L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

27 Août 1876.

L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTREE

65

LA SEMAINE

Feu Chesnelong, qui a réussi une fois de plus à ne
pas se faire nommer sénateur, va devenir un homme
unique : il sera le citoyen français des temps mo-
dernes qui aura manqué le plus d'élections. Déjà il
s'est fait une célébrité légitime par ses aplatisse-
ments. Et probablement que la série n'est pas ter-
minée, car ses amis ne lui permettront plus de se
dérober au ridicule. Le malheureux homme est
voué aux sifflets pour le reste de ses jours, pour
l'honneur du drapeau.

Quoi qu'il en ait, le voici une manière de chef
politique ; il a reçu l'ordination jésuitique, et le
parti légitimiste doit bon gré mal gré le subir
comme son directeur spirituel; ce qui ne veut pas
dire un directeur qui a de l'esprit.

Autrefois ce parti était chrétien par convenance,
mais il n'était pas clérical,.surtout il n'était pas jé-
suite. Aussi faisait-il encore quelque figure, avec le
grand Berryer pour chef. Aujourd'hui il a Chesne-
long, ancien candidat officiel de l'empire, membre
du grand comité plébiscitaire de 1870, qui a fait
voter et qui a voté oui.

Demain les sacristies le placeront peut-être sous
la direction du célèbre Martin, d'Auray. Ombre de
Montlosier, qu'en penses-tu?

On annonce que le fameux Marfori a été arrêté à
Cadix par ordre du roi d'Espagne. On a bien raison
de dire que le sentiment de la famille se perd de
plus en plus à notre époque , gangrenée de maté-
rialisme et de mauvaises doctrines. Les liens du
sang, les services rendus, rien ne compte plus
aujourd'hui. OÙ allons-nous? comme dit l'évêque

d'Orléans. Les beaux-pères de la main gauche ne
sont plus même respectés. Les principes conserva-
teurs sont en péril.

M. le général de Cissey a donné (lisez reçu) sa dé-
mission de ministre de la guerre. On prétend qu'à
la présidence on lui reprochait de n'avoir pas assez
vigoureusement défendu son budget et surtout les
aumôneries militaires.

Au fait, il y a déjà longtemps qu'on s'apercevait
que M. de Cissey pactisait avec le radicalisme. Ses
opinions exaltées n'étaient un mystère pour per-
sonne. Il nous aurait ramené la Commune un jour
ou l'autre, cela n'est pas douteux. Heureusement
que le parti conservateur veille sur le salut de la
Société. On ne sait pas à quel péril on vient d'é-
chapper !

•vwv

Une des choses les plus plaisantes de ce temps-ci,
c'est le goût singulier des mercenaires du bonapar-
tisme pour les camouflets. C'est même plus qu'un
goût, c'est un besoin. Il leur manquerait quelque
chose s'ils ne recevaient chaque jour une correction
nouvelle. Ils pensent augmenter ainsi leur noto-
riété,, exactement comme les artistes de la foire, qui
tirent tous leurs effets des coups de pied qu'ils re-
çoivent.

De là leurs frasques dans les assemblées, leurs
parades oratoires et leur politique d'arracheurs de
dents.

N'ayant ni les bonnes raisons, ni le talent, ni le
caractère, ils remplacent tout cela par le bruit; ils
ont inauguré la doctrine du « tapage; » leur tacti-

VIE ET AVENTURES DE CÉSARIN JOLI-COCO (Suite)

Dès lors, la carrière de Joli-Coco se lie
étroitement aux événements du règne
providentiel. Il prend part, sinon à la
guerre de Chïne; du moins au déména-
gement du Palais d'été,

Puis aux opérations de la guerre mexi-
caine, la plus belle pensée du règne, et
à celles de l'haussmannitaire préfet de la
Seine;

Plus tard, nous le voyons démolir bravement quelques
kiosques en compagnie de l'aimable bataillon des blou-
ses blanches.