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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Galichon, Émile: École allemande [3]: Albert Dürer sa vie et ses œuvres
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L<5 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Cependant, si Albert Durer n'a point osé dire clairement en quelle
mesure il plaçait la beauté, il ressort de divers passages de son livre qu'il
préférait celle de huit têtes1, parce que, dans cette limite, le corps de
l'homme est robuste, sans être ni rustique, ni grêle, et parce que « toutes
choses moyennes sont les meilleures. » Après avoir donné les proportions
qu'il croit préférables pour le corps, en laissant toujours au lecteur la
liberté du choix et en ne cessant de lui répéter : « au demeurant, si tu
veux », il recherche avec soin la composition et les linéaments de la tète,
de la main et du pied. Puis, avec une attention toute particulière, il exa-
mine les diverses formes qu'affecte la face de l'homme, et, ici, il arrive
à une conclusion plus explicite que pour le corps humain en son entier :
« Nous pouvons avancer, dit-il, qu'une tête n'est pas de bonne grâce avec
a un sommet élevé ou plat ; une tête ronde est donc celle que tout le
u monde estime de bonne grâce. » Mais, se repentant d'avoir exprimé
trop nettement sa pensée, il s'empresse d'ajouter : « Laquelle (cette
«tête), comme j'ai dit, a été proposée par nous par manière d'exemple
a à notre doctrine, et non pour approbation. »

Quant aux rapports qui doivent exister entre l'homme et sa com-
pagne, Albert Durer nous apprend que la ligne proportionnée à la hau-
teur de la femme devra être plus courte d'un dix-huitième que celle de
l'homme; car, si cette règle était oubliée, la femme semblerait plus
haute, a d'autant qu'il faut pourtraire leur corps plus charnu, et en
a meilleur point que ceux des hommes, lesquels sont mieux noués, plus
« solides et moins charnus. » Quant à l'enfant, sa mesure, suivant Albert
Durer, serait la tierce partie de la longueur du corps de la mère (proba-
blement quand il commence à marcher).

L'exposition de ces doctrines est l'objet des deux premiers livres. Le
troisième enseigne la manière d'arriver facilement, au moyen d'un
triangle que l'auteur appelle « le variant », à raccourcir ou allonger pro-
portionnellement une figure de dix à sept têtes, et il se termine par
l'analyse d'un instrument qu'il nomme corrompeur, parce qu'avec son
aide, on peut indéfiniment épaissir ou amincir les ligures. Aussi a-t-il le
soin de recommander aux artistes de prendre garde, en se servant de ce
procédé, que « l'ouvrage ne soit tiré d'une façon trop étrange et hors
u nature, sinon que par fortune on soit délibéré de pourtraire des mons-
a très et quasi un songe de gens, là où les natures de toutes choses
« sont confuses. »

1. C'est cette stature qu'il adopte pour donner les proportions de la tête, de la main
et du pied.
 
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