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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Nr. 1
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Galichon, Émile: École allemande [3]: Albert Dürer sa vie et ses œuvres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0012

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g G VXET.TE DES BEAUX-ARTS.

la première épreuve de son portrait, puis iJ ajoute : « Je désirerais être
« peint par Durer ; pourquoi pas par un si grand artiste? Mais le pourra*
« t-il? 11 avait commencé à Bruxelles à tracer mes traits au charbon;
a mais cette esquisse doit être, je le crois, depuis longtemps détruite. S'il
« peut faire quelque chose d'après mon médaillon fondu et de mémoire,
« qu'il fasse pour moi ce qu'il a fait pour vous, bien qu'il vous ait donné
a un peu trop d'embonpoint. » Cette lettre dit assez qu'Albert Durer n'est
point l'auteur de l'effigie en bronze d'Erasme, pour nous dispenser d'une
discussion plus longue.

Plusieurs autres médailles sont encore données à notre artiste ; comme
elles sont évidemment indignes de lui, nous les passerons sous silence,
et nous n'entretiendrons nos lecteurs que de deux pièces qui, par leur
beauté et leur monogramme, peuvent au moins faire croire qu'Albert
Durer en modela la cire ou qu'il en tailla l'effigie en buis, s'il n'en fit pas
couler le cuivre sous ses yeux. L'une représente une tête de femme qui
rappelle le type de la Lucrèce de Munich, qu'on croit être le portrait
d'Agnès Frey. Elle est datée de 1508. L'autre, modelée avec plus de fer-
meté et d'ampleur, représente un homme d'une quarantaine d'années; sa
tête est couverte d'un bonnet, et ses épaules sont chargées d'un vêtement
à collet fourré. Cette médaille rarissime, marquée sur le fond à gauche
du millésime 15j/i, n'a jamais été reproduite, et nous sommes heureux
de pouvoir la faire connaître à nos lecteurs, grâce à l'obligeance extrême
de M. Niel, à qui elle appartient. Nous n'osons affirmer qu'elle soit l'œuvre
directe d'Albert Durer; mais si jamais l'on acquiert la certitude que ce
peintre s'exerça en cet art, cette médaille, faite d'un style plus large que
ses portraits gravés, pourra lui être sûrement restituée1.

Ainsi donc, Albert Durer ne négligea aucun des moyens par lesquels
l'artiste peut rendre sa pensée, et dans les diverses branches de l'art, il
excella. Mais s'il atteignit un si rare degré de force dans tout ce qu'il
entreprit, s'il mérita la gloire, ce ne fut point en se « laissant aller, sans
a réflexion aucune, comme tant d'autres peintres, à toute la fantaisie de
a son imagination, en apprenant les éléments de la peinture seulement
a par une pratique journalière, et en grandissant dans l'ignorance, sem-
« blable à ces arbres sauvages qui n'ont jamais été émondés2. » Loin de
là, il ne cessa toute sa vie d'approfondir, d'analyser avec recueillement
les règles de la peinture, et, sur la fin de ses jours, il résolut de faire
connaître aux jeunes gens studieux les résultats de ses travaux, afin qu'ils

4. M. Renouvier possède de cette pièce une curieuse copie ciselée dans la nacre.
2, Préface du Traité <l<' géométrie par Albert Durer.
 
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