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Erasmus, Desiderius; Listrius, Gerardus [Editor]; Gueudeville, Nicolas [Transl.]; Holbein, Hans [Ill.]
L' Eloge De La Folie — Amsterdam, 1728 [Cicognara, 3217]

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https://doi.org/10.11588/diglit.28132#0040
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§ l’ E L, O G E

puisque ma puissance est aussi étendue que le Genre
Humain? Comment me partager , puisque géné-
ralement tout est d’accord pour faire valoir ma Di~
vinité? Vous voyez donc bien que , & Définition^
& Djvision, seroient pour moi d’un mauvais augu-
re. D’ailleurs, dês que me voici devant vos yeux,
dès que vous me voyez telle que je suis, de quoi ser-
viroit-il de vous peindre mon ombre & mon image,
dans une Définition ?

Je suis, & je vous en fais jugcs, je suis cette
vraye 1 Domeufe de biens , qu’on appelle partout
laFOLIE. Et même, qu’étoit-il besoin de le
dire? N’ai-je pas le visage parlant? Ne portai-je pas
sur le front toutce que je iuis? Si quelqu’un se mé-
prenoit assez grossîerement pour soutenir que je suis
Minerve , ou la Sagesse, il n’a qu’à me regarder
fixement: il me connoitra tout d’abord, & à fond,
sans que j’employe les paroles , qui sont le fidele
miroir de la pensée. II n’y a chez moi, ni fard ni
déguisement: telle je parois, telle je suis dans l’a-
mej toujours semblable à moi-même. Cela est si
vrai, que ceux de mes sujets qui, sous le masque
de la Sagesse, voudroient passer pour sages, ne sau-
roient me cacher : ce sont des Singes qui marchent
en habit de pourpre j ce sont des Anes qui se pro-
menent z sous la peau du Lion 5 & quelque soin
qu’ils apportent à se contrefaire, on ne s’y trompe
jamais -, de quelque endroit que ce soit, une paire
d’oreilles éminentes découvre toujours son Midas.

En

ï. Dnmeuse de bîens. ] C’est ainiî qu’Hometenommoît souvent sesDieux»

a. ^Ane de la Pable fut reçonnu pai ses oreilles.
 
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