LE FIFRE
—■ La belle avance puisque, si j'étais
laide, tu ne m'aimerais pas.
— Mais si.
— Regarde comme tu es menteur : tu
as commencé par me dire que tu m'ai-
mais parce que j'étais jolie.
— Oui.
— Quoi oui?... C'est connu que vous,,
les hommes, vous n'êtes que matériels.
Voyons, sois franc, je ne t'en voudrai pas :
avoue que tu m'aimes plus physiquement
que moralement ?
— Non, vrai, je rassure; il me semble
que je t'aime encore plus moralement
que physiquement.
— Alors tu sens que tu m'aimes moins
physiquement?... Mais vous m'aimez tout
de même, dites, physiquement?... Ah!
voilà que tu ris !... Ce qui est agaçant avec
vous, c'est qu'on ne sait jamais si vous
êtes sérieux ou si vous vous moquez.
FLIRT ATI ON ^V^cJ?* I /Il \\ \ Dans la cour de chez moi' un sros
cocher, qui est de maître, mais si sale, si
^ fy^J^Êf/ ffl!l \ H grossier, si « tête de cochon » qu'on
Oubliant la langue des sens \i // I 'IIle )urerait ètre de nacre> possède une
Pour ne vous plus parler que d'âme, jj Yj / Jf/J/y /\ chienne ratière nommée Camaboule. Cette
A vos pieds, je voudrais, Madame, ~--<^'M A˧// /Jffi// A gentille bête est sympathique à tout le
Me fondre en propos innocents, ^^^^^^^L—y^^^^ ^J^r monde ; et, continuellement, on entend
quelque domestique crier : « Tou-tou-
Et, vous jurant que je ne sens ~ tou-tou, viens donc là, Camaboule ! ici,
Pour vous qu'une pudique flamme, yx/rt^^-. titi toutou...» Sans bouger de place, la
D'un très mystique épithalame petite chienne tressaille sur ses quatre
Vous chanter les couplets décents. pattes, ses oreilles vibrent, elle darde
vers l'interpellateur des yeux qui com-
Et vous, sans sourire à la bouche, prennent, branle sa tète expressive par
Craintive et même un peu farouche, ces courtes saccades avec lesquelles les
Pure comme un lys qui pâlit animaux de sa race ont l'air de dire tan-
tôt oui, tantôt non; mais elle n'obéit, elle
Au moindre souffle qui l'effleure, ne se dérange, elle ne s'élance qu'à la
Vous m écouteriez, —jusqu'à l'heure voix de son maître, decelui qui lui apporte
Ou nous nous mettrions au lit! la pâtée, à qui elle est habituée, dont elle
s'inquiète peu de savoir s'il est commun
Armand SILVESTRE. qu yilain> EUe ne yient ^ cet individu;
mais alors absolument contente et docile,
PFCHF A LA LIGNE ~~ Commctume dis ?a! Tu n'cnes mue par cette étrange suggestion sous
guère convaincu. laquelle des êtres de vie et de liberté se
Pour la plupart des hommes, l'acte phy- - Cela devrait te prouver ma loyauté. sement appartenir
sique de l'amour est un but, tandis que Comment veux-tu que je te garantisse Aussi, quand de mauvaises gens s'éton-
ce n'est pour les femmes qu'une péripétie. l'inconnu de,l'avenir? _ _ nent parfois de la tendresse fidèle qu'une
Quand ils pensent entrer au port, elles —Moi, je sais que je t'aimerai tou- jeune et jolie femme paraît garder pour un
n'ont que la sensation de doubler un cap. jours. époux vieux ou brutal, affreux ou indi-
- Même si je ne t'aimais plus ? ^ et ^ Yqq cherche à ce cas des expli-
- Au ruoins, vous, Messieurs, vous = £ ^ ' «U». imeUec.uene.en, complexes ou
• i ri — ni vois Qom Dieu. hautement morales, j objecte qu un tel
avez l'amour, et puis le libertinage... T . . Fxnliaue-moi nauiemeni , f > > 1
. M H„mpc. — lais-toi, tu es Dtte... explique moi „enre de caractère émane directement de
- Vous aussi, Mesaai es. plutôt pourquoi tu es amoureux de moi ?... fa nature? que je connais quelqu»un d'as-
- Le libertinage. _ Enfiùj qipcst_ce qul te fait nVaimer? surément très simple qui est tout à fait
- Avec votre mari. _ parœ que m £s très j()He_ ^ quelqu'un qui s'appelle même»
+ - Oh ! jolie!... Tu ne me dis pas si tu Camaboule.
_ Es-tu certain de m'aimer toujours? me trouves intelligente?
- Je le crois. — Supérieurement. Paul Hervieu.
—■ La belle avance puisque, si j'étais
laide, tu ne m'aimerais pas.
— Mais si.
— Regarde comme tu es menteur : tu
as commencé par me dire que tu m'ai-
mais parce que j'étais jolie.
— Oui.
— Quoi oui?... C'est connu que vous,,
les hommes, vous n'êtes que matériels.
Voyons, sois franc, je ne t'en voudrai pas :
avoue que tu m'aimes plus physiquement
que moralement ?
— Non, vrai, je rassure; il me semble
que je t'aime encore plus moralement
que physiquement.
— Alors tu sens que tu m'aimes moins
physiquement?... Mais vous m'aimez tout
de même, dites, physiquement?... Ah!
voilà que tu ris !... Ce qui est agaçant avec
vous, c'est qu'on ne sait jamais si vous
êtes sérieux ou si vous vous moquez.
FLIRT ATI ON ^V^cJ?* I /Il \\ \ Dans la cour de chez moi' un sros
cocher, qui est de maître, mais si sale, si
^ fy^J^Êf/ ffl!l \ H grossier, si « tête de cochon » qu'on
Oubliant la langue des sens \i // I 'IIle )urerait ètre de nacre> possède une
Pour ne vous plus parler que d'âme, jj Yj / Jf/J/y /\ chienne ratière nommée Camaboule. Cette
A vos pieds, je voudrais, Madame, ~--<^'M A˧// /Jffi// A gentille bête est sympathique à tout le
Me fondre en propos innocents, ^^^^^^^L—y^^^^ ^J^r monde ; et, continuellement, on entend
quelque domestique crier : « Tou-tou-
Et, vous jurant que je ne sens ~ tou-tou, viens donc là, Camaboule ! ici,
Pour vous qu'une pudique flamme, yx/rt^^-. titi toutou...» Sans bouger de place, la
D'un très mystique épithalame petite chienne tressaille sur ses quatre
Vous chanter les couplets décents. pattes, ses oreilles vibrent, elle darde
vers l'interpellateur des yeux qui com-
Et vous, sans sourire à la bouche, prennent, branle sa tète expressive par
Craintive et même un peu farouche, ces courtes saccades avec lesquelles les
Pure comme un lys qui pâlit animaux de sa race ont l'air de dire tan-
tôt oui, tantôt non; mais elle n'obéit, elle
Au moindre souffle qui l'effleure, ne se dérange, elle ne s'élance qu'à la
Vous m écouteriez, —jusqu'à l'heure voix de son maître, decelui qui lui apporte
Ou nous nous mettrions au lit! la pâtée, à qui elle est habituée, dont elle
s'inquiète peu de savoir s'il est commun
Armand SILVESTRE. qu yilain> EUe ne yient ^ cet individu;
mais alors absolument contente et docile,
PFCHF A LA LIGNE ~~ Commctume dis ?a! Tu n'cnes mue par cette étrange suggestion sous
guère convaincu. laquelle des êtres de vie et de liberté se
Pour la plupart des hommes, l'acte phy- - Cela devrait te prouver ma loyauté. sement appartenir
sique de l'amour est un but, tandis que Comment veux-tu que je te garantisse Aussi, quand de mauvaises gens s'éton-
ce n'est pour les femmes qu'une péripétie. l'inconnu de,l'avenir? _ _ nent parfois de la tendresse fidèle qu'une
Quand ils pensent entrer au port, elles —Moi, je sais que je t'aimerai tou- jeune et jolie femme paraît garder pour un
n'ont que la sensation de doubler un cap. jours. époux vieux ou brutal, affreux ou indi-
- Même si je ne t'aimais plus ? ^ et ^ Yqq cherche à ce cas des expli-
- Au ruoins, vous, Messieurs, vous = £ ^ ' «U». imeUec.uene.en, complexes ou
• i ri — ni vois Qom Dieu. hautement morales, j objecte qu un tel
avez l'amour, et puis le libertinage... T . . Fxnliaue-moi nauiemeni , f > > 1
. M H„mpc. — lais-toi, tu es Dtte... explique moi „enre de caractère émane directement de
- Vous aussi, Mesaai es. plutôt pourquoi tu es amoureux de moi ?... fa nature? que je connais quelqu»un d'as-
- Le libertinage. _ Enfiùj qipcst_ce qul te fait nVaimer? surément très simple qui est tout à fait
- Avec votre mari. _ parœ que m £s très j()He_ ^ quelqu'un qui s'appelle même»
+ - Oh ! jolie!... Tu ne me dis pas si tu Camaboule.
_ Es-tu certain de m'aimer toujours? me trouves intelligente?
- Je le crois. — Supérieurement. Paul Hervieu.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le Fifre : journal hebdomadaire
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
ZST 96 D RES::1.1889,1-15
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Signatur: "forain"
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1889 - 1889
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)