DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Mouvement des arts et de la curiosité
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MOUVEMENT DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
VENTES DE CURIOSITÉS
Los fêtes successives de Noël, du jour de l'an et des Rois avaient forcé l'hôtel Droiïot
à fermer, à peu près complètement, ses portes au public amateur. Les experts ont pro-
fité de ce répit pour cataloguer de nouvelles collections; les amateurs, pour ranger leurs
acquisitions et se préparer à de nouvelles emplettes; le commissaire-priseur, pour faire
réparer le solennel petit marteau d'ivoire à manche d'ébène, qui lui tient lieu de scep-
tre. Tout est pour le mieux et nous allons être incessamment inondés d'une pluie de
catalogues verts, rouges et oranges.
Il n'y a point eu, dans ces dernières semaines, de ventes sérieuses de tableaux, et
le plus profond mystère régnant encore sur celles qui se préparent, nous attendrons,
pour en avertir nos abonnés, que nous puissions leur en parler de visu.
La curiosité elle-même a chômé. Une seule vente d'objets chinois et porcelaines
de Sèvres, pâte tendre, avait attiré, le 8 janvier courant, moins les amateurs que
l'état-major du bric-à-brac parisien; aussi les prix que nous allons citer sont-ils, sauf
quelques-uns, relativement peu élevés. C'est Me Ch. Pillet qui dirigeait la vente.
Une petite pendule Louis XVI, en bronze doré, surmontée d'un amour bouffi qu'a-
vait peut-être modelé Clodion, le Carrier du xviii6 siècle, et deux flambeaux en bronze
doré, d'une belle forme, mais d'une exécution^lâchée, ont été payés 1,300 fr.
Une tasse et une soucoupe, bien conservées, porcelaine de Sèvres, pâte tendre, fond
bleu de roi, à dessins d'or, '140 fr.
Un pot à eau et sa cuvette, porcelaine de Sèvres, fond bleu de roi, avec de déplo-
rables médaillons peints d'après David Téniers, le tout d'une authenticité fort contes-
table, 480 fr. S'ils avaient été bien authentiques, ils auraient pu monter à '1,500 fr.
Qu'on dise encore qu'il n'y a plus de curieux!
En revanche, trois cadres chinois, d'un pouce d'épaisseur, en bois sculpté, évidés à
jour, d'un travail exquis, représentant dans le désordre le plus pittoresque une file de
scènes de la vie intime, de parades de saltimbanques, de paysages et de pagodes, enfin
de ces mondes grimaçants et harmonieux qui ne peuvent éclore que dans le cerveau
d'un fumeur d'opium, ne se sont vendus que 305 fr. C'étaient de véritables chefs-d'œuvre,
ainsi qu'une petite boîte en ivoire sculpté, propre à renfermer l'éventail d'une belle
mandarine; cette petite boite qui a dû user la vie entière d'un artiste, a été adjugée
à 155 francs.
Deux beaux bols en porcelaine do Chine, de 37 centimètres de diamètre, riche-
ment décorés à l'intérieur et à l'extérieur de sujets mandarins, et largement peints de
ces tons violents mais si harmonieux, qui font, à nos yeux, des artistes chinois les
premiers décorateurs du monde, 16:2 francs la paire. Enfin parmi beaucoup d'autres
meubles fort beaux, mais dont les prix n'intéresseraient guère le lecteur, un grand
brûle-parfums en bronze ancien, — ces bons Chinois font aujourd'hui do la camelotte
VENTES DE CURIOSITÉS
Los fêtes successives de Noël, du jour de l'an et des Rois avaient forcé l'hôtel Droiïot
à fermer, à peu près complètement, ses portes au public amateur. Les experts ont pro-
fité de ce répit pour cataloguer de nouvelles collections; les amateurs, pour ranger leurs
acquisitions et se préparer à de nouvelles emplettes; le commissaire-priseur, pour faire
réparer le solennel petit marteau d'ivoire à manche d'ébène, qui lui tient lieu de scep-
tre. Tout est pour le mieux et nous allons être incessamment inondés d'une pluie de
catalogues verts, rouges et oranges.
Il n'y a point eu, dans ces dernières semaines, de ventes sérieuses de tableaux, et
le plus profond mystère régnant encore sur celles qui se préparent, nous attendrons,
pour en avertir nos abonnés, que nous puissions leur en parler de visu.
La curiosité elle-même a chômé. Une seule vente d'objets chinois et porcelaines
de Sèvres, pâte tendre, avait attiré, le 8 janvier courant, moins les amateurs que
l'état-major du bric-à-brac parisien; aussi les prix que nous allons citer sont-ils, sauf
quelques-uns, relativement peu élevés. C'est Me Ch. Pillet qui dirigeait la vente.
Une petite pendule Louis XVI, en bronze doré, surmontée d'un amour bouffi qu'a-
vait peut-être modelé Clodion, le Carrier du xviii6 siècle, et deux flambeaux en bronze
doré, d'une belle forme, mais d'une exécution^lâchée, ont été payés 1,300 fr.
Une tasse et une soucoupe, bien conservées, porcelaine de Sèvres, pâte tendre, fond
bleu de roi, à dessins d'or, '140 fr.
Un pot à eau et sa cuvette, porcelaine de Sèvres, fond bleu de roi, avec de déplo-
rables médaillons peints d'après David Téniers, le tout d'une authenticité fort contes-
table, 480 fr. S'ils avaient été bien authentiques, ils auraient pu monter à '1,500 fr.
Qu'on dise encore qu'il n'y a plus de curieux!
En revanche, trois cadres chinois, d'un pouce d'épaisseur, en bois sculpté, évidés à
jour, d'un travail exquis, représentant dans le désordre le plus pittoresque une file de
scènes de la vie intime, de parades de saltimbanques, de paysages et de pagodes, enfin
de ces mondes grimaçants et harmonieux qui ne peuvent éclore que dans le cerveau
d'un fumeur d'opium, ne se sont vendus que 305 fr. C'étaient de véritables chefs-d'œuvre,
ainsi qu'une petite boîte en ivoire sculpté, propre à renfermer l'éventail d'une belle
mandarine; cette petite boite qui a dû user la vie entière d'un artiste, a été adjugée
à 155 francs.
Deux beaux bols en porcelaine do Chine, de 37 centimètres de diamètre, riche-
ment décorés à l'intérieur et à l'extérieur de sujets mandarins, et largement peints de
ces tons violents mais si harmonieux, qui font, à nos yeux, des artistes chinois les
premiers décorateurs du monde, 16:2 francs la paire. Enfin parmi beaucoup d'autres
meubles fort beaux, mais dont les prix n'intéresseraient guère le lecteur, un grand
brûle-parfums en bronze ancien, — ces bons Chinois font aujourd'hui do la camelotte