Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (1.1859)

LA VIERGE DE MANCHESTER

TABLEAU DE

MICHEL ANGE

Si quelque chose pouvait
ajouter du prix à un tableau
de Michel-Ange, ce serait l'ex-
trême rareté des peintures de
ce grand homme. En dehors
de la chapelle Sixtine et de la
chapelle Pauline, on n'avait
connu jusqu'à ce jour que
deux morceaux de sa main:
la Sainte - Famille , qui est
dans la Tribune de Florence,
et les Parques de la Gale-
rie Pitti. Étrange fatalité !
Chose vraiment impossible à
concevoir î L'artiste qui a ré-
sumé en lui toutes les gloires
du xvie siècle, ce Michel-Ange
dout le génie fit pâlir un in-
stant Léonard lui-même , et
dont les fresques sublimes
furent la dernière leçon de Raphaël, il ne retrouverait plus , s'il reve-
nait au monde, que la moitié de ses œuvres; il chercherait ses pein-
tures égarées, ses statues brisées, ses bronzes fondus, et c'est à
peine s'il reconnaîtrait son Jugement dernier, sur cette muraille enfu-
mée et noire où on le laisse se crevasser en mille endroits et dépérir.
Mais comment expliquer l'anéantissement de tant d'ouvrages que la pos-
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