Le Fifre: journal hebdomadaire (1.1889)

LE FIFRE

Xamateur, qui a toujours autre chose à
. | >. / A ; : , faire que de s'attarder à regarder l'œuvre

Wf\\ \ iï .. d'un artiste inconnu, hésitant et incertain

F 0\ .sur ce qu'il en va demander ou bornant
\ s son ^rix d \'immédiaie nécessité d'un

/L paiement à faire. Eh bien ! il est probable

que Millet, sans quelque marchand qui
lui en offrait ce qu'on pouvait lui en
offrir alors, s'en fût retourné à Barbizon
malheureux et navré.

Que demain la vente atteigne quinze

D'une Hottentote, aux flancs nus, ou yin& millions, nous le souhaitons au

Pressant la beauté Callipyge vendeur. Mais cela ne prouvera pas que

Dont les rondeurs faisaient la pige les acquéreurs de chefs-d'œuvre aiment

Même aux pétards les mieux venus, l'Art. Pas plus qu'il n'est constant qu'un

propriétaire d'écurie de courses n'aime
Goûtant des charmes inconnus jes chevaux

CAUCHEMAR

1 /'■

%ien qu'à regarder ces prodiges,
Tout en rêvant : Voilà, me dis-je,
L'antique et la seule Vénus!

Puis, un doute sous le front m'entre : MODERNITÉ
— Ses nénés flottant sur le ventre,

Ainsi que deux ballons sur l'eau, , Caractère

Puéril,

Choses au caoutchouc pareilles, Voix légère,

J'en mis les bouts à mes oreilles, f 111 Protl1-

Et m'éveillai, criant : Allô ! n ,, .

Belle Claire

Armand SILVESTRE. Au long cil.

Pour te plaire,
Que faut-il?

NOTES SUR L'ART ^ aftiSteS S°nt m°rtS; leS héritiers Qu'on admire

ont dû sa défaire des toiles qui restaient, Ton sourire

A la suite de difficultés financières, un et les amateurs de la première heure, ceux Caressant?

amateur se voit contraint de mettre en qui réellement risquaient quelque chose, Qu'on te chante

vente sa galerie de tableaux. Depuis un qui achetaient selon leurs goûts, beaucoup Et t'enchante? »

i • • i , — « Ton arzeni! »

mois, cette vente est, sous toutes les d entre eux se sont dessaisis de leurs ta-

, . . * 11 t p ji * • i i Jacques L.e Lorrain*

formes, annoncée par les critiques d art les bleaux, troubles d en voir quintupler la

plus autorisés... et VAngélus de Millet valeur; avec quelle amertume ne les

va une fois de plus s'approcher du Mil- voient-ils pas disputés aujourd'hui à coups

lion. de billets de banque par des millionnaires

11 est tiré chaque semaine dix exemplaires du
Fifre sans texte sur japon. Sur chaque exemplaire
Nous sommes convaincu que tous les qui les veulent a tout prix, non parce signé et numéroté, l'auteur fait un croquis ori-
tableaux de cette galerie sont de purs chefs- qu'ils trouvent que c'est beau, mais parce ëinal à l'aquarelle et différent pour chaque
d'œuvre. Mais à part deux ou trois artistes que désormais cela vaudra de plus cher souscripteur, - Prix du numéro : 20 francs,
vivants exceptionnellement cotés, nous ne en plus cher! Jusqu'à ce qu'un jour on en
voyons guère à qui cette incessante plus- revienne aux prix d'un Vinci ou d'un

Ceux de nos abonnés qui n'auraient pas régu-
value sur les tableaux peut être profi- Holbein. ... •• f .

t t herement reçu Le Fifre sont pries d en iaire

table. Il ne faut pas hésiter à le dire, cela Voyez-vous Millet allant, avec son An- immédiatement la réclamation aux bureaux du

n'est que de la spéculation. Nous nous gelus sous le bras, sonner à la porte de journal,

souvenons avoir entendu un marchand celui qui demain va faire monter les en-

nous avouer qu'il vendait ça « comme du chères par bonds de cent mille? Vous le

suif » ; ils se repassent, revendent, re-açjiè- représentez-vous, mettant sa toile en LES HOMMES D'AUJOURD'HUI

tent et revendent Corots et Millets avec de équilibre sur une chaise, le chapeau à la Portraits-charge et Biographies

progressifs bénéfices. Et ça n'est pas fini. main, épiant un regard admiratif de Le W, 10 cent.; la collection des 6 volumes, 36 fr.