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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0191
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AVIS ïMPO RTANT. — TL.es sous-
cripteurs à l'Éclipsé dont ratoonxse-
ment expire le 3 0 iiovemln'O soni
priés de le renouvelez* sans retar-:-,
s'ils ne veulent polrat subli* d'inter-
ruption <%a.nH la réception Au joor-

-♦-

PRIME DE L'ECLIPSE

Album de la tourne ot de l'Eclipsé,

contenant cent dessins de Gii,l. — Beau volume
in-4° à gravures coloriées.

CONDITIONS : Toute personne qui s'abonnera îi
Yticlipse, pourra retirer dans les bureaux de ce
journal la prime ci-dessus annoncée, moyen
nant trois francs.

Pour les départements, en raison des frais de port,
le prix de Ja prime est de six francs.

AVIS TRÈS-IMPORTANT

L'administration do VÉclipse n'est en mesure de fournir
que l'Album. Il est de tonle impossibilité de faire droit aux
demandes qui parviendraient pour des primes précédem-
ment annoncées, telles que Y Histoire de France tintamarresque
et le Napoléon III. Elles sont toutes épuisées.

V

Le quart d'heure de Rabelais approche. Dans cinq jours,
la France va présenter la çarto à l'Assemblée,

Et comme, pondant leurs six mois de vacanoes, les députas
monarchiques n'ont pas réussi à trouver de ajtoi la solder,
ils en sont en ce moment aux expédiants et cherchent le
moyen de ne pas payer — ou tout au moins de payer en
monnaie de singe.

§ÏÉjg\ f^P<^*V. >

Les députés républicains, eux, sont bien pins tranquilles ;
ils attendent avec- calme la pote que va leur tendre la na-
tion, et ils ont déjà la main au gousset pour acquitter L ur
part du pique-nique.

Ils savent que lo total de l'addition que réclame la France
est : République.

Ils ne demandent qu'à régler.

if* ' '* . À ," :':'' ^|

Les monarchistes ne l'entendent pas ainsi. Leur insigne
préoccupation est de gagner du tâmps.

Et ils se préparent, & cet effet, on mâchonnant longue-
ment leur cure-deptg, pendant que le garçon attend, atten-
dant du temps et de je ne saisq iels événements miracu-
leux, le moyan d'en sortir sans bourse délier,

.tW>X^-P^^x "it '""'•-

L'atermoiement leur dfcvioot déplus en plus difficile.

Ils ont déjà épuisé tous les moyeus possibles do reculer ce
fameux quart d'heure : première Commission des Trente —
retards ; — seconda Commission des Trente — vacances —
lanterneries <— prorogations — atermoiements — re-va-
cances, etc., eio.

La série complète-est épuisée, Et pour la huitième fyjs, au
moins, la France est là, debout, piésentant son implacable
addition et attendant, avec une patience!... oh, mais, une
patience!... • i^v>

•ï'-fv ' ' XXX:

Il va don<5 falloir, dans cinq jour», trouver autre chose
que ces futiles prétextes usés comme les ficelles dramatiques
de d'Ennery.

Du reste, il faut leur rendre cette Justice, los ordromora-
liers sont gens tenaces et peu facil s à décourag. r-
Ils se sont déjà mis. en campagne.

Et l'on doit S'attendre à les voir arjiver le 30 novembre à
Versailles, avec un arsenal parfaitement approvisionné de
moyens transitoires, provisoires, dilatoires, échappa-
toires, cio^ cTp.

Déjà — et sans compter le ppo.jef. revaieseièr.i do M. de
Girardin — lequel est une vérit blo «îerveillô /iodww/w
— plus do trois douzaines do systèmes se apiit p.pduiîs
depuis quinze jours pour l'organisation du Septennat.

Tous ces projets excessivement ingénieux, et auxquels il
ne manque que n'être mis en musique par M. Lecouq pour
avoir le succès de la fffle de madame Angot, se distl guent
par une égale répugnance à reconnaître définitivement la
République-.

Maie, comme la droite no croit guère, ai triomphe d'aucun
de ccs.rernastiquages, elle s'est mise e,n quôto u'aitre chose
de plus sérieux.

Cettft,. au tra. c-hose, eVst la conquête d'une douzaine de
centreganoli>fs iud'cls qui, >è uy lâchant d • leur groupe,
assureraient psuL-être encore, pour six bonnes semaines la
victoire du parti de l'ordre moral.

Et six seinajnea de répit!... on sait que c'est énorme.

Surtout pour un condamné à mort.

£J11P 1 xxx

C'est à cette nouvelle combinaison machiavélique quo
nous devons do voir les journaux biun pensants entre-
prendre depuis quelques jours une campagne acharnée pour
soulever, du bout le plus flottant du centre gauche, ces
douze bonnets de coton irrésolus qui tiennent, paraît il,
entre leurs doigts tremblotants, le salut do 1* France.

XXX

Inutile de dire que le truc employé pour les décoller de
leur centre et le-! recoller sur l'autre, est le truc, le fameux
truc de l'effarement,

Il consiste à prendre une grosse voix trô^ell, ayante, à se
mettr,; sur les épaules.une grosse tête d'ogre avec de gran-
des dents féroces, à s'envelopper de la tête aux pieds dans
un grand drap rouge, et de se présenter brusquement de-
vant les douze morfondus qu'il suffit de faire mourir de
frayeur, en leur criant :

— C'est moi qui suis le radicalisme... Et qui n'attends
que le moment où tu mettras ta main dans la mienne, pour
le dévorer comme un simple FQgooji à la brochette!...

" ' ■ VXX . : ■

Alors, quand les douze empaillés, aplatis par cette appa-
rition épouvantable, commencen t à donner des signes d'une
to reur folle, eu se serrant les uns contre les autres.

Une voix douce, mais sévère, qui part en même temps dts
bureaux de rédaction de la Vatrie, du Constitutionnel, et
même du Figaro, s'élève dans l>s airs, et fait entendre aux
douze claque-dents alluvionnés d » centre gauche, ces paro-
les à la fois persuasives et menaçantes :

— Vous voyez, mes frères, où vous co duirait une fatale
complaisance pour les répubicains!.... Vous avez devant
vous l'hydre, h fameuse hydre de l'anarchie qui a déjà dé-
voré vos prédécesseurs, et qui n'attund que la première de
vos concessions pour vous dévorer à votre tour!...

XXX

Et, au moment où les douze cent'.egauchers roulent des
yeux pleins d'angoisse, la voix douce,- mais toujours sévère,
repre .d :

— Vous croyez qu'en prêtant votre appui à la proposition

Casimir Péri r, vous fondriez la République honnête!.....

Erreur profonde!... erreur coupable!... erreur fatale!... Ce
qui vous attend, comme récompensa de votre concours niai -,
ce n'est pas la satisfaction donnée à vos principes honnêtes
et modérés!... Non ! c'est la démagogie, lo meurtre, l'incen-
die, le pillage, l'anarchie, le pétrole!.".."

" - v .'. XXX

Les douze centrigauchers flottants se serrent de plus en
plus étroitement les uns contre les autres... Ils commencent
à devenir idiots de frayeur, pendant que la voix, toujours
douce, mais plus que ja mais sévère, continue :

— Non... pas de piii ; pour vous, si vous faiblissez... Vous
aurez voulu sourire au monstre, et vous irez expier votre
criminelle faiblesse dans le fond de ses entrailles, broyés
par mi mâchoire sanguinolente!..Vous ne voyez donc
pas que ce parti, avec lequel vous êtes sur le point de vous
encanailler, possède une queue, une queue terrible qui lui
bat furieusement les flancs!... et f empêchera de passer par-
tout.

X ' •" - _:■ - XXX, ..:

épilogue

Les douze centregauchers à tout faire, littéral ment morts
de peur à la peinture d'une pareille queue, allaient enfin se
réfugier dans le sein du ceiiU-e droit, lorsqu'une autre voix,
douce aussi, mais gouailleuse, interpella on ces termes le
eroquemitaine ëti baudruche que les ordremoraliers avaient
fait apparaître à leurs yeux : - ^

— Dis donc! hé là-bas!.... le mannequin aux grandes
dénis !... ô!e donc un peu ton masque, que l'on voie ce qu'il
y a do-sous !....

Lï masque tomba, et les douze centregauchers, revenus
de leur effroi, virent apparaître un singulier personnage :

C'était l'ordie moral. H n'avait qu'un corps ; mais sur ce
corps il y avait trois têtes : une à perruque poudrée, une
Bn forme de poire et une à grosses moustaches.

Les la ois tètes s'allongeaient chacune d'un côté différent.

Les ceulrcgàu chers, éclairés enfin, déchiffrèrent le rébus,
et restèrent au centre gauche, comprenant — (il n'était pas
trop lot) — que pour passer quelque part et arriver n'im-
porte où, une queue, au-si désagréab e qu'elle fû.t, ne pou-
vait jamais être un aussi grand obstacle que trois têtes.

LÉON BIENVENU.

LA MATINÉE D'UN PRÉFET

M. lu préfet, dépouillant sa correspondaneç, — Encore
une lettre! C'est la dernière, Si celle-là pouvait contenir
une demande d'abonnement. (U ouvre). Allons, bon ! C'est
une lettre du ministèr. : « Vous ne chauffez guôfe la lec-
ture du Bulletin Français. "

Comment je ne le chauffe, guère ! Voici la seconde circu-
laire que j'i dresse à mes maires»pour leur recommander de
pousser à jt'jtfe muoment. Dix francs par an pour les horti-
culteur, les pianistes, les plombiers, hs sages-femmes, les
épiciers, les riches, les pauvres, lys vieux, les jeunes, le3
gr.s, les grands, les maigres, les eouris, etc.. Comment je ne
la chauffe pas 1 J'ai supprimé les trois journaux les plus
lus du département sous prétexte qu'ils avaient calomnié
l'assemb:ée en la traitant « d'impuissante. » Si tout çi n'a
pas donné un abonné au Bulletin françvs, ce n'est pas ma
faute. {Avec un rire amer}. Je ne la chauffe guère ! Quand je
n'ai plus la tête qu'à ça, {Munirai tout ce qui l'mtuure). quand
je ne sors plus des livres à soucln s, ries listes d'adresses, des
bandes, -des affiches (Saisissant un énorme pinceau), A moins
d'aller maintenant coller les afficniJS moi-même !...

un monsieur, ouvrant la porte, — Ah! je me trompe,
l>ardon.

m. le préfet. — Vous demandez?

le visiteur. — M. le préfet. j9 œe trompe, mille

excusos.

m. le préfet. — Du tout- Donnez vous donc la peine...

(Il remet le pinceau dans le pot o) eolle.)

le visiteur. — Ah! voUSe!es...

m. le préfet. — Oui, monsieur, gi vous voulez me
dire?...

le visiteur. — II s'agit d'une question très grave,
vous allez la comprendre en deux mots. Voici ce dont il
s'agit...

m. le préfet, à lui-même, pendant l'exposé.—Une idée;
si j'obtenais de M. le curé de recommander le journal mi-
nistériel au prône. Il me semble qu'une simple péroraison
comme celle-ci : « Et œaintenant, mes frères, où est le sa-
lut? Les uns croient le trouver dans... etc.. Croyez-moi,
nous ne le trouverons que dans l'abonnement au Bulletin
français. »

le visiteur. — Voîis me suivez bien '?

m. le préfet. — Parfaitement. (A lui-mime) — Oui, le
clergé pourrait, s'il le voulait, m'être d'un grand secours.
On impose tous les jours aux gens qui se confessent tant de
pénitences banales. Si on leur imposait un abonn. ment au
Bulletin français...

le visiteur. — Pardonnez-moi si j'insiste. Je crois
que vous êtes préoccupé.

m. le préfet. — Moi, pas du tout. ( Alui-mêmc). —C'est
comme ceux qui reçoivent l'extrême-oection, il serait si
facile dans ce moment où la tête est un peu... comment di-
rai-je ?... do leur faire signer une demande d'abonne-
ment.

ru vi.-itkur. — Alors, vous saisissez le but de ma
visi;e.

m. le préfet. — Je l'avais deviné en vous voyant en-
trer (allant prendre un livre à souches). Vous brûlez de
compter parmi les abonnés du Bulletin français...

le visiteur, stupéfait. — Non, pas précisément. cJe
dirai même...

m. le préfet. — Si ce n'est pas pour le Bulletin, com-
ment diable venez-vous me déranger à présent.'

le visiteur. — Faites excuse, je repasserai.'Je vois que
le moment...

m. le préfet, seul. — C'est étonnant! Ces gens ne
viennent pas s'abonner et ils me dérangent. (Au garçon de
bureau). Je n'y suis pour personne. (Avisant une dame dans
l'antichambre). Ah! ce que je dis là n'est pas pour vous, belle
dame, ' ' . .n,X.

la dame. — Deux mots en passaut. , Je sais trop com-
bien vous êtes sérieusement occupé. Je veux vous rappeler
seulement que c'est dimanche prochain ma tombola. Vous
m'avez promis un lot.

m. le préfet. — Un lot! (Saisi d'une inspiration). Ah!
le voilà. (Il va au livre à souches). Un abonnement au Bulle-
tin français. (A part). J'en aurai donc placé uhTX

la dame, éclatant de rire. — Un abonnement au Bulletin.
Dites donc, pas de ces mauvaises plaisanteries. Je n'ai placé
de billets que parmi nos amis. S'il s'agissait d'étrangers, je
dirais : « Ma foi, tant pis pour celui sur qui c i. tombera ! »
Mais entre amis, ces farces-là ne se font pas.

m. le préfet, vexé. — Pardon, belle dame...

la dame, riant. — Voyons, vous ne voulez me brouiller
avec personne. Vous me donnerez autre chose. Je ne vous
demande pas cela tout de suite, mais pensez-y. Au revoir.

m. le préfet. — Que le diable l'emporte. Je croyais te-
nir un abonné. (Entendant du bruit dans l'antichambre.)
Qu'est-ce que c'est?

le garçon. — C'est un homme qui réclame un bulletin
que M. le Préfet lui a promis.

m. le préfet, vivement. — Un bulletin ! çu'il entre (A un
paysan qui parait) .- Un Bulli-tin français ?

le paysan. — Hé, j'supposions ben qu'il d'vait êtio en
français. C'est à seule fin de fa!re admettre mon fîeu...

m. le préfet.—Au nombre des abonnés. Très bien.
(H court au livre à mwshrx.;

le pays,an. — Des abonnés, si vous voulez; j'savions
pas si c'est comme ça qu'on nomme ccusse qu'on soigne à
l'hospice.

m. le préfet, tout A son livre à souches. — Pour combien
de temps?

le paysan, — Hé, j'savions pas. L'moins longtemps
possible.

m. le préfet. — Comment! le moins longtemps.'., vous
voulez rire..

le paysan. —Oh! que nos point!

m. le Préfet. — Je l'inscris pour un an.

le pat san, levant les bras au ciel. — Ah! bon Dieu!
Vous croyez qu'il ly faudra tout te temps-là; qué désc-
1 ition !

m. le préfet. — Votre gOJD '

le paysan. — C'est pour mon fieu.

m. le préfet. — Ça ne fait rien (s'vrrctnnt, d lui-même) j
Ah! une idée! très-heureuse, celle-là ! Vous permettez. (Pre-
nant un papier). H faut toujours noter les bonnes idées (Il
écrit) ; « On nous signale dans la localité de nombreux cas
de petite vérole. Il est asseï curieux de remarquer que de
tous les individus iju'ello a frappés jusqu'à présent, aucun
n'était abonné au Bulletin français. Au contraire, des nom-
breux abonnés de ce journal, pas un n'a été atteint. »
.Après s'être relu, avec satisfaction). Hein, voilà un petit fait
divers! (Il le met sous enveloppe). Vite, à l'Abeille commerciale
et littéraire. Je tâcherai de ie faire reproduire dans le Phare
de Fouilly-la Galette. Si avec ça, les abonnés n'affluent pas !...
(Au paysan.) Je suis à vous. Votre nom? votre adresse? (Le
paysan les donne.) Merci... c'est dix francs.

le paysan, à part. — Hein! dix francs? Paraît que
faut éclairer "(il met l'argent sur la table; puis, prenant la quit-
tance). Alors, avec ça, mou fieu est casé.

M. le préfet. — Casé?

le patsax. — C'est qu'4 l'hospice ils m'aviont dit
comme ça qu'y yavait pus de numéros.

m. le préfet. — En voilà une idée de faire courir ce
bruit! Des numéros, mais il n'en manque jamais !

le paysan. — Alors, mon fieu aura le sien ?

m. le préfet. — H en aura un tous les jours.

le paysan, sortant hébété. — Tous les jours?

m. lh préfet, seul. — Enfin, j'ai donc*fait un,abonne-
ment. Un homme est venu ici, de lui-même, solliciter.,.
(./<>!/,><«>]. Un abonné! Ah! je n'ai pas perdu ma matinée.
(J< écoute s'éloigner son interlocuteur.)

le paysan, dans l'antichambre, présentant la quittance au
garçon, — C est y ben ça le bulletin pour faire entrer mon
fils à l'hospice ?

m. lh préfet, consterné. — Fatalité! il venait pour
autre chose.

le paysan, au garçon. — Qu'est-ce que gna dessusl
m. le préfet. — Et il ne sait pas lirel

PAUL PARFAIT;
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