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Parleur faire, par les costumes, par la tradition dans laquelle elles ont été con-
çues, par le milieu dans lequel elles ont été retrouvées, elles s’affirment d’origine
romaine et comme procédant d’un art avancé, quelle que soit leur incorrection
sur laquelle j’insiste, afin qu’on ne m’accuse pas de vouloir faire croire à un
chef-d’œuvre.
Comme peinture, elles témoignent d’une grande sûreté de main, de hardiesse
et d’habitudes de pinceau qu’on paraît habitué à considérer comme modernes.
Très-oubliés par l’archéologie, ces précieux débris n’auront qn’à gagner à la vie
nouvelle que votre savant recueil va leur rendre.
Recevez, je vous prie, etc.
Édouard FLEURY.
Vorges, près Laon (Aisne), 1er novembre 1877.
Les représentations de l’enlèvement de Proserpine appartenant à l’ancien style
grec, ou même à l’art des plus grandes époques, sont d’une extrême rareté.
C’est à peine si, dans sa monographie spéciale sur ce mythe et les monuments qui
le retracent, M. Richard Fœrstcr (1) a pu en citer quelques-unes. Cette circons-
tance seule , indépendamment d’une beauté artistique exception-
nelle, suffirait à donner un grand intérêt à l’intaille dont nous pla-
çons ici un dessin soigneusement agrandi au double des dimensions
de l’original. Elle est gravée sur une sardoine brune encore munie
de sa monture antique en bague, qui fait partie des joyaux du temple
de Curium, découverts dans les fouilles de M. le général de Cesnola
et conservés actuellement au Metropolitan Muséum of Art de New-
York. C’est un travail du moment où l’art hellénique atteignait à son plus parfait
développement, et conservait encore quelque chose de la sévère gravité de l’an-
cien style.
Le sujet est tout à fait certain et ne saurait être susceptible de deux interpréta-
tions. L’artiste a choisi pour le x’etracer le moment où Pluton saisit dans ses bras
Coré, qu’il a surprise, et va l’entraîner vers son char. C’est également l’épisode du
mythe qui est représenté, d’une manière très-étroitement analogue , dans un des
fragments de bas-reliefs en terre cuite de style archaïque, relatifs à l’histoire de
Déméter et de sa fille, qui furent déterrés à Locres, dans l’Italie méridionale, et
que possède le Musée National de Naples (2). La même scène, mais avec de très-
(I) Der Raub und die Rückkehr der Persephone, (2) Rullett. archeol. Napol., lr0 sér., t. V, pl. v,
Stuttgart, 1874. n° 4.
Parleur faire, par les costumes, par la tradition dans laquelle elles ont été con-
çues, par le milieu dans lequel elles ont été retrouvées, elles s’affirment d’origine
romaine et comme procédant d’un art avancé, quelle que soit leur incorrection
sur laquelle j’insiste, afin qu’on ne m’accuse pas de vouloir faire croire à un
chef-d’œuvre.
Comme peinture, elles témoignent d’une grande sûreté de main, de hardiesse
et d’habitudes de pinceau qu’on paraît habitué à considérer comme modernes.
Très-oubliés par l’archéologie, ces précieux débris n’auront qn’à gagner à la vie
nouvelle que votre savant recueil va leur rendre.
Recevez, je vous prie, etc.
Édouard FLEURY.
Vorges, près Laon (Aisne), 1er novembre 1877.
Les représentations de l’enlèvement de Proserpine appartenant à l’ancien style
grec, ou même à l’art des plus grandes époques, sont d’une extrême rareté.
C’est à peine si, dans sa monographie spéciale sur ce mythe et les monuments qui
le retracent, M. Richard Fœrstcr (1) a pu en citer quelques-unes. Cette circons-
tance seule , indépendamment d’une beauté artistique exception-
nelle, suffirait à donner un grand intérêt à l’intaille dont nous pla-
çons ici un dessin soigneusement agrandi au double des dimensions
de l’original. Elle est gravée sur une sardoine brune encore munie
de sa monture antique en bague, qui fait partie des joyaux du temple
de Curium, découverts dans les fouilles de M. le général de Cesnola
et conservés actuellement au Metropolitan Muséum of Art de New-
York. C’est un travail du moment où l’art hellénique atteignait à son plus parfait
développement, et conservait encore quelque chose de la sévère gravité de l’an-
cien style.
Le sujet est tout à fait certain et ne saurait être susceptible de deux interpréta-
tions. L’artiste a choisi pour le x’etracer le moment où Pluton saisit dans ses bras
Coré, qu’il a surprise, et va l’entraîner vers son char. C’est également l’épisode du
mythe qui est représenté, d’une manière très-étroitement analogue , dans un des
fragments de bas-reliefs en terre cuite de style archaïque, relatifs à l’histoire de
Déméter et de sa fille, qui furent déterrés à Locres, dans l’Italie méridionale, et
que possède le Musée National de Naples (2). La même scène, mais avec de très-
(I) Der Raub und die Rückkehr der Persephone, (2) Rullett. archeol. Napol., lr0 sér., t. V, pl. v,
Stuttgart, 1874. n° 4.