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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Nr. 6
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Blanc, Charles: L' hémicycle de Paul Delaroche: Gravé par Henriquel Dupont
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0364

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356 GAZETTE DES BEAI \-AHTS.

les profondeurs éloignées de l'histoire et semblent se livrer au repos des
demi-dieux, leurs descendants, leurs disciples, leurs continuateurs nous
apparaissent pleins de mouvement et de vie, animés encore du feu sacré
qui fit battre leur cœur et enflamma leur génie ; on les voit s'abandonner
à de vives causeries, sous leur vrai costume et avec les mœurs du pays
qu'ils ont honoré; car les Italiens, les Flamands, les Français, les Espa-
gnols, sont confondus dans cette assemblée illustre. Toutefois, les divers
groupes ne sont pas formés au hasard, et la similitude des conditions
rapproche naturellement les différents personnages de la scène. Les
sculpteurs cherchent les sculpteurs, les architectes se rassemblent, les
peintres se réunissent, et, qui plus est, les coloristes vont d'un côté, les
dessinateurs de l'autre.

Ainsi la composition de Paul Delaroche se divise en trois parties : au
centre siègent les trois plus fameux artistes de l'antiquité, ceux qu'éloigne
de nous la double perspective du temps et de la gloire; à droite sont les archi-
tectes mêlés aux grands peintres dessinateurs; à gauche sont les sculpteurs
mêlés aux grands peintres coloristes. Arrêtés sur le seuil du temple, ils
paraissent attendre que la postérité leur en ouvre les portes, et ensemble
ils s'entretiennent de ce qui fut l'intérêt de leur vie et de ce qui charme
encore leurs âmes sereines. Ici, Sansovino écoute Erwin de Steinbach,
l'architecte de la cathédrale de Strasbourg, tandis que Philibert Delorme,
la tète dans sa main, songe à construire le château d'Anet pour Diane de
Poitiers; là, Brunelleschi, Bramante, le Français Pierre Lescot et l'Anglais
Inigo Jones prêtent l'oreille aux graves discours d'Arnolfo di Lapo. Puis
viennent les meilleurs peintres italiens et allemands, Fra Angelico, Orcagna,
Albert Durer, Holbein, au milieu desquels s'est glissé le timide et tendre
Lesueur; ensuite Léonard de Vinci, Masaccio, Fra Bartolomeo, Mantegna,
Raphaël, André del Sarte. Le centre de ce groupe est Léonard, le véritable
initiateur du siècle qui a pris le nom de Léon X, celui qui est placé comme
un trait-d'union entre le naturalisme allemand et le style italien, entre
Albert Durer et Raphaël. Assis et drapé avec une majestueuse élégance dans
un ample manteau de velours, il tourne la tête vers le jeune Raphaël qui,
déjà monté au premier rang, reçoit néanmoins avec déférence les conseils
d'un si grand homme. Cependant le sombre Michel-Ange, voûté par le
travail et par l'âge, se tient à l'écart, sans rien entendre, sans parler à
personne, comme un artiste qui n'a rien à apprendre des autres, et qui
ne reconnaît autour de lui que des rivaux vaincus ou des inférieurs.
Enfin, tout à l'angle du mur, l'œil s'arrête sur une figure mâle et sé-
vère, celle du Poussin qui, le regard fixé sur notre jeune école, semble
lui conseiller le travail, la dignité, la grandeur, et résume à elle seule la
 
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