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https://doi.org/10.11588/diglit.53587#0208
tendue avoit autrefois satisfait l’ambition de sept Rois,
pouvoir suffire à deux, ou après un combat singulier ?
C’est ce qui est encore indécis. Quoiqu’il en soit, il est
certain que Canut devint Maître absolu de l’Angleterre
par la mort de son rival. Il avoit été sacré l’an 1017. Aussî-
tôt après son Sacre , il établit un Conseil secret sur l’avis
duquel il se conduisoit. Les enfans d’Emond étoient pros»
crits, il n’en appréhendoit rien ; son bonheur 6c sa
gloire étoient à leur comble, lorsqu’il apprit la mort de
Suenon , son fils & son Lieutenant en Norvège ; il avoit
pour ce fils une extrême tendresle. Il fut si sensible à sa
mort qu’il en tomba malade , 6c en mourut peu de tems
après , la vingtième année de son Régné, l’an 1036,
saillant un autre fils nommé Canut que les Anglois ont
ridiculement appellé Harde-Canut , 6c une fuie nommée
Gonnilde , qui épousa l’Empereur Henri. On rapporte
une preuve bien touchante du Christianisme de Canut le
Grand. Sur la fin de sa vie, 6c dans le tems qu’il sem-
bloit jouir d’une félicité parfaite, étant à se promener
sur le rivage de la Mer au Port Southentpton , une per-
sonne de sa suite, par un trait d’adulation qui n’est que
trop ordinaire-'auxCourtisans, s’écria , efl-il personne plus
grand & plus puijfant que vous, Seigneur ? Vous commande^
aux hommes vous domineçsur la terre, la,Mer efi soumise
à vos loix. Canut ne répondit rien , mais en ôtant son
manteau , il s’assit dessus , au moment que les vagues se
retiroient, 6c dit en souriant : ssots, je vous commande de
respecter mes pieds ; 6c en les retirant tout mouillés :
voyeq, dit-il, mon pouvoir sur les eaux, & comme les
vagues me respeclent. Si je ne me susse promptement retiré ,
je risquois d'être noyé. Non , non , ajouta - t - il, ces titres
de grand & de puijsant riappartiennent qu’à Dieu, lui
seul peut tout ; les Roix , comme les autres hommes ,
sont un pur néant devant lui,
Voye^ Polid. Verg. liv. 7. depuisla page 16^177. & les autres Historiens
d’Angleterre.
pouvoir suffire à deux, ou après un combat singulier ?
C’est ce qui est encore indécis. Quoiqu’il en soit, il est
certain que Canut devint Maître absolu de l’Angleterre
par la mort de son rival. Il avoit été sacré l’an 1017. Aussî-
tôt après son Sacre , il établit un Conseil secret sur l’avis
duquel il se conduisoit. Les enfans d’Emond étoient pros»
crits, il n’en appréhendoit rien ; son bonheur 6c sa
gloire étoient à leur comble, lorsqu’il apprit la mort de
Suenon , son fils & son Lieutenant en Norvège ; il avoit
pour ce fils une extrême tendresle. Il fut si sensible à sa
mort qu’il en tomba malade , 6c en mourut peu de tems
après , la vingtième année de son Régné, l’an 1036,
saillant un autre fils nommé Canut que les Anglois ont
ridiculement appellé Harde-Canut , 6c une fuie nommée
Gonnilde , qui épousa l’Empereur Henri. On rapporte
une preuve bien touchante du Christianisme de Canut le
Grand. Sur la fin de sa vie, 6c dans le tems qu’il sem-
bloit jouir d’une félicité parfaite, étant à se promener
sur le rivage de la Mer au Port Southentpton , une per-
sonne de sa suite, par un trait d’adulation qui n’est que
trop ordinaire-'auxCourtisans, s’écria , efl-il personne plus
grand & plus puijfant que vous, Seigneur ? Vous commande^
aux hommes vous domineçsur la terre, la,Mer efi soumise
à vos loix. Canut ne répondit rien , mais en ôtant son
manteau , il s’assit dessus , au moment que les vagues se
retiroient, 6c dit en souriant : ssots, je vous commande de
respecter mes pieds ; 6c en les retirant tout mouillés :
voyeq, dit-il, mon pouvoir sur les eaux, & comme les
vagues me respeclent. Si je ne me susse promptement retiré ,
je risquois d'être noyé. Non , non , ajouta - t - il, ces titres
de grand & de puijsant riappartiennent qu’à Dieu, lui
seul peut tout ; les Roix , comme les autres hommes ,
sont un pur néant devant lui,
Voye^ Polid. Verg. liv. 7. depuisla page 16^177. & les autres Historiens
d’Angleterre.