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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Nr. 1
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Galichon, Émile: École allemande [3]: Albert Dürer sa vie et ses œuvres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0028

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G VZETTE DES BEAI \- \ l!TS.

de la fabrique de Gubbio, en L525, reproduit la composition bien connue
de l'Enfant prodigue

VII

.TTC E M E N T

Après avoir raconté la vie d'Albert Durer, décrit ses œm res et signalé
son influence en Europe, il nous reste à juger ce peintre, en qui se ré-
sume, on peut le dire, tout l'art allemand. Inhabile encore à exprimer
nos pensées, ce n'est point sans trembler que nous abordons cette der-
nière partie de notre travail, et si même nous l'osons, c'est que nous
croyons que, de l'étude d'un maître si justement célèbre, nous devons reti-
rer un grand enseignement. Voyons donc comment ce génie comprit la
nature, et, avant tout, l'homme, cette merveille cle la création.

Albert Durer semble avoir voulu formuler les prototypes cle la beauté
humaine, telle qu'il la rêva, dans son estampe d'Adam et Eve. Adam a la
taille svelte, la poitrine développée, les membres grêles et la tête un peu
petite, couverte de cheveux courts et frisés. Il est imberbe, mais les traits
accentués de son visage, les membres musculeux de son corps indiquent
qu'il a passé l'âge de l'adolescence. Eve aies hanches proéminantes, la
taille large, la poitrine étroite, les épaules tombantes, les bras maigres. Son
Iront est élevé, son nèz aquilin, ses yeux sont saillants, ses lèvres épaisses,
sa gorge et son menton replets, enfin les traits de son visage trop carac-
térisés donnent à sa physionomie un âge avancé que ne comporte point
la virginité de son corps. Dans A dam comme clans Eve, les extrémités sont
courtes, vulgaires, et très-éloignées de cette distinction parfois un peu
cherchée, mais toujours si charmante chez les maîtres de Florence.

Cependant, ces deux personnages trahissent une certaine volonté
d'idéaliser, une prétention à la grâce et à la jeunesse, peu habituelles
chez le maître de Nuremberg, qui, clans ce sujet, lit probablement cet
effort en obéissant plutôt à une intention philosophique qu'en interro-
geant son propre goût. Insensible à l'élégance, inaccessible à l'idéal que,
dans ses promesses, la jeune fille fait rêver, Albert Durer préféra habi-
tuellement enfermer, dans les rigides contours de son burin, les formes
plus prononcées de la femme arrivée à la maturité de l'âge. Ce n'est donc
point sans étonnement que nous voyons dans ses autres figures, notam-
ment dans sa Grande fortune, avec quelle vérité par trop réelle il s'est

1. N° G de notre catalogue.
 
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