DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Ulbach, Louis: L' art au théatre: Opéra - première représentation d'Herculanum
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L'A HT AU THEATRE
OPÉRA. — PREMIÈRE REPRÉSENTATION D'HERC ULANUM
M. Méry est un auteur de précaution. Je prends M. Méry pour l'unité
du récit, car il paraît que le charmant poëte a des collaborateurs. Vou-
lant donner à la légende apocalyptique d'Herculanum toutes les vraisem-
blances qui lui manquaient et tous les prestiges que peut désirer un public
blasé qui ne s'émeut que des réalités, le savant écrivain a mis la preuve
à côté de chaque émotion, et ne nous a fait grâce dans son livret d'aucun
détail d'archéologie. Il manque un plan pour suivre l'Opéra. Mais les
architectes n'auront pas à se plaindre ; la géographie est complètement
satisfaite; l'histoire naturelle n'a rien à réclamer, et l'éruption du Vésuve
nous est garantie authentique et telle qu'elle se pratique encore de nos
jours.
Il est fâcheux que M. Méry, pendant qu'il était à l'œuvre, ne se soit
pas aussi chargé des costumes, du ballet, de la mise en scène, du ton-
nerre, des éclairs, de la pluie de cendres, qui a manqué, et de la musique
enfin. L'opéra de cette façon eût gagné en unité et en harmonie. Ce der-
nier mot n'est point une épigramme contre la belle musique de M. Félicien
David. L'auteur du Désert est un éloquent et fidèle interprète des sym-
phonies de la nature. Il excelle à traduire la mélancolie du ciel et de la
terre, mais je ne lui vois pas une intuition aussi complète des tempêtes
de l'âme humaine. Son lyrisme a peur de la passion, et dès que sa muse
heurte le drame, elle semble avoir hâte de le fuir et de se lancer dans le
ciel où les brises la consolent et la font rêver.
Le sujet d'Herculanum, pour n'être pas ridicule comme celui de la Perle
du Brésil, n'avait pas cependant de quoi satisfaire un musicien drama-
tique. Mais les hymnes, les prières, les élégies chrétiennes ont tenté
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OPÉRA. — PREMIÈRE REPRÉSENTATION D'HERC ULANUM
M. Méry est un auteur de précaution. Je prends M. Méry pour l'unité
du récit, car il paraît que le charmant poëte a des collaborateurs. Vou-
lant donner à la légende apocalyptique d'Herculanum toutes les vraisem-
blances qui lui manquaient et tous les prestiges que peut désirer un public
blasé qui ne s'émeut que des réalités, le savant écrivain a mis la preuve
à côté de chaque émotion, et ne nous a fait grâce dans son livret d'aucun
détail d'archéologie. Il manque un plan pour suivre l'Opéra. Mais les
architectes n'auront pas à se plaindre ; la géographie est complètement
satisfaite; l'histoire naturelle n'a rien à réclamer, et l'éruption du Vésuve
nous est garantie authentique et telle qu'elle se pratique encore de nos
jours.
Il est fâcheux que M. Méry, pendant qu'il était à l'œuvre, ne se soit
pas aussi chargé des costumes, du ballet, de la mise en scène, du ton-
nerre, des éclairs, de la pluie de cendres, qui a manqué, et de la musique
enfin. L'opéra de cette façon eût gagné en unité et en harmonie. Ce der-
nier mot n'est point une épigramme contre la belle musique de M. Félicien
David. L'auteur du Désert est un éloquent et fidèle interprète des sym-
phonies de la nature. Il excelle à traduire la mélancolie du ciel et de la
terre, mais je ne lui vois pas une intuition aussi complète des tempêtes
de l'âme humaine. Son lyrisme a peur de la passion, et dès que sa muse
heurte le drame, elle semble avoir hâte de le fuir et de se lancer dans le
ciel où les brises la consolent et la font rêver.
Le sujet d'Herculanum, pour n'être pas ridicule comme celui de la Perle
du Brésil, n'avait pas cependant de quoi satisfaire un musicien drama-
tique. Mais les hymnes, les prières, les élégies chrétiennes ont tenté
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