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la Conciergerie, aecompagne de lä suite
riecessaire, pour faire exe'cuter l’arret de la
Cour. Ee Concierge monta ch-e's äla Dame
de la Motte, & il eut bien de la peine ä la
de'ferminer- de se lever. s‘ Safante' exigeeit
( disoit-elfe) qu’elle reifet eftcore au llt.
D’ailfeurs" eile ne vouloit plus' meuter Ja-
liaut: eile rre vouloit plus voir fes Juges.’’
Le Concierge lui representa, “qu’elle n’e-
„ toit point apelie'e devant la Chambre ;
que Mr Lebreton l’attendolt feufement
„ pour Ini dire trois ou; qnatre mots ; en-
sin qu’il falloit de toute ne'cessite' qü’elle
deseendit ”. Vous n’aves- pas besoin pour ce-
lade vour babdlber, ajouta-t-il, mettes un
s'mple corfet. La- Dame de la Motte se ren-
dit ä fes instarices: eile pasia um casaquin-,
mit les bas & ses' jupons, & deseendit: ar-
rive'e entre les deux guichets, ofe Patten-
doit le Grelfrer, les Boürreäux, qui etoient
au nombre de quatre ävec deux- de leurs
valets, se sailirent d’elle, & läi lierent les
mains. Elie ernt d’abord, qu’on ne pre-
noit cette precaution-, que pour mieux s’as-
surer d’elle & la conduire dans ane autr'e
prison-, puisqu’etant serre'e trop fortement,
niais er eigne s-votts cpue je veiis eebappe , dlt-
elle, jfirai par-tout ou vous voudres. Ouand
vous series des faourretiux, vous ne nie traite-
ries pas plus mal. Alecs Mr Lebreton lui
dit “ de se rnettse ä- gerionx, pour enten-
,, dre son arrt-t”. Ce mot sut urr Coup de
foudre, qui l’eclaira-sür tout ce qui e'toit
•autoür d’elle ;■ eile resusa co-nstamment de
fe mettre ä genoux;- eile implora la pitie'
de Mr Lebreton'. Celui-ci lut te'moigna-,
9, qu’il e'toit au desespoir d’avoir unsi triste
s, nlinistere ä retnplir artpres d’elle ; mais
9, qu’il e'toit obiige dfexe'cater les csdres de
9, la Cour. ” Toutes les autres raisons,
qu’il put alleguer ,■ n’adoucirent. point ce
icsraöftere fier & altier: enfia il fe vi-t obl?-
ge, par un ligne qu’il fit aux bourreaux ,
de la faire agencuiller de so.vce , ce qu’ils
firent: ils la’tinrent dans cette postüre, tant
bien que mal, pendantla ledture de l’arret;
eile ne sit pas grande attention aux Pre-
miers artitles, qui ent raport a ls Conven-
tion,' ä la sausfe lignature &c, ou peut-etre
ne les comprit-elle pas: mais, lorsqu’elle
entendit, qu’elle e'toit condamne'e ä etre
souettee & tuarepuee, elfe eriträ dans unefu-
reur difficile ä peindre. <s C’est le sang des
VulviS) que Po» traite ainsi, (s’e'cria-t-elle)

qu’on nie tranefie psutot la sese. Moi föu-
ette'e, <& le Cardinal est justisie' ! Le CardM
mal est plus coupable que moi’L Dans son
de'lire eile r/e'pargna- pas meine le Parla-
ment: un tortent d-’injures contre ses Jn-
ges fut l’esset de ce fecond e'lan : Muette
ensuite de rage, eile tomba dans un abafe
tement, qui lui permit jd’entendre le reste
de son arret. Sa fureur ne fe ratlima, que
lorsqu’elle entendit, que ses bient cwiettt
confifyues aii profit du Roi, & surtout lors-
qu’on lui passk la corde aut-our du c-ol. Ce-
pendant il e'toit tersts de la conduire dans
lä Cour du Mai au pie' du grand escalieru
mais edle’refusa' de marcher ;• ßt les bour-
reaux surent oblige's de la porter, ou poür
rriieuX dire de la t'rainer jusqu’au lieu de
Texe'cution. ll'y avoit peu demondedans
h prison-, d’bir eile sor'toit: mais au de--
hors les'preparatiss n’avoient pn etre alles
secrets , pour qtfon ne s’en aper^ut pas
dans le voisinage. Les pasians, fes person-
nes, qui etoient de'js- dans les salfes du Pa-
lais ou dans les maisons voisines, ’accouru-
rent, ensorte que trois ou quatre-cens per-
sonnes etoient de'j-a- assemble'es ä la Cour^
lorsque Mde l'a Motte'y arrivar Ses ci is s
ses-hurlemens en attirerent enco-re d’autres,
Soufsirrrez - vous , crioit - elfe au peuple }
(pti’on traite ainß le fang de vos Maitres?
bnrez-moi de ces bourreaux,
Le peuple, dans un etonnementmele de
ferreur &de pitie' sans doute, la regardoit
avec un prosond siience. On lui lut enco-
re quelques artieles de son arret ; sa rage
e'toit alors- ä son' comble, Les bourreaux
surent oblige's de couper son casaquin & sa
chemife pour lui de'couvrir fes e'pauies; sa
fureur lui- donna tant de sorce, qu’on eut
bien de la peine ä la contenirpour la fouet>
ter & encone plus pour la marquer; meme
le deriiier coup d° fer fut donne’ non sür
l’e'paufe • mais lur fe dos. Cette exe'cution,
qui- ä peine dura deux minutes , e'tant si-
nie, en porta Mde-fe Motte dans un fiacre,
ou se plaeerent le premier guichetier & les
deux cfercs des huisliers Regnauld&Sergent»
Ceux=ci suivoient- dans un autre fiacre pour
ßtre presens, lors qu’elle seroit remise a la
Superieure de la Salpetriere.- En entrant dans
le carrosse, cette malheureuse voulut se pre-
clpifer par la-'portiere ; on- la retint ; eile
sut alles tranquille , ä deux ou trois e'va-
n-ouifiemenspres qu’elle eut eu
 
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