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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 6
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Jacquemart, Albert: Les dessins d'ornement de Polydore de Caravage
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0349

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338 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

à, [a ceinture des soigneurs romains et florentins les lames souples ol acé-
rées travaillées par les Piccinini, Romero on Négrolo de Milan, et, en fin-
sidérant les méandres de leurs poignées ciselées dans le métal, damas-
quinées d'argent ou d'or, souvent même enrichies de pierreries, il se
demande si, là aussi, son crayon ne trouverait pas prétexte à composition
nouvelle.



La collection du Louvre va encore nous montrer cette application
particulière du talent de Polyclore ; voici un bois qui rend dans sa finesse
et son originalité le curieux dessin au trait, relevé au pinceau, que pos-
sède notre musée. Quelle profusion dans cette ornementation fantasque!
L'artiste a emprunté aux forêts, à la mer, au feu même, leurs hôtes fabu-
leux. Des tritons cramponnés au pommeau de l'épée sonnent dans leurs
conques en hélice, et fatiguent les chimères qui les supportent; pour-
tant, tout auprès, deux cygnes, timides habitants des fleuves, confondent
leurs caresses, en se penchant sur des guirlandes de fleurs. La garde, rat-
tachée au pommeau par une tête monstrueuse chargée d'acanthes, d'où
sortent les enroulements du corps d'un serpent, porte au milieu les trois
Grâces adossées et unies par l'enlacement des bras ; le socle sur lequel
elles se tiennent debout repose sur des bustes de chimères ailées. Un
ornement terminé en bec de cygne rattache inférieurement cette garde à
la poignée. La traverse en croix, formant quillon, aux extrémités cle
laquelle se tordent deux salamandres qui se menacent du regard, établit
le passage entre la garde et la coquille à jour redescendant sur la lame;
les enroulements de cette coquille, enveloppés de feuilles élégamment dé-
coupées, semés de mascarons, se réunissent en un culot d'où s'élève un
groupe de tritons étroitement serrés par l'étreinte des bras et la torsion
des membres inférieurs complètement anguiformes. Quant à la poignée,
simplement treillissée, elle a pour base un plateau à moulures, que sup-
portent deux faunes les bras élevés, et qui s'appuie aussi sur des consoles
en têtes de bélier. Un culot épanoui, à végétations latérales, reçoit les
pieds légers des faunes, et par une série de perles décroissantes, établit
un passage harmonieux entre les hauts reliefs de la poignée et la surface
unie du fer de la lame.

Le premier coup d'œil jeté sur cette composition éblouit l'observa-
teur ; on y trouve le cachet d'élégance facile, de richesse abondante, au-
quel on reconnaît les maîtres du xvie siècle. Mais si l'esprit se prend à
analyser les parties de ce charmant ouvrage, à en chercher le lien et la
signification morale, une sorte de déception succède à l'enthousiasme.
Qu'est ceci? Une arme de combat ou de parade, l'insigne d'un militaire
ou d'un marin, d'un courtisan querelleur ou d'un coureur d'aventures ga-
 
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