Félibien, André: Des Principes De L'Architecture, De La Sculpture, De La Peinture, Et Des Autres Arts Qui En Dépendent: Avec Vn Dictionnaire des Termes propres à chacun de ces Arts (Paris, 1676)

livre troisième; 41i
Et quand on employoit des Emaux épais on cou-
choit seulement chaque Couleur à plat & separé-
ment, comme l'on fait encore quelquefois pour é-
mailler certaines pièces de relief. Mais on n'avoit
pas trouvé la manière de peindre comme l'on fait au-
jourd'huy avec des Emaux épais 6c opaques 3 ny le
secret d'en composer toutes les Couleurs dont l'on
se seit à present.
Pour employer les Emaux clairs on les broyé seu-
lement avec de l'eau y car ils ne peuvent pas souffrir
l'huile comme les Emaux épais. On les couche à plat,
bordez du metail sur lesquels on les met. On fait
quelquefois des Ouvrages qui sont tout en champ
d'Email, & sans bordement9 ce qui est allez difficile 3 à
cause que les Emaux clairs en arfondant mésient
ensemble, & que les couleurs se confondent, princi-
palement lorsque les pièces sont petites. Il se voit
encore quelques morceaux de cette sorte de tra-
vail faits du temps de Charles IX. &de Henry II.
qui sont d'une moyenne grandeur; Mais l'Ouvrage
le plus petit & le plus achevé qu'on ait fait en ce
genre de peinture est un delTus de boëte rond que
j'ay vû de la façon de Pierre Chartier de Blois, où il a
peint une guirlande de sseurs.
Toutes sortes d'Emaux ne peuventpas s'employer
indifféremment sur toutes sortes de métaux. Car le
cuivre qui reçoit tous les émaux épais ne peut pas
souffrir ceux qui sont clairs & transparens. Quand
on veut mettre un émail clair sur du cuivre, il faut
premièrement mettre une couche de Verre ou d'E-
mail noir, sur lequel on met une feuille d'argent^qui
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