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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Galichon, Émile: École allemande [3]: Albert Dürer sa vie et ses œuvres
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VLBERT DURER. 15

(( soigneuse e1 diligente imitation. Cette beauté, dit-il encore, ne saurait
f( naître de notre propre entendement et ne peut être le fruit que du
n travail. » Mais si le peintre de Nuremberg, arrivé à toute la maturité
de son talent, recommande l'étude de la nature et croit que l'homme ne
peut faire mieux qu'elle, il veut cependant « que l'artiste retranche des

i m'u\ res humaines toute rudesse et difformité, à moins que, par extraor-
« dinaire, il ne cherche volontairement cette difformité; et si je pouvais,
« ajoute-t-il, aider en quelque chose à cela, je le ferais de grand
(( désir. »

\insi donc, le peintre écrivain ne croit pas, comme l'a si bien établi
M. Charles Blanc clans sa Grammaire des arts du dessin, que chaque
homme apporte en naissant une secrète intuition du beau, qui est l'idéal :
(( intuition obscure, latente, endormie chez la plupart des hommes, mais
« qui se réveille et s'éclaircit au moment où la beauté leur apparaît. »

II cherche le beau dans tous ces êtres imparfaits qui l'entourent; il fait
de la beauté un pur ouvrage de l'esprit, et il croit que l'homme arrive
à la trouver, en supprimant simplement les défauts de chacun des sujets
qui peuplent le monde. Aussi Albert Durer n'a-t-il jamais essayé, en fai-
sant un retour au dedans de lui-même, de saisir la beauté idéale, et
dans son livre, par conséquent, il n'a pas cherché à en établir le rudi-
ment immortel. Appartenant, par les idées comme par la naissance, à
r Allemagne, il apporta dans les arts l'esprit d'examen, et il manqua de
foi en l'intuition divine. L'intention du grand artiste, en écrivant ce livre,
n'est donc pas de nous enseigner dans quelles proportions réside la
beauté absolue, ce canon par excellence, perdu depuis les Grecs, et que
l'auteur de la Grammaire des arts vient de nous faire connaître tout ré-
cemment dans cette revue; mais il veut poartraire l'homme tel que la
nature l'a fait, du plus grand au plus petit, du plus gros au plus grêle.
Il accepte presque aussi volontiers la division du corps humain en sept
ou (mi huit têtes, qu'en neuf et même en dix. Ce qu'il cherche unique-
ment, c'est à faciliter au peintre les moyens de trouver les proportions
exactes de chacune des parties du corps humain, dans la stature qu'il
aura choisie, afin que « sa figure soit, de la cime au pied, de proportion, de
« quelque mode qu'elle soit ordonnée, soit d'un fort ou faible, d'un charnu
« ou maigre, afin qu'elle ne semble point en cette partie être trop char-
« nue. et en l'autre décharnée; comme, par exemple, si les bras sont
a menus et les jambes grosses, ou que de front tout soit plein et non de

<Im.; enfin que les parties soient entre elles proportionnées et non pas
mal assemblées et sans raison; les choses bien proportionnées ayant
coutume de sembler belles. »
 
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