À L L E M A N D E.1 l&t
teroit encore à dire 5 nous it'avions jamaîs vu
cet ouvrage } nous ri’en avious jamais entendu
parler $ nous nyavons pas encore recueilïiles voix ?
On seroit beaucoup plus certain alors de ce
qu’ils penfent, & son sauroit à qiioi s’en te-
nir, quand on les entendroit aillenrs pronon-
cer fort juste sur toutes les beautés & tous les
défauts d5un tableau & d’une statue.
On voit bien que je ne parle pas des vra’n
Coiinoiiseurs que nous ne saurions trop esti-
nier, mais de ceux qui ont seulepient la ma-
îiie de le paroître. Si îeur sebte nous impor-
tune , noiis rencontrons aussi par fois , sans
iortir de la nôtre , des tètes renversées qui nous
désespérent. L’Artiste toujours content de lui,
toujours boust de son savoir , & tcujours le
criant, mème à ses confreres qu’ii regarde du
haut de son petit orgueil, comme dcs profanes
qui 11’entendent rien aux mysteres; cetartiste,
dis-je, est une espece d’animal en démence
continuelle , un être que chacun suit en ad-
mirant ce qu’il y a de beau dans ses ouvrages.
Chaque société, chaque pays, cliaque siecîe a
ses Baccio Bandinelli. Mais l’espece heureuse-
ment en est; rare. Si eile étoit commune , il
chacun de nous disoit à son confrere , admirez
mon génie, vénérez mes talens , & vouioit sor-
Tome 1L L
teroit encore à dire 5 nous it'avions jamaîs vu
cet ouvrage } nous ri’en avious jamais entendu
parler $ nous nyavons pas encore recueilïiles voix ?
On seroit beaucoup plus certain alors de ce
qu’ils penfent, & son sauroit à qiioi s’en te-
nir, quand on les entendroit aillenrs pronon-
cer fort juste sur toutes les beautés & tous les
défauts d5un tableau & d’une statue.
On voit bien que je ne parle pas des vra’n
Coiinoiiseurs que nous ne saurions trop esti-
nier, mais de ceux qui ont seulepient la ma-
îiie de le paroître. Si îeur sebte nous impor-
tune , noiis rencontrons aussi par fois , sans
iortir de la nôtre , des tètes renversées qui nous
désespérent. L’Artiste toujours content de lui,
toujours boust de son savoir , & tcujours le
criant, mème à ses confreres qu’ii regarde du
haut de son petit orgueil, comme dcs profanes
qui 11’entendent rien aux mysteres; cetartiste,
dis-je, est une espece d’animal en démence
continuelle , un être que chacun suit en ad-
mirant ce qu’il y a de beau dans ses ouvrages.
Chaque société, chaque pays, cliaque siecîe a
ses Baccio Bandinelli. Mais l’espece heureuse-
ment en est; rare. Si eile étoit commune , il
chacun de nous disoit à son confrere , admirez
mon génie, vénérez mes talens , & vouioit sor-
Tome 1L L