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BULLETINS OFFICIELS
Grand Quartier général, le 17 mars 1815.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.'— La lutte pour la saillie, à la
pente sud de la hauteur de Loretto, a été décidée en notre faveur.
En Champagne, a l'ouest de Perthes et au nord de Le Mesnil,
les Français ont attaqué plusieurs fois dans la journée d'hier, mais
sans succès. Dans la soirée, ils ont renouvelé leurs attaques avec
des forces plus grandes ; le combat dure encore.
Dans les Argonnes, les combats ne sont pas encore terminés.
Les Français ont été repoussés de la pente qui se trouve au sud-
ouest de Vauquois, & l'est des Argonnes, où ils s'étaient installés
passagèrement.
Au bois Le Prêtre, au nord-ouest de Pont-à-Mousson, deux
attaques françaises ont échoué.
Dans les Vosges, il n'y a eu que des combats d'artillerie. •
Théâtre de la guerre à VEtt. — De faibles poussées russes sur
Tauroggen et Laugszargen furent refoulées. Entre Skwa et Orzyc,
des tentatives russses de briser nos lignes, furent repoussées. Au
sud de la Vistule, la situation est sans changement.
Grand Quartier général, 18 mars 191 S.
Thé&tre de la guerre à l'Ouest. — Une poussée française, dirigée
sur notre position, à la pente sud de la hauteur de Loretto, a été
refoulée.
En Champagne, des attaques françaises, au nord de Le Mesnil,
ont été arrêtées par nos contre-attaques. L'attaque française, renou-
velée hier soir, a été repoussée avec des pertes graves pour l'en-
nemi.
Bti Argonne, les combats deviennent plus faibles.
Des aviateurs français ont jeté des bombes sur Schlettstadt,
ville ouverte en Alsace. Une bombe seulement a eu de l'effet, tom-
bant sur l'école normale d'institutrices, tuant deux enfants et en
blessant dix autres grièvement. En réponse, nous avons jeté des
bombes de gros calibre sur la forteresse de Calais.
Thé&tre de la guerre à l'Est. — Des attaques russes, entreprises
contre nos positions, situées entre Pissek et Orzyc, ainsi qu'au
nord-ouest de Prasznysz, ont continué hier sans succès.
A l'ouest de la Szkwa, nous avons fait 900 prisonniers et 1,000 à
l'est de la rivière; nous y avons pris 4 mitrailleuses.
A l'extrême coin de la Prusse orientale, des bandes de la
Reichswehr russe ont eu un succès bon marché, envahissant dans
la direction de Memel. Ils ont pillé et incendié des villages et des
fermes.
Comme châtiment, de fortes amendes ont été infligées aux villes
russes occupées par nous. Pour chaque village et ferme brûlés par
ces bandes sur le sol allemand, trois villages et trois fermes sur le
territoire russe occupé seront livrés aux flammes. A tout dommage
causé par l'incendie à Memel, il sera répondu par l'incendie des pré-
fectures russes à Suwalki et aux autres lieux de gouvernement qui
se trouvent entre nos mains.
Grand Quartier général, 19 mars 1915.
Théâtre delà guerre à l'Ouest. — Eu Champagne, deux atta-
ques partielles françaises, au nord de Le Mesnil et au nord de Beau-
Séjour, ont, de nouveau, échoué. 2 officiers et 70 Français furent
FEUILETON DE LA . GAZETTE DES ARDENNBS ..
UNE DETTE
Par Alfred CAPUS. de l'Académie française
— Il s'agit bien de dominos ! Je vous le répète, la somme est
eiagérée, surtout pour une dernière opération, car je ne voulais
plus prêter... Enfin 1
11 murmura des paroles vagues, puis brusquement :
— Où dînez-vous ce soir ?
— Voulez-vous me faire le plaisir de dîner avec moi ? deman-
dai-je.
— Gaspillage, cela, gaspillage. Venez au contraire dîner chez
moi. en famille.
Je répétai machinalement :
— En famille ?
— Avec ma femme, qui sera enchantée de faire votre connais-
sance. Je lui ai souvent parlé de vous.
Je l'accompagnai, me livrant à des conjectures sur ce que pou-
vait être l'intérieur du père Lebrun. Il demeurait boulevard Magenta,
au troisième, dans un appartement qui me frappa tout de suite par
son confortable et son heureuse disposition. La bonne nous intro-
duisit dans le salon d'un luxe calme et bourgeois, sans mauvais
goût.
— Je vais chercher ma femme, asseyez-vous.
Je songeais : ■ La mère Lebrun doit être très drôle ! • Mais
quand je la vis, je fus stupéfait, et me repentis de cette supposition
faits prisonniers. Après avoir subi de grosses pertes l'ennemi,
refoulé, se retira dans ses positions, sous notre feu efficace.
Au sud-est de Verdun, les Français entreprirent plusieurs pous-
sées en avant. Dans la plaine de la Woëvre, ils furent refoulés. A la
pente Est des Hauts-de-Meuse, on lutte encore.
Théâtre de la guerre a l'Est. — La situation, près de Memel,
n'est pas encore éclaircie ; il paraît que de faibles détachements
ruasos ont pénétré à Memel. Des contre-mesures ont été prises.
Toutes les attaques russes entre Pissek et Orzyc, de même au
nord-est et h l'ouest de Prasznysz, furent repoussées en partie avec
de très graves pertes pour l'ennemi.
La situation au sud de la Vistule n'a pas changé.
BULLETINS OFFICIELS BU lïïISTiRE DE Lâ GUERE!
Paria, 11 mari 1915, 3 henrea.
L'attaque anglaise de mercredi a enlevé 2,500 mètres de tran-
chées eu avant de Neuve-Chapelle et le village lui-même. Elle a
progressé dans la direction d'Aubers, jusqu'au moulfn du Piètre et
dans la direction sud-est jusqu'à la lisière nord des bols de Blet,
c'est-à-dire à deux kilomètres environ de Neuve-Chapelle.
L'artillerie allemande a peu tiré.
Pour le reste du front, rien à ajouter au communiqué d'hier soir.
Pari*, il mars 1915, soir.
Un épais brouillard gêne beaucoup les opérations sur différents
points du front. En Belgique, une escadrille anglaise a bombardé
Westende avec succès. Dans le secteur d'Ypres, nous avona
repoussé deux attaques près de Zandwoorde. Dans la région de
Neuve-Chapelle, l'armée anglaise a repoussé des contre-attaques.
Les pertes de l'ennemi sont considérables.
En Champagne, nous avons, dans la soirée de mercredi, réalisé
des progrès considérables dans le bois à l'ouest de Perthes, où nous
avions pris pied il y a cinq jours. L'ennemi s'y est défendu avec
acharnement. Malgré un très violent bombardement et plusieura
contre-attaques, nous avons maintenu nos gains.
En Argonne, dans la région du Four-de-Paris et de Bolante,
nous avons, au cours des combats précédemment relatés, pris un
lance-bombes et une mitrailleuse.
Dans les Vosges, nous avons repoussé des contre-attaques au
ReicbBackerkopf.
Pari*, ii mars 1915. 3 heure*.
En Belgique, deux divisions de l'armée belge ont progressé sur
différents points de quatre cents à cinq cents mètres, notamment
dans la direction de Schoorbakke, au sud-est de Nieuport.
Sur le reste du front, il n'y a rien à ajouter au communiqué de
la soirée.
Paris, 12 mars 1915, soir.
A l'est de Lombaertzyde, nous avons enlevé un fortin allemand à
une centaine de mètres en avant de notre ligne de tranchées.
A trois kilomètres à l'est d'Armentîôres, les troupes anglaises
ont occupé le hameau de PEpinette.
Dans le secteur de Neuve-Chapelle, les progrès de l'armée bri-
tannique se sont poursuivis. Après avoir repoussé deux fortes
gratuite. Elle paraissait trente ans à peine ; elle avait les cheveui
d'un blond clair, le nez droit et fin et cette souple démarche qui
charme au premier coup d'œil. Elle me tendit la main sans timidité
et il me vint un respect subit pour le père Lebrun, souriant à son
côté d'un air paisible et confiant.
Le repas bien servi fut cordial. Nous n'étions que nous troi't. Le
père Lebrun me mit à mon aise dès le potage.
— Dirait-on que ce garçon-là a une aussi mauvaise conduite?
Hein ! Cécile ?
Elle leva sur moi des yeux très doux.
— Est-ce vrai, monsieur 1
Le père Lebrun m'évita de répondre.
— Très mauvaise. Aucun sérieux dans ses engagements. Je vois
le moment où je serai contraint de lui faire des frais____Buvw
donc...
— H ne faut pas en arriver a cette extrémité, monsieur. Il fan'
travailler, dit Mm* Lebrun d'une voix aimable et grave.
— Ecoutez-la, mon jeune ami, elle est de bon conseil.
Je l'écoutais et il me semblait que j'étais dans ma propre famille.
Lui, avait des attitudes d'oncle qui gronde un coquin de neveu. Je
me figurai un instant que j'étais auprès d'une jeune tante, situation
exquise pour tous les esprits un peu délicats.
Au dessert, le père Lebrun s'approchant de sa femme lui donni
un baiser sur le front. Ce détail me rappela à la réalité. Evidem-
ment, ils formaient un ménage très uni, et je ne surpris pas une
seule fois de ces paroles aigres et à double sens qui sont fréquente*
entre époux d'âges disproportionnés.
{A suture).
BULLETINS OFFICIELS
Grand Quartier général, le 17 mars 1815.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.'— La lutte pour la saillie, à la
pente sud de la hauteur de Loretto, a été décidée en notre faveur.
En Champagne, a l'ouest de Perthes et au nord de Le Mesnil,
les Français ont attaqué plusieurs fois dans la journée d'hier, mais
sans succès. Dans la soirée, ils ont renouvelé leurs attaques avec
des forces plus grandes ; le combat dure encore.
Dans les Argonnes, les combats ne sont pas encore terminés.
Les Français ont été repoussés de la pente qui se trouve au sud-
ouest de Vauquois, & l'est des Argonnes, où ils s'étaient installés
passagèrement.
Au bois Le Prêtre, au nord-ouest de Pont-à-Mousson, deux
attaques françaises ont échoué.
Dans les Vosges, il n'y a eu que des combats d'artillerie. •
Théâtre de la guerre à VEtt. — De faibles poussées russes sur
Tauroggen et Laugszargen furent refoulées. Entre Skwa et Orzyc,
des tentatives russses de briser nos lignes, furent repoussées. Au
sud de la Vistule, la situation est sans changement.
Grand Quartier général, 18 mars 191 S.
Thé&tre de la guerre à l'Ouest. — Une poussée française, dirigée
sur notre position, à la pente sud de la hauteur de Loretto, a été
refoulée.
En Champagne, des attaques françaises, au nord de Le Mesnil,
ont été arrêtées par nos contre-attaques. L'attaque française, renou-
velée hier soir, a été repoussée avec des pertes graves pour l'en-
nemi.
Bti Argonne, les combats deviennent plus faibles.
Des aviateurs français ont jeté des bombes sur Schlettstadt,
ville ouverte en Alsace. Une bombe seulement a eu de l'effet, tom-
bant sur l'école normale d'institutrices, tuant deux enfants et en
blessant dix autres grièvement. En réponse, nous avons jeté des
bombes de gros calibre sur la forteresse de Calais.
Thé&tre de la guerre à l'Est. — Des attaques russes, entreprises
contre nos positions, situées entre Pissek et Orzyc, ainsi qu'au
nord-ouest de Prasznysz, ont continué hier sans succès.
A l'ouest de la Szkwa, nous avons fait 900 prisonniers et 1,000 à
l'est de la rivière; nous y avons pris 4 mitrailleuses.
A l'extrême coin de la Prusse orientale, des bandes de la
Reichswehr russe ont eu un succès bon marché, envahissant dans
la direction de Memel. Ils ont pillé et incendié des villages et des
fermes.
Comme châtiment, de fortes amendes ont été infligées aux villes
russes occupées par nous. Pour chaque village et ferme brûlés par
ces bandes sur le sol allemand, trois villages et trois fermes sur le
territoire russe occupé seront livrés aux flammes. A tout dommage
causé par l'incendie à Memel, il sera répondu par l'incendie des pré-
fectures russes à Suwalki et aux autres lieux de gouvernement qui
se trouvent entre nos mains.
Grand Quartier général, 19 mars 1915.
Théâtre delà guerre à l'Ouest. — Eu Champagne, deux atta-
ques partielles françaises, au nord de Le Mesnil et au nord de Beau-
Séjour, ont, de nouveau, échoué. 2 officiers et 70 Français furent
FEUILETON DE LA . GAZETTE DES ARDENNBS ..
UNE DETTE
Par Alfred CAPUS. de l'Académie française
— Il s'agit bien de dominos ! Je vous le répète, la somme est
eiagérée, surtout pour une dernière opération, car je ne voulais
plus prêter... Enfin 1
11 murmura des paroles vagues, puis brusquement :
— Où dînez-vous ce soir ?
— Voulez-vous me faire le plaisir de dîner avec moi ? deman-
dai-je.
— Gaspillage, cela, gaspillage. Venez au contraire dîner chez
moi. en famille.
Je répétai machinalement :
— En famille ?
— Avec ma femme, qui sera enchantée de faire votre connais-
sance. Je lui ai souvent parlé de vous.
Je l'accompagnai, me livrant à des conjectures sur ce que pou-
vait être l'intérieur du père Lebrun. Il demeurait boulevard Magenta,
au troisième, dans un appartement qui me frappa tout de suite par
son confortable et son heureuse disposition. La bonne nous intro-
duisit dans le salon d'un luxe calme et bourgeois, sans mauvais
goût.
— Je vais chercher ma femme, asseyez-vous.
Je songeais : ■ La mère Lebrun doit être très drôle ! • Mais
quand je la vis, je fus stupéfait, et me repentis de cette supposition
faits prisonniers. Après avoir subi de grosses pertes l'ennemi,
refoulé, se retira dans ses positions, sous notre feu efficace.
Au sud-est de Verdun, les Français entreprirent plusieurs pous-
sées en avant. Dans la plaine de la Woëvre, ils furent refoulés. A la
pente Est des Hauts-de-Meuse, on lutte encore.
Théâtre de la guerre a l'Est. — La situation, près de Memel,
n'est pas encore éclaircie ; il paraît que de faibles détachements
ruasos ont pénétré à Memel. Des contre-mesures ont été prises.
Toutes les attaques russes entre Pissek et Orzyc, de même au
nord-est et h l'ouest de Prasznysz, furent repoussées en partie avec
de très graves pertes pour l'ennemi.
La situation au sud de la Vistule n'a pas changé.
BULLETINS OFFICIELS BU lïïISTiRE DE Lâ GUERE!
Paria, 11 mari 1915, 3 henrea.
L'attaque anglaise de mercredi a enlevé 2,500 mètres de tran-
chées eu avant de Neuve-Chapelle et le village lui-même. Elle a
progressé dans la direction d'Aubers, jusqu'au moulfn du Piètre et
dans la direction sud-est jusqu'à la lisière nord des bols de Blet,
c'est-à-dire à deux kilomètres environ de Neuve-Chapelle.
L'artillerie allemande a peu tiré.
Pour le reste du front, rien à ajouter au communiqué d'hier soir.
Pari*, il mars 1915, soir.
Un épais brouillard gêne beaucoup les opérations sur différents
points du front. En Belgique, une escadrille anglaise a bombardé
Westende avec succès. Dans le secteur d'Ypres, nous avona
repoussé deux attaques près de Zandwoorde. Dans la région de
Neuve-Chapelle, l'armée anglaise a repoussé des contre-attaques.
Les pertes de l'ennemi sont considérables.
En Champagne, nous avons, dans la soirée de mercredi, réalisé
des progrès considérables dans le bois à l'ouest de Perthes, où nous
avions pris pied il y a cinq jours. L'ennemi s'y est défendu avec
acharnement. Malgré un très violent bombardement et plusieura
contre-attaques, nous avons maintenu nos gains.
En Argonne, dans la région du Four-de-Paris et de Bolante,
nous avons, au cours des combats précédemment relatés, pris un
lance-bombes et une mitrailleuse.
Dans les Vosges, nous avons repoussé des contre-attaques au
ReicbBackerkopf.
Pari*, ii mars 1915. 3 heure*.
En Belgique, deux divisions de l'armée belge ont progressé sur
différents points de quatre cents à cinq cents mètres, notamment
dans la direction de Schoorbakke, au sud-est de Nieuport.
Sur le reste du front, il n'y a rien à ajouter au communiqué de
la soirée.
Paris, 12 mars 1915, soir.
A l'est de Lombaertzyde, nous avons enlevé un fortin allemand à
une centaine de mètres en avant de notre ligne de tranchées.
A trois kilomètres à l'est d'Armentîôres, les troupes anglaises
ont occupé le hameau de PEpinette.
Dans le secteur de Neuve-Chapelle, les progrès de l'armée bri-
tannique se sont poursuivis. Après avoir repoussé deux fortes
gratuite. Elle paraissait trente ans à peine ; elle avait les cheveui
d'un blond clair, le nez droit et fin et cette souple démarche qui
charme au premier coup d'œil. Elle me tendit la main sans timidité
et il me vint un respect subit pour le père Lebrun, souriant à son
côté d'un air paisible et confiant.
Le repas bien servi fut cordial. Nous n'étions que nous troi't. Le
père Lebrun me mit à mon aise dès le potage.
— Dirait-on que ce garçon-là a une aussi mauvaise conduite?
Hein ! Cécile ?
Elle leva sur moi des yeux très doux.
— Est-ce vrai, monsieur 1
Le père Lebrun m'évita de répondre.
— Très mauvaise. Aucun sérieux dans ses engagements. Je vois
le moment où je serai contraint de lui faire des frais____Buvw
donc...
— H ne faut pas en arriver a cette extrémité, monsieur. Il fan'
travailler, dit Mm* Lebrun d'une voix aimable et grave.
— Ecoutez-la, mon jeune ami, elle est de bon conseil.
Je l'écoutais et il me semblait que j'étais dans ma propre famille.
Lui, avait des attitudes d'oncle qui gronde un coquin de neveu. Je
me figurai un instant que j'étais auprès d'une jeune tante, situation
exquise pour tous les esprits un peu délicats.
Au dessert, le père Lebrun s'approchant de sa femme lui donni
un baiser sur le front. Ce détail me rappela à la réalité. Evidem-
ment, ils formaient un ménage très uni, et je ne surpris pas une
seule fois de ces paroles aigres et à double sens qui sont fréquente*
entre époux d'âges disproportionnés.
{A suture).