NOUVELLES
PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ
VWMVWVA
Histoire tintamarres^ue de ^Napoléon
III, par Touchatout. — Illustrée d'un nombre
considérable de gravures noires et coloriées. Très-
beau et très-fort volume grand in-8°.
Histoire de France tintamarres<r«e,
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par
Touchatout. — Illustrée de gravures noires et colo-
riées, par Gill, Lafosse, etc. Très-beau et très-fort
volume grand in-8°.
Album de la îUixne et de l'Eclipsé, conte-
nant cent dessins de Gill. — Beau volume in-4° à
gravures coloriées.
CONDITIONS : Toute personne qui s'abonnera à VÉclipse,
pourra retirer dans les bureaux de ce journal l'une
des trois* primes ci-dessus annoncées, moyennant
trois francs.
Pour les départements, en raison des frais de port, le
prix de chaque prime est de six francs.
AVIS TRÈS-IMPORTANT
~ L'administration do YÉclipse n'est en mesure de fournir que
ces dernières primes. Il est de toute impossibilité de faire droit
„ux demandes qui parviendraient pour des primes précé-
demment annoncées. Elles sont toutes épuisées.
J'AI REÇU VOTRE HONOREE DU.
petit courrier
Monsieur Voisin, à Pontoise.
-jr; ou s me dites avoir lu, dans votre jour-
''"0% nal, monsieur, que certains agents de
^# police qui ont conservé de trop vives
9 sympathies bonapartistes, vont être re-
tirés do leur emploi et reversés dans
des régiments de l'armée française.
Et vous me faites l'honneur de me
demander ce que je pense de cette me-
sure que vous n'hésitez pas à qualifier
d'intelligente et de salutaire.
Je ne saurais vraiment, monsieur, que vous répondre à ce
sujet.
Il m'est bien arrivé quelquefois — ainsi qu'à vous, peut-être
— d'ôter des puces sur le dos de mon chien pour lui rendre le
calme et la tranquillité, mais jamais l'idée ne m'est venue —
pas plus qu'à vous, je le crois — de semer ces mêmes puces sur
le dos de mon chat afin qu'elles y vivent et s'y propagent en
paix.
Je ne suis donc pas compétent pour apprécier l'utilité d'une
mesure qui aurait pour effet — si vraiment on la prenait —
d'enlever cinquante bonapartistes de la brigade de sûreté et de
les envoyer « faire leurs œufs » dans plusieurs régiments.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. de Broglie peut
bien entendre par un « soldat légal. » C'est le mot à la mode et
je ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quelque chose.
Veuillez agréer, monsieur, etc., etc..
* *
Monsieur D.Arbinet, à Auxcrrc.
Vous paraissez surpris et quelque peu scandalisai que des dé-
putés demandent le scrutin secret sur certains voles, notam-
ment sur celui de la dissolution.
Il vous semble impossible d'admetfre qu'un scrutin secret
^puisse donner un résultat différent d'un scrutin public. At-
tendu, me dites-vour, que l'on ne doit pas trouver un représen-
tant du peuple capable de dire oui quand il sait qu'oa l'en-
tend, et non s'il a la certitude que personne ne îe saura.
Cette manière de voir, que je partage d'ailleurs, fait le plus
bel éloge de la droiture de votre caractère.
Cependant, permettez-moi de vous rappeler une historiette
bien connue :
Dans un village, il était do règle, à l'époque de la vendange,
que chaque vigneron vint vider un pot-de-vin nouveau dans
la cuve du curé.
Un paysan se dit :
— Je vais mettre un pot d'eau; sur la quantité cela ne s'aper-
cevra pas.
Seulement, tous les autres ayant eu la même idéo, la cuve
du curé fut remplie d'eau claire.
Cette anecdote va peu'-être jeter le trouble dans votre âme et
vous déboulonner une illusion. J'en suis au désespoir ; mais
c'est tout ce que je puis Mre pour vous.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc devons expliquer ce que M. de Broglie a bien
pu entendre par « un soldat Ugàl.» C'est le mot à la mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quelque chose.
Recevez, monsieur, etc.
*
* *
Monsieur Bourgas, à Iiiom.
Mais, non, sapristi, non !... monsieur !... ce n'est pas le mo-
ment. Ne vendez pas vos huit cent VirfgX actions des Salions du
Vigo.
On dit que sous peu de jours doit se produire une hausse de
cinq francs par cent kilogs sur les vieux papiers.
Attendez au moins cotte heureuse aubaine.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. de Broglie a bien
pu entendre par un « soldat légal.» C'est le mot à la mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il sigoifie quelque chose.
J'ai l'honneur, monsieur, etc..
*
* *
Monucur Godivart, à Melun.
Pour être d'un département voisin de Pari?, vous me parais-
sez, monsieur, bien arriéré.
Comment! vous en êtes encore âne pas saisir l'u'ilité des deux
Chambres dont on veut doter notre prochaine constitution !...
Et vous me demandez :
— Pourquoi faire deux Chambres ?...
Mais, mon brave homme, vous n'avez donc jamais entendu
parler de la pondération des pouvoirs... la fameuse pondération
des pouvoirs?... Comment vivez-vous donc?...
Enfin, vous avez l'air si honnête.... je vais vous expliquer
la chose.
Etant donné le principe du suffrage universel, auxquels les
gouvernements ne peuvent plus toucher maintenant, du moins
d'une façon par trop apparente, vous prenez une Assemblée de
grands hommes choisis par le pays.
Suivez-moi bien.
Vous donnez à cette Assemblée le droit de faire 1> s lois. De
cette façon le peuple n'a rien à dire : il est représenté.
Maintenant vous prenez une "autre Assemblée nommée par le
gouvernement.
Vous suivez bien, n'est-ce pas?
Vous donnez bien à la première Assemblée, nommée par le
pays, le droit d'obéir a la seconde Assemblée, nommée par le
pouvoir, et à la seconde Assemblée, celui de commander à la
première.
C'est la pondération des pouvoirs.
Eh bien !.... quand vous regarderez, avec votre air ahuri...
je vous dis que c'est là la pondération des pouvoirs.
Informez-vous où vous voudrez, et vous verrez si je vous
mens.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. de Broglie a bien
pu entendre par « un soldat légal. » C'est le mot à a mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quel ue chose.
Recevez, monsieur, etc..
*
* *
Monsieur Turner, d Fécamp.
Mes sincères compliments, monsieur, vous êtes un statisticien
doublé d'un observateur; et je vous remercie beaucoup d'avoir
prmsô à faire profiter l'Êclipse du résultat de vos nobles travaux.
Ils me semblent du plus haut intérêt.
Vous me dites que, pour vous amuser, vous vous oies livré
au dépouillement aride de tous les journaux de l'ordre moral,
depuis le mois de décembre dernier, pour voir quelle marche
avaient suivie, dans leurs colonnes, les qualificatifs louangeurs
adressés par eux à M. de Broglie.'
Je copie le petit tableau que vous m'envoyez.
L'ex-ministre a été appelé : '
éloquent orateur défenseur dé l'ordre moral
décembre 1873
— 38,756 fois
27,437 fois
janvier 1
874
— 19,87b »
22,816 »
février
»
— 11,476 »
16,715 »
mars
»
— 6,429 »
10,000 »
avril
»
— 2/to7 »
4,337 »
mai
»
— 238 »
1,876 »
juin
>>
— 25 »
127 »
juillet
))
— 0 »
I »
Cette marche descendante, monsieur, est des plus intéres-
santes.
Vous n'en tirez aucune déduction ; c'est votre droit de
savant ; mais je crois que le public fera à ce propos des ré-
flexions piquantes.
SI vous avez d'autres travaux en ce genre, envoyez-les : nous
les publierons avec plaisir.
. Quelques chiffres bien groupés ont parfois de terribles élo-
quences.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. 3e Broglie a bien
pu entendre par «un soldat légal. » C'est le mot à la mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quelque chose.
Recevez, monsieur, etc.
LÉON BIENVENU.
L'ESPAGNE EN 1880
n se battait toujours en Espagne.
Un peu mollement à vrai dire. Il
semblait qu'on fût à bout de forces.
De temps en temps un coup de feu
éylatait derrière un rocher ou des pro-
fondeurs d'un fourré. Les carlistes y
répondaient par un autre coup de feu,
mais sans trop s'aventurer à poursui-
vre.le délinquant., attendu qu'ils n'é-
taient plus que dix.
Ah ! la mort avait quelque peu fauché dans leurs rangs, ce
qui, du reste, n'élait guère gentil de sa part, Dorregarray ayant
tout fait pour elle.
Enfin, l'illustre soutien du trône et de l'autel se consolait en
pensant qu'il en avait fait voir de dures à ses adversaires.
Après avoir fusillé modestement d'abord le tiers, puis les
deux tiers, puis la totalité des prisonniers qu'il détenait, il
avait trouvé ingénieux de déclarer aux nations civilisées que
par chaque prisonnier qu on lui détiendrait à lui, il ferait
étrangler vingt-cinq habitants choisis parmi les notables de la
localité la plus proche;
Puis, comme les troupes régulières se permettaient quelque-
fois de blesser ses hommes, il avait déclaré — toujours aux
nations civilisées que pw chaque blessure dont un carliste
serait atteint, il n'en coûterait pas moins de cinquante nota-
bles. Lochiff e pourrait même s'élever jusqu'à soixante-quinze,
suivant le genre et la malignité de la blessure.
Puis il avait fait connaître—aux nations civilisées, bien enten-
du, comme toujours — la quantité de notables qu'il en coûte-
rait à chaque fois qu'un soldat républicain regarderait do
travers un carliste.
Enfin, comme les notables commençaient à manquer, il avait
publié — à l'usage des nations civilisées — un tarif des équi-
valents : soit, pour un notable, 6 charcutiers, ou 8 treillageurs,
ou 11 plombiers, ou 27 photographes.
Quand les photographes ou les charcutiers se permettaient
de se récrier :
— Mais ce n'est pas nous qui avons regardé vos soldats do
travers.
— Si c'eût été vous, répliquait Dorregaray, jugez un peu !
Et l'on se battait toujours, mais un peu mollement, je l'ai
dit.
Comme dans le vi.lage où les dix derniers carlistes étaient
retranchés il n'y avait plus personne, ni notables, ni non nota-
bles, pour leur offrir quoi que ce soit, ils jugèrent bientôt à
propos de pousser plus loin.
Dans la première ville où ils entrèrent, il n'y avait plus âme
qui vive, mais Dorregaray ne s'en étonna pas outre mesure
parce que c'était une ville où la photographie avait beaucoup
donné.
— Les habitants se sont tous repliés sur Madrid, insinua
don Carlos.
— Probablement, dit Dorregaray.
Et ils poursuivirent leur chemin.
Dans tous les villages qu'ils traversaient il n'y avait plus un
chat.
— C'est le système du vide devant l'eunemi, observait Dorre-
garay.
Et don Carlos ne pouvait s'empêcher d'ajouter avec or-
gueil :
— Faut-il que nous leur fassions peur tout de même ! Pas
une armée pour nous barrer le passage ! Et nous ne sommes
que dix !
En chemin on perdit un homme — de la colique.
— Fichtre ! s'exclama fon Carlos inquiet.
— Soyez tranquille, sire, lui dit Dorregaray, les cent pre-
miers espagnols qui me tomberont sous la main paieront la
mort de celui-là.
Cependant les sept carlis'es qui suivaient ne pouvaient so
défendre de certaine crainte.
— A Madrid nous allons trouver des forces considérables.
0 sùrpriso ! aux abords de la ville, personne; aux portes,
personne; dans les rues, personne!
Don Carlos royonnant s'écria :
• — Merci, Dieu des armées, tu as mis mes ennemis en fuite.
Et maintenant au Palais-Royal 1
Et pendant que les siens cognaient aux fenêtres et aux portes
pour en faire sortir les bourgeois :
C'est moi, mes amis, criait l'homme providentiel, c'est moi,
don Carlos, votre bon maître, celui qui ne rêve que votre
bonheur.
Mais aucune porte ne s'ouvrait, aucune voix ne se faisait
entendre.
— Dorregaray, reprit le doux sire, assure-leur donc que
c'est bien moi ; ils n'osent pas se montrer.
Alors un homme qui tournait le coin de la rue leur de-
manda :
— Qu'est-ce que vous cherchez ? Des Espagnols? Il n'y en a
plus".
— Comment 1 plus d'Espagnols, f t don Carlos étonné.
— Non, plus du tout. Ils sont tous morts.
— Pardon, fit Dorregaray, il en reste un puisque vous
voilà.
Et à ses hommes.
— Flanquez-moi cet individu contre la muraille, et logez-lui
vos sept balles dans la tète.
Puis quand l'nomme fut tombé, se tournant vers don Carlos.
— Maintenant, sire, vous pouvez,régner tranquille. Vous n'a-
vez plus d'ennemis.
Mais don Carlos restait rêveur.
— Réjouissez-vous, donc, sire.
— Je ne peux pas.
— Pourquoi ça ?
Et don Carlos, après un silence, soupira tristement :
— Je pense à la liste civile.
PAUL PARFAIT.
RÉFLEXIONS D'UN LUNATIQUE
Le parti bonapartiste se remue.
Contrairement aux lois physiques, le mouvement que ce parti
exécute prouve qu'il est bien mort.
Les candidats au fauteuil académique de Jules Janin ne sont
pas encore connus.
Est-ce bien nécessaire d'être connu pour faire partie de l'aca-
démie ?
Les vrais amants de la liberté ne sont jaloux que d'une
chose : c'est de voir leur maîtresse se donner à tout le monde.
L'Espagne a bien de la peine à se civiliser.
Quand on est maure c'est pour longtemps.
PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ
VWMVWVA
Histoire tintamarres^ue de ^Napoléon
III, par Touchatout. — Illustrée d'un nombre
considérable de gravures noires et coloriées. Très-
beau et très-fort volume grand in-8°.
Histoire de France tintamarres<r«e,
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par
Touchatout. — Illustrée de gravures noires et colo-
riées, par Gill, Lafosse, etc. Très-beau et très-fort
volume grand in-8°.
Album de la îUixne et de l'Eclipsé, conte-
nant cent dessins de Gill. — Beau volume in-4° à
gravures coloriées.
CONDITIONS : Toute personne qui s'abonnera à VÉclipse,
pourra retirer dans les bureaux de ce journal l'une
des trois* primes ci-dessus annoncées, moyennant
trois francs.
Pour les départements, en raison des frais de port, le
prix de chaque prime est de six francs.
AVIS TRÈS-IMPORTANT
~ L'administration do YÉclipse n'est en mesure de fournir que
ces dernières primes. Il est de toute impossibilité de faire droit
„ux demandes qui parviendraient pour des primes précé-
demment annoncées. Elles sont toutes épuisées.
J'AI REÇU VOTRE HONOREE DU.
petit courrier
Monsieur Voisin, à Pontoise.
-jr; ou s me dites avoir lu, dans votre jour-
''"0% nal, monsieur, que certains agents de
^# police qui ont conservé de trop vives
9 sympathies bonapartistes, vont être re-
tirés do leur emploi et reversés dans
des régiments de l'armée française.
Et vous me faites l'honneur de me
demander ce que je pense de cette me-
sure que vous n'hésitez pas à qualifier
d'intelligente et de salutaire.
Je ne saurais vraiment, monsieur, que vous répondre à ce
sujet.
Il m'est bien arrivé quelquefois — ainsi qu'à vous, peut-être
— d'ôter des puces sur le dos de mon chien pour lui rendre le
calme et la tranquillité, mais jamais l'idée ne m'est venue —
pas plus qu'à vous, je le crois — de semer ces mêmes puces sur
le dos de mon chat afin qu'elles y vivent et s'y propagent en
paix.
Je ne suis donc pas compétent pour apprécier l'utilité d'une
mesure qui aurait pour effet — si vraiment on la prenait —
d'enlever cinquante bonapartistes de la brigade de sûreté et de
les envoyer « faire leurs œufs » dans plusieurs régiments.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. de Broglie peut
bien entendre par un « soldat légal. » C'est le mot à la mode et
je ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quelque chose.
Veuillez agréer, monsieur, etc., etc..
* *
Monsieur D.Arbinet, à Auxcrrc.
Vous paraissez surpris et quelque peu scandalisai que des dé-
putés demandent le scrutin secret sur certains voles, notam-
ment sur celui de la dissolution.
Il vous semble impossible d'admetfre qu'un scrutin secret
^puisse donner un résultat différent d'un scrutin public. At-
tendu, me dites-vour, que l'on ne doit pas trouver un représen-
tant du peuple capable de dire oui quand il sait qu'oa l'en-
tend, et non s'il a la certitude que personne ne îe saura.
Cette manière de voir, que je partage d'ailleurs, fait le plus
bel éloge de la droiture de votre caractère.
Cependant, permettez-moi de vous rappeler une historiette
bien connue :
Dans un village, il était do règle, à l'époque de la vendange,
que chaque vigneron vint vider un pot-de-vin nouveau dans
la cuve du curé.
Un paysan se dit :
— Je vais mettre un pot d'eau; sur la quantité cela ne s'aper-
cevra pas.
Seulement, tous les autres ayant eu la même idéo, la cuve
du curé fut remplie d'eau claire.
Cette anecdote va peu'-être jeter le trouble dans votre âme et
vous déboulonner une illusion. J'en suis au désespoir ; mais
c'est tout ce que je puis Mre pour vous.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc devons expliquer ce que M. de Broglie a bien
pu entendre par « un soldat Ugàl.» C'est le mot à la mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quelque chose.
Recevez, monsieur, etc.
*
* *
Monsieur Bourgas, à Iiiom.
Mais, non, sapristi, non !... monsieur !... ce n'est pas le mo-
ment. Ne vendez pas vos huit cent VirfgX actions des Salions du
Vigo.
On dit que sous peu de jours doit se produire une hausse de
cinq francs par cent kilogs sur les vieux papiers.
Attendez au moins cotte heureuse aubaine.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. de Broglie a bien
pu entendre par un « soldat légal.» C'est le mot à la mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il sigoifie quelque chose.
J'ai l'honneur, monsieur, etc..
*
* *
Monucur Godivart, à Melun.
Pour être d'un département voisin de Pari?, vous me parais-
sez, monsieur, bien arriéré.
Comment! vous en êtes encore âne pas saisir l'u'ilité des deux
Chambres dont on veut doter notre prochaine constitution !...
Et vous me demandez :
— Pourquoi faire deux Chambres ?...
Mais, mon brave homme, vous n'avez donc jamais entendu
parler de la pondération des pouvoirs... la fameuse pondération
des pouvoirs?... Comment vivez-vous donc?...
Enfin, vous avez l'air si honnête.... je vais vous expliquer
la chose.
Etant donné le principe du suffrage universel, auxquels les
gouvernements ne peuvent plus toucher maintenant, du moins
d'une façon par trop apparente, vous prenez une Assemblée de
grands hommes choisis par le pays.
Suivez-moi bien.
Vous donnez à cette Assemblée le droit de faire 1> s lois. De
cette façon le peuple n'a rien à dire : il est représenté.
Maintenant vous prenez une "autre Assemblée nommée par le
gouvernement.
Vous suivez bien, n'est-ce pas?
Vous donnez bien à la première Assemblée, nommée par le
pays, le droit d'obéir a la seconde Assemblée, nommée par le
pouvoir, et à la seconde Assemblée, celui de commander à la
première.
C'est la pondération des pouvoirs.
Eh bien !.... quand vous regarderez, avec votre air ahuri...
je vous dis que c'est là la pondération des pouvoirs.
Informez-vous où vous voudrez, et vous verrez si je vous
mens.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. de Broglie a bien
pu entendre par « un soldat légal. » C'est le mot à a mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quel ue chose.
Recevez, monsieur, etc..
*
* *
Monsieur Turner, d Fécamp.
Mes sincères compliments, monsieur, vous êtes un statisticien
doublé d'un observateur; et je vous remercie beaucoup d'avoir
prmsô à faire profiter l'Êclipse du résultat de vos nobles travaux.
Ils me semblent du plus haut intérêt.
Vous me dites que, pour vous amuser, vous vous oies livré
au dépouillement aride de tous les journaux de l'ordre moral,
depuis le mois de décembre dernier, pour voir quelle marche
avaient suivie, dans leurs colonnes, les qualificatifs louangeurs
adressés par eux à M. de Broglie.'
Je copie le petit tableau que vous m'envoyez.
L'ex-ministre a été appelé : '
éloquent orateur défenseur dé l'ordre moral
décembre 1873
— 38,756 fois
27,437 fois
janvier 1
874
— 19,87b »
22,816 »
février
»
— 11,476 »
16,715 »
mars
»
— 6,429 »
10,000 »
avril
»
— 2/to7 »
4,337 »
mai
»
— 238 »
1,876 »
juin
>>
— 25 »
127 »
juillet
))
— 0 »
I »
Cette marche descendante, monsieur, est des plus intéres-
santes.
Vous n'en tirez aucune déduction ; c'est votre droit de
savant ; mais je crois que le public fera à ce propos des ré-
flexions piquantes.
SI vous avez d'autres travaux en ce genre, envoyez-les : nous
les publierons avec plaisir.
. Quelques chiffres bien groupés ont parfois de terribles élo-
quences.
A propos, si vous voyez l'instituteur de votre commune, de-
mandez-lui donc de vous expliquer ce que M. 3e Broglie a bien
pu entendre par «un soldat légal. » C'est le mot à la mode, et je
ne serais pas fâché d'apprendre qu'il signifie quelque chose.
Recevez, monsieur, etc.
LÉON BIENVENU.
L'ESPAGNE EN 1880
n se battait toujours en Espagne.
Un peu mollement à vrai dire. Il
semblait qu'on fût à bout de forces.
De temps en temps un coup de feu
éylatait derrière un rocher ou des pro-
fondeurs d'un fourré. Les carlistes y
répondaient par un autre coup de feu,
mais sans trop s'aventurer à poursui-
vre.le délinquant., attendu qu'ils n'é-
taient plus que dix.
Ah ! la mort avait quelque peu fauché dans leurs rangs, ce
qui, du reste, n'élait guère gentil de sa part, Dorregarray ayant
tout fait pour elle.
Enfin, l'illustre soutien du trône et de l'autel se consolait en
pensant qu'il en avait fait voir de dures à ses adversaires.
Après avoir fusillé modestement d'abord le tiers, puis les
deux tiers, puis la totalité des prisonniers qu'il détenait, il
avait trouvé ingénieux de déclarer aux nations civilisées que
par chaque prisonnier qu on lui détiendrait à lui, il ferait
étrangler vingt-cinq habitants choisis parmi les notables de la
localité la plus proche;
Puis, comme les troupes régulières se permettaient quelque-
fois de blesser ses hommes, il avait déclaré — toujours aux
nations civilisées que pw chaque blessure dont un carliste
serait atteint, il n'en coûterait pas moins de cinquante nota-
bles. Lochiff e pourrait même s'élever jusqu'à soixante-quinze,
suivant le genre et la malignité de la blessure.
Puis il avait fait connaître—aux nations civilisées, bien enten-
du, comme toujours — la quantité de notables qu'il en coûte-
rait à chaque fois qu'un soldat républicain regarderait do
travers un carliste.
Enfin, comme les notables commençaient à manquer, il avait
publié — à l'usage des nations civilisées — un tarif des équi-
valents : soit, pour un notable, 6 charcutiers, ou 8 treillageurs,
ou 11 plombiers, ou 27 photographes.
Quand les photographes ou les charcutiers se permettaient
de se récrier :
— Mais ce n'est pas nous qui avons regardé vos soldats do
travers.
— Si c'eût été vous, répliquait Dorregaray, jugez un peu !
Et l'on se battait toujours, mais un peu mollement, je l'ai
dit.
Comme dans le vi.lage où les dix derniers carlistes étaient
retranchés il n'y avait plus personne, ni notables, ni non nota-
bles, pour leur offrir quoi que ce soit, ils jugèrent bientôt à
propos de pousser plus loin.
Dans la première ville où ils entrèrent, il n'y avait plus âme
qui vive, mais Dorregaray ne s'en étonna pas outre mesure
parce que c'était une ville où la photographie avait beaucoup
donné.
— Les habitants se sont tous repliés sur Madrid, insinua
don Carlos.
— Probablement, dit Dorregaray.
Et ils poursuivirent leur chemin.
Dans tous les villages qu'ils traversaient il n'y avait plus un
chat.
— C'est le système du vide devant l'eunemi, observait Dorre-
garay.
Et don Carlos ne pouvait s'empêcher d'ajouter avec or-
gueil :
— Faut-il que nous leur fassions peur tout de même ! Pas
une armée pour nous barrer le passage ! Et nous ne sommes
que dix !
En chemin on perdit un homme — de la colique.
— Fichtre ! s'exclama fon Carlos inquiet.
— Soyez tranquille, sire, lui dit Dorregaray, les cent pre-
miers espagnols qui me tomberont sous la main paieront la
mort de celui-là.
Cependant les sept carlis'es qui suivaient ne pouvaient so
défendre de certaine crainte.
— A Madrid nous allons trouver des forces considérables.
0 sùrpriso ! aux abords de la ville, personne; aux portes,
personne; dans les rues, personne!
Don Carlos royonnant s'écria :
• — Merci, Dieu des armées, tu as mis mes ennemis en fuite.
Et maintenant au Palais-Royal 1
Et pendant que les siens cognaient aux fenêtres et aux portes
pour en faire sortir les bourgeois :
C'est moi, mes amis, criait l'homme providentiel, c'est moi,
don Carlos, votre bon maître, celui qui ne rêve que votre
bonheur.
Mais aucune porte ne s'ouvrait, aucune voix ne se faisait
entendre.
— Dorregaray, reprit le doux sire, assure-leur donc que
c'est bien moi ; ils n'osent pas se montrer.
Alors un homme qui tournait le coin de la rue leur de-
manda :
— Qu'est-ce que vous cherchez ? Des Espagnols? Il n'y en a
plus".
— Comment 1 plus d'Espagnols, f t don Carlos étonné.
— Non, plus du tout. Ils sont tous morts.
— Pardon, fit Dorregaray, il en reste un puisque vous
voilà.
Et à ses hommes.
— Flanquez-moi cet individu contre la muraille, et logez-lui
vos sept balles dans la tète.
Puis quand l'nomme fut tombé, se tournant vers don Carlos.
— Maintenant, sire, vous pouvez,régner tranquille. Vous n'a-
vez plus d'ennemis.
Mais don Carlos restait rêveur.
— Réjouissez-vous, donc, sire.
— Je ne peux pas.
— Pourquoi ça ?
Et don Carlos, après un silence, soupira tristement :
— Je pense à la liste civile.
PAUL PARFAIT.
RÉFLEXIONS D'UN LUNATIQUE
Le parti bonapartiste se remue.
Contrairement aux lois physiques, le mouvement que ce parti
exécute prouve qu'il est bien mort.
Les candidats au fauteuil académique de Jules Janin ne sont
pas encore connus.
Est-ce bien nécessaire d'être connu pour faire partie de l'aca-
démie ?
Les vrais amants de la liberté ne sont jaloux que d'une
chose : c'est de voir leur maîtresse se donner à tout le monde.
L'Espagne a bien de la peine à se civiliser.
Quand on est maure c'est pour longtemps.