LE FIFRE
GASCONNADE
J'aime les tétons de Margot,
Ses tétons durs et sans reproche
OU la clarté du jour s'accroche,
Droits comme des coqs sur l'ergot!
Il faudrait être Wisigoth
Pour ne pas préférer l'approche
De ces deux jolis bouts de roche
Même au talent de Monsieur Got.
Dans ma chair, quand elle me presse,
Meurtri sous sa rude caresse,
Sa poitrine se moule en rond;
Alors quand, d'amour, je m'y cogne,
Tête en avant, comme un ivrogne,
Je me fais des bosses au front!
Armand SILVESTRE.
Avril 1889.
LE PEINTRE AMATEUR
L'amateur d'autrefois était une personne
remplie de modestie, dont le talent était
plutôt fait d'adresse ; un sédentaire revenu
des vanités de la vie et que nos souvenirs
nous montrent toujours assis près de la
fenêtre devant une table, pignochantsans
fatigue des petits dessins au crayon ou à
la sépia, sur des papiers aux nuances dé-
gradées qui lui permettaient d'exécuter en
un rien de temps, entouré de mioches exta-
siés, des vues de la Suisse ou du Maroc.
C'est pour lui que le lithographe Ferrogio
fit, il y a une quarantaine d'années, toute
une série de paysages variés et pitto-
resques : cascades, montagnes, vieux don-
jons et groupes variés de bergers dans les
Alpes, le tout tiré sur papier jaune avec
des rehauts de blanc. C'est encore pour
lui que Julien et Victor Adam prenaient
dans l'œuvre d'Horace Vernet les coins
les plus palpitants de la Prise de la Smala
d'Abd-el-Kader. Je crois pouvoir me rap-
peler que ces séries s'appelaient « l'Album
de l'Amateur ».
Aujourd'hui tout cela est fini, démodé,
vieux jeu. —L'amateur travaille exclusi-
vement d'après nature.
Et pour qu'on ne se moque pas de lui
dans son monde, l'amateur tient avant
tout à vendre, et pour vendre il est néces-
saire de se mettre à la portée de tous :
alors ils sont devenus un fléau, une plaie.
Quand je pense qu'il est impossible d'en
citer un seul qui, déjà très riche, tente une
œuvre d'art un peu hautaine ! L'amateur
peut avoir l'aspect d'un grand seigneur,
mais en art il a toujours l'idéal d'un
concierge. En dix ans de temps, ces gens-
là ont fait tripler le prix des ateliers et les
modèles, grâce à eux, n'hésitent pas à
demander des vingt francs par séance.
Après de timides essais dans les cercles,
ils ont envahi le Salon, et dans quinze
jours nous les verrons, leurs bons petits .
tableaux, leurs portraits d'amis fumant
une cigarette dans un coin d'atelier, et
pour eux la Presse sera tout miel ; elle ci-
tera ceux du faubourg Saint-Germain et
sera ravie de voir une fois de plus un
homme né riche et titré consentant à faire
œuvre de ses dix doigts. Et c'est au seul
snobisme des peintres que nous devons
cette marée montante d'eau tiède.
Le peintre qui va dans le monde, sous
peine d'être taxé de mauvaise éducation,
—■ une chose qu'il redoute — encourage
l'amateur, lui dit que ça n'est pas difficile,
qu'on n'a qu'à s'y mettre. Et les gens du
monde s'y sont mis; ils suivent des cours,
travaillent sérieusement et n'achèteront
plus de tableaux, puisqu'ils en font!
PENSEES D'UN YOGUI
à Ary Renan.
Les femmes donnent généralement leur âme
bien avant leur corps; la jugeraient-elles donc
elles-mêmes de qualité inférieure ?
Quand vous entendrez une femme menacer son
mari de la peine du talion, soyez sûr qu'elle lui
a déjà fait subir de la prévention.
Paul Masson.
// est tiré chaque semaine dix exemplaires du
Fifre sans texte sur japon. Sur chaque exemplaire
signé et numéroté, Vauteur fait un croquis ori-
ginal à l'aquarelle et différent pour chaque
souscripteur. — Prix du numéro : 20 francs.
Tous les Vendredis :
LE PIERROT, par Willette
GASCONNADE
J'aime les tétons de Margot,
Ses tétons durs et sans reproche
OU la clarté du jour s'accroche,
Droits comme des coqs sur l'ergot!
Il faudrait être Wisigoth
Pour ne pas préférer l'approche
De ces deux jolis bouts de roche
Même au talent de Monsieur Got.
Dans ma chair, quand elle me presse,
Meurtri sous sa rude caresse,
Sa poitrine se moule en rond;
Alors quand, d'amour, je m'y cogne,
Tête en avant, comme un ivrogne,
Je me fais des bosses au front!
Armand SILVESTRE.
Avril 1889.
LE PEINTRE AMATEUR
L'amateur d'autrefois était une personne
remplie de modestie, dont le talent était
plutôt fait d'adresse ; un sédentaire revenu
des vanités de la vie et que nos souvenirs
nous montrent toujours assis près de la
fenêtre devant une table, pignochantsans
fatigue des petits dessins au crayon ou à
la sépia, sur des papiers aux nuances dé-
gradées qui lui permettaient d'exécuter en
un rien de temps, entouré de mioches exta-
siés, des vues de la Suisse ou du Maroc.
C'est pour lui que le lithographe Ferrogio
fit, il y a une quarantaine d'années, toute
une série de paysages variés et pitto-
resques : cascades, montagnes, vieux don-
jons et groupes variés de bergers dans les
Alpes, le tout tiré sur papier jaune avec
des rehauts de blanc. C'est encore pour
lui que Julien et Victor Adam prenaient
dans l'œuvre d'Horace Vernet les coins
les plus palpitants de la Prise de la Smala
d'Abd-el-Kader. Je crois pouvoir me rap-
peler que ces séries s'appelaient « l'Album
de l'Amateur ».
Aujourd'hui tout cela est fini, démodé,
vieux jeu. —L'amateur travaille exclusi-
vement d'après nature.
Et pour qu'on ne se moque pas de lui
dans son monde, l'amateur tient avant
tout à vendre, et pour vendre il est néces-
saire de se mettre à la portée de tous :
alors ils sont devenus un fléau, une plaie.
Quand je pense qu'il est impossible d'en
citer un seul qui, déjà très riche, tente une
œuvre d'art un peu hautaine ! L'amateur
peut avoir l'aspect d'un grand seigneur,
mais en art il a toujours l'idéal d'un
concierge. En dix ans de temps, ces gens-
là ont fait tripler le prix des ateliers et les
modèles, grâce à eux, n'hésitent pas à
demander des vingt francs par séance.
Après de timides essais dans les cercles,
ils ont envahi le Salon, et dans quinze
jours nous les verrons, leurs bons petits .
tableaux, leurs portraits d'amis fumant
une cigarette dans un coin d'atelier, et
pour eux la Presse sera tout miel ; elle ci-
tera ceux du faubourg Saint-Germain et
sera ravie de voir une fois de plus un
homme né riche et titré consentant à faire
œuvre de ses dix doigts. Et c'est au seul
snobisme des peintres que nous devons
cette marée montante d'eau tiède.
Le peintre qui va dans le monde, sous
peine d'être taxé de mauvaise éducation,
—■ une chose qu'il redoute — encourage
l'amateur, lui dit que ça n'est pas difficile,
qu'on n'a qu'à s'y mettre. Et les gens du
monde s'y sont mis; ils suivent des cours,
travaillent sérieusement et n'achèteront
plus de tableaux, puisqu'ils en font!
PENSEES D'UN YOGUI
à Ary Renan.
Les femmes donnent généralement leur âme
bien avant leur corps; la jugeraient-elles donc
elles-mêmes de qualité inférieure ?
Quand vous entendrez une femme menacer son
mari de la peine du talion, soyez sûr qu'elle lui
a déjà fait subir de la prévention.
Paul Masson.
// est tiré chaque semaine dix exemplaires du
Fifre sans texte sur japon. Sur chaque exemplaire
signé et numéroté, Vauteur fait un croquis ori-
ginal à l'aquarelle et différent pour chaque
souscripteur. — Prix du numéro : 20 francs.
Tous les Vendredis :
LE PIERROT, par Willette
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Gasconnade
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le Fifre : journal hebdomadaire
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 96 D RES::1.1889,1-15
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1889 - 1889
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le Fifre, journal hebdomadaire, 1.1889, Nr. 9, S. 9_2
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg