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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Nr. 5
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La Fizelier̀e, Albert de: L' art et les femmes en France, [4]: Madame de Pompadour
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0302

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296 G VZET'J E DES BEAI K-ARTS.

Les plus célèbres portraits de madame de Pompadour ont été peints
par La Tour, Boucher, Drouais et Carie Vanloo. Cochin, Peronneau, Nat-
tier e1 Schenau en ont fait aussi de fort intéressants, popularisés depuis
par la gra^ ure.

La Tour est vraisemblablement le premier qui ait été appelé à l'hon-
neur de représenter dans l'épanouissement de sa plantureuse jeunesse
l'héroïne obligée de tous les madrigaux en peinture qui virent le jour sous
le nom de cette déesse improvisée des beaux-arts.

On sait par les Mémoires de l'abbé Bayle, bibliothécaire de la mar-
quise — sans pouvoir néanmoins en retrouver aujourd'hui la trace,
— que l'illustre pastelliste la peignit lorsqu'elle était encore madame
Le Normand d'Étiolés. Ce portrait, qu'elle affectionnait parce qu'il la
montrait sans doute sous un aspect plus séduisant que tous les autres,
était resté chez son mari. Elle fut prise un jour d'une insurmontable
envie de le ravoir et elle chargea ledit abbé de le redemander à son
Ménélas.

L'ambassadeur s'acquitta de son mieux d'une mission si délicate;
mais tous ses beaux discours demeurèrent sans effet en face de la passion
dont le pauvre homme brûlait encore en secret pour son infidèle.

a C'est tout ce qui me reste de ma femme, répondit-il presque en
rougissant; d'ailleurs allez lui dire de venir le reprendre elle-même. »

La transaction n'alla pas plus loin.

En 1755, madame de Pompadour posa de nouveau devant le peintre
de Saint-Quentin. 11 en résulta cette belle page — le désespoir de tous les
artistes en pastel passés, présents et futurs — qu'on admire encore dans
la galerie du Louvre et dont nous donnons aujourd'hui la reproduction.

L'histoire de cet admirable portrait présente quelques particularités
curieuses.

Jadis la jolie d'Étiolés était allée de son pied léger porter sa gracieuse
ligure dans l'atelier du peintre; mais en 1755 la superbe marquise de
Pompadour fit appeler royalement La Tour à son palais. La Tour répon-
dit, sans plus se gêner, qu'il n'allait point en ville.

Il fallut parlementer, et en fin de compte La Tour dut céder; cependant
il posa ses conditions, et la première de toutes fut que personne ne vien-
drait les déranger. — La marquise consentit.

Aussitôt établi chez elle, La Tour ôta son col, ses jarretières, les boucles

g

de ses souliers, enleva sa perruque qu'il plaça sur un flambeau et la rem-
plaça par son bonnet d'habitude — ce fameux bonnet sous lequel il s'est
peint lui-même.

\u plus chaud de la séance, le roi se glissa furtivement dans le salon ;
 
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