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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.1859

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Salon de 1859, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16987#0271

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SALON DE 1859

IV

Le naïf chroniqueur qui a raconté heure par heure les derniers mo-
ments de Louis XIV, rapporte que, bien que le roi parût déjà privé de sen-
timent et presque entièrement envahi par la mort, ses lèvres conservèrent
longtemps une sorte de mouvement mécanique, et répétèrent tout haut,
sans que l'esprit pût les comprendre, les paroles d'une prière suprême.
La peinture religieuse en est un peu au point où en était Louis XIV ago-
nisant. La puissante influence des habitudes, l'autorité des leçons appri-
ses, la force d'une impulsion persistante, la maintiennent encore et lui
font un semblant de vie : elle a l'air d'exister, d'agir et d'exprimer quel-
que chose ; mais; quand on examine de près, on voit bien qu'il n'y a dans
cette apparence d'activité qu'un mouvement irraisonné et, pour ainsi
dire, automatique : évidemment, le cœur n'y est plus.

Ainsi se vérifient les prévisions de quelques esprits clairvoyants qui,
il y a déjà bien des années, se refusaient à admettre que les tentatives de
restauration archéologique essayées par quelques artistes curieux pussent
véritablement aboutir, et qu'il fût possible de refaire, —■ après les aven-
tures que l'on sait, — de la peinture religieuse comme celle d'Orcagna,
de Fra Angelico, de Benozzo Gozzoli et de tant d'autres maîtres vénéra-
bles. Le violent effort de réaction tenté par Overbeck a pu réussir— pour
un temps — dans la gothique Allemagne ; mais ce n'est pas en France que
l'esprit remonte le courant de l'histoire, et ceux qui, parmi nous, ont essayé
une œuvre pareille, doivent aujourd'hui se convaincre de l'inanité de leur
rêve. Eh quoi! parce que le christianisme s'est admirablement exprimé,
au quinzième siècle, par un système de peinture dont nous admirons la
sincérité parfaite, la grâce attendrie, la pénétrante candeur, il faut con-
clure que l'art moderne est condamné à recopier, en les appauvrissant, les
types si religieux et si purs créés parles puissants initiateurs des derniers
jours du moyen âge! La pensée se refuse à admettre d'aussi rigoureuses
 
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