LIVRE D'OR DE L'EXPOSITION
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etle thé perdant tout charme hors delà tasse en porcelaine.
L'aphorisme en prose rimée
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse!
est une pose d'ivrogne et non la déclaration de principe
d'un gourmet. Néanmoins ces services, d'une jolie fabri-
cation opalisée, sont très agréables à voir.
Le service de table lui-même a été tenté, maisje ne crois
pas que cet essai détrône la belle porcelaine qui a, — grâce
à la misère des temps, — remplacé partout la vaisselle plate
de nospères, de ceux, tout au moins, denospèresquiétaient
riches. Mais le triomphe de la cristallerie de Bohême est
dans les coupes et les vases, tous les bibelots qui ne servent
à rien du tout, mais qui sont bien joliment décoratifs. Cer-
taines pièces sortant du bibelot, et par leur luxe et leurs
dimensions, peuvent être classées parmi le meuble d'art.
Telles sont les magnifiques potiches en cristal cornalin,et les
curieuses coupes d'un blanc laiteux qu'accompagnent de
gigantesques candélabres de cristal taillé, dont le pied à
facette supporte une centaine de bougies. Comme luminaire
d'antichambre ou de bas d'escalier, ce n'est peut-être pas
économique, mais c'est d'un très grand cachet.
La bijouterie viennoise est depuis longtemps renommée
et elle s'allie tout naturellement à l'art des émaux qui
enrichissent le Bohême. En effet, la plupart desbijoux sont
ornés de sujets émaillés, ce sont de ravissantes miniatures
en relief ayant plus de jolie élégance que de style, et qui
ont permis aux exposants de placer comme vendeuses, de
ravissants échantillons féminins. Quels yeux) ami lecteur,
ils font pâlir le scintillement des bijoux.
L'horlogerie est représentée par des pendules d'un type
à peu près uniforme, c'est le régulateur à caisse de bois
avec un long balancier. Dans ce système de pendules
l'élégance est assez généralement sacrifiée à la perfection
du mécanisme. En effet, ces horloges ont par trop l'aspect
froid d'un instrument de précision et elles sont aussi
embarrassantes que nos vieilles horloges armoires, tout en
étant loin d'avoir leur pittoresque. Elles rachètent cela
par un bon marché vraiment surprenant. Les sections
étrangères ont sur les sections françaises, cet avantage
d'avoir pu afficher leurs prix de vente et l'on peut
remarquer qu'en général tout ce que l'Autriche a exposé,
sauf les cristaux de Bohème, est d'un prix relativement
très modéré.
Il y a des éventails que nos bons éventaillistes signe-
raient... presque, et dont le prix ne dépasse pas celui de
la pacotille courante. Ausurplus, on peutdire qu'en général
la fabrication viennoise, type de la fabrication autrichienne,
comprend surtout de la pacotille très soignée.
La petite mécanique, c'est-à-dire celle qui fabrique par
exemple les tire-bouchons perfectionnés et les revolvers-
boîtes d'allumettes, n'a pas trop envahi l'exposition au-
trichienne. Je ne saurais trouver à signaler dans cette
catégorie que les dés, augmentés d'un appareil à enfiler les
aiguilles; la nmcAfné d/hhr &g càhpmng instantanément,
et le presse-purée que je ne croyais pas si austro-hongrois
que .cela, le voyant débiter depuis des années à Paris, par
tous les camelots du M janvier.
Sept villes se disputent l'honneur d'avoir donné le jour
à Homère, le presse-purée est encore plus réclamé, on peut
en effet le trouver àl'expositiondans chacune des sections
étrangères, qui toutes en revendiquent la paternité. Après
ça, il est peut-être né dans un coin du faubourg du
Temple. Heureux presse-purée!
Rien adiré des vitrines de vêtements,dechaussures,etc...
Dès l'instant que tout cela est fait à l'instar de Paris
cela est un peu dépourvu d'intérêt. J'aime mieux les
costumes nationaux et pittoresques que l'on a montrés dans
une vitrine toute éblouissante de couleurs. Décidément,
ils aiment ce qui se voit, en deçà et en delà de la Leith, et
sur les bords du beau Danube bleu
A propos du beau il ne pouvait manquer
d'être de la fête et tous les jours on peut l'entendre,
— plusieurs fois même, — exécutésurunmagnifiquepiano
par un artiste aussi hongrois que possible. Le pianiste est
l'objet que la Hongrie exporte le plus volontiers.
Mais elle n'exporte pas que cela. Et l'on n'a pour s'en
convaincre qu'à jeter un coup d'œil sur les magnifiques
tapis que le Bon Marché a acquis et qu'exporte une
maison hongroise. Tout en réservant ce fait que notre
industrie, soit d'État, soit privée, fait non seulement aussi
bien mais mieux encore, il faut reconnaître le mérite de
ccs belles et grandes compositions.
Dans une petite vitrine, on peut contempler quelques
poudreuses bouteilles de Tokay centenaire, qui nous fournit
tout naturellement la transition pour continuer, dans les
galeries de l'Agriculture, la visite de l'exposition austro-
hongroise.
C'est le blé qui a les honneurs de cette exposition
agricole. Les blés de Hongrie ont depuis longtemps en
France une réputation méritée. Nous les trouvons ici sous
forme de farines, de semoules, de pâtes alimentaires. Dès
l'entrée on se trouve en présence d'un trophée, vermicelle
et semoule, sur lequel se détache vigoureusement une
inscription : c Vive la France! p qui ferait bien sûr loucher
M. Tisza, déjà nommé, s'il passait par là.
Les bois sont très beaux et je crois même que ce sont
les plus beaux de l'Exposition. Il y a là, déjà acquis par
le premier de nos facteurs de piano, des chênes en grumes
de 4 à 5 mètres de longueur sur des diamètres constants
de 1^,50 et plus. Ces arbres ont de 225 à 250 ans d'exis-
tence.
Dans une annexe voisine nous retrouvons encore des
bois, mais ceux-là ramenés aux dimensions restreintes des
allumettes qu'ils servent à fabriquer, et à côté de ces bois,
la seule, l'unique, la vraie et la purgative eau d'Hunyadi
Janos, dont on n'a besoin de faire ni l'apologie ni la répu-
tation, et à laquelle nous adresserons l'adieu final de notre
visite à l'Autriche-Hongrie.
PAUL LE JEINISEL.
VtWAtGRE PEWMES
.Anf isepMqr(tf,/'ienf risunt.
Précieux pour !es soins intimes du corps.
ær.<w- <'<? — TOUTES PHARMACIES ^
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etle thé perdant tout charme hors delà tasse en porcelaine.
L'aphorisme en prose rimée
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse!
est une pose d'ivrogne et non la déclaration de principe
d'un gourmet. Néanmoins ces services, d'une jolie fabri-
cation opalisée, sont très agréables à voir.
Le service de table lui-même a été tenté, maisje ne crois
pas que cet essai détrône la belle porcelaine qui a, — grâce
à la misère des temps, — remplacé partout la vaisselle plate
de nospères, de ceux, tout au moins, denospèresquiétaient
riches. Mais le triomphe de la cristallerie de Bohême est
dans les coupes et les vases, tous les bibelots qui ne servent
à rien du tout, mais qui sont bien joliment décoratifs. Cer-
taines pièces sortant du bibelot, et par leur luxe et leurs
dimensions, peuvent être classées parmi le meuble d'art.
Telles sont les magnifiques potiches en cristal cornalin,et les
curieuses coupes d'un blanc laiteux qu'accompagnent de
gigantesques candélabres de cristal taillé, dont le pied à
facette supporte une centaine de bougies. Comme luminaire
d'antichambre ou de bas d'escalier, ce n'est peut-être pas
économique, mais c'est d'un très grand cachet.
La bijouterie viennoise est depuis longtemps renommée
et elle s'allie tout naturellement à l'art des émaux qui
enrichissent le Bohême. En effet, la plupart desbijoux sont
ornés de sujets émaillés, ce sont de ravissantes miniatures
en relief ayant plus de jolie élégance que de style, et qui
ont permis aux exposants de placer comme vendeuses, de
ravissants échantillons féminins. Quels yeux) ami lecteur,
ils font pâlir le scintillement des bijoux.
L'horlogerie est représentée par des pendules d'un type
à peu près uniforme, c'est le régulateur à caisse de bois
avec un long balancier. Dans ce système de pendules
l'élégance est assez généralement sacrifiée à la perfection
du mécanisme. En effet, ces horloges ont par trop l'aspect
froid d'un instrument de précision et elles sont aussi
embarrassantes que nos vieilles horloges armoires, tout en
étant loin d'avoir leur pittoresque. Elles rachètent cela
par un bon marché vraiment surprenant. Les sections
étrangères ont sur les sections françaises, cet avantage
d'avoir pu afficher leurs prix de vente et l'on peut
remarquer qu'en général tout ce que l'Autriche a exposé,
sauf les cristaux de Bohème, est d'un prix relativement
très modéré.
Il y a des éventails que nos bons éventaillistes signe-
raient... presque, et dont le prix ne dépasse pas celui de
la pacotille courante. Ausurplus, on peutdire qu'en général
la fabrication viennoise, type de la fabrication autrichienne,
comprend surtout de la pacotille très soignée.
La petite mécanique, c'est-à-dire celle qui fabrique par
exemple les tire-bouchons perfectionnés et les revolvers-
boîtes d'allumettes, n'a pas trop envahi l'exposition au-
trichienne. Je ne saurais trouver à signaler dans cette
catégorie que les dés, augmentés d'un appareil à enfiler les
aiguilles; la nmcAfné d/hhr &g càhpmng instantanément,
et le presse-purée que je ne croyais pas si austro-hongrois
que .cela, le voyant débiter depuis des années à Paris, par
tous les camelots du M janvier.
Sept villes se disputent l'honneur d'avoir donné le jour
à Homère, le presse-purée est encore plus réclamé, on peut
en effet le trouver àl'expositiondans chacune des sections
étrangères, qui toutes en revendiquent la paternité. Après
ça, il est peut-être né dans un coin du faubourg du
Temple. Heureux presse-purée!
Rien adiré des vitrines de vêtements,dechaussures,etc...
Dès l'instant que tout cela est fait à l'instar de Paris
cela est un peu dépourvu d'intérêt. J'aime mieux les
costumes nationaux et pittoresques que l'on a montrés dans
une vitrine toute éblouissante de couleurs. Décidément,
ils aiment ce qui se voit, en deçà et en delà de la Leith, et
sur les bords du beau Danube bleu
A propos du beau il ne pouvait manquer
d'être de la fête et tous les jours on peut l'entendre,
— plusieurs fois même, — exécutésurunmagnifiquepiano
par un artiste aussi hongrois que possible. Le pianiste est
l'objet que la Hongrie exporte le plus volontiers.
Mais elle n'exporte pas que cela. Et l'on n'a pour s'en
convaincre qu'à jeter un coup d'œil sur les magnifiques
tapis que le Bon Marché a acquis et qu'exporte une
maison hongroise. Tout en réservant ce fait que notre
industrie, soit d'État, soit privée, fait non seulement aussi
bien mais mieux encore, il faut reconnaître le mérite de
ccs belles et grandes compositions.
Dans une petite vitrine, on peut contempler quelques
poudreuses bouteilles de Tokay centenaire, qui nous fournit
tout naturellement la transition pour continuer, dans les
galeries de l'Agriculture, la visite de l'exposition austro-
hongroise.
C'est le blé qui a les honneurs de cette exposition
agricole. Les blés de Hongrie ont depuis longtemps en
France une réputation méritée. Nous les trouvons ici sous
forme de farines, de semoules, de pâtes alimentaires. Dès
l'entrée on se trouve en présence d'un trophée, vermicelle
et semoule, sur lequel se détache vigoureusement une
inscription : c Vive la France! p qui ferait bien sûr loucher
M. Tisza, déjà nommé, s'il passait par là.
Les bois sont très beaux et je crois même que ce sont
les plus beaux de l'Exposition. Il y a là, déjà acquis par
le premier de nos facteurs de piano, des chênes en grumes
de 4 à 5 mètres de longueur sur des diamètres constants
de 1^,50 et plus. Ces arbres ont de 225 à 250 ans d'exis-
tence.
Dans une annexe voisine nous retrouvons encore des
bois, mais ceux-là ramenés aux dimensions restreintes des
allumettes qu'ils servent à fabriquer, et à côté de ces bois,
la seule, l'unique, la vraie et la purgative eau d'Hunyadi
Janos, dont on n'a besoin de faire ni l'apologie ni la répu-
tation, et à laquelle nous adresserons l'adieu final de notre
visite à l'Autriche-Hongrie.
PAUL LE JEINISEL.
VtWAtGRE PEWMES
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Précieux pour !es soins intimes du corps.
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