Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux (13.1888)

CHRONIQUE

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

SÉANCE DU 19 AOUT.

M. Clermont-Ganneau explique une inscrip-
tion grecque que M. Lœytved, consul de Dane-
mark à Beyrouth, vient d’offrir au Musée du
Louvre. C’est une dédicace adressée par un per-
sonnage nommé Dionysos, fils de Gorgias, au
dieu phénicien Baal Marcod ; ce personnage se
dit deutérostatès de Baal. L’inscription, mal-
heureusement incomplète, ne nous dit pas quels
sont les objets offerts au dieu. Grâce au don de
M. Lœytved, le Louvre est jusqu’ici la seule col-
lection qui possède un monument grec relatif
au culte de Baal Marcod.

SÉANCE DU 26 AOUT.

M. Casati lit un mémoire relatif à la fabrica-
tion de la céramique étrusque et particulière-
ment des vases de terre noire dont il met des
échantillons sous les yeux de l’Académie. Sui-
vant lui, il ne faut pas voir dans les œuvres de
l’art étrusque une simple imitation de l’art grec.

Séance du 9 septembre.

M. Alexandre Bertrand fait connaître à l’Aca-
démie les nouvelles découvertes archéologiques
dues à M. Démosthènes Baltazzi, directeur des
antiquités en Asie-Mineure. A Magnésie du
Méandre, près du temple d’Artémis Leuco-
phryne, on a trouvé douze frises appartenant
au grand ensemble dont une partie considérable
a déjà été apportée au Louvre par Texier. Ces
bas-reliefs représentent des combats de Grecs et
d’Amazones. Près des frises, on a découvert éga-
lement un assez grand nombre d’inscriptions.

M. Maspéro communique un mémoire inti-
tulé : Sur les noms de la liste de Thoutmos II1
qu'on peut rapporter à la Judée. Il établit que
cette liste a plus de valeur au point de vue de la
toponymie de l’ancienne Judée qu au point de
vue de l’histoire de Thoutmos III.

SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE.

M. Deloche lit un mémoire intitulé : Du
régime monétaire dans ïAustrasie primitive,
sous le règne de Théodebert /er. 11 est disposé à
admettre que les noms de lieux que l’on remarque
sur ces monnaies ne désignent pas des ateliers
de monnayage différents, mais devaient simple-
ment faciliter une opération de comptabilité, la
balance à établir entre la recette métallique ver-
sée par les administrateurs provinciaux au tré-
sor royal et les sommes que ledit trésor devait
leur renvoyer pour faire face aux dépenses
publiques.

SÉANCE DU 23 SEPTEMBRE.

M. Alexandre Bertrand entretient l’Acadé-
mie des mosaïques découvertes à Sousse par le
4e régiment de tirailleurs. L’une d’elles est
ornée de dessins géométriques sur lesquels se
détache un paysage. Dans ce paysage, on voit
une source à laquelle se viennent abreuver
divers animaux, parmi lesquels on distingue
quatre chevaux de course accompagnés d’inscrip-
tions. M. Héron de Villefosse propose l’expli-
cation de ces inscriptions. Sur deux des chevaux
on lit le mot SOROTHI, sur les deux autres des
monogrammes qui paraissent être des marques
de propriété. Le mot sorothi serait le nom du
propriétaire, au génitif. Les noms des deux che-
vaux, représentés probablement dans deux posi-
tions différentes, des deux côtés, sont donnés par
les insci'iptions : PATRICIVS, IPPARCHVS.
Le nom du lieu représenté par la mosaïque est
fourni par une dernière inscription : CAMPVS
DILEGTVS. MM. Bertrand et Héron de Ville-
fosse insistent sur les services exceptionnels
rendus par les officiers du 4e régiment de tirail-
leurs; ils signalent particulièrement les noms
de ceux qui ont pris la part la plus active à la
direction des fouilles : le chef de bataillon
Privât, le capitaine Rebillet, le lieutenant Delau-
nay, les sous-lieutenants Kling et Merlin, l’ad-
judant Simonin.

Chronique. — Année 1888.

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