Arrivés à sur les 8 heures, les troupes qui en étoient en poOeHion fran-
gées en ordre de bataille sur le pont, se sont à l’instant retirées , & repliée» avec pré-
cipitation jusqu’à un petit bois, éloigné d’environ une lieue.. Les patriotes les ont sui-
vis d’un pas réglé, un corps de 30 chass’eurs & de quelques fusiliers saisant l’avant ■
de. Il e’toit environ 10 heures du soir, & l’obscurité étoit complexe, lorsque les chas
seurs se trouvent tout à coup sur la troupe ennemie, qui s’étoit couchée ventre à ter-
re. Les chass’eurs, surpris mais non allarmés , retournent en toute hâte vers Mr d’/feer-
boule, pour lui donner avis qu’il est à 30 pas des ennemis. Ceux-ci étoient déjà relevés
& font a l’instant une décharge générale, font voler force grenades, & cependant, pour
achever de tromper Mr d'Avcrboult , sont battre la retraite , au lieu de faire battre la
charge. Leur seu n’en est pas moins terrible & continu ; déjà il avoit fait tomber roi-
de mort Mr de Vificber, l’Adjudant de Mr à'Averhoult & le plus intime de ses amis. Ce
brave jeune homme, âgé de 20 ans, serroit la main de Mr Pierre Tbten , en lui disant:
Du courage msn cher Pierre, il nous en saut, iorsqu’une balle lui a percé la main & la
poitrine. La même décharge sit perdre à Mr van Goens, Commandant de la réïerve de
l’artillerie, un de ses meilleurs canoniers, & mit hors de combat un de ses bombardiers s
cependant nos canons n’e'toient pas encore débarrassés de leurs trains , ni des chevaux
qui les avoient amenés. La troisieme piece n’étoit même pas en présence, étant reliée
au centre de la colonne, lorsque Mr à'Averhoult, qui ne pouvoit se former que sur un
terrein fort étroit (un chemin d’environ 60 pies ) aiant à sa gauche le large canal du
Rbin & à sa droite un sossé impraticable, prit à l’instant la dispofition , sans doute la plus
propre à sou objet. Il fait filer sur sa droite & poste derrière le peu d’arbres qu’il y a-
voit-, ses 30 chass’eurs, ainsi que quelques fusiliers , pour protéger fon artillerie & pren-
dre l’ennemi en revers. On ne se voioit point , & il salloit faire tout à l’estime. Les
chass’eurs & les bourgeois ont en ce moment été d’une grande exécution. Leur feu rou-
lant a protégé les manœuvres embarrassantes , qu'on avoit à opérer pour débarrassér 1 ar-
tillerie de ses trains & la faire jouw, en front de la troupe, un peu élevée par la ren-
contre d’une portion de berge. Ce fut sur la partie inférieure du chemin, que Mr d J-
verbouit posta la tète de sa principale colonne d’infanterie , qu’il s’est toujours occupé h
faire plutôt suporter le feu de l’ennemi qu’à lui permettre d’y répondre.
Enfin les Capitaines de l’artilierie avoient réussi à empioier d’abord les deux, & en-
suite les trois pièces de canon qu’ils ne sirent tirer qu’à cartouches. Nos canoniers, en
peu de minutes, recompenserent bien le tems perdu. Le feu qu’ils firent fut si aftif &
li rapide que celui des ennemis parut en soufrir. Us le soutinrent cependant l’espace de
30 à 22 minutes, leurs officiers paroisi’ant avoir sait les plus grands efforts pour conte-
nir les ioldats. Mais un mot de Mr d'Averboult qu’ils durent entendre, par la grande
proximité des deux fronts de colonnes, paroit avoir décidé de la déroutes Avançons
mes amis ! s’écria Mr d’Averbouk, avançons! sur ce cri d’allegresse & d’audace les trou-
pes régimentaires qui ne se trouvoient déjà que trop serrés, perdent entièrement cou-
rage. Ce fut alors que cessâ tout à coup leur feu , & que commença parmi ces trou-
pes réglées la plus étonnante confusion dont l'histoire des plus fameuses déroutes puilïe
fournir l’exemple. Mr d'Averboult sait alors charger son artillerie à boulets. Nos fui-
ards qui, même en s’éloignant, se trouvent toujours atteints ne mettent plus de bor-
nes à leur sraieur & à leur crainte. Tambours, fusils , espontons , chapeaux, bonnets
de grenadiers, sabres, gibernes, souliers , débris de tout genre couvrent bientôt & lig-
naient le terrein par où les troupes régimentaires ont fui & pafîe.
Mr d'Averboult, l’un de nos Magistrats, mais en ce moment Chef militaire de ses
concitoiens , après avoir déploie toute la valeur d’un héros, a bien montré toute la
circonspeétion d’un Sage. Il n’est avancé, faisant toujours faire feu à son ai tillerie, que
jusqu’au champ de bataille que les ennemis avoient abandonné. Là, comme le chemin
fe bisurquoit> & que les ennemis pouvoient revenir sur lui para côtés , il fait faire sront
à ses troupes à la tête de ces 2 chemins , & poste 2 pièces de canon à l’entrée du plus
large, & une piece à l’entrée du plus étroit. 11 tient sa petite armée toujours les armes
hautes & chargées, depuis xo heures & demie du soir , que i’aCbion a proprement été’