Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (7.1860)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Jogue, qu'elle représente Marguerite à Véglise. Que M. Tissot ne se mé-
prenne pas sur nos sentiments à son endroit : la sévérité de nos paroles
contraste, il est vrai, avec les éloges que nous avons donnés à plusieurs
de ses confrères, et que l'on trouvera excessifs peut-être; mais qu'il
croie bien que nous ne le plaçons pas au-dessous de la plupart d'entre
eux : c'est parce que nous voyons en lui un artiste sérieux, appelé à un
bel avenir, que nous le prions instamment d'être difficile envers lui-même
et de s'attacher aux mérites austères qui, des disciples, font des maîtres.

Nous n'avons rien dit encore des paysages et de la peinture d'ani-
maux ; il y a cependant, dans ces deux genres, de forts beaux tableaux à
l'Exposition; mais nous aurons fait peu de chose pour la gloire de
M. Daubigny, en disant qu'il a ajouté une Vue du Morvan, fine, brillante
et vraie, à la longue liste d'excellents paysages que nous connaissions de
lui; et pour la gloire de M. Troyon, quand nous aurons décrit un nouveau
tableau de Vaches à Vabreuvoir, peint avec la couleur qu'on lui connaît
et sa souplesse habituelle. Nous voulons mentionner encore une Vue cle
Naples, de M. Achenbach , digne pendant de celle qui était exposée
en 1859, dans la salle des peintres étrangers; un joli tableau d'animaux
de M. Eugène Lambert; un paysage très-franc de M. Gastelnau, qui ne
se trouve pas compris dans le catalogue ; un autre d'une impression
très-vive et qui nous paraît vraie, de M. Imer.

Et maintenant, arrêtons-nous ; que nos peu indulgents amis se rassu-
rent; nous ne voulons pas louer ou critiquer l'une après l'autre toutes les
œuvres réunies en ce moment dans la galerie de M. Goupil. Nous ne nous
exagérons pas l'importance de cette exposition ; mais, quand la Gazette
des Beaux-Arts est attentive à rendre compte de toutes celles qui lui
sont signalées dans les départements, il eût semblé malséant qu'elle ne
consacrât pas aussi quelques pages à une exposition parisienne, où quel-
ques œuvres nouvelles, dignes d'attention, se sont produites. Elle tient,
en effet, à témoigner de sa sympathie pour l'entreprise de M. Goupil,
aussi bien que pour toutes les tentatives semblables qui seraient faites
dans l'intention d'encourager des.artistes. Elle désire vivement que celle-ci
se renouvelle, mais elle souhaite aussi qu'un plus grand nombre
d'hommes de talent puissent en profiter, et qu'un choix sévère exclue
à l'avenir, les œuvres sans valeur. Les montrer à côté des bonnes, n'est
pas, pour celles-ci même, aussi indifférent qu'on le croit peut-être.

E. SVGLIO.