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LE TRUQUAGE

faut un emplacement spécial, un cabinet secret, si ce n’est
un musée secret.

« Qu’afaitMmeBoiss ? Elle a acheté le groupe elle-même.
Eiie l’a payé 12,000francs,et on lui a donné le reçu que le
tribunal connaît. Depuis, quatre années s’étaient écoulées
sans la moindre réclamation. Mme Boiss avait gardé le
plus complet silence. Mais il est arrivé que le groupe n’a
pu être vendu. Toujours la difficulté du sujet! Comment
mettre un pareil groupe chez soi quand on a de la famille. »

Cet embarras, selon Me Senard, serait l’unique motif du
procès. M. Raveton, représentant M. Denière, mis en
cause, s’est exprimé en ces termes:

« Clodion, messieurs, est un excellent artiste de latin
du dix-huitième siècle, dont les biographes ont dit que,
malheureusement, il avait souvent profané son talent par
des sujets obscènes.,

« En 1868, M. Denière reçut la visite d’unbrave homme
du département de l’Aube, qui s’arrêta devant sa porte
avec sa voiture. Il avait loué, lui dit-il, une maison de
campagne à une grande dame russe qui était retournée
dans son pays sans le payer. Toutefois, avant de partir,
elle lui avait remis un objet d’art qu’elle estimait fort, et
qui valait, suivant elle, plus qu’elle ne lui devait. Lui n’en
savait rien, et le moindre ducaton aurait bien mieux fait
son affaire.

« Ce n’est pas que l’objet ne fût pas beau, paraît-il, au
contraire ; mais il était impossible à garder chez lui, dans
sa famille, au milieu des gens du pays, qui jasaient à
cause du sujet. Et sur l’invitation de mon client, notre
homme tira du fond de sa voiture le groupe en question,
M. Denière l’admira, en artiste qu’il est; comme il est
presque impossible de le couler en bronze, comme il ne
serait pas prudent de l’exposer à une vitrine, il hésitait
à le prendre. Mais le propriétaire insista tellement, que le
négociant finit par consentir à le garder pour tâcher
de le vendre, et ce ne fut qu’au bout de quatre ans que
M. du Boullay, l’ayant vu, l’acheta 4,000 francs.

« Le bourgeois du département de l’Aube reçut 3,600
francs de M. Denière ; celui-ci ne toucha pour ses frais de
garde et de commission que 400 francs.
 
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