'entends qui demande : POUR DOUZE
ARASSORTIMENT !...
dehors ?°,meiU> la brune passe son chapeau de chez Laure
ûe 1 équipage :
Vec un peu de gelée, s'il vous plait ?
PAUL MAHALIN.
en
LÈS CONTES POUR LES GRANDES PERSONNES
diet,^6.Saimrd> d8 n°tre collaborateur Ë. d'Hervilly, comé-
daui îT*1?® m a eu un succès des plus vifs
tionni i, < / del éditeur Charpentier, L'auteur avait coufec-
ePin»L i"1^* la PuJRart des accessoire, flaurs, meubles,
Charente t ' mauusfirits japonais, etc. Les acteurs ont été
ïhéttrp -f La Plèce était jouée par Mlles Reichemberg, du
Vaudevïn ançals; Chapuy, 4c TOpéKi-Comique ; Damain, du
verve. ' et par ^- Coquelin Cadet, qui a été éblouissant de
«e aPdi+poi :de notre collaborateur E. d'Hervilly, M. A. Vàcque-
Tre ceci dans le Rappel: H
et si v,>v^U^. a'mez rire, lisez les Contes pour les grandes personnes,
c°ntès q^l^ez pleurer lisez-les de même. Car il y a de ces
« Les Com^ comiques, et il y en a qui sont touchants,
nest Û'Herv-if ^our grandes personnes sont un volume d'Er-
mènjfe et H ^' 1ue l'éditeur Charpentier publie aujourd'hui
ne fiio „, ,,nt Emile Blémont vous pariera avec détails. — Je
« cëri"wlanuoilcer.
cette inii rvillY est gourmand. Il a commencé la semaine par
JOUe SaVri^fr- SflTirtn^ÏDn rrn'nn m oî ftwt qnnlnnjiû' il la finit
g
ar pbc "ï. sayt'ète japonaise qu'on a si fort applaudie ; il la finit
Mot.1 charmants i-écits
1er d»------7«»n«»» parisiens qu'on n'applaudïra pas moins.
urd'h i Vers ' aujouid'.hui, de la prose. Hier un poëte, au-
l'K^1-?* écrivain,
moi„0emllv Prouve, à
rnoias» est un prover
yn on est un poète, on m
souvent hn prosateur sans être un poëte. »
—ia«erVlll7 Prouve) à son tour, que « qui peut le plus peut le
Wort p't6 Un prover*>e vrai quelquefois. C'est-à-dire que, lors-
Un» ^n Poote, on est un prosateur; tandis qu'on est plus
1' AV;?Ji ? avons pas besoin de recommander aux lecteurs de
grâopfit vol}uûle de notre àffli d'Hervilly. Ils connaissent sa
dir« m Si°n humour depuis longtemps. Nous nous bornerons à
dane t Ve8 Gontes Pour les grandes personnes peuvent être mis
ûètes maius 'ils SOflt gais ou tendres, et surtout hon-
EXPRESS-THÉATRE
Odéon. — La Jeunesse de Louis XIV.
A Jeunesse de Louis XIV, — dédiée par Alexan-
dre Dumas à son ami Noël Parfait, -7- fut re-
présentée, pour la première fois, à Bruxelles,
sur le théâtre du Vaudeville, le samedi 20 jan-
vier 1834.
Un M. Duchesne jouait le Roi; Romanville,
Mazarin; Julien Mary, Molière; Tautin, Po-
quelin; Grandel, Charles Stuart; Stanislas,
Bouchavannes, et Beauquesne, le marquis de
Montglat.
Romanville est mort fou
que temps à l'Odéon.
Mor' pareillement. Beauquesne, — mort, Tautin, — un la-
ruette et un grime estimés en province.
Grandel, — qui fut, plus tard, contrôleur au Gymriese, —
vit, retiré de la Scène, présentement, à Versail'es...
Et Stanislas, — l'élégant mousquetaire, — désormais bedon-
nant et vieilli, brûle les planches, dans les compères de revue, au
bouiboui de la rue de la Fidélité !
Que sont devenus les autres?
après s'être fait applaudir quel-
Côté des dames, mademoiselle Irma Granier, — le duc d'An-
jou, — traversa Paris comme une étoile filante.
Il en fut à peu près de même de mademoiselle Davenay, —
Marie de Mancini.
Le joli rôlet de Georgetteeut pour créatrice ctte toute char-
mante Augusla, qu'une maladie de poitrine enleva, à la fleur
de l'âge et du talent, comme elle venait d'effectuer, à la Gaieté,
— un début si plein de prome-ses dans )a Germaine d'Emond
About.
Enfin, je vous le donne en cent, — je vous le donne en mille,
je vous le donne en toutes les périphrases de madame de Sô-
vigné :
Devinez qui interprêta Henriette d'Angleterre. — la belle et
mélancolique amoureuse!...
Lise Tautin!...
Mon dieu, oui : vous avez bien lu...
Lise Tautin, — l'ex-reine des Bouffes, l'Eurydice d'Orphée
aux Enfers, la Catarina du Pont des Soupirs!...
Roulades et cascades ! cette fille de Charles 1% dont le trépas
énigmatique arracha ce cri à Bossuet : « Madame se meurt ! Ma-
dame est morte ! » vous la figurez-vous sous les traits de la bac-
chante court-vêtue qui lançait si gaillardement les notes hautes
de l'Evohé de Jacques Bacchus Oflènbach!.
La Jeunesse de Louis XIV, - - remaniée avec un soin pieux par
M. Alexandre Dumas fils, — est écoutée, chaque soir, à l'Odéon,
avec un sympathique respect.
Les trois premiers actes m'en ont paru légèrement froids; le
quatrième pétil'e d'imbroglio, de mouvoment, d'esprit fin, vif
et chatoyant; le cinquième est presque un chef d'œuvre!...
Chefs-d'œuvre aussi, les décors, les ameublements, les cos-
tumes ! Chef-d'œuvre, l'agencement du tableau de la Chasse,
avec ses fanfares, sa meute, ses piquenrs, qu'encadré Une admi
rable toile de Chéret aux tons doux et roux comme l'au-
tomne!...
Chef-d'œuvre, — surtout, — la composition du personnage
historique de Mazarin, par t-afontaine!
La robe rouge de ce prodigieux comédien politique lui sied
ainsi qu'une seconde peau.
m
iviasset est un peu épais, un peu marqué, un peu lourd, pour
représenter un roi de vingt ans; en revanche, il a de l'autorité
et de la passion. Valbel porte avec aisance la casaque bleue à
croix d'argent du mousquetaire Bouchavannes. Porel, dans
Molière, i;e m'a satisfait qu'à demi : la tête est exacte, soit ;
mais le jeu est sec, dur, anguleux et prétentieux.
M. Talien, — Guitaut, -m réédite son don Guritan de Ruy-
Blas. Même caricature, fausse, outrée, exécrable. Quant à l'ac-
teur chargé de nous montrer le marquis de Montglat :
Il semble avoir écrit sur ses airs importants :
C'est moi qui suis Richard, auteur de A'os enfants !
Que dirai-je de mesdemoiselles Petit, Broissat, Baretta et
Collas ?
Elles sont ravissantes 1
On les a baptisées les Quatre filles Aymon de la rive gauche...
Est-ce parce qu'il leur sera beaucoup pardonné?...
Vaudeville. — Le Candidat.
Lu pièce a été retirée do l'affiche après trois soirées d'ennui
qui a cependant fait Madame Bovery,
pour le SpeCtaftnh
M. Gustave Flaubert,-
ne sait pas marier Justine.
Marier Justine en argot de coulisses signifie précipiter le dénoû
ment, — arriver au but sans circonlocutions.
Sous la direcilon du père Brunet, le plus célèbre des Jocrisse,
le théâtre des Variétés offrait à son publie la première représen-
tation de Thibaut et Justine, vaudeville eh un acte. Dans ce temps-
là, les parterres n'étaient point bénévoles comme aujourd'hui;
ils étaient turbulents, et, quand ils s'ennuyaient, ils ne tar-
daient pas à le manifester par des sifflets.
La pièce, qu'on avait trouvée charmante aux répétitions, sauf
les dernières scènes qui se traînaient péniblement, semblait
amuser le public, et ses bonnes dispositions présageaient un
succès ; mais aux scènes délicates, les sourds murmures com-
mencèrent, signes précurseurs d'un orage.
— Gare les sifflets ! fit Auguste, le régisseur.
— Je vous avais bien dit que c'était trop long, grommela le
père Brunet ; c'est là qu'il faudrait marier Justine et finir la
— Eh bien ! répliqua Auguste, qu'on marie Justine tout de
suite et la pièce est sauvée 1
Et le voilà criant à Bosquier-Gavaudan qui était en scène :
Mariez Âistine !
De l'autre côté du théâtre, les auteurs et le directeur s'excla-
maient aussi :
— Bosquier, mariez donc Justine !
Bosquier, comprenant que la bataille allait être perdue, prit
Une pause solennelle, appela Thibaut, appela Justine, et dit :
— Nous n'avons qu'une chose à faire en présence d'un tel
iàmour, marions Justine.
Auguste commanda : Au rideau! et la pièce fut sauvée. Elle
eut un succès de deux cents représentations.
Star.
BULLETIN FINANCIER
Les haussiers auront beau fdire, leurs peines sont et resteront perdues.
De 9!i t'r. à 94.50, l'Emprunt a descendu peu à peu tous les degrés, et
s'il en remonte quelques-uns de temps en temps, ce n est là qu'une fausse
alerte, qui n'effraye que médiocrement les vendeurs ; on sait ce que
valent de pareilles manifestations.
Pauvre Espagne ! pauvres Espagnels ! pauvre» rentiers d'Espagne I
votre douleur me navre ; en être réduit à épier les nouvelles de chaque
heure pour savoir lequel de don Carlos ou de l'invincible nraiéchal a reçu
le plus de canons Krupp ou a été la moins visité par les maladies I C'est
triste, surtout quand la solution se fait aussi longtemps attendre. Tout
cela ne nous promet pas encore le payement des coupons arrêlé dans un
avenir prochain.
Le Turc est solide comme un roc. Les acheteurs qui ont tenté une
campagne de hausse sur le Mobilier ont pleinement réussi- il y a une grande
connexité entre ces deux faits ; nous dirons bientôt pourquoi. En atten-
dant, nous pouvons toujours vous inviter au convoi, service et enterre-
ment des vendeurs de fonds turcs qui auront lieu le jour d« la liquida-
tion de fin mars. -
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pays des Mormons et en Californie.
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comprenant le récit ides dernières grandes explorations do Stanley,
Lwirigstonc et Bahev.
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L'Illustration nouvelle (0» année). — Sommaire des livraisons
noS 3 et 4 (mars et avril).
A. sept ans.................... A. Lalauze.
Ancien barrage sur la rivière de
l'Auge (Haut-Bugoy)........' H. Fonvii.le.
Auberge de campagne......... Ch. Beauveriê.
Philosophes.................. G. Doseigneur.
A Neuville (Ain).............. Xavier de DanaNChe.
types mauresgues...:....... N. Goeneutte.
Tête de lion (d'après nature)... Sajnt-Marcel.
^n^rau1eȈttauris (Perse)...... J- Laurens.
, ™ £:DART' éditeur-imprimeur, fondateur, 58, rue Neuve-
des-Mathurins, Paris.
Ernest d Hervllly, l'heureux auteur de la Belle Sainara
fait paraître à la Bibliothèque Charpentier un volume intitulé '
Contes pour les grandes personnes, qui contient une série de fan-
taisies numounsuques des plus spirituelles et des plus
joyeuses.
Ce que peut une femme, par Mme Césarie Farrenc (1 vol. in-12)
vient de paraître à la librairie de la société des Gens de lettres
5, rue Geoffroy-Marie. C'est un de ces livres qu'on lit lente-
ment dans la crainte de les finir trop vite. L'aridité du sujet
(l'éducation et l'instruction des femmes) disparaît sous un style
charmant et imagé. Il y a surtout une tirade sur l'infériorité
des femmes, infériorité due au mode d'instructipn suivijusqu'S
présent, qui mérite d'être étudiée. Bref, c'est un ouvrage où
chacun trouvera quelque chose à glaner, quels que soient d'ail-
leurs les principe« de ceux qui le liront.
--
Mademoiselle Gmgnm, le roman si émouvant et si délicat de
M. André Theuriet, qui obtint cet hiver un si grand et si légi-
time succès dans la Rtvnc des bêux-Mondcs, vient de paraître en
un volume de la Bibliothèque Charpentier. On liïa avec un
grand plaisir cette œuvre si charmante sous la forme du livre,
qui rassemble et complète les parties que les nécessités de toute
revue avaient fatalement dû séparer en plusieurs livraisons.
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seul fait, d'obtenir leurs droits de franchises dans toutes les Villes de
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