LIVRE D'OR DE L'EXPOSITION
II
L'Exposition, qui est une véritable ville dans la grande
ville, a son chemin de fer de ceinture, ni plus ni moins
que Paris.
Ce chemin de fer qui contourne le Champ de Mars et
longe le quai d'Orsay pour arrivera l'Esplanade des Inva-
lides, a sa tête de ligne sur le flanc du palais des Machines,
près du guichet de Suffren, et, sur le parcours, différentes
stations dont les principales sont au pont d'Iéna et devant
le palais des Produits alimentaires.
Les personnes qui ne comprennent le chemin de fer que
pour les grandes distances auront à leur disposition un
autre moyen de locomotion, moins rapide, mais plus pit-
toresque.
Aux abords de la rue du Caire stationneront une cen-
taine de ces bourriquots célèbres parleur intelligence, que
l'on a fait venir tout exprès d'Egypte avec leurs conduc-
teurs.
Ces ânes gris perle, harnachés de velours rouge ou vio-
let, porteront allègrement les visiteurs jusqu'à l'Esplanade
des Invalides, s'ils le veulent, mais naturellement ne circu-
leront pas dans les galeries d'Exposition.
Or, comme nous avons quelques choses à voir sur la
route, faisons le voyage idéalement et, pour ne pas nous
répéter, supposons que nous sommes déjà devant le Pano-
rama de la Compagnie transatlantique.
A partir de là, sur le quai d'Orsay, commence l'Exposi-
tion d'agriculture qui relie le Champ de Mars à l'Esplanade
des Invalides par une double série de halls coupés au point
de passage des rues, par des portiques d'aspect assez
monumental mis en communication par d'élégantes pas-
serelles.
Des détails sur cette exposition je n'en 'saurais donner,
tout ce que je puis dire c'est que les instruments aratoires
et autres, les produits encombrants, seront exposés dans
une galerie couverte représentant 26,000 mètres carrés de
superficie, et les produits alimentaires, liquides et solides,
dans un vaste palais qui sera une des grandes curiosités
de l'Exposition, et certainement la plus agréable... pour
les gourmands.
Ce palais, élevé sur la berge de la Seine entre le pont
de l'Alma et le pont d'Iéna, est à deux étages : le rez-de-
chaussée est aménagé comme une cave pour recevoir les
liquides, vins, bières, cidres, liqueurs, apéritifs, alcools,
aussi bien que le lait, tandis que le premier étage est
réservé aux produits solides de toute sorte.
A droite et à gauche de ce palais gastronomique,
s'élèvent des réductions d'usine où l'on fabriquera des
produits alimentaires et des bars de dégustation dans
lesquels les exposants pourront faire goûter leurs liquides.
L'ESPLANADE DES INVALIDES
L'Esplanade des Invalides, dont on n'a pas beaucoup
parlé, pourrait bien être le gros succès de l'Exposition,
car parmi toutes les choses intéressantes qu'on y accu-
mule il y aura bien des choses nouvelles.
Ici, il n'y a point de ces grands palais qui absorbent
les millions de kilogrammes de fer, mais un certain nom-
bre de petits palais d'aspect pittoresque, beaucoup de
pavillons encore plus pittoresques et des villages entiers
composés d'habitations sénégalaises, pahouines, alfourou,
canaques, malgaches, tahitiennes, cochinchinoises, tonki-
noises et habités par des naturels des différents pays, fran-
çais couleur réglisse, chocolat ou cannelle qui auront cer-
tainement un grand succès de curiosité, car ils seront
beaucoup plus authentiques que les indigènes quelconques
pour lesquels on se bouscule au Jardin d'acclimatation.
Toutes ces constructions se groupent ou s'alignent en
bordure d'une large voie qui coupe l'Esplanade en deux,
et aboutit au centre de la façade de l'Hôtel des Invalides.
Arrivé à cette rue nous avons à notre gauche le palais
Algérien qui a pour architecte M. Ballu; sa façade princi-
pale, qui regarde la Seine, se compose d'un porche, monu-
mental, d'une koubba derrière ce porche et près de cette
koubba d'un minaret carré de 22 mètres de hauteur fait
sur le modèle de celui de la mosquée de Sidi-Abd-er-Bal-
ham d'Alger.
Comme façade sur la grande rue il n'y a qu'une petite
galerie mauresque complétée par des kiosques où seront
installés divers artisans et industriels algériens.
A côté, en remontant vers l'Hôtel des Invalides, est le
palais Tunisien construit par M. Saladin, et qui est des
plus réussis.
Sa façade principale (sur l'avenue) se compose d'un
gros pavillon de deux étages à toit carré pyramidal qui
est la reproduction du tombeau de Sidi-Ben-Arrous, une des
curiosités architecturales de Tunis;
D'un portique à trois arcades qui rappelle l'entrée du
palais du bey qu'on appelle le Bardo,
Et d'un bâtiment à terrasse reproduisant la belle arcade
du Souk-el-Bey, de Tunis.
Mais le palais n'a pas que cette façade : ses trois autres
côtés sont également intéressants et reproduisent par
fragments diverses autres célébrités architecturales du
pays; puis il y a des souks, autrement dit boutiques, des
restaurants, des cafés et des kiosques où les artisans indi-
gènes, orfèvres, damasquineurs, armuriers, brodeurs,
tourneurs et autres travailleront sous les yeux du public.
Après le palais de la Tunisie commence l'Exposition
coloniale, qui occupe un rectangle de 250 mètres de lon-
gueur.
Elle se compose d'un certain nombre de constructions,
isolées ou groupées en villages indigènes, encadrant un
vaste édifice d'un style composite, où il entre du norvégien,
de la Renaissance française et un peu de chinois ou d'an-
namite, qu'on appelle le palais des Protectorats.
Ce palais, dont l'architecte est M. Sauvaistre, contien-
dra les collections de l'Etat, les expositions des travaux
publics, les envois des écoles coloniales, des établisse-
ments pénitentiaires et des documents géographiques et
statistiques très complets et très variés, bons à consulter
surtout et même à étudier, pour les négociants ou produc-
teurs désireux d'entamer des relations commerciales avec
nos colonies.
Il est placé à peu près au centre de l'emplacement
réservé à l'Exposition, ayant derrière lui un village néo-
calédonien et le Bazar agricole, et devant des pièces d'eau
sur lesquelles on verra des embarcations indigènes ma-
nœuvrëes par de véritables indigènes appartenant à nos
colonies de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie.
II
L'Exposition, qui est une véritable ville dans la grande
ville, a son chemin de fer de ceinture, ni plus ni moins
que Paris.
Ce chemin de fer qui contourne le Champ de Mars et
longe le quai d'Orsay pour arrivera l'Esplanade des Inva-
lides, a sa tête de ligne sur le flanc du palais des Machines,
près du guichet de Suffren, et, sur le parcours, différentes
stations dont les principales sont au pont d'Iéna et devant
le palais des Produits alimentaires.
Les personnes qui ne comprennent le chemin de fer que
pour les grandes distances auront à leur disposition un
autre moyen de locomotion, moins rapide, mais plus pit-
toresque.
Aux abords de la rue du Caire stationneront une cen-
taine de ces bourriquots célèbres parleur intelligence, que
l'on a fait venir tout exprès d'Egypte avec leurs conduc-
teurs.
Ces ânes gris perle, harnachés de velours rouge ou vio-
let, porteront allègrement les visiteurs jusqu'à l'Esplanade
des Invalides, s'ils le veulent, mais naturellement ne circu-
leront pas dans les galeries d'Exposition.
Or, comme nous avons quelques choses à voir sur la
route, faisons le voyage idéalement et, pour ne pas nous
répéter, supposons que nous sommes déjà devant le Pano-
rama de la Compagnie transatlantique.
A partir de là, sur le quai d'Orsay, commence l'Exposi-
tion d'agriculture qui relie le Champ de Mars à l'Esplanade
des Invalides par une double série de halls coupés au point
de passage des rues, par des portiques d'aspect assez
monumental mis en communication par d'élégantes pas-
serelles.
Des détails sur cette exposition je n'en 'saurais donner,
tout ce que je puis dire c'est que les instruments aratoires
et autres, les produits encombrants, seront exposés dans
une galerie couverte représentant 26,000 mètres carrés de
superficie, et les produits alimentaires, liquides et solides,
dans un vaste palais qui sera une des grandes curiosités
de l'Exposition, et certainement la plus agréable... pour
les gourmands.
Ce palais, élevé sur la berge de la Seine entre le pont
de l'Alma et le pont d'Iéna, est à deux étages : le rez-de-
chaussée est aménagé comme une cave pour recevoir les
liquides, vins, bières, cidres, liqueurs, apéritifs, alcools,
aussi bien que le lait, tandis que le premier étage est
réservé aux produits solides de toute sorte.
A droite et à gauche de ce palais gastronomique,
s'élèvent des réductions d'usine où l'on fabriquera des
produits alimentaires et des bars de dégustation dans
lesquels les exposants pourront faire goûter leurs liquides.
L'ESPLANADE DES INVALIDES
L'Esplanade des Invalides, dont on n'a pas beaucoup
parlé, pourrait bien être le gros succès de l'Exposition,
car parmi toutes les choses intéressantes qu'on y accu-
mule il y aura bien des choses nouvelles.
Ici, il n'y a point de ces grands palais qui absorbent
les millions de kilogrammes de fer, mais un certain nom-
bre de petits palais d'aspect pittoresque, beaucoup de
pavillons encore plus pittoresques et des villages entiers
composés d'habitations sénégalaises, pahouines, alfourou,
canaques, malgaches, tahitiennes, cochinchinoises, tonki-
noises et habités par des naturels des différents pays, fran-
çais couleur réglisse, chocolat ou cannelle qui auront cer-
tainement un grand succès de curiosité, car ils seront
beaucoup plus authentiques que les indigènes quelconques
pour lesquels on se bouscule au Jardin d'acclimatation.
Toutes ces constructions se groupent ou s'alignent en
bordure d'une large voie qui coupe l'Esplanade en deux,
et aboutit au centre de la façade de l'Hôtel des Invalides.
Arrivé à cette rue nous avons à notre gauche le palais
Algérien qui a pour architecte M. Ballu; sa façade princi-
pale, qui regarde la Seine, se compose d'un porche, monu-
mental, d'une koubba derrière ce porche et près de cette
koubba d'un minaret carré de 22 mètres de hauteur fait
sur le modèle de celui de la mosquée de Sidi-Abd-er-Bal-
ham d'Alger.
Comme façade sur la grande rue il n'y a qu'une petite
galerie mauresque complétée par des kiosques où seront
installés divers artisans et industriels algériens.
A côté, en remontant vers l'Hôtel des Invalides, est le
palais Tunisien construit par M. Saladin, et qui est des
plus réussis.
Sa façade principale (sur l'avenue) se compose d'un
gros pavillon de deux étages à toit carré pyramidal qui
est la reproduction du tombeau de Sidi-Ben-Arrous, une des
curiosités architecturales de Tunis;
D'un portique à trois arcades qui rappelle l'entrée du
palais du bey qu'on appelle le Bardo,
Et d'un bâtiment à terrasse reproduisant la belle arcade
du Souk-el-Bey, de Tunis.
Mais le palais n'a pas que cette façade : ses trois autres
côtés sont également intéressants et reproduisent par
fragments diverses autres célébrités architecturales du
pays; puis il y a des souks, autrement dit boutiques, des
restaurants, des cafés et des kiosques où les artisans indi-
gènes, orfèvres, damasquineurs, armuriers, brodeurs,
tourneurs et autres travailleront sous les yeux du public.
Après le palais de la Tunisie commence l'Exposition
coloniale, qui occupe un rectangle de 250 mètres de lon-
gueur.
Elle se compose d'un certain nombre de constructions,
isolées ou groupées en villages indigènes, encadrant un
vaste édifice d'un style composite, où il entre du norvégien,
de la Renaissance française et un peu de chinois ou d'an-
namite, qu'on appelle le palais des Protectorats.
Ce palais, dont l'architecte est M. Sauvaistre, contien-
dra les collections de l'Etat, les expositions des travaux
publics, les envois des écoles coloniales, des établisse-
ments pénitentiaires et des documents géographiques et
statistiques très complets et très variés, bons à consulter
surtout et même à étudier, pour les négociants ou produc-
teurs désireux d'entamer des relations commerciales avec
nos colonies.
Il est placé à peu près au centre de l'emplacement
réservé à l'Exposition, ayant derrière lui un village néo-
calédonien et le Bazar agricole, et devant des pièces d'eau
sur lesquelles on verra des embarcations indigènes ma-
nœuvrëes par de véritables indigènes appartenant à nos
colonies de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie.