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LE FIFRE

ouuenir

Il y a une dizaine d'années, en plein hiver,
à la maison Dubois, mourait la maîtresse d'un
petit marchand de tableaux du boulevard ex-
térieur, qui, de temps en temps, nous achetait
des croquis, des aquarelles, dans les deux
francs pièce. Afin de conserver ce Mécène in-
digent, nous nous rendîmes tous aux obsèques
de la pauvre fille. Nous étions tous là, battant
la semelle dans une des cours de l'hôpital.
Notre veuf sanglotait. Il était vêtu d'un pan-
talon de. drap noir, d'un veston de velours
noir, et coiffé d'un chapeau de salin méca-
nique. Quant à nous, notre tenue était moins
recherchée. Ainsi G... qui est aujourd'hui un
graveur de beaucoup de talent était enveloppé
d'un de ces longs ulster moutonneux qu'on
appelle des gâteuses. Cet ulster, il y avait
déjà trois ans que je le lui connaissais; il lui
servait à la fois de couvre-pieds, de robe de
chambre et de pardessus, et il était effrangé
par le frottement des talons. De ses eaux
fortes, il en parlait naïvement comme de
choses à jamais classées et immortelles, il se
servait de son nom pour les désigner, tout
comme siVelasquezavaitdit : « J'ai fait aujour-
d'hui unjoli Velasque^.Un jour, pour décider
une jeune personne à monter chez lui, G... lui
disait comme dernier et suprême moyen de
séduction : « Mais montez donc, il y a du
feu... » Il y avait encore Z... un roux frisé, qui
regardait tout à travers ses cils parce qu'il ne
cherchait que l'enveloppe des choses. lia pa-
raît-il, épousé une marchande de chaussures
de l'avenue des Ternes, et s'en trouve bien.
Quant aux autres, je me souviens vaguement
de ce qu'ils faisaient au juste et ignore ce
qu'ils sont devenus.

Le convoi se met en marche pour le cime-
tière deCayenne. En tête le brocanteur, navré
et soutenu sous les bras par un ami qui l'em-
pêchait de buter à chaque pas, aveuglé qu'il
était par ses larmes. Arrivé devant les fortifi-
cations couvertes de neige et charmés de la
tache imprévue que faisait le corbillard sur la
neige, les peintres se dirent, la main grande
ouverte, en valeur sur le ciel: « C'est épatant,
on rendrait ça avec rien ! »

Les fortifications sont derrière nous. C'est la
campagne. On voit au loin vers Saint-Denis
des gazomètres et des cheminées d'usines qui
fument blanc sur le ciel noir. La route est
bordée d'un côté par des marchands de cou-
ronnes et de croix; de l'autre côté, ce sont des
cahutes, des tonnelles, des balançoires, des

marchands de pommes de terre frites et des
mastroquets auxenseignes consolatrices: « En-
trons, notre père est là, » ou « On est mieux ici
qu'en face... » Devant ce lamentable paysage,
devant ces plaines ingrates coupées par des
murs d'usines, des murs longs d'un kilomètre,
à l'aspect de ces huttes de chiffonniers, hété-
roclitement construites avec des matériaux de
démolitions, la campagne semble elle-même un
immense tas d'ordures. Alors on parle de Raf-
faëlli qui a si bien ressenti et dessiné tout ce
que ce pays a de navrantes et d'inquiétantes
misères.

Le prêtre va au-devant d'un autre convoi;
nous sortons du cimetière. A la porte, l'incon-
solable nous invite à entrer chez un de ces
marchands de vin dont je parle plus haut.
C'est une grande salle, au milieu de laquelle
est un grand poêle ; sur ce poêle sont étagées
d'épaisses demi-tasses à bordure bleue; la
salle est éclairée par deux hautes fenêtres
qui donnent sur la plaine, et sur de longues
tables aux toiles cirées luisantes comme des
parquets, on voit des rangées de litres pleins
et des verres prêts pour les tournées. Le bro-
canteur fait venir des bouillons et des sau-
cisses ; on vide les litres et on le console en lui
élisant : «Vous avez bien fait les choses... elle
ne souffrira plus..., etc.

En nous en revenant, un paysagiste me
prend à part pour me dire : « Je croyais qu'on
déjeunerait, j'ai encore faim !... »

;. I. f.

Choses d'jïrt

C'est cette semaine que doit s'ouvrir, à l'É-
cole des Beaux-Arts, l'exposition des œuvres
de Eeyen-Pcrrin. Nous ne savons quelle im-
pression nous éprouverons devant l'ensemble
de son œuvre, mais au souvenir de ses
« Vanneuses et Pêcheuses cancalaises » nous
pourrions affirmer qu'il n'était ni un peintre ni
un dessinateur. Il est de la catégorie de ces
artistes qui se sont mépris sur le choix de leur
métier.

Il semble qu'il ne considérât la peinture que
comme un moyen d'exprimer tout le côté sen-
timental ou plutôt la sentimentalité, dont on
se plaisait naguère à voir la vie des champs.
— Rien queparcela même, il date. Aussi voyez
ses tableaux; rien n'y est décisif. Peu de pâte,
tout en frottis; la ligne, le caractère, ne sont
affirmés nulle part; ils donnent la sensation
d'une étoffe agréable à regarder, mince et bon
marché, et qui s'usera bien vite.

J'imagine qu'avec son côté rêveur et délicat,
Eeyen-Perrin eût été un musicien exquis, un
poète charmant : il n'a été qu'un peintre
agréable.

L'homme était grand, mince, distingué et
parlant toujours très doucement. Son erreur
artistique fut de communiquer le charme de
ses manières, à des figures, à des motifs qui
n'en comportent aucun. Toutes ses paysannes
et pêcheuses sont un peu ses filles ; elles pa-
raissent accomplir leurs durs travaux en
femmes qui n'ont pas toujours fait ça, comme
jadis des filles d'émigrés.

Forain.

Ceux de nos abonnes qui n'auraient pas reçu les
'premiers numéros sont pries d'en faire imméâia-
temeuf lu réclamation au Journal.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Souvenir
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le Fifre : journal hebdomadaire
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
ZST 96 D RES::1.1889,1-15

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Signatur: "f" Sonstige Angaben: "Petit.Sc"

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Forain, Jean Louis
Entstehungsdatum (normiert)
1889 - 1889
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Hand <Motiv>
Frankreich
Schornstein <Motiv>
Fabrikgebäude
Karikatur
Frau <Motiv>
Menschenmenge <Motiv>
Satirische Zeitschrift
Thema/Bildinhalt (normiert)
Zweispitz <Motiv>

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Alle Rechte vorbehalten - Freier Zugang
Creditline
Le Fifre, journal hebdomadaire, 1.1889, Nr. 3, S. 3_2
 
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