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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 7.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6767#0207
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■L*&.„ LI PS E

AVIS IMPOi'iTANT. — LrfSÉ sous-
crlpieurs à l'iSolips© dont l'abonue-
xzi&xkt ©xpis"© le 3 0 décembre sont
priés tï© le reaowveler s&as retard,
s'ils ne vealesat point suTblr d'Iiiter-
rnption dans la réception du fôur-
xial.

-.-—-—

JÉùTJrZJBu MIST JE gjj
NOUVELLE

PRIME DE L'ÉCLIPSÉ

LE MUSÉE UNIVERSEL, splendide volume
de 800 pages, illlustré d'un très-grand nombre de belles gra-
vures sur bois. Texte des meilleurs écrivains, dessins des
plus célèbres artistes.

Reliure de luxe, tranches dorées.

CONDITIONS : Toute personne déjà abonnée à l'Écfipse ou
qui s'y abonnera pourra retirer dans les bureaux de ce
journal, le volume du Musée Universel, moyennant Cinq
francs.

Pour les départements, le port sera à la charge du destina-
taire, qui devra envoyer Six francs représentant le prix
du volume et les frais de l'emballage dans une petite
caisse.

Ce volume, dont le prix de librairie est de 16 francs, consti-
tue un très-beau cadeau d'étrennes.

LES REVENANTS

DE LA GALERIE DES TOMBEAUX

silhouettes parlementaires

Troisième groupe,

M. CALEMARD DE LAFAYETTE

A cultivé les muses et le bétail. Ce n'est pas aux muses qu'il
doit sa fortune et sa gloire.

M. AUGUSTE CALLET

Né en 1812, est un incorrigible romancier qui fabriquait,
après 1840, des romans de Waltcr Scott pour le compte de
M. W. Coquebert, éditeur. Lui seul et moi nous nous sou-
venons du prétendu succès d'Aymé Vert ; il paraît que, tra-
duits en anglais et en français, ces romans faisaient illu-
sion. Mais on no vit ras d'illusions. Rédac'eur à l'EiiéjfClo-
pédie du XIX siècle, après avoir travaillé dans son jeune âge
à la Gazdte de France, M. Callet se découvrit en 1848 une
.■aailK^ *.£px*iiUou.i.ii<4 ir-rweief îhln_ Dana miG brochure inti-
tulée Ou la République ou la guerre civile, il s'écriait :

« Plus de roi !... le peuple veut la République ! Que les
gens du passé le sachent : tout vote monarchique est un appel
à la guerre civile ! »

Faut-il admettre qui» M< gallet se trompait lourdement
alors, ou qu'il nous trompe maintenant ? Non, il faisait en
1848 du républicanisme àpbffiyphe, comme en 1840 il avait
fait du Waller Scott, comme eu 1873 il fait de la légitimité.
Cela ne tirait pas et cela ne tire pas à conséquence. Errt871,
dans le Défenseur de Saint-Etienne, l'auteur d'Aymé Vert
écrivait :

» La France n'est plus la propriété de personne, d'aucune
famille, d'aucun parti ; maîtresse d'ellé-nièmej <;ile a le droit
de statuer sur la forme de son goufàrhement^

Il reconnaissait alors que l'Assemblée hé pouvait et no
devait faire qu'une chose : travailler avec loyauté à l'éta-
blissement d'une république durable, assez forte pour pro-
téger toutes les libertés et tous les droits. » Et il terminait
par cette conclusion :

«Alors, c'est-à-dire ensuite, il sera de son devoir de faire
une loi électorale, et d'appeler la nation, souifranto encofe(
mais pacifiée et recueillie, à régler elle-même ses destinées fu-
tures par l'élection d'une assemblée constituante.»

M. Cjllet ne veut pas aujourd'hui de la République, de
la souveraineté nationale, ni d'une constituante; mais on
sait qu'avec les faiseurs d'apocryphes'a, défiance est salutaire;
peut-être qu'au fond il n'a pas changé d'opinion.

Représentant en 1848, exilé sous l'empire, auteur de bro-
chures implacables contre le bonapartisme, M. Callet, oii le
voit, a une carrière bien remplie, mais il ne songe pas plus
à se reposer qu'à se fixer.

M. CARAYON-LATOUR

surnommé le fusillé parlant, à cause do certaine dépêche de
M. Challemel-Lacour, a de grands bras, de grandes jambes
et de grandes moustaches ; on assure qu'il a aussi un grand
habit pour le jour de la rentrée d'Henri V. Marchand de
vin de Bordeaux, il aspire à servir l'ancien duc de ce nom,
et quand les autres se fout les clients du roy, lui attend son
roy pour en faire un client.

LE MARQUIS DE CASTELLANE

n'a pas encore 30 ans: c'est ce qui l'excuso,quand il invoque
à tout propos son expérience.

M. CAZENOVE'DE PRADINE

que ie comte de Chambord appelle familièrement Mon cher
Cazcnove, est l'intrépide champion du Saint-Esprit. C'est
toujours lui qui propose d'invoquer les lumières d'en haut
dans les circonstances solennelles ; mais, généreux envers
les autres et désintéressé envers lui-même, quand l'Esprit
saint descend, il n'est jamais là pour le recevoir.

LE COMTE DE CHAMBRUN

Est de la taille de M. de Bois-Boissel ; s'il a l'esprit plus
léger, vous allez le savoir. Nommé députéen 1857, il voulut,
dans sa joie, réjouir ses électeurs, et il envoya à chacun
d'eux un magnifique album, dans lequel M. le comte était

représenté sojs toutes ses faces : tantôt seul, remplissant
les fonctions de préfet du Jura, tantôt eii compagnie de ma-
dame son épouse. Par un respect des consciences plein de
délicatesse, s'il posait la première pierre d'une église, l'image
relative à l'événement n'était pas comprise dans les albums
destinés aux électeurs protestan's.

Cet album-inerie n'est pas la seule infirmité de M. Cham-
brun ; il ri épanché ses idées politiques dans un élégant vo-
lume que ses moyens de fortune lui ont permis de distribuër
à ses collègues bien pensants.

LE GÉNÉRAL CHANGARNIER

A débuté dans la garde royale et voudrait y mourir. Pour-
quoi, de la garde royale, passa-t il dans la ligne ? C'est ce
-que j'ignore. Ses début* furent modestes et né promettaient
rien. La fameuse retraite do Constantinë le mit en vedette,
ci inaugura celte série de mouvements rétrogrades qui sont
sa gloire.

On se souvient de sa superbe allocution à l'assemblée lé-
gislative, la veille du 2 décembre. Brandissant son élo-
quence : « Mandataires du pays, s'écria-t-ii, délibérez en
paix 1 »

Sur ce mot, il alla se coucher, et sa réveilla entre deux
esiafiers chargés de l'expédier à Ham.

On sait comment il avait offert, lors de la dernière guerre,
son épée à l'empereur; celui-ci l'accepta avec empressement
et avec non moins d'empressement la mit de côté. On n'en-
tendi1 parler de lui que le jour do la capitulation.

11 lit sa retraité cet ë fuis ëri Belgique. Si J'erf crois les
médisants de la salle dès tombeaux, ie général Changàrnior
aiirait fait commerce d'amitié, à Bruxelles, dvëc lin ancien
représentant du peuple, aujourd liui encore tnèffifafë do
l'Assemblée nationale, M. Léon Robert (des Ardehncs). Cet
excellent républicain devant se rendfë en France, le général
ie chargea do serrer de sa part la main fin grand patriote
tiûtnbetdu

Familier' de là présidence; cordiai avec M. Thiers, gilant
avèe les daines, le général essaya pëhdaiii quelque temps de
mener de front l'indépendance capricieuse de son caractère
avec ses* vieilles amitiés; mais H8 jour il fallut choisir, et,
après àvoir parlé à la tribune des ambitions séniles, cet am-
bitieux dë 73 dus n'osa plus remonter le grand escalier de
M. ThicrS; cil le rencontrait alors dans l'escalier de service,
portant des bouquets clandestins à ces dames de la prési-
dence. Ses fleurs furent aussi impuissantes que ses lauriers
à lui ménager une position dans la placé; fi dut battre en
retraite encore dhe fois. Ce ne fut pas la dernièfè. La lettre
du comte de Chathbord, qui désavouait ses avances, le fit
encore reculer.

M, CHESNELONG

Fils d'un marchand de drap, a gagné sa fortune dans les
jambons de Bayorine; ce l'ut là qu'il cueillt ses premiers
lauriers. Tour à tbur républicain, impérialiste, légitimiste,
mais avant tout clérical, M. Chesnelong est le clair de lune
do M. de Falloux. On sait que ce dernier est un éleveur dis-
tingué. La charcuterie les a solidement unis ; l'un vend en
gros ce que l'autre débite au d'tail. Lors du voyage do
Frohsdorff, un de ceux qui accompagnèrent M. Chesnelong,
mais qui n'eurent pas le bonh-ur d'assister à son entretien
avec le comte de Chambord, disait méchamment :

« Bah! Chesnelong voulait se débarrasser d'un solde dè
boudins blancs I »

C'était dhë calomnie : il voulait se débarrasser seulement
d'un solde êÊ vieilles opinions. Elu en janvier 1872, en rem-
placement'de l'amiral Jauréguiberry, il avait promis son
concours Ifyal au gouberhetrient de M. Thiers; bien plus; il
avait rédigé une affiche qui sj terri, huit ainsi :

« Nous ne l'avons pas appelée (la République), nous M
svroiis en arriére de personne pour la défendre et pbifr la sou-
tèillft «I

Moins d'un an après cette proclamation, M. Chesnelong
allait oil'rir la France, comme un jambon, au comië de'
Chambord. Le prince ayant refusé de faire gras, Mi Cnfes-
nelortg on fut pour son voyage. On ne désespère pas, si la
Républ que distribuait jamais des saucissons, de faire de lui
pour la circonstance un républic an convaincu.

Doué, de pou d'éloquence et de peu de mémoire*; m Chcs-
ncimig apprend ses discours comme ses opinions, mais il
oub'ie le; premiers comme Ls secondes. Un jour, au Corps
législatif, il perdit le fil de sa harangue; désespérant de le
retrouver, il s'évanouit. On crut qu'il allait rendre l'âme,
mais c.'tte supposition flatteuse ne dura qu'une seconde. On
lui jëtà uîi peu d'eau froide; il rouvrit les yeux, ferma là
bot.che, et n'acheva pas son discours. Tofit porto à croire
qu'il ne l'achèverajàrnais»

M. GDURSET-POULARD

(d'Abbcvillo), marchand do vins dans le pays du cidre, ro-
iurler dans le camp des nobles, soigné dans sa teniio comme
dans son style, pesant avec satisfaction sà tête sur le dra-
peau bianc qu'il porte en cravate, est un des plus considé-
rables fabricants de rapports parlementaires de l'Assemblée.

Je ne sais s'il fabrique.aussi ses vins, mats je doute quo
ceux-ci aient autant do bouquet queceux-la. Sa prose est un
nectar, on en boirait. Jamais le mot propre, Biais jamais le
mot brutal; il porte l'euphémisme à l'excès. Je puis révéler
que M. Noël Parfait, un amateur, a fait collection des
phrases les plus exquises et des périphrases les plus savou-
reuses de M. Courbet-Poulard.

S'agit-il d'une halle au blé, par exemple, qui menace
ruina : il dira non pas qu'elle va tomber, mais qu'elle est sur
le point de mourir dé vieillesse.

Tout ce qu'il écrit est dans ce style.

H ne se consolerait pas de s'appeler Courbet, s'il n'avait
pu joindre à ce nom sans éclat le nom prodigieux dô
Poulard.

Le baron de Lorgeril, entendant dire que ce rapporteur
fleuri sacrifiait aux grâces, s'écriait :
— Dites aux grasses !

Le mot est vrai ; la médisance l'est-elle ? Je l'ignore, mais
je sais que poularde semble le féminin, naturel de poulard.

M. LE VICOMTE DE CUMONT (Voir Barascud).
C'est un petit homme actif, remuant, piqué par M. de
Falloux et no voulant pas guérir.

UN OBSERVATEUR.

HISTOIRE DE CINQUANTE SOUS1

Soyons indulgents pour ceux qui succombent à la misère
ou à la tentation. Quel est le juste qui n'a pas été, au
moins une fois; un peu filou?

Et voici comme on peut y venir.

La caisse ne payait que le lendemain 1 — Je cherchais
donc au fin fond do ma bourse les moyens de passer les
vingt-quatre heures qui me séparaient du bienheureux
émargement. — J'étais sauvé! car une invitation en ville
me garantissait niori dîaeret il me restait encore cinq francs
pour déjeûner.

Justement j'avais très-faim ce matin là, et j'allais me
rendre chez Brëbaht avec la ferme intention de dévorer mes
cent sous j usqu'au dernier centime, quaad on frappa à ma
porte. C'était un camarade qui, ayant cru que le mois n'a-
fait que trente jours, venait, la bourse vide, me fairé un
appel de fonds.

Nous partageâmes fraternellement ma fortune.

Ainsi écornée de cinquante sous, ma pièce ne me permet-
tant plus le splendide Brëbant, je me dirigeai donc mélan-
coliquement vers un bouillon Duval.

Je touchais déjà la porte, quand je me sentis embrassé
totit à coup par deux bras, en même temps qu'une voix
joyeuse s'écriait :

— Ah ! voilà une heureuse rencontre !

Et je reconnus un bon et aimable Danois dont j'avais fait
ïâ cbhriaisàance à Copenhague, où il m'avait choyé, fêté,
hébergé, etc., enfin une géoéreuse hospitalité que je m'étais
bien promis- de lui rendre à Paris lors de sou premier
voyage.

Lâ riioment était venu!... oui, mais je n'avais que cin-
quante sotis ! ! !

Je lui aurais bien dit que je me rendais à une audience
très-presséë dd hiinistre, mais il m'avait malheureusement
surpris la main sur le bouton de porte de l'établissement
Duval :

— Tiens, vdiis entriez là? me dit-il.

Vous comprenez le frisson de crainte et l'hypocrisie du
Sourire avec lesquels je répliquai :

— Suis-je assez heureux pour que vous n'ayez pas encore
déjeûné?

— Malhedreusement je tors de table... J'ai déjeûné... et
amplement déjeûné, je vous le jure.

A cette réponse, mon cœur se dilata.

— J'entre avec vous, ajouta-t-il, nous causerons pendant
vottë repas.

Plein de confiance, je l'introduisis dans la salle.

Il me parla de Copenhague assez longuement pour que
moîi bifteck eût le temps d'être cuit et servi devant moi par
la fille de salle.

Je me penchais déjà pour le couper, quand tout à
coup :

— Hé ! hé ! fit mon homme, mais ça m'a l'air appétis-
sant!

J'eus froid dans le dos ! — Oh ! cher lecteur, je vous l'af-
firme, je n'eus pas beîoin de relever la tête pour lire la con-
voitise dans les yeux du Danois; au son de sa voix j'avais
deviné tout de suite qu'il allait compléter sa phrase par :

— J'en mangerais bien un ! ! !

— C'est un peu lourd après votre déjeûner, lui objectai-
je.

— Bah! je digère mieux que l'autruche.

— ... Et un peu dur.

— Je mâche du fer, ajouta-t-il avec un sourire qui décou-
vrit des dents si larges, si solides, et surtout si profondé-
ment plantées, que c'était, à croire qu'il s'assayait sur l'ex-
trémité des racines.

Pendant qu'il donnait ses ordres à la servante, je faisais
mentalement ce calcul rapide : deux biftecks, 24... et 8 de
vin, 32... et 6 de pain, 38 ! ! !

De 38 à '60, j'avais encore 12 sous de marge.

Aussi quand il se retourna, il me vit souriant, et, ma
bouteille à la main, inclinant le goulot sur son verre pour
lui faire partager mon vin. »

Il m'arrêta vivement la main.

— Non, me dit-il, je ne bois jamais de vin à mon déjeu-
ner.

J'eus un instant le fol espoir qu'il préférait l'eau.

— J'aime mieux la bière, déclara-t-il.

Il demandait à peine sa chope à la servante que je m'étais
dit tout bas : 38 et 7 de bière font 4S !

J'étais encore au-dessns de mes affaires, mais Une vague
inquiétude m'agitait. Je n'envisageais pas précisément l'a-
venir avec cette sérénité d'âme de l'homme qui a cent mille
livres de rentes.

de mangeais lentement, lentement, lentement, dans l'es-
pérance de voir mon convive s'impatienter et prendre son
chapeau, car depuis longtemps son bifteck avait disparu
comme une simple pastille.

Malheureusement, sans qu'on lui eût rien demandé, la
fille de salle... une zélée maladroite ! une empressée stupide!
vint placer sur la table un triangle de fromage.de Brie. —
Dans la prévision d'un malheur, je voulus d'abord résister,
mais j'avais très-faim, je vous l'ai dit ; de plus, ma bourse
ine conseillait - tout bas : — « 4o et 3 de Brie, 48 ; tu peux
encore y aller... » Et puis le Danois paraissait si occupé par
sOn récit de voyage, que, toutes ces tentations aidant, j'at-
tirai tout doucettement l'assiette devant moi, en regardant
biefi mon homme dans les yeux pour ne pas détourner son
raybri visuel sur l'assiette.

Hé*las ! j'avais compté sans l'arome du Brie qui monta aux
narines de mon terrible convive.

il aèâissâ aussitôt son regard sur la table :

— Tiens ! que mangez-vous donc là ?

— Du Bidë... un fromage du pays.

— Est-ce bon ?

— Peuh ! peuh I pèuh! _fis-je avec une feinté grimace dd
dégoût.

— Ma foi ! tarit pis ! on voyage afin de s'instruire...

1 Extrait du cliaînrM voîurtie rie M. Eugène Chavette : les petites
Comédies du lace, irai Vtetit du paraître chez les éditeurs Lacroix
et f>.
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