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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3.1859

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Nr. 4
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Emiliani-Giudici, Paolo: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16988#0242

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CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE

l) E L 4 (i A Z E T T E D E S B E A IJ X - A R T S

Florence, 5 juillet 1859.

Les sculpteurs que je vous ai cités dans mes précédentes lettres suffiraient à repré-
senter l'art de n'importe quelle époque et de n'importe quel pays plus petit que le
nôtre. Mais Florence, le berceau de l'art de la renaissance, devrait être, dans l'opinion
du monde civilisé, le siège de l'art contemporain, et certes, s'il ne s'y trouvait pas un
plus grand nombre de sculpteurs habiles, nous serions loin de compte. Par bonheur
elle possède encore beaucoup d'hommes distingués, dignes de figurer dans cette statis-
tisque que je m'efforce de dresser. Je vais tacher de caractériser leur talent en peu
de mots.

Du temps que Ricci, le prédécesseur de Bartolini, professait à notre Académie,
M. Émile Santarelli commençait à se former. Fils d'un artiste qui a laissé la réputation
d'un bon graveur en camées et médailles, il fut initié à l'art dès ses premières années.
Il fit le voyage de Rome, il y étudia l'antique avec intelligence, mais surtout il s'y
éprit du faire de Thorwaldsen, qui passait alors pour le sculpteur le plus profond et le
plus consommé dans les différentes parties de son art. Et de fait aujourd'hui peu
d'artistes possèdent, au môme degré que Santarelli, le talent de composer le bas-relief,
un des genres qui demandent le plus de science. Mais soit que la nature ne l'eût pas
suffisamment doué de cette faculté mystérieuse qui s'appelle le génie, soit que San-
tarelli soit un exemple de plus de la vérité de cet axiome prononcé par notre grand
philosophe Vico: « Methodus inc/enïts obstat, dum consulit facilitât},, » c'est-à-dire le frein
salutaire de la méthode arrête l'élan du génie, pendant qu'il lui donne le talent de la
mise en œuvre, toujours est-il que la sculpture de Santarelli, œuvre de jugement et de
raison, parfois irréprochable de tout point, donne à penser à l'esprit; mais elle laisse le
cœur froid : il semble même qu'elle n'en connaisse pas le chemin. Néanmoins par sa
science acquise Santarelli est une des gloires de l'art contemporain. C'est d'ailleurs un
de ces artistes favorisés de la fortune, qui peuvent exercer leur profession en grands
seigneurs, c'est-à-dire qu'il a la liberté d'accepter ou de refuser les travaux, de choisir
les sujets selon son cœur et de les exécuter avec cette conscience à laquelle ne peuvent
pas toujours atteindre les artistes pressés par le besoin. Son nom vivra dans la posté-
riîé à cause de son mérite, et plus encore peut-être à cause d'un magnifique cadeau
qu i! aurait, dit-on, l'intention de faire à notre galerie. Depuis un grand nombre d'années
d a rassemblé à grands frais une merveilleuse collection de dessins et d'esquisses
originales dos grands maîtres, dont quelques-uns sont de véritables chefs-d'œuvre-
 
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