Gazette de Cologne (1786)

Tonte la garde-robe du Prince de Gattes est ä Paris, ou, an Palais roial, eile est
vendue ä l’cncan: il paroit que c’est un Brotaiiteur Francois, qui l'a acbetee ä Londres,
oii l’on s’habille trop Jimplement, pour saire usage & avoir besoin de divers costumes
de Cour, & que ce Francois espere en tirer in bon parti, dans la capitale de sa Patrie.
Le raport de l’assaire du Comte de Caglhßro est pret: on assure que les conclustons
t-endent a debouter de sa demande, le plaigmnt, comme n’aiant pas afse's bien prouve
les motiss de sa proce'dure; mais le Commilliire Cbenou sils , n’en paroit pas meins re-
prehensible aux yeux des rapporteurs, qui lejagent au moins coupable de ne'gligenee,
& qui trouvent ä propos de le condamner aux frais du proces, & ä payer 30 mille IL
vres de dommages & inte'rets au Comte de Caglioflro, de qui il apert qu’en effet, on a
de'tcmrne' bien des choses: voiläla nouvelle d’hier au soir; mais eile merite confirmation.
Le magne'tisme animal vient de perdre Pan de les plus ardens apologiftes: le Sieur
Desloiig, ci-devant Membre de la Faculte' de Me'decine, eit mort le 19 de ce mois; la
secte Deslongieiine aiant perdu Ibn chef, va e'gdement perdre tout son ere'dit; car ce chef
eit mort ä la fleur de son age, aiant de'range son Organisation inte'rieure, par la fre'-
quence de ses frottemens sür la poitrine, & rutres mouvemens, non moins pre'judicia-
bles a la sante'. Le Sieur Deslonq, Enthouiiade du magne'tisme n’avoit que le ridicule
de ce seul travers d’esprit; il unistbit d’ailleurs au meilleur ton, a un caradtere aimable,
beaucoup de connoissänces, en me'decine & en litterature. Il a e'te' magne'tise' de tou»
tes les manieres: on a mis , pour le sauver, une femme du peuple, soudoye'e, en e'tat
de Somnabulifme. La Somnambule a rendu dej oracles sybilliques; eile adevine', dit-on,
toutes les especes de maladies, qui affligeoien: le Docteur; eile a meme pre'dit qu’il n’en
reviendroit pas: en esfet, l’ame du malade eß reste'e au bout des doigts de Mesdarnes la
Comteise de . . . & la Baronne de . . .; mais pour ne plus rentrer dans le corps duPa-
triarche magne'tisant. Avant l’arrive'e de Mejisier ä Paris, & avant sa manie de paroitre
a la tete d’nne cabale, Mr Deslong jouißbit ce la conlid e'ration & de la eonliance publL
ques , qu’il avoit me'rite'es.
Deux brochures, qui font beaucoup debruit; mais qui sont extraordinairement ra-
res, sont les portraits des rnaitres des requetes, & la vie des courtisanes du Palais roiaL
Ces pamphlets, occaiionnant la plus vive sensation, mettent en quete tous les Shires se-
crets de la Police, pour en decouvrir les auteuis & les e'diteurs. On obferve que la
dilcipline litteraire coute, a peu prcs, toute la recette, que raportent les subsides, im-
poses sür les articles de Librairie.
11 a e'te', ulte'rieurement. de'eide' que le ßtne 2ome n’auroit plus Heu a eomtnencer
en 1787" cette supression öte au Lise un revenu annuel de 21 miliions. On ne salt point
encore de quelle maniere on rempiira cette lacune; mais il paroit qu’on emploira la
roie de l’e'conomie.
Mr de Beaujou commence se lever; on l’a vü de'jä se .promener dans fon jardin,
sbutenu par ses amis & environne' de ses courtisans, tres empreßes a plaire ä ce puis«
sant Roi d'ecus.
Le bruit court que Mr Linguet a recu, fi non un ordre, au moins un Conseil de ne
pas revenir a Paris, & parconseqtient de ne plus se montrer au palais, 011 sa pre'fence,
la supe'riorite' de ses talens pourroit faire une espece de sensation < de'sagieable ä ses en-
nemis, attribuant a l’Ex-Avocat, naille torts non encore prouve's & la plupart malicieu-
sement invente's. Les boas esprits, qui soutiennent, dans les cercles, la cause des op-
primes, ont a lütter contre le plus grand nombre ; & rinjustice de l’opinion publique
eß teile, que l’on regarde comme un ge'nie brouillon & turbulent, quiconque prend,
charitablement & avec le langage de la raison, interet au fort des perse'cute's. Alt relie,
nous croions que le Sieur Linguet doit arriver? Vendredi proebain, & que nous l’enten-
drons plaider.
Les Membres du Parlement de Bordeaux, qui sont encore ä Paris presument que
leur Compagnie doit s’immiseer a re'clamer Mr du Paty, qui pre'tend lui-meme que (cs
Mauistrats Parifiens ne sont pas les Juges competans. Au reite, on a fait des recher-
ches, sür les arrets, prononee's en pareil cas; & l’on a reniarque' qu’ä l’audience, les