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l’acteur qui en remplit le rôle. A Rome, depuis la première moitié du sep-
tième siècle, époque à laquelle paraissent avoir été rédigés les prologmes
des comédies de Plaute, sinon déjà au temps du poète lui-même (1), il y
avait rivalité et lutte entre les histrions, et celui qui avait su enlever les suf-
frages du public recevait une palme pour prix de sa victoire (2).
Parmi les divers jeux du Cirque, la course des chars a été le plus impor-
tant et celui qui a passionné le plus vivement le peuple. Les chars étaient
ordinairement attelés de deux et de quatre chevaux. Celui que représentait
le médaillon, dont notre pl. xn, 2 reproduit un fragment, a dû être un big’e.
Nous n’y voyons plus que les jambes de devant, le poitrail et la tête de l’un
des chevaux et la tête seulement de l’autre. Devant ces chevaux, lancés au
galop, se lit l’inscription FELICITER. C’est évidemment le cri poussé par la
faction et les partisans de la faction à laquelle appartenaient le char et l’au-
rig’e, à un moment où la victoire n’était pas encore décidée. Cette excla-
mation a pu se trouver isolément sur le médaillon (3), mais il est plus pro-
bable qu’elle était précédée du nom de l’aurige au datif et inscrite devant
la figure de celui-ci (4). C’est la première fois, à ma connaissance, que le
mot féliciter (au lieu de vincas ou nica) se rencontre sur un monument re-
présentant une course de chars. Un médaillon de Vienne (3) offre un char
monté par un aurige tenant une palme et une couronne. Derrière lui se lit
PRASINE, et, au-dessus des chevaux, LOGISMVS. Ce dernier mot est plus
probablement le nom d’un cheval que celui de l’aurige. Quant à Prasine,
si c’est le nom de l’aurige Prasinus, il faut sous-entendre nica ou vincas, ou
bien admettre que ce mot a disparu.. Mais la dernière lettre pourrait bien
être F au lieu de E, et alors on devrait lire P R A SIN a Factio, /a faction des
verts. C’était l’une des quatre factions du Cirque; elle compta parmi ses
(1) Cf. Ritschl, Parerga zu Plautus, a. Te-
rent., I, p. 229.
(2) Plaut. Prolog. Pœnuli, 38 : ne palma detur
quoiquam artifici injuria; Prolog. Amph., 69 :
nam si qui palmam ambissit histrionibus. Une
pierre gravée du musée de Berlin (Tœlken, Ver-
zeichn. Kl. vi, n° 173; Wieseler, Denkm. des Bùh-
nenw., Taf. xu, 29) montre une palme à côté d’un
histrion, et, sur une autre pierre, gravée (Cades,
Impr. Gemm., Cent. II, 85; Wieseler, l. c., n°43),
on trouve le bâton recourbé, le soccits et la palme
d’un comédien. Cf. Wieseler, ibid., p. 93, et
Becker-Marquardt, Handb. der Rom. Alterth.
ou. IV, p. don sv.
(3) Phædri Fab. V, 1, 3 : Ut mos est vulgi,
passim et certatim ruunt, féliciter, succlamant.
(4) Sur cette exclamation en usage dans les
lieux publics et dans beaucoup d’autres circons-
tances, voir les exemples rassemblés par Marini,
Atti e Monum. de’Fratelli Arvali, vol. II, p. 581 sv.
On en trouve d’autres dans les Inscript, paretarix
Pompeian. (Corp. Inscr. Lat., vol. IV, Index,
p. 261 sq.)
(5) Allmer, Inscript, de Vienne, etc., pl. xxvr,
n° 197.
l’acteur qui en remplit le rôle. A Rome, depuis la première moitié du sep-
tième siècle, époque à laquelle paraissent avoir été rédigés les prologmes
des comédies de Plaute, sinon déjà au temps du poète lui-même (1), il y
avait rivalité et lutte entre les histrions, et celui qui avait su enlever les suf-
frages du public recevait une palme pour prix de sa victoire (2).
Parmi les divers jeux du Cirque, la course des chars a été le plus impor-
tant et celui qui a passionné le plus vivement le peuple. Les chars étaient
ordinairement attelés de deux et de quatre chevaux. Celui que représentait
le médaillon, dont notre pl. xn, 2 reproduit un fragment, a dû être un big’e.
Nous n’y voyons plus que les jambes de devant, le poitrail et la tête de l’un
des chevaux et la tête seulement de l’autre. Devant ces chevaux, lancés au
galop, se lit l’inscription FELICITER. C’est évidemment le cri poussé par la
faction et les partisans de la faction à laquelle appartenaient le char et l’au-
rig’e, à un moment où la victoire n’était pas encore décidée. Cette excla-
mation a pu se trouver isolément sur le médaillon (3), mais il est plus pro-
bable qu’elle était précédée du nom de l’aurige au datif et inscrite devant
la figure de celui-ci (4). C’est la première fois, à ma connaissance, que le
mot féliciter (au lieu de vincas ou nica) se rencontre sur un monument re-
présentant une course de chars. Un médaillon de Vienne (3) offre un char
monté par un aurige tenant une palme et une couronne. Derrière lui se lit
PRASINE, et, au-dessus des chevaux, LOGISMVS. Ce dernier mot est plus
probablement le nom d’un cheval que celui de l’aurige. Quant à Prasine,
si c’est le nom de l’aurige Prasinus, il faut sous-entendre nica ou vincas, ou
bien admettre que ce mot a disparu.. Mais la dernière lettre pourrait bien
être F au lieu de E, et alors on devrait lire P R A SIN a Factio, /a faction des
verts. C’était l’une des quatre factions du Cirque; elle compta parmi ses
(1) Cf. Ritschl, Parerga zu Plautus, a. Te-
rent., I, p. 229.
(2) Plaut. Prolog. Pœnuli, 38 : ne palma detur
quoiquam artifici injuria; Prolog. Amph., 69 :
nam si qui palmam ambissit histrionibus. Une
pierre gravée du musée de Berlin (Tœlken, Ver-
zeichn. Kl. vi, n° 173; Wieseler, Denkm. des Bùh-
nenw., Taf. xu, 29) montre une palme à côté d’un
histrion, et, sur une autre pierre, gravée (Cades,
Impr. Gemm., Cent. II, 85; Wieseler, l. c., n°43),
on trouve le bâton recourbé, le soccits et la palme
d’un comédien. Cf. Wieseler, ibid., p. 93, et
Becker-Marquardt, Handb. der Rom. Alterth.
ou. IV, p. don sv.
(3) Phædri Fab. V, 1, 3 : Ut mos est vulgi,
passim et certatim ruunt, féliciter, succlamant.
(4) Sur cette exclamation en usage dans les
lieux publics et dans beaucoup d’autres circons-
tances, voir les exemples rassemblés par Marini,
Atti e Monum. de’Fratelli Arvali, vol. II, p. 581 sv.
On en trouve d’autres dans les Inscript, paretarix
Pompeian. (Corp. Inscr. Lat., vol. IV, Index,
p. 261 sq.)
(5) Allmer, Inscript, de Vienne, etc., pl. xxvr,
n° 197.