Félibien, André: Des Principes De L'Architecture, De La Sculpture, De La Peinture, Et Des Autres Arts Qui En Dépendent: Avec Vn Dictionnaire des Termes propres à chacun de ces Arts (Paris, 1676)

LIVRE TROISIEME. 4AS
troient. Par ce moyen il avoit des bois de différen-
tes teintes pour imiter la peinture , &c avec lesquels il
commenta de representer des bastimens & des per~
speclrives. Ceux qui l'ont suivy se sont servis de tous
ces moyens , &en ont encore cherché d'autres pour
le surpasser. Quelques - uns pour avoir une cou-
leur noirastre, & propre à bien imiter les ombres ont
trouvé le secret de brusser le bois sans le consom-
mer, soit en le mettant dans du sable chauffé surie
feu, soit avec de l'eau de chaux, & de sublimé ; d'au-
tres se sont servis d'huile desoufre. Les plus curieux
amalïent toutes sortes de bois naturels, dont il s'en
trouve plusieurs de couleurs très-vives , & tres-
belles, non seulemenr parmy ceux qui viennent des
Indes, mais aussï entre ceux qui croissent en France,
dont les racines sont d'un grand usage.
Ce travail demande des Ouvriers plus patiens que
doctes, pareequ'il y faut mettre bien du temps, &
qu'ils ne font que suivre les Dessems qu'on leur don-
ne. Ceux pourtant qui ont le plus de Dessein, &
quelque connoillance de la Peinture, y reuiTissent le
mieux. L'on commence par refendre & sier tous les
differens bois par feuilles, de PespaisTeurseulement
d'une ligne ou deux : En suite on colle les Des-
seins sur les feuilles, & avec une petite sie de ser, ou
d'acier fort étroite y déliée, & faite de telle manie^
re qu'elle se tourne comme l'on veut, on coupe le
bois sélon les profils du Dessein. L'on sie sou vent
trois ou quatre de ces feuilles à la fois , que l'on
joint ensemble pour avancer davantage , &■ épar-
gner le temps j mais quelquefois ausîi on n'en mec
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