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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4.1859

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Nr. 2
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Lagrange, Léon: Le Musée de Marseille, [2]: musées de province
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https://doi.org/10.11588/diglit.16989#0066

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GC, GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tant à faux se retrouvent dans le Baptême de Constantin. L'empereur est
un simple général romain, et saint Sylvestre porte la tiare à trois cou-
ronnes et le manipule. Par là ces tableaux se rapprochent plus du genre
que de l'histoire, ou plutôt ils rentrent dans les données de l'histoire com-
prise à la façon de Paul Delaroche.

J)e nombreuses restaurations, des accidents plus nombreux encore ont
enlevé aux deux Baptêmes à peu près toute trace de valeur artistique.
Il n'en est pas de même du Salvator Mundi. Exécuté deux ans plus tard,
et dans des proportions plus vastes, le Salvator Mundi a conservé ses
qualités. Ce sont des qualités tout italiennes, et presque uniquement
génoises : un grand effet de couleur, un ton solide et transparent, une
expression très-fine, de belles parties de nu, un dessin plus empreint de
naturalisme que d'idéal. La peinture française du temps n'offre rien de
semblable. Si l'on ne savait à n'en pas douter que ce tableau est de Puget,
on serait très-éloigné de l'attribuer à un peintre de notre nation. Mais ici
les preuves abondent. Non-seulement, les notaires de Marseille ont con-
servé les prix faits et les quittances relatives au Salvator Mundi et aux
deux Baptêmes} mais ces trois peintures ont été le sujet d'un procès que
nous raconterons quelque jour et qui n'est pas une des chroniques les
moins curieuses du siècle dernier.

On retrouve dans le Portrait de Puget par lui-même cette main ferme
et presque dure qui broie la couleur sur la toile et accuse le modelé par
plans juxtaposés à la façon des méplats de la sculpture. On y retrouve
aussi cette enveloppe de couleur chaude, soutenue d'ombres intenses, que
Puget avait empruntée à l'Italie. La physionomie indique un homme de
quarante ans. 11 est malaisé d'en définir l'expression, mélange de rudesse
native, de finesse acquise et d'ardeur inquiète. Sur le front plane le génie,
et la conscience du çénie se lit dans les veux et la bouche. Une tradition

o «j

locale attribue à Puget lui-même la sculpture du cadre très-riche qui en-
toure ce portrait. Il paraît plus vraisemblable de croire qu'il fut exécuté
sous la direction du maître par François Caravaque, son élève, très-habile
sculpteur en bois.

Une Visitation de François Puget proteste contre l'attribution que l'on
pourrait faire au père des ouvrages du fils, et vice versa. Les deux ma-
nières sont si tranchées, l'une carrée et puissante même dans l'incorrec-
tion, l'autre hésitante et molle, qu'il est impossible de les confondre.

Michel Serre' est encore un de ces peintres dont on chercherait en

1. M. de Chennevières a consacré à Michel Serre, comme à Finsonius et à Darot,
une longue et intéressante notice dans ses Peintres provinciaux de l'ancienne France.
 
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