Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 8.1875

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.6768#0074
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L'ECLIPSE

Prime extraordinaire et gratuite de l'Eclipsé

DONNÉE A TOUS LES NOUVEAUX ABONNÉS D'EN AN OU AUX ABONNÉS ACTUELS QUI RENOUVELLERONT LEUR ABONNEMENT D'UN AN PAR ANTICIPATION

L'ÉCLIPSÉ vient d'acquérir le droit d'offrir en prime à ses abonnés là publication à succès du moment: Y édition illustrée de LA FILLE
DE MADAME ANGOT, charmant volume grand in-8°, de grand luxe, à couverture coloriée, contenant, en dehors du texte complet de la pièce
de MM. SIRAUDIN, CLAIRVILLE & KONING, la musique des principaux airs de CHARLES LECOCQ, les costumes coloriés dessinés par
GRÉVIN, des vignettes dessinées par P. HADOL, les portraits des auteurs et des créateurs des rôles, et une notice historique sur la pièce,
par JULES CLARETIE.

Toute personne qui prendra un abonnement d'un an ou qui renouvellera, par anticipation, son abonnement, également pour un an, aura le droit de
retirer gratuitement dans les bureaux de VÉclipse un exemplaire de l'édition illustrée de la FILLE DE MADAME ANGOT. — Les abonnés des départements
qui désireront recevoir le volume à domicile devront envoyer 8 fr. GO c, représentant le prix de l'abonnement et les frais de port de la prime.

GRAND CHOIX DE TIRADES

POUR DRAMES HISTORIQUES

a L'usagk Djï

MESSIEURS LES AUTEURS DRAMATIQUES

Qui veulent rester dans de bons termes avec .

ANASTASIE

A l'heure où paraissent ces lignes, nous espérons bien
que l'interdiction qui a fnppé Cromwell, le drame de
MM. Victor Séjour et Drack, sera levée déjà depuis pas
mal de jours.

M. le Gouverneur de Paris n'aura pas voulu, le premier
moment de mauvaise humeur passé, prolonger une situa-
tion désastreuse pour le théâtre du Châtelet et tout son per-
sonnel.

Notts l'en félicitons d'avance, quitte à retirer .nos féli-
citations dimanche prochain, si notre espoir a été déçu.

XXX

Une fois l'estampille rendue à Cromwell et le mal qu'a
cavsé cette interdiction à peu près réparé, il ne subsistera
plus qu'une chose de ce fâcheux incident, c'est l'embarras
énorme dans lequel vont se trouver à l'avenir les auteurs
de drames historiques pour faire parkr leurs personna-
ges.

XXX

On sait, en effet, que la censure s'était opposée à ce que
Cromwell prononçât ces paroles incendiaires :
— Ces misérables royalistes I...

Les auteurs, entre autres choses à l'adresse de Charles II,
avaient cru pouvoir, sans danger, mettre ces paroles logi-
ques d .ns la bouche de celui qui avait coupé la tête de
Charles I°r.

Mais, Anastajie a trouvé la chose trop vive, et a coupé, à
son tour, la queue de la phrase de Cromwell.

XXX

Nous n'avons pas à refaire ici, pour la centième fois, le
procès à Anastasie.
La cause est depuis longtemps entendue.

XXX

Cependant, et comme, malgré tout, elle est encore la plus
forte, et qu'il faut qu'écrivains, dessinateurs, auteurs dra-
matiques et directeurs de théâtres comptent avec elle, nous
avons pensé à venir en aide à ces derniers.

XXX

Dans le cas qui nous occupe, les auteurs dramatiques
étant les plus directement frappés, c'est d'eux qu'il tst le
plus pressé de s'occuper.

Et puisqu'il est maintenant établi que Cromwell, au théâ-
tre, ne doit pas cass-r de sucre sur le dos des royalistes, nous
avons fait appel à plusieurs écrivains distingués de notre
époque, et leur avons demandé de nous rédiger des tirades
pour drames historiques à l'usage des auteurs dramatiques
qui tiennent à satisfaire la mauvaise vieille pécore dont nous
parlions tout à l'heure.

XXX

Notre appel a été entendu.

Et nous recevons aujourd'hui un grand choix de ces tira-
des qui, nous le croyons, désarmeront les rigueurs de la
censure.

Peut-être trouvera-t-on que les auteurs de ces tirades
font parler, aux hommes historiques qu'ils ont mis en scène,
un langage étrange et peu en rapport aveu leur caractère et
leurs actes.

Mais n'oublions pas que nos collaborateurs ont dû se con-
former aux exigences d'Anastasie qui leur a donné elle-
même le la en détendant à Cromwell, fondateur de la Répu-
blique anglaise, de parler mal des royalistes anglais.

XXX

Voici quelques-unes des tirades que nous tenons à la
disposition des Victor Séjour contemporains :

UN DRAME SOUS LOUIS XIV

ACTE III. — SCÈNE V

LOUIS XIV, seul.

Que faire de ce jeune homme!... de c3 jeune homme
brave et courageux dont le seul crime est en somme de
m'avoir déplu... et d'avoir plu à une de mes maîtresses !...
(Rêveur.) La Bastille?... (Se levant avec indignation.) Ah! ce

serait infâme !... Et de qu^l droit un homme disposerait-il
ainsi, sans jugement, de la liberté d'un autre qui est son
égal ?... Car il est mon égal, ce jeune homme, puisque tous
les hommes sont frères 1... (Se rasseyant et avec accablement.)
Oh !... la Bastille !... monument abhorré du despotisme !...
Donjon exécré !... Quand viendra donc le jour où la jus ice
renversera, jusqu'à la dernière pierre, cet immonde é lilice
élevé pour la honte de L'humanité I... (Se relevant, et avec
violence.) Oui !... elle tombera, cette prison maudite!... Oui,
la colère du peuple, un jour prochain, l'écra era tout en-
tière sur ses infâmes fondations... (Avec force.) Vive la
République universelle!... (Il tombe exténué par ce violent
effort.)

LA FRANCE SOUS LA TERREUR

ACTE V. — SCÈNE VIII

MARAT, seul dans son bain.

(Il contemple un -médaillon qui contient la photographie de
Louis XVI.) — Chère tète adorée 1... Combien tes traits doux
et divins expriment la bonté et la grandeur d'âaie. (Il san-
glote.) Ah!... bien coupables sont les criminels qui t'ont
envoyé à lVchafaud, toi!... le père du peuple !... Toi qui ne
voulais devoir la couronne de France qu'aux armées autri-
chiennes !... (/( ouvre le médaillon du co,lé où sont les cheveux
de Louis XVI, et les baise avec amour.) ingrate patrie !.% qui
as y&fé par le plus terrible et le plus injuste des supplices,
tai t de dévouement et tant de soins 1,^ (Se redressant tout
del/out dans sa baignoire et se rasseyant aussitôt en voyant qu'il
y a des femmes dans la salle.) Nobie martyr!... Oui, je le
jure ! nous te vengerons. (1/ commence à-se savonner.)

LA FILLEULE DE LOUIS LE iiUTlN"

ACTE PREMIER.—SCÈNE III.

MARGUERITE DE BOURGOGNE, seule; elle fait de la
tapisserie.

Cette jeune fille, la filleule de mon mari, que l'on cou-
ronne aUiOurd'hui rosière de Nanterre!... quei charme! —
quelle chasteté!... (sonnant pour qu'une de ses femme s lui donne
son cliapelct). Ah!-, la venu!... quelle belle chose!... et
combien, je m'applaudis chaque jour d'être restée toujours
iiiièle à mes devoirs et à mon mari ?... (Elle se lève et va met-
tre son linge en ordre dans une grande armoire placée à droite
de la scène.) Quand on pense qu'il y a des femmes assez ca-
nailles pour passer leur vie en orgies et en dévergonda-
ges!. . (Elle empile les serviettes par douzaine.) Les malheu-
reuses!... mais quel plaisir peuvent-elles donc éprouver à
s'amuser tant que cela!... (Elle met de coté un drap qui n'a j>as
étêractcmmodé.) Oui... je veux encour .ger la vertu !... comme
reine c est mou devoir. (Elle prend une plume et écrit :) « La
reine de France fait assav oir à son peuple que la jeu m; fille
la plus'vertueuse du royaume sera de droit nourrice du pre-
mier enfant de sa majesté. » (Elle retourne à son linge et sa-
lue modestement en baissant les yeux l'officier de garde qui vient
d'entrer.)

LA CONJURATION DES POCHASSECKS

La scène se passe le {" décembre 18îii.
ACTE PREMIER.—SCÈNE PREMIÈRE.
VÉLOCIPÈDE PÈRE, pensif et fumant une cigarette.

(Avec force.) Non!... c'est en vain qu'on me sollicite!...
non!... je ne trahirai pas mon serment, le serment fait à
tout un peuple est m lie fois sacré. (Il fouille dans son gousset
et en tire une pièce de deux sous.) Voilà a qui me reste pour
payer quinze c nt mi.le francs de dettes !... Eh bien ! qu'est-
ce que cela prouve? — La mauvaise fortune a-t-elle jamais
autorisé un crime?

La voix de mornY à la cantonade : — Oui !

vélocipède' père se levant brusquement. — Oui?... qui a
dit : oui?... Qui donc se permet de me co seiller une infa-
mie ?... Ah !... je saurai donner à la postérité l'exemple d'un
honnête homme descendant simplement du pouvoir et en
descendant plus pauvre qu'il n'y est monté.(Il se rassied.)Ne
ser.iit-ce pas une action honteuse et vile que d'égorger la Ré-
publique à laquelle j'ai juré fidélité?..'. Moi?... je ferais
mitrailler un peuple par des soldats ivres d'eau-de-vie et
gorgés des millions quej'aurais volés nuitamment à la ban-
que de France!... mui i6 bombarderai des commission-
naires et des nourrices paisibles assises sur les bancs du
boulevard Montmartre !..• Jamais! (Il sonne.) Que l'on arrête
immédiatement Morny, Saint-Arnaud,... et qu'on les fu-
sille !

LA BATAILLE DE L'ALMA

ACTE III. — SCÈNE IX.

Un champ de bataille. — Il pleut des obus.
LE PRINCE NAPOLÉON, seul.

Ils sont tous partis et ont voulu m'entraîner loin du dan-
ger : mais je leur ai chappé et je suis revenu. (Un boulet vient
de trouer le sol à cinq pas de lui ; le prince s'approche de l'en-
droit qui vient d'être atteint (avec énergie.) C'est ici ma place I...
(Un second boulet passe au-dessus de sa tête; il monte sur un af-
fût de canon pour être plus à portée de la mitraille.)

LA GUERRE D'ESPAGNE

ACTE V. — SCÈNE II

• DON CARLOS, seul sous sa tente.

Ah! maudits soient les misérables qui livrent leur pays à
la guerre «i vile!... maudits soient les prétendant ambitieux
qui nagent dans leur but infâme, dans le sang de leurs su-
jets!... (Avec amertume et dignité.) Je nn régnerai prut-être
jamais sur l'Espagne, mais au moins l'histoire enregistrera
que je fus toujours bon, clément et humain !...

(On annonce deux prisonniers qui viennent d'être faits pur les
soldats de don Carlos.)

un'capitaine. — Que faut-il faire de ces hommes,
sire?...

don carlos, avec un sourire doux. — Faites-les bien dî-
ner et donnez-leur mon lit!... Demain matin vous les met
trez en liberté avec un peu d'argent.

XXX

Nous pourrions multiplier ces modèles de tirades, mais

l'espace nous manque.

Qu'il suftise à tous les auteurs'dramatiques de savoir que
nous en avons un immense choix à leur disposition dans
nos buie îux.

S'ils sont embarrassés, qu'ils ne se gênent pas.

Nous avons deux ou tro.s monologues de rechange pour
chacun des grands hommes de l'histoire.

Trop heureux de leur rendre ce service et de leur avoir
aplati toutes difficultés avec Anastasie.

Au nombre des principales tirades que nous ne pouvons
publier, nous avons :

un charles ix, prêchant la liberté de cocscience.

un bazaine, tonnant contre les traîtres.

une Eugénie, faisant l'apologie de la « sainte mousse*
line. »

un de Bismarck, dédaignant l'horlogerie internatio-
nale.

un de brogi.ie, disgraciant les fonctionnaires bonapar-
tistes. . ,

un de villemessant, s'élevant contre l'abaissement
du niveau des mœurs.

un tropm ann, fondant un bureau de placement pour
les bonnes.

XXX

Quand toute l'histoire aura été mise en drames à l'aide de
ces matériaux-là, Anastasie n'aura plus à se plaindre.

LÉON BIENVENU.

LE GROS VIEUX BOLQLIN

a madame georgette n...

Madame, c'est un gros vieux bouquin, un épais in-quarto
du siècle passé, un pesant et massif volume solidement re-
lié en veau brun, avec filets d or, et arborant e core une
tranche peinte d'un beau vermillon dont les années ont à
peine atténué l'éclat.

C'est un gros vieux bouquin, midame, qui coûtait, en
1775, chez Humblot, libraire, rue Saint-Jacques, près Sain1'
Ives, à Paris, la somme de 2i livres.

Il est intitulé : « la nouvelle maison rustique
ou économie générale de tous les biens de la campagne, avec W
vertu des simples, l'apothicairerie, et les décisions du droit
français sur les matières rurales, dixième édition enrichie "fi
figures en taille-douce, avec approbation et privilège du Roy-
Telle est la profession de ce gros bouquin.
Pourquoi, comment ce gros vieux vénérable bouquin se
trouva-t-il, tout è coup, sous mes yeux quand je suisentr
dans mon cabinet de travail ? C'est ce que je ne saurais voU
dire. ,0

Ordinairement, ce gros vieux cher bouquin, qui fit pfr
de la bibliothèque du père de mon grand-père, est llûn°rè.

blement relégué dans les rayons inférieurs de ma bibio

que, à côté de respectables confrères do son âge, de ta
et de sa corpulence.

taiH6
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen