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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0059
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L'KULiPSK

^fciMi i llM Wli'
HP*

A.V1S IMPORTANT. — Les souscrip-
teurs à lJÉelipse dont l'abonsaoïneiit ex-
pire le 15 avril, sont priés de 1©
renouveler sans retard, s'ils ne veulent
point subir d'interruption dans la ré-
ception du journal.

NOUVELLES

PRIMES DE L'ECLIPSE

Toute personne qui enverra au directeur du journal le mon-
tant d'un abonnement d'un an, aura droit à une des primes
ci-dessous annoncées et aux conditions suivantes :

1° almanach des travailleurs; illustré par Gill, texte
de E. Zola, J. ClarêtieJ E, d'Hervilly, E. Siebecker, etc.

Offert gratuitement aux personnes qui le retireront au bu-
reau. — Ajouter 2o centimes au prix de l'abonnement pour le
recevoir franco de port dans les départements.

2° l'album des fleurs, fruits et légumes du jour,
dans lequel Alfred Le Petit a crayonné avec l'humour et l'esprit
de Granville trente-deux charges des hommes célèbres de notre
époque. Ces caricatures, fort réussies, accompagnées de qua-
trains spirituels, sont coloriées avec soin.

L'Album, pris au bureau, 1 fr.
Ajouter 1 fr. pour le recevoir franco à domicile.

EN VENTE AU BUREAU DE L'ÊCLIPSE
Titre et table de l'année 1873 du journal Y Éclipse.

(franco 40 cl
Couverture de l'année 1873 du journal Y Éclipse.

(franco 30 c.)

0 f. 30 c.

0 f. 20 c.

une centaine de journaux parce qu'ils avaient insinué qu'ils
n'y croyaient pas plus qu'à la douce Crevalescière... Et aujour-
d'hui, vous venez, vous-mêmes, nous donner le fatal exemple
d'un sacrilège en prétendant qu'un septennat qui a fait ses cinq
mois est déjà hors de service!... A quoi voulez-vous que nous
ajoutions foi maintenant !... Vous nous avez agenouillés devant
le septennat, nou3 nous sommes agenouillés. Vous nous avez
dit : Adore le septennat ! nous l'avons adoré. Et aujourd'hui,
nous vous voyons lui faire des pieds de nez, lui fourrer des
cornets de papier dans le collet de sa redingote et lui noircir le
bout du nez avec un bouchon brûlé !... Nous devons être com-
plètement déroutés.

Voyons, voyons... messieurs et vénérés directeurs de nos
faibles consciences, il faut pourtant nous entendre une bonne
fois.

Le seplennat, au bout du compte, nous l'aimons bien, c'est
vrai ; mail le fond du sentiment qui nous anime à son endroit
est peut-être plutôt du respect que de l'amour, et si de votre
côté vous en avez déjà assez, on peut causer.

Ce septennat, ce septennat béni, ce septennaat chéri, ce sep-
tennat sauveur... tout ce que vous voudrez !... ce n'est pas
nous, vous en conviendrez, qui nous sommes mis à vos pieds
pour l'obtenir.

Vous l'avez fait, nous l'avons accepté, pris au sérieux, res-
pecté... Si vous n'en voulez pius, dites-le... on verra...

* *

Mais vous ne pouvez pourtant pas avoir la prétention de con-
tinuer à nous imposer à nous seuls, le respect d'une chose qui
vous fait rire comme des bossus.

Le septennat ne peut pas être de sept ans pour les républi-
cains, et du temps que vous voudrez pour les royalistes.

Sans cela la partie ne serait pas égale.

Et ce qui continuerait à être pour nous un vrai septennat,
un septennat d'une longueur fixe, ne deviendrait plus pour
vous qu'un soufflet d'accordéon — ou une coulisse de trom-
bonne.

LÉON BIENVENU.

LE SEPTEN N AT

l existe un proverbe d'une assez
haute portée philosophique et ainsi
conçu :

« Ne dites ni jamais, ni toujoicrs. »
mil—. Les événements politiques vont nô-
-r^^^^^v, 1H cessiter un remaniement de cet
. axiome.

Et l'expérience nous prouve qu'il ne faut dire : ni jamais, ni
toujours, ni sept ans.

Car il est bien évident, d'après MM. Cazenove de Pradines
et Dahirel, que si en amour et en bien d'autres choses "jamais
et toujours » signifient quelquefois trois mois, « sept ans », en
politique, veut dire souvent pour .certaines gens : trois se-
maines :

' * *

Pour nous qui avions fait dans notre cœur une place très-
confortable au septennat, non par amour, mais par respect de
la légalité, nous avouons que c'est une grande désillusion de le
voir traiter avec autant de sans-façon parles gens mêmes qui,
il y a quatre mois à peine, nous menaçaient de la Nouvelle-
Calédonieau premier mot irrévérencieux que nous laisserions
échapper à l'égard du sacré septennat, qu'i-s avaient fait bénir
par le cierge comme les presses du Figaro.

La conduite des légitimistes est certainement de nature à
jeter le trouble dans les consciences les mieux cousues.
Un jour, ils nous disent :

— Tas de gredins !... vous voyez bien co septennat, n'est-ce
pas'?... Éh-bien ! prenez note que dès aujourd'hui nous lui
donnons force de dogme. Vous aurez soin d.: lui retirer votre
chapeau chaque fois que vous passerez devant. Le premier de
vous qui a l'air de rire du septennat et de lui tirer la langue,
nous lui donnons un met de recommandation pour les con-
seils de guerre qui sont en train d'éplucher les derniers dossiers
de la Commune !...

* *

Là-dessus, bien entendu, nous entourons le septennat d'une
masse d'égards; chaque fois que nous le rencontrons dans la
rue, nous nous aplatissons tout du long dans le ruisseau, nous
disons du bien de lui à .tous nos amis; nous répondons aux
gens qui nous souhaitent une entorse à notre belle-mère : que
septennat vous entende!... En quittant nos amis, nous leur
disons: A septennat!... Q>;and nous sortons d'étendre un
drame de Montépin,nous nous écrions en bâillant : C'est fini...
septennat, merci !... Enfin, le septennat devient pour nous
l'expreôsion la plus sainte et la plus sacrée de tout ce qui existe
au monde de plus respectable.

Quand tout à coup, ces mêmes apôtf< s qui nous ont imposé
l'adoration du septennat et sont pour ai; si dire parvenus à nous
le faire prendre en amour, s'écrient un beau matin :

— Le septennat!... qu'est-ce que c'est que cette nouvelle ba-
lançoire-là?... Voulez-vous cacher ça bien vite... C'est une divi-
nité en zinc peint, c'est uïie foi en caoutchouc, c'est un principe
en colle de pâte durcie. Il n'y a pas de septennat ; il n'y a que
l'intriguennat à durée indéfinie et qui ne doit être respecté par
vous et par nous que le temps nécessaire à la préparation de nos
plans,

On comprend sans peine dans quel désarroi doit se trouver
le troupeau dont les bergers se livrent à de telles cascades.

— Quoi !... insinuent timidement quelques raisonneurs, vous
nous -avez donné le septennat comme une vertu de premier
ordre ayant été oubliée dans le nombre des vertus théolo-
gales !... Vous nous aviez menacé des peines éternelles si nous
étions iucrédules, et... vous avez même suspendu et supprimé

LES DIMANCHES DE M. VEUILLOT

I

devoirs pieux ?

e dimanche, M. Veuillot se lève de bonne
heure. Il s'habille prestement, sort, hume
le vent et se met en route avec un petit li-
vre sous le bras. — Un livre de messe ? —
Non. — Alors il ne prend pas le chemin de
l'église ? — Non. — Est-ce qu'il néglige ses
Non, c'est un pieux devoir au contraire qui

l'appelle autre part.

Il va devant lui, le nez en l'air, inspectant la chaussée, ins
pectant les maisons ; par instants s'arrête et son sourcil se
fronce ; tire un crayon, jette une note, reprend sa route, toise
les façades de haut en bas, allonge l'oreille, et de temps à autre
pour s'orienter, recourt à son livre qui est un gros carnet.

Écoutons-le se causer à lui-même :

M. Veuillot, cherchant. — Rue Cadet... On m'avait pour-
tant bien signalé une maison en construction dans es quartier
réprouvé. Il ferait beau voir qu'on y gâchât aujourd'hui!...
Ah! c'est que le gouvernement commence à comprendre dé quel
poids la profanation du septième jour pèse dans la balance des
peuples. L'accueil fait par lui à mes réflexions sur les égoutiers
qui visitent leurs égouts le dimanche... Doux augure pour l'a-
venir ! (Un omnibus le frôle) S'il rie devrait pas être aussi défendu
à ces voitures-là de fonctionne; !.. (À l'omnibus qui s'éloigne) Va,
va, ma petite, ton tour viendra. {Il consulte son carnet, puis,
hélant une voilure :) Hé ! cocher ! (Le cocher fait signe qu'il y a du
monde) L'animal!... Ah! en voilà un dont la voiture est vide;
ce n'est pas malheureux. Vous allez me conduire rue do Cha-
ronne, 137, devant une maison qu'on repeint. (Avisant, au mo-
ment de monter, un concierge très-occupé devant une fenêtre). Qu'est- \
ce que vous faites, vous ?

Le concierge. — Je débouche mon plomb.

— Laissez-moi ça.

— As-tu fini ! .

— 11 fallait le déboucher hier.

— Imbécile ! puisqu'il n'est bouché que de ce il
Le cocher. — Monsieur ne monte pas ?
Veuillot. — Si. (Au concierge) Ah! si j'avais îc temps...

Mais tu ne perdras rien pour attendre (Il note sur son carnet).
Voilà pourtant les horribles fruits de la libre pensée ! Que fait-
ello des gens du peuple? Des raisonneurs!

M. Veuillot (descendant de voiture). — Pas de maison qu'on
repeint. On m'a mis dedans.
Le cocher. — Monsieur s'arrête ici ?

— Oui (Regardant la voiture). N'est-il pas indigne que ces co-
chers travaillent le dimanche ! Je ne fais pas de réflexion à
celui-ci. Je connais sa chanson d'avance. Père de famille, il
faut bien vivre, nourrir les siens... Hélas! Il vaut peut-être
mieux bien dîner et attirer des catastrophes sur sa patrie.
(Pendant que le cocher lui rend sa monnaie il dévisse l'essieu). Là
maintenant je suis plus tranquille : il n'ira pas loin (A wh
commissionnaire gui passe :) Que portez-vous-là ? N'essayez pas
de dissimuler.

Le commissionnaire. — Ce que je porte ? ça se voit. C'est
une malle.

— Mettez-la sous cette porte. Tout de suite, entendez-vous?

— Tiens! Pourquoi donc?

— Parce que c'est dimanche. Vous ne savez donc pas, homme
rustique, que c'est eu profanant ainsi ce saint jour que vous
avez attiré sur la France...

— Voulez-vous me faire le plaisir de me lâcher?

— Non ! "Vous n'irez pas plus loin.

— Et mon bourgeois qui m'attend au chemin de fer...

— Ça m'est égal ; je ne laisserai pas profaner...

— Il est fou ! Voulez-vous lâcher ?...

— Non.

— Lâtshez, ou je cogne !

— C'est bon, va, va, âme perdue! Satan t'habite. Et on s'é-
tonnera que les malheurs fondent sur notre malheureux pays !
(Après réflexion) J'aurais dû la laisser cogner. Il est beau de
souffrir pour sa foi. Oh! la palme du martyre!... Bah! ça se
retrouvera!

Devant une construction : Pas d'ouvriers en vue par ici (Il fait
le tour). Pas là non plus. Ah ! ça soulage ! Pourvu qu'il ne s'en
cache pas à l'intérieur. On dirait un bruit singulier derrière
les planches... il y a quelqu'un. Comment m'assurer... Ah!...
cette échelle, c'est la Providence qui l'a placée là. (Il monte à
l'échelle et plonge de l'autre côté de la clôture.) En effet, il y a là un
homme. Hé! monsieur! monsieur!... H ne m'entend pas.
Tieus ! il tire un journal. L'Univers ! C'est un de mes lecteurs.
Par quel hasard?... Ah! diable ! ce n'est pas pour lire qu'il a
choisi cet endroit écarté. (Il se recule. — Au monsieur qui vient
de l'apercevoir:) Oh! pardtffl, monsieur, pardon! (17 redescend pré-
cipitamment).

*

* *

Avisant un balayeur. — Qu'est-ce que vous faites là ?
Le balayeur. — Je balaie.

— Aujourd'hui... c'est dégoûtant !

— C'est justement à cause de ça que je balaie. La poussière
est si épaisse.

— Vous ne m'entendez pas. C'est dégoûtant de travailler le
dimanche.

— Ah ! oui, on aimerait mieux se promener.

— A la bonne heure ! voilà une âme qui n'est pas encore
tout à fait gangrenée.

— Mais la consigne.

— Cette consigne est anti-sociale. Je la ferai cesser (notant
sur son carnet) « Il est étonnant que sous le vain prétexte qu'il
y a de la poussière dans les rues, la ville exige de ses ba-
layeurs... » (\oyant passer une voiture d'arrosage) Et ces voitures
là encore, si ce n'est pas une honle ! (Pris d'une inspiration
subite il va fermer le robinet sans être vu du conducteur qui conti-
nue sa course à sec. Avec satisfaction.) Je rends son travail inutile.
C'est toujours ça... en attendant !

Se penchant tout à coup vers une bouche d'égout : Il me semble
que j'ai entendu du bruit (A un passant). N'est-ce pas, on vient
de parler là dedans? (Lepassant esquisse un geste dubitatif). Si, j'ai
parfaitement entendu. Ce sont des égoutiers qui travaillent. Où
est l'entrée (Il cherche). Ah ! la dalle en fer est close. Ils croient
m'échapper en dissimulant (Allant à la bouche). Ouvrez, au nom
de la loi ! Ils ne me répondent pas... Je saurai les rejoindre.
Un serrurier, où y a-t-il un serrurier ! Ah ! en voilà un. Sa
boutique est fermée. Comprend-on ça, des boutiques fer-
mées... au fait si, un dimanche... mais fermées quand j'ai juste-
ment besoin!... Ah! je ferai bien ouvrir (Il tambourine sur les
volets).

Le serrurier (ouvrant). Qu'est ceque vous voulez ?
M. Veuillot. Prenez-moi vos outils et venez.

— Turlututu !

— Vous ne savez pas de quoi il s'agit. C'tst dans l'intérêt de
la société...

— Je ne travaille pas le dimanche (il ferme sa porte).
M. Veuillot rêveur. Une travaille pas le dimanche, il a

raison. Mais comment se fait-il qu'ayant besoin de lui, je
trouve qu'il a tort. Ah 1 je suis placé dans une terrible alter-
native. Si je laisse le serrurier à son repos, les égoutiers conti-
nuent de travailler. Pour empêcher les égoutiers de travailler,
il faut que j'oblige le serrurier à Iravailler. Comment sortir de
là (Il se prend le front). Oh ! ma tê!e, ma tête ! Quelle tempête
sous un crâne.

*

* *

Pendant que M. Veuillot se tient la tête, la nuit est venue.
Epuisé par la fatigue, il n'en continue pas moins sa course dé-
sespérée à travers Paris.

Tout à coup, dans l'ombre, d'épaisses silhouettes de voitures
s'estompent devant lui; une sorte de boa fantastique déroule
sur le pavé ses longs anneaux. Il tend le nez, et l'air lui arrive
chargé de parfums étranges; il tend l'oreille, et le flic-flac régu-
lier d'un» pompe arrive distinctement à lui.

S'élancer, saisir les travailleurs par le bras, les conjurer de;
nepasajoutèr par un travail impie aux malheurs de la France,
c'est pour le rédacteur en chef de YUnivers l'affaire d'un ins-
tant.

R poussé avec perte, il s'acharne après les nocturnes ouvriers.
Las de conjurer, il f rudroie. — Ames de peu de foi ! inse .sés !
malheureux !

Et décidé co te fois à mourir par l'asphyxie plutôt que de
céder, il s'approche sans trembler du redoutable boa.

— Dans deux heures, dit-il, en tirant sa montre, il sera de-
tmain. Libre à vous d'opérer alors. Jusque là je m'y opposerai
tant que le souffle me restera.

E', exalté, superbe, pareil à St-Michel terrassant le dragon,
il appuie sur le serpent un pied vainqueur, tandis que sa main
étendue montre l'heure aux assistants stupéfaits;..
Tableau !

PAUL PARFAIT.

DU 5 AVRIL

ujourd'huI, 5 avril, la matinée
étant délicieuse, je regarde verdir à
vue d'œil les hauts marronniers qui
bornent moa horizon. De leurs gros
bourgeons, oblongs et vernissés comme
les poulies goudronnées des vaisseaux
hol andais, s'échappent, frêles et ten-
dres, des feuilles marquées de plis,
ainsi que le sont les étoffes gaies et
légères qu'on tire de la commode après l'hiver.
Je regarde verdir mes beaux marronniers, j'écouteles oiseaux
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