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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Nr. 3
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Blanc, Charles: De Paris a Athènes, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0171

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DE PARIS A ATHÈNES. 165

— Mais ces froids discours n'ont pu me distraire d'une pensée devenue
fixe, et je suis parti, un peu troublé, je l'avoue, par tant de sinistres
a\ ertissements.

Le croirez-vous ? malgré mon impatience, ce n'est point la route la
plus directe qui nous a tentés, mon compagnon et moi; c'est au contraire
le chemin des écoliers. Instinctivement, nous avons voulu faire durer
l'anxiété de l'attente, ménager le plaisir de la surprise en l'éloignant, et
user ainsi d'une sorte de coquetterie envers nous-mêmes. Au lieu de
prendre la voie de Marseille, nous sommes allés d'abord à Munich en pas-
sant, non par Strasbourg et Stuttgard, mais par Mulhouse, 13âle, Zurich,
Rorshack et Linclau, c'est-à-dire en traversant le champ de bataille où
Masséna défit les impériaux, et le lac de Constance, si magnifiquement
encadré par les montagnes de la Suisse et du Tyrol. Arrivés à Lindau,
nous y avons fait halte une demi-journée pour y jouir, par un gai soleil,
de cette vue admirable qui avait réjoui les cardinaux du concile de Con-
stance, et qu'avaient embrassée les derniers regards de Jean Huss. Je ne
vous décrirai point les montagnes, le lac, les glaciers lointains, ni cette
charmante île de Lindau qui serait plus belle que \enise si quelque séré-
nissime république y était venue en gondole installer ses palais et son
opulence. Les descriptions de paysages forment aujourd'hui une littéra-
ture à part et qui ne souffre aucune médiocrité; il n'appartient qu'aux
maîtres du genre d'élever ces procédés photographiques à la dignité d'un
art... Nous voilà donc à Munich.

Quand on a visité beaucoup de musées, et je connais presque tous
ceux de l'Europe, on est frappé de l'air de famille qu'ils présentent. On
croit revoir les tableaux que l'on a vus cent fois, et l'on se demande si
les diverses galeries sont autre chose que les éditions différentes d'un
même musée. Au premier abord, la Pinacothèque de Munich ressemble à
toutes les autres; mais si l'on y regarde de plus près, on y remarque cer-
tains morceaux dont les pareils ne se trouvent point ailleurs. Nous
n'avons au Louvre aucune peinture d'Albert Durer; ici on en compte
plus de quinze qui paraissent parfaitement authentiques, et viennent
pour la plupart de Nuremberg. Et ce qui est curieux, c'est qu'on y peut
suivre les transformations que le maître a subies, depuis la manière
étroite, serrée et minutieuse par laquelle il débuta au sortir de chez
Wolilgemuth, jusqu'à la manière plus large et plus fière qui caractérise
ses derniers ouvrages. Emprisonné d'abord dans les langes de l'imita-
tion, ce grand artiste, mieux avisé plus tard, instruit par l'exemple de
Raphaël el par les dessins qu'il en reçut, avait fini par tenir la nature à
distance, par s'affranchir des servilités du détail, et il y a plaisir à voir
 
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